Utilisateur:Leonard Fibonacci/Sicaires

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Les Sicaires étaient une faction de dissidents juifs extrémistes[1] qui tenta d’expulser les Romains et leurs partisans de la Judée, au moyen de l’assassinat. Cette pratique, qui est sans doute l’une des premières formes de terrorisme politique[2], se poursuivit pendant soixante ans, jusqu’à la destruction de Jérusalem en l’an 70

Le terme sicaire vient de sica, dague (épée courte et recourbée), arme de prédilection des assassins juifs anti-Romains[3]. Étymologiquement, sicaire signifie donc « homme à la sica »

Histoire[modifier | modifier le code]

Les Sicaires représentent, à partir des années 50, le renouveau de la « Quatrième Philosophie » de Judas le Galiléen[4]

Toutefois, les Sicaires ne doivent pas être confondus avec les Zélotes, bien que ces derniers aient été les premiers représentants de la « Quatrième Philosophie », en tant que « Quatrième secte », lors de sa fondation en l’an 6 par Judas le Galiléen et le pharisien Sadoq[5],[1]. D’autres sources[6] ne donnent pas les Zélotes comme membres de la « Quatrième secte », mais comme adhérents "indépendants" à la philosophie de Judas le Galiléen apparaissant au grand jour en 44-46. De même pour les Sicaires, branche encore plus radicale de ce mouvement, dont les premières actions d’importance (comme l’assassinat présumé de Jonathan en 56) se situent vers 52 et dont le paroxysme est atteint au début de la grande révolte juive de 66-70.

Dès les années 50, les deux factions se côtoient, les Zélotes en tant que membres de la police du Temple composée uniquement de Juifs (les autorités romaines ne pouvaient pas pénétrer dans le Temple au-delà du parvis des Gentils), les Sicaires en tant qu’assassins perpétrant leurs forfaits principalement sur le site du lieu saint. L’impunité d’un grand nombre d’assassinats a suggéré l’hypothèse d’une certaine complicité[7]

Les Sicaires poursuivaient leur objectif au moyen de tactiques furtives, dissimulant sous leur manteau de petits poignards, souvent des sicae, d’où leur nom. Les grands rassemblements populaires, en particulier le pèlerinage au Mont du Temple constituaient leur terrain de prédilection. Ils poignardaient discrètement leurs ennemis (Romains ou sympathisants, Hérodiens et riches Juifs tirant parti de la domination romaine), puis, faisant semblant de découvrir le meurtre en le déplorant à grand renfort de cris et de lamentations, ils se fondaient dans la foule avant de pouvoir être repérés et confondus.

Au nombre des victimes des Sicaires, on compte le grand prêtre Jonathan ben Hanan qui officia de 36 à 37 et de 52 à 56. Selon Flavius Josèphe[8], l’assassinat de Jonathan aurait été commandité par le procurateur Antonius Felix.

Les Romains répondirent à certains de ces meurtres par de sévères représailles : « Quand Albinus atteint la ville de Jérusalem[9], il prit toutes les dispositions et mis tous les moyens pour pacifier le pays en exterminant le plus grand nombre de Sicaires » (Flavius Josèphe)[10]

Les Sicaires n’étaient pas tous incorruptibles et fanatiques. Il était possible de les soudoyer afin qu’ils épargnent leur victime désignée. Flavius Josèphe[11] raconte, qu’après l’enlèvement du secrétaire d’Eléazar, gouverneur du Temple, en réponse aux représailles d’Albinus, les Sicaires acceptèrent de libérer leur victime en échange de la libération de dix des leurs.

Si le récit de Barabbas n’a pas été inventé à des fins de parabole, certains Sicaires condamnés auraient été libérés contre la promesse de ne pas tuer leurs opposants. Cependant, il n’y a aucune preuve de cette pratique en dehors des Évangiles qui s’accordent cependant pratiquement tous sur ce point.

Au début de la révolte des Juifs de 66, les Sicaires, probablement aidés par des Zélotes (Josèphe distingue les deux factions sans réellement expliquer leurs différences), pénétrèrent à Jérusalem où ils commirent quantité d’atrocités en les faisant passer pour romaines, afin de forcer la population à entrer en guerre.

Un texte du Talmud dit qu’ils détruisirent les réserves de vivres de la ville pour obliger la population à combattre l’assiégeant romain plutôt que de négocier la paix.

Leurs chefs de l’époque, Jean de Gischala, Simon Bargiora et Eléazar ben Simon, furent des protagonistes importants de cette guerre. Après la destruction de Jérusalem, Eléazar réussit à échapper aux attaques romaines et, avec un groupe de 960 disciples – les guerriers, les femmes et leurs enfants –, il se réfugia dans la forteresse abandonnée de Massada où ils résistèrent trois années aux légions romaines. En 73, préférant la mort à la reddition, les derniers Sicaires échappèrent à la capture par le suicide collectif.

Massada, vue en direction de la Mer Morte.

Dans le 7e t. de sa Guerre des Juifs, Flavius Josèphe écrit que, après la chute du Temple en 70, les Sicaires devinrent le parti révolutionnaire juif dominant, dispersé à l’étranger. Josèphe associe particulièrement le suicide de masse de Massada en 73 et les conséquences du refus du recensement fiscal ordonné par Quirinius, à leurs convictions politiques et religieuses en tant que combattants de la résistance : « Certaines factions de Sicaires [...] ne se contentent pas de se sauver eux-mêmes, mais s’engagent dans de nouvelles voies révolutionnaires, persuadant ceux qui voulaient obtenir leur liberté, que les Romains ne sont pas meilleurs qu’eux et de choisir Dieu comme unique Seigneur et Maître[12] »

Dans le patronyme Judas Iscariote, l’apôtre qui trahit Jésus, « Iscariote » est interprété par certains chercheurs comme étant la traduction hellénisante de sicaire. Le suffixe « -ote » dénote l’appartenance à une communauté, dans ce cas, celle des Sicaires. Ce sens est perdu dans les traductions en hébreu moderne des Évangiles : Judas est considéré comme étant un « Ish-Kerayot », c’est-à-dire « un homme de la banlieue ». Robert Eisenman représente le point de vue des historiens laïques[13] en l’identifiant comme « Judas le Sicaire ». La plupart des consonnes et des voyelles correspondent, entre le Sicarioi/Sicariōn de Josèphe et le Iscariot du Nouveau Testament[13]

Époque moderne et comparaisons[modifier | modifier le code]

Aujourd’hui, certains extrémistes sont comparables aux Sicaires, allant même jusqu’à reprendre le nom de ces derniers[14].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a et b Nachman Ben-Yehuda, The Masada Myth : Scholar presents evidence that the heroes of the Jewish Great Revolt were not heroes at all, The Bible and Interpretation.
  2. Jean-Christophe Victor, 2005, avec Virginie Raisson et Frank Tétart Le Dessous des cartes - Atlas géopolitique, Librairie Jules Tallandier, p. 167.
  3. Alain Rey (dir), Dictionnaire historique de la langue française, éd. Les Dictionnaires le Robert, 1998, t. III, p. 3498.
  4. Christophe Mézange, Simon le Zélote était-il un révolutionnaire ?, p. 503.
  5. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII, 2.
  6. Christophe Mézange, Simon le Zélote était-il un révolutionnaire ?, p. 494.
  7. Christophe Mézange, Simon le Zélote était-il un révolutionnaire ?, p. 504.
  8. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, livre XX, p. 162-164.
  9. En 62.
  10. Antiquités judaïques, xx, p. 208.
  11. Josèphe était cependant, de son propre aveu, un traitre à la cause juive et il se peut que le jugement négatif qu’il émet sur ces individus et ces groupes soit destiné à améliorer sa propre position. Il lui était, en tant que bénéficiaire du mécénat romain, difficile de communiquer des informations positives sur un groupe comme les Sicaires, que les Romains percevaient comme des extrémistes et des assassins.
  12. Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, p. 180.
  13. a et b Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, p. 179ss. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Eisenman » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  14. L’un des plus récents articles à ce propos : Jewish world : 'Sicarii' intimidate Jerusalem’s haredim.

Références[modifier | modifier le code]

Source partielle[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]