Samson (Raff)

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Samson
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Couverture de Samson, partition réduite pour piano
Genre Drame musical (opéra)
Nbre d'actes 5
Musique Joachim Raff
Livret Joachim Raff
Langue
originale
Allemand
Sources
littéraires
Le Livre des Juges (La Bible)
Dates de
composition
1853-1857
Création 11 septembre 2022
Deutsches Nationaltheater Weimar (Allemagne)

Personnages

Samson, Delilah, Abimelech, Micha, Grand Prêtre, Gardien de la Prison

Samson est un opéra ou drame musical, composé par Joachim Raff entre 1853 et 1857 sur son propre livret, en allemand et en cinq actes. L'œuvre s'inspire de la Bible, du Livre des Juges, daté de dans les indications du livret.

Historique[modifier | modifier le code]

Joachim Raff a connu le succès avec son premier opéra König Alfred, créé à Weimar en 1851. Il compose immédiatement son deuxième opus, ce Samson tout en décidant, sur le conseil de Franz Liszt, de se lancer en même temps dans l'écriture d'une thèse sur la même sujet. Mais sa biographe Helene Raff, rapporte les difficultés de la double entreprise et conclut finalement que « Aber allmählich wird ihm, vielleicht durch Äußerungen von Fachmännern, klar geworden sein, wie schwierig und ungewiss das Vorankommen in dieser neuen Laufbahn einem jungen Musiker werden müsste. » [Mais peu à peu, peut-être grâce aux commentaires d'experts, il aura compris à quel point il doit être difficile et incertain pour un jeune musicien d'avancer dans cette nouvelle carrière][1]. Joachim Raff doit constater également que le succès de sa première œuvre n'a pas dépassé les limites de Weimar.

Il termine cependant la composition de son Samson en 1856 et l'ensemble de l'instrumentation est achevée en 1857. Le résultat soulève l'enthousiasme de Liszt. Joachim Raff lui-même rapporte « Die drei Akte, die ich heute Mittag mit Liszt durchgenommen, haben ihn enthusiasmiert » [Les trois actes que j'ai lus avec Liszt cet après-midi l'ont enthousiasmé][2]. Raff ne parvient pas à trouver un théâtre prêt à monter l'œuvre, alors musicalement très moderne, ni les chanteurs prêts à incarner les principaux rôles. Il tente de la remanier, de la raccourcir, en vain[3]. Entretemps, Camille Saint-Saëns a composé et publié son Samson et Dalila et connait le succès lors de la Première sous la direction d'Eduard Lassen et du directeur artistique Franz Liszt au Théâtre de la Cour de Weimar en décembre 1877. Malgré l'intérêt que porte Hans Von Büllow à la partition après la mort de Raff, ainsi que le ténor Ludwig Schnorr von Carolsfeld, créateur du rôle de Tristan, l'opéra ne sera toujours pas monté.

Les œuvres de Joachim Raff tombent dans l'oubli jusqu'en 1998, année durant laquelle le chercheur en musicologie Volker Tosta, s'intéresse à ces partitions posthumes qu'il découvre à la Bibliothèque de Berlin. Parmi les multiples compositions, se trouve l'opéra Samson en deux volumes que Tosta publie pour la première fois en 2019, sous la forme de réduction pour piano, aux éditions Nordstern de Stuttgart[4]. Le prélude du troisième acte a déjà fait l'objet d'un enregistrement chez Sterling, avec l'orchestre du Norrlands Opera sous la direction de Roland Kluttig[5]. Et c'est au théâtre de Weimar que reviendra la Première mise en scène de Samson, le 11 septembre 2022. L'idée est défendue par le directeur musical Dominik Beykirch, qui, à l'occasion du bicentenaire de la naissance du compositeur, « Raffs ambitionierteste Oper am Ort ihrer Entstehung vorzustellen » [veut présenter l'opéra le plus ambitieux de Raff, là où il a été composé] [6].

La mise en scène a été confiée à Calixto Bieito et un enregistrement de la première représentation a été diffusé sur de nombreuses radios[7].

Personnages et distribution de la Première[modifier | modifier le code]

Rôle Tessiture de la voix Distribution de la Première[8]
le 11 septembre 2022
au Deutsches Nationaltheater de Weimar
Direction : Dominik Beykirch
Samson Ténor Peter Sonn
Delilah soprano Emma Moore
Grand Prêtre de Dagon Basse Avtandil Kaspeli
Abimelech Baryton Uwe Schenker-Primus
Seran von Ascalon Baryton Oleksandr Pushniak
Gardien de prison Ténor Jörn Eichler
Micha Ténor Taejun Sun
Grande Prêtresse d'Astarte Mezzosoprano Sayaka Shigeshima
Une femme du peuple Soprano Franziska Löber

Mise en scène de la Première : Calixto Bieito.

Références bibliques[modifier | modifier le code]

L'histoire racontée dans cet opéra est basée sur le Livre des Juges, chapitres XIII à XVI, alors que le peuple d'Israël a migré en Palestine après l'exode d'Egypte. Au mépris des Dix Commandements et notamment du premier qui ordonne « Un seul Dieu tu adoreras et aimeras parfaitement. », le peuple d'Israël, selon la Bible, s'est mis à adorer des dieux cananéens aux côtés de Yahweh, tombant dans le péché de polythéisme. Et c'est en guise de punition qu'il a été réduit en esclavage auprès des Philistins. Un ange était apparu à une femme d'Israël pour lui annoncer la venue d'un garçon qui serait le sauveur de leur peuple. Il se nommerait Samson et ne devrait jamais se couper les cheveux. Les récits de la Bible le décrivent comme coléreux et violent trahi par une femme cupide au service des Philistins qui réussit en le séduisant, à lui arracher le secret de sa force surhumaine, résidant dans sa chevelure. L'opéra de Joachim Raff en fait une femme sincèrement aimante même si elle est prise entre des intérêts contradictoires.

Argument[modifier | modifier le code]

Situé dans la bande biblique de Gaza, chef-lieu des Philistins, l'opéra raconte l'histoire de Samson et Dalila.

Acte I.[modifier | modifier le code]

Temple de la déesse Astarté dans la ville de Gaza.

Les Israélites, menés par Samson, se sont soulevés contre leurs oppresseurs Pelistim (Philistins) et assiègent Gaza. Les chefs des Pelistim, conduits par leur roi, Abimélec, se sont réunis dans le temple pour sacrifier à la déesse Astarté avant le début de la bataille. Abimélek proclame que sa fille Delilah sera son successeur, à condition qu'elle épouse le transfuge israélite Micha, mais elle le rejette. Elle ne participe pas non plus aux prières pour la destruction des Israelites, éprise de leur chef Samson. Elle supplie la déesse Baaltis d'épargner Samson et de prendre sa propre vie à la place. Les Pelistim reviennent vaincus et Samson les pourchasse jusque dans leur temple mais Delilah supplie avec succès Samson d' épargner Abimélek. Samson accorde sa miséricorde à condition que le peuple d'Israël ne soit plus opprimé par les Pelistim et soit libre de servir son Dieu. Abimélec, le grand prêtre et les capitaines renoncent à leur domination sur le peuple d'Israël. Samson et Delilah sont emportés en triomphe par la foule en extase.

Scènes 1-6.

Acte II.[modifier | modifier le code]

Chambre dans le palais d'Abimélec.

Samson est resté dans le palais d'Abimelec pour être proche de Delilah dont il est désormais l'amant. Abimelec, qui n'apis réellement rendu les armes, envisage de s'emparer de Samson et de le tuer pour sauver son peuple et sa fille. Il se rend compte du mal qu'il va lui faire mais pense qu'elle se consolera dès qu'elle aura compris le sens de son acte. Le temps presse car Samson veut quitter Gaza. Il s'appuie alors sur les craintes et la douleur de Delilah à l'idée du départ prochain de Samson et lui propose de le prendre en otage et de le désarmer durant les réunions d'adieu. Delilah accepte finalement d'aider Abimélec à prendre Samson en otage. Le conseil philistin rejette ce plan, accusant Abimelec de complaisance et de faiblesse envers sa fille. Micha, profondément meurtri de ne pas avoir obtenu la main de Delilah, menace de rébellion et rire l'épée contre le roi exigeant que Samson soit au moins emprisonné et aveuglé. Voyant son plan mis en échec, Abimelec remet son pouvoir au grand prêtre qui ordonne à Micha de capturer et d'aveugler Samson alors qu'Abimelec est désespéré.

Scènes 1-3.

Prélude (orchestre)

Acte III.[modifier | modifier le code]

Palais d'été d'Abimélec.

Samson, en se conformant aux coutumes de Pelistim, a tourné le dos à son peuple qui s'est éloigné de lui. Ses derniers fidèles sont partis tandis qu'il décide de partir en Asie pour acquérir la gloire qui lui permettra de mieux courtiser Delilah. Cette dernière retarde le départ prévu de Samson en le séduisant durant une nuit d'amour, suffisamment longtemps pour que les hommes de Micha puissent le capturer malgré les appels des bateliers le rappelant à son devoir. Le grand prêtre annonce la condamnation de Samson et Delilah, qui croyait l'avoir enfin pour elle toute seule, se rend compte qu'elle a été trahie par son père. Elle est folle de rage et le maudit.

Scènes 1-4.

Acte IV.[modifier | modifier le code]

Donjon

Enfermé et enchainé dans un donjon, rendu aveugle, Samson jure de se tuer ainsi que tous ses ennemis en utilisant sa force pour faire s'effondrer le porche du temple, le jour des festivités organisées en l'honneur du dieu Dagon où il doit paraître. Il est résolu à mourir en tuant tous les dignitaires et le roi. Mais pour mener à bien son plan, il a besoin d'aide pour aller jusqu'aux piliers du temple. Il demande qu'un jeune Israelite puisse l'accompagner et c'est Delilah, déguisée, qui lui rend visite et se fait reconnaitre. Elle lui confie qu'elle a tenté de lever une armée Israelite mais que ces derniers sont retombés sous le joug des Pelistim. Samson dévoile son plan à Delilah en espérant que ce dernier acte sortira son peuple de sa soumission et sera le signe d'une révolte libératrice.Delilah le soutient et jure de partager son sort.

Scènes 1-4.

Acte V.[modifier | modifier le code]

Porche du Temple de Beth-Dagon.

Les princes et le peuple sont rassemblés aux portes du temple de Dagon. Des danses célèbrent le dieu et le Grand Prêtre demande à Samson de chanter en s'accompagnant d'une harpe. Il se fait accompagner par Delilah en habit de jeune garçon. Delilah essaye une dernière fois de sauver Abimélec en lui envoyant un messager qui le presse de partir. Elle se jette alors dans les bras de son père qui ne comprend pas le danger mais Samson écarte les piliers du temple et il s'effondre, enterrant tout le monde. Marche & 3 danses (orchestre) -

Scènes 1-4.

Musique[modifier | modifier le code]

La musique de Joachim Raff peut être comparée à celles de compositeurs de son époque et notamment Wagner. Son orchestration est riche et il utilise la même palette orchestrale que Lohengrin (1850) avec des leitmotivs illustrant les situations et les personnages. Raff utilise aussi les instruments solistes et les passages purement orchestraux qui servent à caractériser les scènes : esquisse d'un prélude pastoral à l'acte III et fugato sombre et inquiétant pour introduire la scène du donjon à l'acte IV. L'opéra de Raff comprend cependant des formes lyriques traditionnelles parmi lesquelles : une Romance (Delilah, Act I), un concertato (Finale, Act I), un aria en deux parties avec cavatine et cabalette (Abimelech, Act II ; Samson, Act III), des duos (Abimélec-Dalila, deuxième acte ; Samson-Dalila, troisième acte). Le quatrième acte se compose uniquement d'une scène entre Samson et Delilah et met en œuvre les spécifications de Wagner pour un drame musical. Les deux voix se répondent longuement et ne chantent à l'unisson qu'en fin de dialogue.

La musique reste cependant très liée aux exigences du drame musical jusqu'au début de l'acte V où la représentation presque exubérante des événements festifs, donne lieu à des compostions très variées, marche festive, invocation de Baal, danses rituelles, qui apparente alors l'oeuvre au genre du Grand Opéra français. L'instrumentation est la même que celle de Lohengrin, ce sont les formations musicales que le compositeur attend des théâtres où il pourra se produire, notamment à Weimar[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Helene Raff, Joachim Raff : ein Lebensbild, Regensburg, Gustav Bosse, coll. « Deutsche Musikbibliothek » (no 42), januar 1925.
  2. (de) Joachim Raff, Brief an seine Verlobte Doris Genast., 8. september 1857.
  3. (de) Severin Kolb, Raff 2022: Dokumentation Raff-Opern
  4. « Theodore Front Musical Literature - Samson : Musikdrama, WoO 20 / edited by Volker Tosta. », sur www.tfront.com (consulté le )
  5. Joachin Joachim Raff: Suite for Piano and Orchestra, Op. 200 - Overtures & Preludes par Tra Nguyen, Symphony Orchestra of Norrlands Opera & Roland Kluttig, (lire en ligne)
  6. (de) « Ein lyrischer Killer - OPER! », (consulté le )
  7. (de) Gabriel Schwyter, « «Samson» in Weimar | Joachim-Raff-Gesellschaft » (consulté le )
  8. « Soirée Opéra - Dominik Beykirch dirige Samson de Joachim Raff à Weimar », sur RTBF Auvio (consulté le )
  9. (de) « Joachim-Raff-Gesellschaft | Ein Komponist im Zeichen der Synthese » (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]