Protium altissimum

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Protium altissimum
Description de cette image, également commentée ci-après
Protium altissimum d'après Aublet, 1775
Planche 132 : L'on a repréſenté les fruits de grandeur naturelle. - 1. Capſule. - 2. Oſſelet.
Classification Tropicos
Règne Plantae
Classe Equisetopsida
Sous-classe Magnoliidae
Super-ordre Rosanae
Ordre Sapindales
Famille Burseraceae
Genre Protium

Espèce

Protium altissimum
(Aubl.) Marchand, 1867[1]

Synonymes

  • Amyris altissima (Aubl.) Willd.
  • Bursera altissima (Aubl.) Baill.
  • Elaphrium altissimum (Aubl.) Spreng. ex D. Dietr.
  • Icica altissima Aubl. - Basionyme
  • Protium excelsior Byng & Christenh.
  • Tetragastris altissima (Aubl.) Swart
  • Tetragastris phanerosepala Sandwith
  • Tingulonga altissima (Aubl.) Kuntze[2]

Protium altissimum est une espèce d'arbres de la famille des Burseraceae.

Il est connu en Guyane sous les noms de Encens rose, Bois yaya (St-Georges) (Créole), Yaya'ɨ (Wayãpi), Ayay (Palikur), Breu-manga (Portugais)[3], Pirika (Kali'na), Moni, Sali, Lebi sali (Nenge tongo)[4]. Au Guyana, on l'appelle Bread and cheese (Créole du Guyana), Haiawaballi (Arawak), Pïrïka (Caribe)[5].

Description[modifier | modifier le code]

Protium altissimum est un arbre atteignant 30 m, doté de contreforts inégaux.

Ses feuilles imparipennées comptent (5-)7-9(-15) folioles chartacées.

Ses inflorescences sont des panicules très ramifiés depuis leur base, atteignant jusqu'à 20 cm de long, avec des rachiles pubérulents. Le pédicelle est long de 0,2 cm.

Son fruit est une drupe globuleuse, rouge, glabre, à 2-5 lobes, ou obliquement ovoïde et non lobée, mesurant jusqu'à 3,4 × 4 cm, à base et à apex quelque peu rétus. Il contient 1-5 pyrènes ovoïdes déprimés[6].

Répartition[modifier | modifier le code]

On le rencontre dans les Guyanes où il est localement abondant dans les forêts tropicales[6].

Écologie[modifier | modifier le code]

En Amazonie orientale, T. altissima est un arbre tolérant à l'ombre qui se développe mieux en milieu perturbé qu'en régénération naturelle[7].

On a étudié sa croissance en diamètre (0,46 cm/an)[8], la répartition spatiale de ses populations dans des forêts fragmentées du Mato Grosso[9], et les modalités de sa dissémination par la faune frugivore (primates et oiseaux) en Guyane[10].

Utilisations[modifier | modifier le code]

Au Guyana, l'arille blanc autour des graines est comestible. La résine crémeuse est parfois brûlée comme encens. Le bois est un bois commercial : il est localement utilisé pour les planches, les meubles, les canots et le bois de chauffage[5].

Dans les communautés Palikur de Guyane, le bain de décoction d'écorce soigne l'érysipèle en traitement de longue durée[3]. Associée à l'écorce de Parkia pendula la même décoction est bue deux cuillères le matin, comme contraceptif, ou comme abortif à forte dose[11].

Chez les Suruí du Rondônia, l'écorce râpée est appliquée localement pour soulager les démangeaisons[12].

Son bois est utilisé pour faire des pirogues[4].

Protologue[modifier | modifier le code]

En 1775, le botaniste Aublet propose le protologue suivant[13] :

« ICICA (altiſſima) foliis ampliuimis, impari-pinnatis 5 fructu racemoſo. (Tabula 132.)

Arbor ſexaginta-pedali, ad ſummitatem ramoſiſſimo ; ramis latè & undiquè ſparſis ; ramulis folioſis & fructiferis. Folia alterna, impari-pinnata ; foliolis ampliſſimis, rigidis, ovatis, in acumen obtuſum, longum deſinentibus, glabris, integerrimis, ſubſeſſilibus, utrinquè tribus oppoſitis, coſtæ adnexis. Fructus racemoſi. Capsula ſubovata magna, bi, tri, quadri aut ſex-valvis; valvulis carnoſis, extùs verrucoſis, rufeſcencibus. Semina : oſſicula duo, tria aut quatuor, nigra, pulpâ albâ, dulci obvoluta.

E cortice inciſo ſuccus balſamicus & reſinoſus, odoris grati ſtillat.

Fructum ferebat Januario.

Habitat in ſylvis Caux.

Nomen Gallicum CEDRE BLANC ob colorem ligni ; reperitur iiſdem locis varietas hujus arboris, cujus lignum ex rubro incarnatum eſt; quâ ratione nominatur CEDRE ROUGE.


L'ICIQUIER cèdre. (Tabula 132.)

Le tronc de cet arbre s'élève juſqu'à ſoixante pieds, ſur trois & quelquefois quatre pieds de diamètre; ſon écorce eſt rouſſâtre, ridée, gerſée ; ſon bois eſt rougeâtre, léger, & débite ſec, il flotte ſur l'eau. Il pouſſe à ſon ſommet une grande quantité de branches dont les unes ſont droites, & les autres horiſontales qui ſe répandent au loin, & en tous ſens. Ses branches portent des rameaux chargés de feuilles alternes ; elles font ailées à deux rangs de folioles, terminées par une impaire -, chaque rang eſt compoſé de trois ou de quatre folioles ; celles-ci ſont vertes, entières, liſſes, fermés, ovales, terminées par une longue pointe, leur pédicule eſt très court, creuſé en gouttiere en deſſus ; elles ſont rangées ſur une côte commune, deux à deux, oppoſées ; les plus grandes ont un pied de longueur ſur trois & quatre pouces de largeur ; de l'aiſſelle des feuilles, & de l'extrémité des rameaux, naiſſent des grappes de fleurs auxquelles ſuccèdent des fruits irréguliers, & preſque ovoïdes.

Les fruits ſont des capsules qui s'ouvrent en deux, trois, quatre, cinq ou ſix valves épaiſſes, charnues, & convexes extérieurement, concaves, & rouges intérieurement ; dans 1'intérieur de cette capſule eſt une ſubſtance blanche, ſucculente, qui ſe partage en autant de quartiers qu'il, a de valves, chaque quartier renferme un osselet noir, qui contient une amande à deux cotylédons. La ſubſtance, qui enveloppe les oſſelets, eſt douce & agréable au goût ; les Créoles la ſucent avec plaiſir. lorſqu'on entaille l'écorce de l'iciquier cèdre, il en découle un ſuc balſamique & réſineux.

Je n'ai pas eu occaſion d'obſerver les Fleurs de cet arbre ; il étoit en fruit dans le mors de Janvier. Je l'ai trouvé dans les grandes forêts de Caux, il eſt aſſez commun ; les habitans de ce quartier le nomment CÈDRE BLANC, parceque ſon bois eſt moins rouge que celui de l'arbre qu'ils appellent CÈDRE ROUGE; & ce cèdre rouge n'eſt qu'une variété du cèdre blanc. Ils prétendent que le bois du cèdre rouge eſt de plus longue durée employé en meubles, en charpente, & que les pirogues & les barques faites avec le bois de cette eſpèce, ſubſiſtent beaucoup plus longtemps.

L'on a repréſenté les fruits de grandeur naturelle. »

— Fusée-Aublet, 1775.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 15 août 2014
  2. (en-US) « Name - Protium altissimum (Aubl.) Marchand - accepted name », Tropicos, Saint Louis, Missouri, Missouri Botanical Garden (consulté le )
  3. a et b Pierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN 978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 629-630
  4. a et b ONF, Guide de reconnaissance des arbres de Guyane : 2e édition, ONF, 16/122004, 374 p. (ISBN 978-2842072957), p. 318-319
  5. a et b (en) T. VAN ANDEL, Non-timber forest products of the North-West District of Guyana - Part I & II, Universiteit Utrecht. Tropenbos Guyana Series 8A-8B, , Part I 320 p., Part II : 341 p (ISBN 90-393-2536-7, lire en ligne)
  6. a et b (en) Mark G.M. Van Roosmalen, Fruits of the guianan flora, INSTITUTE OF SYSTEMATIC BOTANY UTRECHT UNIVERSITY - SILVICULTURAL DEPARTMENT OF WAGENINGEN AGRICULTURAL UNIVERSITY, , 483 p. (ISBN 978-9090009872), p. 66
  7. (pt) Rafaela de Paula Modesto GUIMARÃES, « Avaliação da regeneração natural de Tetragastris altíssima (Aubl.) swart em clareiras abertas em florestas exploradas seletivamente », Thèse de doctorat. UFRA/MPEG.,‎ (lire en ligne)
  8. (en) Sandra Aguiar DE OLIVEIRA PIRES, Adriano Ribeiro DE MENDONÇA, Gilson Fernandes DA SILVA, Marcus Vinícius Neves d'Oliveira, Luís Claudiode Oliveira, Jeferson Pereira Martins Silva et Evandro Ferreirada Silva, « Growth modeling of Carapa guianensis and Tetragastris altissima for improved management in native forests in the Amazon », Ecological Modelling, vol. 456,‎ , p. 109683 (DOI 10.1016/j.ecolmodel.2021.109683)
  9. (en) Aline Gonçalves SPLETOZER, Célia Regina Araújo Soares LOPES, Lucas Gomes SANTOS, Lucirene Rodrigues, Cleiton Rosa dos Santos et Carolina Joana da Silva, « ESTRUTURA POPULACIONAL E DISTRIBUIÇÃO ESPACIAL DE TETRAGASTRIS ALTISSIMA (AUBL.) SWART (BURSERACEAE) EM FRAGMENTOS FLORESTAIS DO MUNICÍPIO DE ALTA FLORESTA, MATO GROSSO », 66e congresso nacional de Botânica,‎ , p. 811-812 (lire en ligne)
  10. (en) Sandra RATIARISON et Pierre-Michel FORGET, « Frugivores and seed removal at Tetragastris altissima (Burseraceae) in a fragmented forested landscape of French Guiana », Journal of Tropical Ecology, vol. 21, no 5,‎ , p. 501-508 (DOI 10.1017/S0266467405002518)
  11. M-E. BERTON, Les plantes médicinales chez les Amérindiens Palikurs de St Georges de l'Oyapock et Macouria (Guyane Française), DEA Environnement, Temps, Espaces, Sociétés, Universités de Paris VII/Orléans, , 205 p.
  12. (pt) C.E.A. COIMBRA Jr, « Estudos de ecologia humana entre os Suruì do Parque Indfgena Aripuana, Rondônia : Plantas de importância econômica », Boletim do Museu Paraense Emmo Goeldi. Antropologia, vol. 2, no 1,‎ , p. 37-56
  13. Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume I, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, , 867 p. (lire en ligne), p. 342-344

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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