Procès de la Maison de la Chimie

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Le procès de la Maison de la Chimie se tient du 7 au devant une cour martiale composée d'occupants allemands siégeant à la Maison de la Chimie à Paris. Il concerne vingt-sept résistants français des Bataillons de la jeunesse et de l’Organisation spéciale (OS).

Un vingt-huitième combattant, Conrad Miret i Musté[1] alias Lucien, le dirigeant des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI), meurt sous les tortures des policiers des brigades spéciales avant l'ouverture du procès. Son corps est jeté dans une fosse commune du cimetière parisien de Bagneux.

Déroulement du procès[modifier | modifier le code]

Il s'agit d'un procès à grand spectacle comme le procès du Palais Bourbon qui s'est déroulé un mois plus tôt et, de la même façon, il vise à discréditer les actions des résistants qui sont qualifiés de « terroristes »[2].

Le procès se tient dans la plus vaste salle de la Maison de la Chimie (no 8) où un grand drapeau à croix-gammée a été tendu derrière l'estrade. Il est théoriquement public, mais les chaises sont occupées majoritairement par des militaires en uniforme et les familles ne sont pas admises. La langue utilisée est l'allemand avec traduction de l'essentiel aux accusés[3].

Les accusés sont défendus par des avocats commis d'office qui n'ont eu aucun contact avec leurs clients ni avant ni pendant le procès. Neuf avocats assurent la défense de trois accusés chacun. Ils ne disposent que d'une dizaine de minutes pour leur plaidoirie[3].

Tous les accusés ont été torturés par la Geheime Feldpolizei (GFP) avant le procès. Ils peuvent même l'être durant le procès, comme il est arrivé à l'un de leurs camarades sorti de la salle par la GFP parce qu'il avait nié sa participation au groupe, et dont les hurlements ont renseigné sur le traitement qui lui était infligé. Menottés les mains derrière le dos jour et nuit pendant toute leur détention, ils n'ont les mains désentravées que durant les quelques minutes où ils sont interrogés[3].

L'acte d'accusation retient trente-cinq attentats ou tentatives d'attentats. Toutefois, les juges ignorent qu'ils ont dans les personnes de Marcel Bourdarias et Spartaco Guisco les coauteurs, avec Gilbert Brustlein, de l'exécution de Hotz[4].

Le , une équipe de cinéma, encadrée par les membres de la GFP, est venue filmer les débats[3].

Accusés[modifier | modifier le code]

Parmi les accusés, seize sont membres des Bataillons de la jeunesse :

Neuf sont membres de l'Organisation spéciale :

  • Mario Buzzi, 35 ans, forgeron[22],
  • Alfred Cougnon, 41 ans, mécanicien[23],
  • Spartaco Guisco, 30 ans, formation de peintre en bâtiment,
  • Yves Kermen, 31 ans, mécanicien,
  • Léon Landsoght, 41 ans, mécanicien[24],
  • Pierre Leblois, 56 ans, concierge[25],
  • Louis Marchandise, 42 ans, régleur-mécanicien[26],
  • Ricardo Rohregger, 46 ans, fondeur[27],
  • Simone Schloss. 21 ans, couturière à domicile.

Les époux Marie-Thérèse et Paul Lefebvre, dans la boutique desquels des armes et des explosifs étaient cachés[28], sont aussi au banc des accusés.

Condamnation[modifier | modifier le code]

Le , vingt-cinq des accusés sont condamnés à mort, un à cinq années de réclusion (Paul Lefebvre, qui sera un rescapé de la déportation[29]) et le plus jeune (André Kirschen, quinze ans), à dix ans de réclusion[30].

Vingt-trois d'entre eux sont fusillés au fort du Mont-Valérien le .

Marie-Thérèse Lefebvre et Simone Schloss[31] sont finalement graciées et leur peine commuée en déportation à vie[32]. Simone Schloss sera pourtant décapitée à Cologne le .

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Conrado Miret-Must alias "Lucien" », sur resistance-ftpf.net (consulté le ).
  2. Jean Suret-Canale, « André Kirschen, Le procès de la Maison de la Chimie (7-14 avril 1942), contribution à l’histoire des débuts de la résistance armée en France », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, nos 94-95,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. a b c et d Kirschen 2002, p. 25-36.
  4. Kirschen 2002, p. 16.
  5. Kirschen 2002, p. 52-53.
  6. Notice AUBOUET André Maurice, Maitron des fusillés
  7. Kirschen 2002, p. 80.
  8. Notice COQUILLET Louis Albert Jean, Maitron des fusillés
  9. Kirschen 2002, p. 92.
  10. Notice DROUVOT Camille, Maitron des fusillés
  11. Kirschen 2002, p. 116.
  12. Notice GARREAU Jean, Maitron des fusillés
  13. Kirschen 2002, p. 88.
  14. Notice TARDIF Raymond Émile, Maitron des fusillés
  15. Kirschen 2002, p. 135.
  16. Notice TIROT Pierre Florentin Charles, Maitron des fusillés
  17. Kirschen 2002, p. 90.
  18. Notice TOUATI Maurice André, Maitron des fusillés
  19. Notice Pierre Tourette, resistance-ftpf.net.
  20. Notice René Toyer, resistance-ftpf.net.
  21. Notice Georges Tondelier, resistance-ftpf.net.
  22. Notice Mario Buzzi, resistance-ftpf.net.
  23. Notice Alfred Cougnon, resistance-ftpf.net.
  24. Notice Léon Landsoght, resistance-ftpf.net.
  25. Notice Pierre Leblois, resistance-ftpf.net.
  26. Notice Louis Marchandise, resistance-ftpf.net.
  27. Notice Ricardo Rohregger, resistance-ftpf.net.
  28. Louise Couvelaire, « Planqués au milieu de la foule », sur parisobs.nouvelobs.com, (consulté le ).
  29. Jean Morawski, « Il y a 56 ans, l'Allemagne hitlérienne capitulait. La victoire militaire sur le nazisme a été rendue possible par plusieurs années de résistance », L'Humanité,‎ (lire en ligne).
  30. Roger Faligot, « André Kirschen, l'enfant oublié de la Résistance, a déposé les armes », sur Rue89, (consulté le ).
  31. « Simone Schloss », sur resistance-ftpf.net (consulté le ).
  32. Comme son mari, Marie-Thérèse Lefebvre sera une rescapée de la déportation.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]