Pourriture cubique

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Exemple de pourriture cubique.
Le Polypore est un champignon saprotrophe qui s'infiltre par les racines de l'arbre dans le cœur du tronc et provoque une forte pourriture brune.

La pourriture cubique (dite aussi pourriture cubique brune, pourriture brune ou pourriture rouge), décrite par l'oxymore dry rot (pourriture sèche) en anglais, est une maladie cryptogamique provoquée par des microchampignons qui détruisent la cellulose et les hémicelluloses du bois (en épargnant la lignine). C'est un des types de pourriture du bois qui s'attaque aux matériaux ligneux exposés à l'air, contrairement à la pourriture molle qui s'attaque à ceux fortement imprégnés d'eau[1].

Description[modifier | modifier le code]

Dégâts provoqués par le polypore soufré responsable de la pourriture cubique.

Le bois qui présente de la pourriture cubique[2] est attaqué par des micromycètes lignivores capables de dégrader essentiellement la cellulose et les hémicelluloses, gardant la lignine presque intacte. Cette lignine se colore en brun (coloration issue de l'oxydation des polyphénols) et, en séchant, se clive selon les trois plans ligneux orthogonaux : la diminution de volume est associée à des fentes de rétraction dans le plan transversal, radial et tangentiel, ce qui forme des petits cubes plus ou moins réguliers[3]. L'activité de ces champignons se concentre sur certains cernes (plans de faiblesse correspondant au bois de printemps plus tendre) et progresse suivant le fil du bois qui perd sa résistance mécanique puis se transforme progressivement en une masse pulvérulente brune[4].

Les principaux vecteurs de la pourriture cubique sont[3],[5] :

Mécanisme de dégradation[modifier | modifier le code]

(en) Représentation schématique des mécanismes lignocellulolytiques.(d) Dégradation lignocellulotyque par les champignons de la pourriture brune qui utilisent la réaction de Fenton.

Le séquençage de génomes de champignons forestiers a mis en évidence le mécanisme de dépolymérisation de la lignine et de la cellulose utilisés par les champignons lignivores de la pourriture du bois. Les agents de la pourriture brune synthétisent non des enzymes de dépolymérisation (ligninases, cellulases) comme le font la plupart des champignons (leur évolution régressive (en) se traduit par une forte diminution de l’équipement enzymatique présent chez leurs ancêtres) mais au moins trois ordres (Gloeophyllales, Polyporales et Boletales) dépolymérisent la cellulose, via la réaction de Fenton, en produisant des radicaux libres hydroxyles qui peuvent extraire les atomes d'hydrogène appartenant aux liaisons osidiques de la cellulose[7],[8].

Traitement[modifier | modifier le code]

Les bois atteints de pourriture cubique, une fois le champignon éliminé, peuvent être renforcés par des résines époxydes, qui reconstituent leur intégrité structurale.

Autres types de pourriture[modifier | modifier le code]

Il existe d'autres pourritures telles que les pourritures alvéolaires, lamellaires, tubulaires, les pourritures molles, et les plus fréquentes, les pourritures fibreuses.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Guy Durrieu, Écologie des champignons, Masson, , p. 44-45
  2. Préférentiellement le bois de conifère dont la lignine est surtout composée d'unités guaiacyl (alcool coniférylique). La lignine des espèces feuillues contient à la fois des unités de guaiacyl et de syringyl, ce qui la rend plus facilement hydrolysable.
  3. a et b Guy Durrieu, Écologie des champignons, Masson, , p. 45
  4. Angelika Lang, Le petit guide Hachette des champignons, Hachette Pratique, , p. 13
  5. (en) Olaf Schmidt, Wood and Tree Fungi: Biology, Damage, Protection, and Use, Springer Science & Business Media, , p. 93-99, 135-138
  6. Christian Deconchat, Jean-Marie Polèse, Champignons. L'encyclopédie, éditions Artemis, , p. 109.
  7. (en) D.C.Eastwood et coll, « The plant cell wall decomposing machinery underlies the functional diversity of forest fungi », Science,‎ (DOI 10.1126/science.1205411)
  8. (en) D. Floudas, M. Binder, R. Riley, K. Barry, R.A. Blanchette, B. Henrissat, A.T. Martinez, R. Otillar, J.W. Spatafora, J.S. Yadav, et al., « The Paleozoic origin of enzymatic lignin decomposition reconstructed from 31 fungal genomes », Science, vol. 336, no 6089,‎ , p. 1715-1719 (DOI 10.1126/science.1221748)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • CTBA Pôle construction, Le traitement des bois dans la construction : termite, capricorne, lyctus, vrillette, mérule... comment s'en débarrasser ?, Paris, Eyrolles, (réimpr. 2004), 140 p. (ISBN 2-212-11844-9), p. 59 sqq
  • (en) A. D. M. Rayner, Lynne Boddy, Fungal Decomposition of Wood. Its Biology and Ecology, Wiley, , p. 453-458

Articles connexes[modifier | modifier le code]