Pierre III d'Alexandrie

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Pierre III, dit Pierre Monge (en grec μογγός, « à la voix rauque ») fut patriarche d'Alexandrie, pour les monophysites, du 31 juillet au 4 septembre 477 et pour les autorités byzantines de décembre 482 à sa mort le 29 octobre 490[1]

Biographie

Diacre de l'Église d'Alexandrie et farouche opposant au concile de Chalcédoine, il fut à partir de 457 l'un des collaborateurs du patriarche monophysite Timothée Élure. Quand celui-ci mourut, le 31 juillet 477, le parti s'empressa d'introniser, le jour même, Pierre Monge comme son remplaçant. Mais l'empereur Zénon imposa par la force (4 septembre) le rétablissement de Timothée Salophaciole, que les monophysites, profitant de l'usurpation de Basiliscus, avaient renversé en 475. Pierre Monge dut s'enfuir et entra dans la clandestinité.

Le 28 juin 482, l'empereur Zénon et le patriarche de Constantinople Acace promulguèrent l'Hénotique (l'« Édit d'Union ») : la réunification des Églises devait se faire par la mise entre parenthèses du concile de Chalcédoine, que chacun pouvait interpréter à sa guise. Le successeur de Timothée Salophaciole, Jean Talaia, ferme partisan du concile, refusa de souscrire à l'Hénotique, ce qui allait d'ailleurs dans le sens de la réunification : Pierre Monge, lui, ayant accepté de signer, Jean Talaia fut évincé et le chef des monophysites mis officiellement à sa place (décembre 482).

Jean Talaia se rendit à Rome, où il fut accueilli par le pape Félix III ; celui-ci organisa un concile qui dénonça l'Hénotique et excommunia aussi bien Acace de Constantinople que Pierre Monge (484). Ce dernier interprétait ouvertement l'Hénotique comme une annulation pure et simple du concile de Chalcédoine : il convoqua d'ailleurs un synode qui le condamna. Cependant, lui et son collègue Pierre le Foulon, patriarche d'Antioche, considérés comme les chefs du parti, ayant accepté par l'Hénotique d'entrer en communion avec l'Église byzantine, qui restait chalcédonienne, certains monophysites extrémistes se séparèrent d'eux : on les appela les Acéphales (les « sans chef »).

Pierre Monge entra également en conflit avec les milieux païens d'Alexandrie, notamment parmi les professeurs et les étudiants des écoles. Vers 485, il dénonça l'existence, révélée par des étudiants chrétiens, d'un temple clandestin d'Isis à Canope, et exigea une enquête et des persécutions. Selon Zacharie le Rhéteur, qui raconte l'histoire dans la Vie de Sévère d'Antioche, et qui en fut témoin oculaire, le préfet Entrechius était secrètement païen, et son adjoint l'était ouvertement. Ce fut pour Pierre Monge l'occasion de faire autour de lui l'unité des chrétiens. Damascios, dans son Histoire philosophique, accuse le philosophe Ammonios d'Hermias d'avoir trahi des collègues païens en révélant l'endroit où ils se cachaient, et d'avoir passé un accord honteux avec Pierre Monge.


Notes et références

  1. Venance Grumel, Traité d'études byzantines, vol. I La chronologie, Presses Universitaires de France, Paris, 1958, chapitre IV « Listes ecclésiastiques : Patriarches d'Alexandrie et Patriarches melkites d'Alexandrie (282-1565) », p. 443