Piano dans l'orchestre
Piano dans l'orchestre | |
3e symphonie « avec orgue » de Saint-Saëns Auckland Symphony Orchestra, Peter Thomas (dir.) | |
Variantes historiques | Piano-forte, piano droit, clavecin |
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Classification | Instrument à cordes frappées |
Tessiture | |
Articles connexes | Piano |
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La présence du piano dans l'orchestre se traduit de deux manières opposées, en fonction du rôle confié à l'instrument.
Tout d'abord, il y a les œuvres où le pianiste joue une partie soliste, en opposition à l'orchestre. Dans cette catégorie on trouve les concertos pour piano, mais aussi les symphonies concertante avec piano et d'une manière générale toutes les pièces où le piano a un rôle soliste absolument prépondérant et central.
L'autre catégorie comprend toutes les œuvres orchestrales où le piano est employé comme un instrument faisant partie à part entière de l'orchestre. Il est intégré parmi les autres parties orchestrales comme « instrument obligé » (obligato), notamment pour son timbre.
La difficulté de la partie peut être très variable, allant de quelques accords ou arpèges à des traits plus complexes, notamment dans la musique contemporaine.
Définition
Dans son Traité de l'orchestration, Charles Koechlin considère que « le rôle du piano à l'orchestre est de deux genres[1] :
1. Il joue, en soliste, un concerto ou une symphonie concertante. En ce cas, la virtuosité est souvent de rigueur, et le musicien qui compose un ouvrage de ce genre doit connaître à fond la technique du piano.
2. Le piano intervient dans l'orchestre, non plus comme soliste et « en-dehors », mais s'incorporant au reste, ainsi que les harpes, le célesta, les bois, les pizzicati, etc. Alors, en général, les parties qu'on écrit pour cet instrument exigent moins la connaissance approfondie de sa technique que l'intuition de ce que peut donner sa sonorité parmi celle des autres instruments ».
Exemples historiques
Hector Berlioz
Berlioz est le premier compositeur à s'intéresser au piano comme à un instrument d’orchestre, dès 1831, dans le finale de Lélio ou le Retour à la vie[2]. En 1941, Charles Koechlin regrettait encore « la force de l’usage, ou plutôt l’éternelle routine. On était habitué à l’idée d’opposer le piano à l’orchestre. […] Les exemples d’utilisation du piano, pour son timbre au milieu de l’orchestre, étaient rares. Berlioz n’en cite qu’un dans son Traité, et cet exemple (d’ailleurs très réussi) est de Berlioz lui-même[3] ».
Au début de la « fantaisie sur la Tempête de Shakespeare », en effet, Berlioz emploie le piano « à quatre mains pour accompagner les voix. Les mains inférieures exécutent, de bas en haut, un arpège rapide en triolets, auquel répond, sur la seconde moitié de la mesure, un autre arpège à trois parties exécuté de haut en bas par une petite flûte, une grande flûte et une clarinette, sur lequel frémit un double trille en octaves des deux mains supérieures du piano. Aucun autre instrument connu ne produirait cette sorte de grésillement harmonieux que le piano peut rendre sans difficulté[2] » :
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L'opéra russe
En Russie, Rouslan et Ludmila de Mikhaïl Glinka, puis Snégourotchka de Nikolaï Rimski-Korsakov, montrent une utilisation du piano associé à la harpe dans l'orchestre pour évoquer le gousli des anciens bardes russes[4] :
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Charles Koechlin
Dans son Traité de l'orchestration, Charles Koechlin cite la « berceuse phoque », premier de ses Trois chants de la jungle op.18, intégrés dans Le livre de la jungle, pour l'intérêt des arpèges confiés au piano[5] :
Oeuvres
Pour piano et orchestre
- Ballade, op.19, et Fantaisie, op.111, pour piano et orchestre de Gabriel Fauré,
- Symphonie cévenole, op.25 de Vincent d'Indy, composée en 1886, et créée le aux Concerts Lamoureux,
- Prométhée ou le Poème du feu, op.60 d'Alexandre Scriabine, créé le sous la direction de Serge Koussevitsky, avec le compositeur au piano,
- Poème pour piano et orchestre, op.50 de Louis Vierne,
- Quatrième symphonie de Karol Szymanowski, créée le , avec le compositeur au piano,
- Symphonie concertante, op.82 de Florent Schmitt, commande de Serge Koussevitsky, créée par l'Orchestre symphonique de Boston, le , avec le compositeur au piano, sous la direction de Koussevitsky
Pour orchestre avec piano
- Troisième symphonie « avec orgue », op.78 de Camille Saint-Saëns, composée en 1886 et créée le à Londres sous la direction du compositeur, fait appel à un piano joué à quatre mains
- Le Printemps et la Fantaisie pour piano et orchestre de Claude Debussy
- Petrouchka d'Igor Stravinsky
- Suite de danses de Béla Bartók
- Musique pour cordes, percussion et célesta de Béla Bartók
- Troisième symphonie de Willem Pijper
- Symphonie de chambre, op.33 de Georges Enesco
- Danses roumaines de Dinu Lipatti
Cas particuliers
- The Warriors (1913-1916) de Percy Grainger, où trois pianos sont nécessaires au sein de l'orchestre — les audaces polyrythmiques de la partition nécessitent deux chefs d'orchestre,
- Sfærernes Musik (« L'Harmonie des sphères », 1916-1918) de Rued Langgaard, où l'interprète attaque directement les cordes du piano, notamment en glissando — la partition fait appel à deux orchestres.
- Bohuslav Martinů intègre une partie de piano soliste, simple mais bien présente, dans son Concerto pour clavecin et petit orchestre (H 246, 1936), malgré la réputation d'incompatibilité entre piano et clavecin.
Bibliographie
- Hector Berlioz, Traité d'instrumentation et d'orchestration, Paris, Henry Lemoine, 1843, réed.1855, ed.moderne 1993,
- Charles Koechlin, Traité de l'orchestration, Paris, Éditions Max Eschig, (BNF 39725857),
- Nikolaï Rimski-Korsakov, Chronique de ma vie musicale, Paris, Fayard, (ISBN 978-2-213-63546-0), traduit, présenté et annoté par André Lischke.
Références
- Charles Koechlin 1954, p. 128 du vol. I
- Hector Berlioz 1843, p. 97
- Charles Koechlin 1954, p. 129 du vol. I
- Nikolaï Rimski-Korsakov 2008, p. 240-241
- Charles Koechlin 1954, p. 65 du vol. IV