Physalia physalis

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La Galère portugaise, Physalie ou Vessie de mer (Physalia physalis) est une espèce de siphonophore marin, c'est-à-dire une colonie comportant quatre types de polypes[1] soutenue en surface par un flotteur de 10 à 20 cm. Malgré les apparences, ce n'est pas une sorte de méduse.

Elle fait partie du neuston, cette catégorie d'organismes aquatiques liés à la surface, et de ce que le biologiste marin Alister Hardy avait décrit sous le nom de « The Blue Fleet » (La Flottille Bleue), aux côtés de deux autres cnidaires : la Porpite (Porpita porpita) et la Vélelle (Velella velella). De ce fait, bien qu'elles vivent habituellement dans les mers tropicales et subtropicales, les vents dominants peuvent les déporter sur de grandes distances, notamment vers les côtes européennes où l'on assiste certaines années à des échouages massifs.

Structure

Physalia physalis

La Physalie est composée d'eau à hauteur de 90 %.

Le flotteur, un pneumatophore, est une sorte de ballon ovale translucide et quasi symétrique avec une ligne de crête aux couleurs de l'arc-en-ciel avec une tendance vers le pourpre, le vert, le bleu et le violet.

Ce pneumatophore permet à la Physalie de se déplacer grâce aux courants marins et au vent. Il est rempli d'air[2] mais peut contenir une teneur certaine en monoxyde de carbone (jusqu'à 13 %), produit in-vivo[2]. Pour échapper à une attaque venue de la surface, le pneumatophore peut être dégonflé permettant ainsi à la Physalie de plonger brièvement[2].

Sous les flotteurs partent de multiples filaments de plusieurs mètres de long (10 mètres en moyenne, mais pouvant atteindre 50 mètres[3]). Extrêmement urticants, leur brûlure est plus intense que celle de l'ortie et peut provoquer un état de choc chez ceux qui en sont victimes dans l'eau. Le poison est produit par les nématocystes des cnidocytes et peut tuer de petits poissons, proies qui seront attirées vers et digérées par les gastrozoïdes (un des types de polypes de la colonie).

Les filaments microscopiques, les nématocystes, peuvent conserver leur pouvoir urticant longtemps après la mort de l'animal.

Habitat et répartition

Cet animal vit principalement dans les mers tropicales et subtropicales des océans Atlantique et Indien (même si certaines autorités constituent cette population en une espèce distincte, Physalia utriculus). Des individus isolés peuvent cependant être transportés par les vents et les courants jusqu'aux plages françaises, généralement en fin de vie[4].

La Physalie évolue en masse simultanément, généralement en pleine mer (les échouages sur les côtes sont généralement accidentels). Sous les tropiques, on peut rencontrer des bancs formés de plusieurs millions d'individus.

Écologie et comportement

Reproduction

La reproduction est assurée par les gonozooïdes, un des quatre types de polypes de la colonie. Les nouvelles colonies sont formées par bourgeonnement où des polypes se séparent de la colonie principale, donc de manière asexuée[5]. La reproduction a lieu principalement entre le printemps et l'été, et les larves sont planctoniques[4].

Alimentation

Certains des polypes qui ont une forme de tentacule sont constitués de cellules urticantes capables de paralyser des poissons. Ensuite, d'autres polypes également à forme de tentacules transportent le poisson paralysé jusqu'à d'autres polypes spécialisés afin que celui-ci soit digéré[5]. Elles consomment aussi des crevettes, des copépodes et d'autres petits crustacés[4].

Prédateurs

La tortue Caouanne compte les Physalies parmi ses proies habituelles.

Glaucus atlanticus et Glaucilla marginata, deux petites espèces de mollusques nudibranches, tirent leur pouvoir urticant des Physalies dont ils se nourrissent. Immunisés vis-à-vis des toxines, ils stockent préférentiellement la catégorie de nématocystes les plus urticants dans des sacs spécialisés : les cnidosacs[6].

La Janthine (Janthina janthina) un autre gastéropode qui améliore sa flottabilité avec des bulles de mucus, chasse les hydrozoaires flottant sur l'eau.

La pieuvre Tremoctopus est immunisée contre le venin de la Physalie et la femelle est connue pour arracher les filaments du siphonophore et s'en servir comme moyen de défense[7],[8].

La physalie et l'Homme

Le venin de la physalie est dangereux pour l'homme, et une envenimation peut même déboucher dans certains cas sur la mort[4]. Les animaux échoués sont encore dangereux, et ne doivent pas être manipulés sans protection.

Noms et appellations

Cet animal connu et redouté depuis longtemps possède de nombreux surnoms : vessie de mer, galiote portugaise, galère portugaise, méduse cerf-volant... Le nom le plus courant, traduit tel quel dans les autres langues (anglais, espagnol, allemand, néerlandais) est « galère portugaise », du fait de la vague ressemblance avec les « galiotes » portugaises, petites galères à voile ronde[4].

Pour son nom scientifique, Physalis signifie « vessie » en grec[4].

Galerie

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Voir aussi

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Bibliographie

  • Bagnis R., Mazellier P., Bennett J., Christian E. Poissons de Polynésie, 4ème édition. Singapour. Times éditions. Les éditions du pacifique, 1996.
  • Abbott R.T., Dance S.P. Compendium of seashells. Published by Odyssey Publishing, 1998.
  • Weinberg S. Découvrir l’océan Pacifique tropical. Éditions Nathan, Paris, 2005.
  • Weinberg S. Découvrir la mer Rouge et l'océan Indien. Éditions Nathan, Paris, 2005.
  • Weinberg S. Découvrir la Méditerranée. Éditions Nathan, Paris, 2005.
  • Weinberg S. Découvrir l’Atlantique, la Manche et la mer du Nord. Éditions Nathan, Paris, 2005.
  • Maillaud C., Lefèvre Y. Guide de la faune marine dangereuse d’Océanie. Éditions Au vent des îles, 2007

Références taxinomiques

Notes et références

  1. Grzimek, B., N. Schlager & D. Olendorf 2003. Grzimek's Animal Life Encyclopedia. Thomson Gale
  2. a b et c (en) Wittenberg, J.B., 1960. The source of carbon monoxide in the float of the portuguese man-of-war, Physalia physalis L. Journal of Experimental Biology 37, 698-705. Article
  3. (en) Portuguese Man-of-War. National Geographic
  4. a b c d e et f DORIS, consulté le 21 octobre 2013
  5. a et b L'univers fascinant des animaux, La physalie, (ISBN : 2-908306-07-7)
  6. (en) Thompson, T.E. & Bennett, I., 1969. Physalia nematocysts : Utilised by mollusks for defense. Science, 166: 1532-1533 Article
  7. (en) Mangold (1922-2003), K.M., Vecchione, M. & Young, R.E., 2008. Tremoctopodidae Tryon, 1879. Tremoctopus Chiaie 1830. Blanket octopus. Version 16 October 2008. http://tolweb.org/Tremoctopus/20202/2008.10.16 in The Tree of Life Web Project
  8. (en) Everet C. Jones, « Tremoctopus violaceus Uses Physalia Tentacles as Weapons », Science, vol. 139, no 3556,‎ , p. 764-766 (lire en ligne)