Paul Graziani (archiviste)

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Photo de Paul Graziani issue de l'Alamanaccu di A Muvra de 1932, page 69[1]

Paul Graziani, né le à Marseille et mort le à Ajaccio, est un archiviste, écrivain, historien et directeur de presse. Fervent catholique, passionné de littérature et de culture régionale, il décide de rédiger une histoire locale de la Corse basée sur les archives et de partager ses connaissances historiques par les conférences et la presse.

Biographie

De son prénom de naissance François-Paul, Paul Graziani est le fils de Dominique Sampiero Graziani, natif de Bastia (lui même fils de Marie-Thérèse Massiani, institutrice et directrice d'école) et de Marie-Rose Foyer issue de la bourgeoise marchande poitevine du XVIIe siècle installée à Marseille au début du XIXe siècle. Dominique Sampiero Graziani est d'abord instituteur à Eyguières puis professeur au Lycée Thiers à Marseille.

Baignant dans un milieu bourgeois où l'instruction prédomine, Paul Graziani vit à Marseille durant son enfance et ne va en Corse que rarement. Il est si bon élève qu'il obtient une bourse d'étude pour s'inscrire au lycée Lakanal. À 18 ans, il est reçu bachelier, est lauréat du concours général[2] et vise une licence ès-lettre à la Sorbonne[3]. Au bout de trois ans, il réobtient sa licence et entre à l'École des Chartes.

Paul Graziani passe neuf ans à l'École des Chartes, et rédige deux thèses. La première, soutenue en 1908, porte sur La Provence au milieu du XIIIe siècle[4], la seconde, en 1909[5], s'intitule Maillebois et l'insurrection en Corse (1739-1741). Durant cette période, il publie des articles dans différents journaux tels que le Lemouzi, La France Catholique, Le Sémaphore de Marseille (où il écrit un article présentant le poète Abel Bonnard), et Le Feu. Il devient secrétaire à la Société bibliographique[6] et donne des conférences, comme celle du à Paris où, devant les étudiant de l'Action Française, il expose sa préférence envers le Fédéralisme plutôt que la Décentralisation[7]. Il publie deux livres d'histoire religieuses, le premier en 1906, Boniface VIII et le premier conflit entre la France et le Saint-Siège, le second en 1907, Sixte-Quint et la réorganisation moderne du Saint-Siège. Il rencontre plusieurs personnalités politiques et littéraires qui deviendront ses amis, tels que Louis Marin, le général Edouard de Castelnau[8], Jean-Charles Brun[9] et surtout Émile Ripert.

En 1910, il est archiviste-bibliothécaire à Bayonne et y reste jusqu'en 1916, quand il est nommé archiviste départementale de la Corse[10]. Il s'installe à Ajaccio et peut à loisir puiser dans les archives et les documents qui l'aideront à reconstituer une véritable histoire de l'île. En 1925, il crée la revue savante Kyrnos dont il devient le directeur, et où Émile Ripert et Jean-Baptiste MARCAGGI sont ses collaborateurs[11]. Le 18 octobre 1926, il découvre l'acte de baptême de Pascal Paoli, daté du [12]. Ardent catholique, il s'inscrit dans plusieurs associations religieuses auxquelles il participe activement[13].

Il noue également de bonnes relations avec l'autonomiste Pierre Rocca, et devient trésorier de son parti politique du P.C.A (Partittu Corsu d'Azione en 1923 puis Partittu Corsu Autonomistu en 1926)[14]. Il est fiché dès par la Sûreté nationale[15]. Il quitte régulièrement la Corse pour l'Italie pour ses recherches, et y rencontre de nombreux fascistes qui deviennent ses amis[16], ce qui ne calme pas les inquiétudes des services secrets français. Sa plus grande erreur est d'accompagner Pierre Rocca et Hyacinthe Yvia-Croce au troisième Congrès du parti autonomiste breton en prenant le pseudonyme de Pasquale Manfredi, connaissant les conséquences potentielles de son déplacement[17]. Mais une photo prise par les journalistes de Breiz Atao permet aux services secrets Français de l'identifier malgré son pseudonyme[18].

Sur cette photo, il est le grand homme aux cheveux blanc à l'extrême gauche.

Suspicieux à son encontre, le ministère de l'intérieur décide de le déplacer dans un autre département[19]. Mais le déplacement d'un archiviste nécessitant d'abord une inspection générale, Henri Courteaut, le directeur des Archives, décide avec l'accord de Paul Graziani, l'envoi d'un inspecteur en Corse.

L'année 1931 est pour Paul Graziani une annus horribilis. L'inspecteur Charles Schmidt ne trouve certes pas d'éléments prouvant qu'il soit un autonomiste virulent, mais il rapporte que son travail manque d'organisation et de rigueur[20]. En juillet, son fils Pierre décéde d'une typhoïde maligne. En août, sur le point de publier une biographie sur Pascal Paoli, il tombe malade et meurt le 11 du mois. Le , une grande cérémonie d'obsèques a lieu à Ajaccio, pendant laquelle plusieurs journalistes, religieux et politiciens de l'île lui rendent un dernier hommage[21].

Publications

  • Pétrarque et les Limousins avec P. L'Escuro, journal Lemouzi, 1903 (lire en ligne)
  • Mistral (hommage à Fréderic Mistral), Chronique des Livres, 1904 (lire en ligne)
  • La Fête virginale d'Arles, Revue hebdomadaire,1905, (lire en ligne)
  • Boniface VIII et le premier conflit entre la France et le Saint-Siège, Paris, Bloud & Cie Ed.,1906 (lire en ligne)
  • Un nouveau poète, Le Sémaphore de Marseille, 16 juin 1906 (lire en ligne)
  • Les socialistes et la séparation, La France Catholique, 30 décembre 1906, (lire en ligne)
  • Sixte-Quint et la réorganisation moderne du Saint-Siège, Paris, Bloud & Cie Ed., 1907 (lire en ligne)
  • Les idées morales de Mme de Sevigné, La France Catholique, 27 janvier 1907 (lire en ligne)
  • Chronique Historique, Le Feu, 1er décembre 1907 (lire en ligne) et 1er septembre 1908 (lire en ligne)
  • La Provence au milieu du XIIIème siècle, Thèse, 1908
  • Maillebois et l'insurrection en Corse (1739-1741), Thèse, 1909
  • Une œuvre de Simonneau, Bulletin de la Société des sciences et arts de Bayonne, 1er janvier 1910 (lire en ligne)
  • Un coup d’État à Lisbonne en 1824, Le Feu, 1er novembre 1910 (lire en ligne)
  • Sur l'origine et les traditions basques, Courrier-Noël, 1911
  • Bibliothèque Municipale, dernières acquisitions ,Bulletin De La Société Des Sciences et Arts de Bayonne, 1er Janvier 1911 (lire en ligne)
  • Les livres curieux de la bibliothèque de Bayonne, Bulletin De La Société Des Sciences et Arts de Bayonne, 1er Janvier 1916 (lire en ligne)
  • L'université Corse, journal Le Colombo, 12 mars 1919 (lire en ligne)
  • Une magistrature agricole en corse au XVIème siècle , Revue de la Corse, 1920
  • Le droit à la Vendetta et les paci corses, Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse, 1921 (lire en ligne)
  • Dialecte corse et culture Italienne, Ajaccio-Journal, 6 juin 1921
  • Christophe Colomb et la corse, Revue de la Corse, Janvier-février 1922
  • Colonna de Cesari Rocca, Revue de la Corse, septembre-octobre 1922
  • Pontenôvu 9 Maghiu 1769 , livre P.C.A ,1923 (lire en ligne)
  • Le régionalisme de Barrès, Le petit Corse, 16 décembre 1923
  • Formation et développement de la nationalité corse, Kyrnos n°1, 1925
  • Cadet, procureur en Corse, Kyrnos, n°2, 1925
  • L'ALMANACCU DI A MUVRA, A MUVRA, 22 mars 1925 (lire en ligne)
  • L'enseignement de l'italien en Corse, A MUVRA, 17 Janvier 1926
  • L'acte de baptême de P. Paoli, le Petit Bastiais, 18-19 octobre 1926
  • Préface dans l'Anthologie des écrivains corses de Hyacinthe Yvia-Croce,1 janvier 1929[22]
  • Encore Cristophe Colomb , A MUVRA, 30 mars 1930 (lire en ligne)
  • La révolution de Juillet et la Corse, A MUVRA, 3, 10 août 1930
  • Préface dans Histoire de l'Eglise corse de l'abbé Casanova, Sylvestre Bonaventure, 1931 (lire en ligne) [PDF]
  • La Canonica et sa région, la Corse touristique, janvier-février 1931 (lire en ligne)
  • La Corse et la protection des monuments et des sites, la Corse touristique, janvier-février 1931
  • La Chronique de Corse, l'Echo d'Oran, 13 juin 1931 (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • L'énigme Paul Graziani: archiviste départemental de 1916 à 1931 de Marie-Claude Delmas-Bartoli, Paris ,ENS Ed. , 2005[23]
  • In morte di Paulu Graziani : accadatu l'11 agostu 1931 de différents auteurs en hommage à Paul Graziani, Ajaccio, Stamparia di A Muvra Ed., 1931[24]
  • A MUVRA, n°447, 15 août-1 septembre 1931, numérisé aux archives de corse
  • Paul Graziani (1882-1931), Almanaccu di A Muvra (1932) de différents auteurs journalistes de A Muvra , Ajaccio, Stamparia di A Muvra Ed., 1932, pp68-73 (lire en ligne) [PDF]
  • Le Dernier vol de l'aigle, roman corse, Emile Ripert, Paris, Flammarion ED., 1928,[25](extrait dans L'Echo de Paris du 29 Septembre 1927) (extrait dans L'Echo de Paris du 5 Octobre 1927)
  • Histoire de la Corse de Pierre Antonetti, Paris, Robert Laffont Ed. , 1973
  • Histoire de la Corse de Francis Pomponi, Paris, Hachette Ed. , 1979
  • La Corse et la République. La vie politique de la fin du Second Empire au début du XXIème Siècle de Jean-Paul Pellegrinetti et d'Ange Rovere, Paris, Le Seuil, 2004
  • Le mare nostrum fasciste. L’espace politique et culturel en Corse et à Malte à l’époque du fascisme italien de Déborah Paci, OpenEdition journals, 2016[26]

Poèmes

Paul Graziani fut le sujet d'inspiration de ses amis poètes, tels que :

  • Le Rat de Bibliothèque d'Abel Bonnard, 1906[27]
  • Le Train Bleu ou Epitre Corse d'Emile Ripert, 1925[28]
  • L'archiviste dans Petite suite corse, poèmes, de Bruno Durand, édition Le Feu, 1930
  • A la mémoire de Paul Graziani d'Emile Ripert, 1933[29]

Liens externes

Notes et références

  1. (co + et + fr) « Almanaccu di A Muvra (1932) 1932 » [PDF], sur bucullezzione.univ-corse.fr et gallica.bnf.fr
  2. Matthieu Ollangnier, « Concours général », Le Petit Bastiais,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  3. page 136 du "Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse", 2005, fascicules No 710 et 711.
  4. René DE LESPINASSE, Bibliothèque de l'École des Chartes, Paris, Droz (Paris), , 766 p. (lire en ligne), p. 258
  5. René DE LESPINASSE, Bibliothèque de Bibliothèque de l'École des Chartes, Paris, Droz (Paris), , 714 p. (lire en ligne), p. 186
  6. Société d'économie sociale, La Réforme sociale / publiée par un groupe d'économistes avec le concours de la Société d'économie sociale, de la Société bibliographique, des Unions de la paix sociale, et sous le patronage de M. F. Le Play ; rédacteur en chef : M. Edmond Demolins, Paris, Secrétariat de la Société d'économie sociale (Paris), , 970 p. (lire en ligne), pp108-112
  7. L’Action française, 7 mai 1908 p.2/4, (lire en ligne)
  8. Rubrique nécrologie du journal La Bastia Journal du , que l'on peut trouver en version numérisée sur le site des archives de Corse puis presse régional ensuite sélectionner Le Bastia Journal et ouvrir celui de Juillet à (vue 152/222).
  9. SAIMPRE, « Deuil », Journal des débats politiques et littéraires,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  10. Association des anciens élèves de lettres et sciences humaines des universités de Paris., Bulletin / Association des élèves et anciens élèves de la Faculté des lettres de Paris, Paris, , 23 p. (lire en ligne), p. 16
  11. Pierre Rocca, « un événement "La revue Kyrnos », A Muvra : bulletin régionaliste de l'île de Corse,‎ , p. 3/4 (lire en ligne)
  12. mentionné dans la nécrologie de L'Avenir du Tonkin du 3 octobre 1931 page1/8 (lire en ligne) et sur Pascal Paoli: Père de la patrie corse d'Antoine-Marie Graziani, TALLANDIER Ed., 16 avril 2002.
  13. Rubrique nécrologie du journal "La Corse Catholique" du 20 août 1931, que l'on peut trouver en version numérisée sur le site des archives de Corse puis "presse régional" ensuite sélectionner "La Corse Catholique" et ouvrir celui de 1927 à 1931( vue 149/183).
  14. Pierre Rocca, Pontenôvu 9 Maghiu 1769, Ajaccio, Stamparia di A. Muvra, , 20 p. (lire en ligne), p. 20
  15. page 154 du "Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse", 2005, fascicules No 710 et 711
  16. Alain VENTURINI, « L'AUTONOMISME CORSE DANS L'ENTRE-DEUX-GUERRES : A MUVRA », sur https://histoire-image.org,
  17. H. Yvia-Croce dans son hommage à Paul Graziani en langue Corse, dans l'Almanaccu di A Muvra de 1932 page 72 et 73, évoque cette événement.(lire en ligne)[PDF]
  18. Centre historique des archives nationales, cote AB/IVc/79, dossier 7, Lettre adressée au directeur de la Sûreté générale, contrôle des services administratifs et contrôle des recherches judiciaires, 18 octobre 1929.
  19. Centre historique des archives nationales, cote AB/IVc/79, dossier 7, Lettre du ministre de l'intérieur(Sûreté générale) au ministre de l'instruction publique (Cabinet), 17 décembre 1930.
  20. Centre historique des archives nationales, cote AB/IVc/79, dossier 7, Lettre de Charles Schmidt à Nicolas de Susini, directeur de l'hebdomadaire La Nouvelle Corse.
  21. "A MUVRA " numéros 447, 15 Août-Septembre 1931,que l'on peut trouver en version numérisée sur le site des archives de Corse puis "presse régional" ensuite sélectionner "A MUVRAl" et ouvrir celui de 1931( vue 97/157).
  22. H. YVIA-CROCE, « Antologia di i Scrittori Corsi (Anthologie des Ecrivains Corse) », A Muvra : bulletin régionaliste de l'île de Corse,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  23. Extrait de : "Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse", 2005, fascicules No 710 et 711, p. 135-174.(lien SUDOC)
  24. lien SUDOC de l'ouvrage
  25. data bnf , Le Dernier vol de l'aigle
  26. Deborah Paci, « Le mare nostrum fasciste. L’espace politique et culturel en Corse et à Malte à l’époque du fascisme italien », sur OpenEdition Journals,
  27. Abel Bonnard, Les familliers, Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, , 260 p. (lire en ligne), p. 39
  28. Auguste Pierre GARNIER, La Muse française : revue du mouvement poétique, Paris, , 479 p. (lire en ligne), p. 456-458
  29. François Pietri, La Corse touristique : organe mensuel des intérêts insulaires : économique, historique et littéraire, Ajaccio, , 207 p. (lire en ligne), p. 178-180