Occupation de Smyrne par la Grèce

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La Grande Grèce du traité de Sèvres. La région de Smyrne apparaît en orange.

L’Occupation de Smyrne[1] (aujourd'hui Izmir) par les forces grecques, commandées par le Haut-commissaire Aristide Stergiadis, s'est déroulée du 15 mai 1919 au 8 septembre 1922. Elle s'est terminée par le retour des Turcs dans la ville et par l'expulsion ou le massacre des populations chrétiennes qui y vivaient.

Durant la Première Guerre mondiale, aucun combat n'oppose le royaume de Grèce et l'Empire ottoman mais le traité de Sèvres, qui met fin au conflit entre Constantinople et les Alliés, octroie à Athènes le droit d'occuper la Ionie. Rapidement, cependant, la présence hellène soulève la controverse, d'autant qu'elle entre en conflit avec l'influence italienne, prévue par les Accords de Saint-Jean-de-Maurienne en Anatolie. Surtout, le débarquement de l'armée grecque à Smyrne provoque le déclenchement de la guerre gréco-turque qui aboutit à la victoire des forces nationalistes commandées par Mustafa Kemal.

Une fois l'Anatolie reconquise par les Turcs, l'irrédentisme hellène sur les populations chrétiennes de la région pousse les autorités nationalistes à imposer un échange de populations à la Grèce lors du traité de Lausanne de 1923.

Le dépeçage de l'Empire ottoman

Soldats grecs débarquant à Smyrne en 1919.

Après la défaite de l'Empire ottoman durant la Première Guerre mondiale, les Alliés décident de se partager le territoire du vaincu à la Conférence de paix de Paris. Avant l'ouverture de la Conférence, le Royaume-Uni a déjà occupé Constantinople, la France est entrée en Cilicie et les Italiens ont débarqué à Antalya.

Cependant, le gouvernement italien, qui n'est pas au courant que les Britanniques lui ont promis les mêmes territoires anatoliens qu'ils ont promis aux Grecs en échange de leur entrée en guerre, quitte durant plusieurs semaines la table des négociations et ne la regagne que le 4 mai. Ce boycott permet à David Lloyd George de convaincre plus facilement la France et les États-Unis de remettre à la Grèce les territoires qu'elle revendique en Anatolie occidentale. Prétextant que les nationalistes turcs menacent la sécurité des chrétiens de Smyrne, les Alliés invoquent alors l'article 7 de l'Armistice de Moudros, signé par l'Empire ottoman en 1918, qui leur permet « d'occuper n'importe quel point stratégique [du territoire turc] dans le cas où un événement menacerait [leur] sécurité ».

Le débarquement grec et la réaction turque

Troupes grecques marchant dans Smyrne, mai 1919.

Le 15 mai 1919, 20 000 soldats grecs débarquent à Smyrne et en prennent le contrôle, sous la protection de navires britanniques, français et américains. Tandis que les Micrasiates smyrniotes reçoivent les Grecs en libérateurs, les Turcs de la ville les considèrent comme des envahisseurs. Une résistance musulmane, menée par le journaliste Hasan Tahsin et certains de ses amis, ne tarde donc pas à se mettre en place. À peine le débarquement opéré, Tahsin tente d'assassiner le commandant des forces grecques et déclenche ainsi le début de la guerre d'indépendance turque. L'attentat est un échec (puisque Tahsin rate sa cible et ne parvient qu'à tuer un soldat grec) et le nationaliste est arrêté et exécuté.

Dans la ville, une administration militaire se met en place sous l'égide du haut-commissaire Aristide Stergiadis, choisi par Elefthérios Venizélos. Mais celle-ci se révèle rapidement chaotique et des violences sont commises contre des civils musulmans. En Turquie, Mustafa Kemal profite des événements pour former un gouvernement nationaliste à Samsun le 19 mai. Dans ces conditions, la guerre entre la Grèce et la Turquie devient inévitable et elle dure jusqu'en 1922, date à laquelle les forces helléniques sont finalement rejetées hors d'Anatolie.

Les Turcs reprennent la ville

L'incendie de Smyrne, le 13 septembre 1922.

Obligée à quitter l'Anatolie, l'armée grecque y organise la politique de la terre brûlée. Face à elle, les troupes turques s'en prennent aux populations chrétiennes, qui fuient pour échapper aux nationalistes. L'afflux de réfugiés micrasiates à Smyrne augmente sensiblement la population de la ville et la famine s'y développe.

Le 9 septembre, l'armée turque pénètre dans Smyrne, que les autorités grecques ont évacuée deux jours auparavant. Les populations chrétiennes qui n'ont pas réussi à fuir la ville sont alors victimes de violences. L'archevêque orthodoxe Chrysostome est ainsi lynché par une foule composée de soldats et de civils musulmans. Quatre jours plus tard, le 13 septembre, un incendie éclate dans le quartier arménien et s'étend dans le reste de la ville.

Presque un siècle plus tard, la responsabilité de l'événement est toujours sujette à controverse et certains auteurs accusent les Turcs de l'avoir causé, d'autres les Grecs ou les Arméniens. Cependant, au total, 10 000 à 100 000 chrétiens meurent dans l'incendie ou lors des pogroms qui suivent la reprise de la ville.

Articles connexes

Références

  1. "Smyrne" était le nom officiel de la ville à l'époque. Voir le texte du traité de Sèvres (1920).