Marc Juge

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Marc Juge
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Tombe de Marc Juge et de deux autres résistants, à coté du carré militaire, au cimetière des Bartins, à Vichy

Marc Juge est un commissaire de police et résistant français né à Moulins (Allier) le et mort fusillé le à Clermont-Ferrand. En poste au commissariat de Vichy, il agira principalement contre les dénonciateurs et les informateurs de la Gestapo et identifiera les fonctionnaires hostiles à la Résistance.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il nait à Moulins le de parents concierges. Bachelier, il entre dans la police sur concours, d'abord comme secrétaire de Police à Moulins, puis inspecteur au contrôle criminel (Police judiciaire) à la Sureté nationale[1] à Paris, juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Il enquête à cette occasion sur les activités de Joseph Darnand au sein de la Cagoule[2]. Il réussit le concours de commissaire de police[3] et après une formation à l’École supérieure de police à Lyon, il est nommé en octobre 1942[1] commissaire à Vichy[2],[Note 1], alors capitale de l'État français[Note 2].

Marc Juge entre en résistance deux mois plus tard, en décembre 1942, comme membre du groupe « Didier », groupe actif dans l'Allier et affilié par la suite aux Forces françaises de l'intérieur (FFI)[1], et aussi comme agent P2 du réseau Marco Polo[1],[3]. Il renseigne sur les mouvements de troupes et sur l'activité des fonctionnaires allemands[3] et identifie les fonctionnaires français hostiles à la Résistance. Mais son travail principal va être, en usant de ses pouvoirs de police, de poursuivre sur des motifs de droit commun les informateurs et dénonciateurs œuvrant pour la Gestapo en ville. Dénoncé, il est arrêté le 1944 par Hugo Geissler, le chef de la police allemande (SD et Sipo) pour l'Auvergne et le Bourbonnais dans son bureau du commissariat situé au rez-de-chaussée de l'hôtel de ville[3]. Il est interné à Moulins, à la Malcoiffée où il est torturé[2],[1]. Transféré à Clermont-Ferrand, il y est condamné à mort par un conseil de guerre allemand, les autorités allemandes d'Occupation ayant exigé l'exécution de 16 otages à la suite d'un attentat contre des militaires allemands à Clermont ayant entrainé la mort d'un soldat[4].

Marc Juge est fusillé le [2],[5], à 32 ans, au stand de tir de la caserne du 92e régiment d'infanterie alors occupée par les Allemands[6]. Deux autres résistants vichyssois du réseau Marco Polo, René Chabrier et Henri Moreau, sont fusillés en même temps que lui. Les corps des trois résistants furent rapidement enterrés à Clermont-Ferrand. Après la Libération à Vichy, leurs dépouilles furent ramenées et inhumées le au cimetière de la ville, dans le carré des résistants[Note 3], lors d'une grande cérémonie[Note 4].

Les conditions de sa dénonciation et de son arrestation, de ce qui fut appelée à Vichy « l'affaire Juge, Charbrier, Moreau » restent encore peu clairs[4].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il épousa Anne-Germaine Signol et le couple eu un fils, Jean-Paul, né en 1932[1].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Hommages posthumes[modifier | modifier le code]

Plaque commémorative sur la façade de la mairie de Vichy
  • Une plaque commémorative fut inaugurée après guerre sur le mur extérieur du rez-de-chaussée de l'hôtel de ville de Vichy, où se trouvait alors le commissariat et le bureau de Marc Juge, avant que cette plaque ne soit installée, mais non visible du public, dans le nouveau commissariat installé dans une maison de de la rue Victoria. Il y est inscrit : « Il est mort en Français, la tête haute, le regard droit. C'est de ce bureau qu'il a dirigé, pendant un an et demi, son action contre la Gestapo et ses agents »
  • Une nouvelle plaque commémorative, reprenant en grande partie le texte de l'ancienne et accompagnée d'une autre plaque reproduisant la dernière lettre qu'il avait écrite à son fils avant d'être fusillé, a de nouveau été installée et inaugurée en janvier 2024 sur la façade de la mairie de Vichy, également à l'endroit où se trouvaient ses bureaux.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Marc Juge résidait alors au 29, boulevard Gambetta à Vichy (source Le Maitron).
  2. Il est nommé commissaire de police de Vichy-Sud (le poste sur Vichy-Nord est occupé par le commissaire Leluc), en remplacement du commissaire Gilard et sous les ordres du commissaire principal de police de la ville, Claude Entremont.
  3. Le carré des résistants se trouvent le long du mur Est du cimetière des Bartins, juste à côté du grand carré militaire.
  4. Le 1er octobre 1944, un cortège funéraire mené par les autorités municipales et départementales et suivies des familles, partit le matin de la galerie Napoléon, où avait eu lieu une veillée funèbre des corps, se dirigeant vers l'église Saint-Louis où se déroula une cérémonie religieuse. Puis les dépouilles des trois résistants furent amenées, toujours en cortège au cimetière des Bartins. La presse locale avait publié la veille, les lettres que Marc Juge avait adressées à sa famille avant d'être fusillé.
  5. La rue de Vichy, nommée depuis 1995, se trouve dans le quartier des Ailes, dans le nord de Vichy, entre l'allée des Ailes et l'Allier, le long du parking du supermarché Cora auquel elle permet l'accès. Il s'agit d'une voie de passage, sans bâtiment, donc sans numérotation.
  6. La rue Marc-Juge à Moulins se trouve entre l'avenue d'Alsace-Lorraine et la rue des Garceaux, dans le centre de la ville (46° 33′ 29″ N, 3° 19′ 55″ E).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Biographie dans le Maitron
  2. a b c et d "Pour le commissaire Marc Juge la mort mieux que le déshonneur", La Montagne, 7 mai 2013.
  3. a b c et d Marc Juge sur le site de l'AJPN.
  4. a et b « Octobre 1944, l’hommage de la ville de Vichy à Marc Juge, René Chabrier, Henri Moreau, la mise en place d’un récit mémoriel », sur cierv-vichy.fr (consulté le ).
  5. La Résistance dans le Puy-de-Dôme par Anne-Marie Coffi, ONAC, 2008.
  6. "Prison militaire allemande du 92" sur le site de l'AJPN.
  7. « Recherche - Base de données Léonore », sur leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le ).
  8. « - Mémoire des hommes », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Débordes, Paroles de Résistants : 50 témoignages reçus, embuscades, trahisons, déportations, exécutions, éditions de Borée, 2003, 447 pages