Madeleine Colani

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Madeleine Colani
Archéologue
Présentation
Naissance
Strasbourg
Décès (à 76 ans)
Hanoi
Nationalité Drapeau de la France France

Madeleine Colani née le 13 août 1866 à Strasbourg et morte le 2 juin 1943 à Hanoi est une archéologue française connue pour ses travaux en préhistoire et en ethnographie comparée. Elle a mis en évidence, l'industrie hoabinhienne (Hoà Bình, province du Vietnam) , elle a passé la majeure partie de sa vie en Indochine à partir de 1898.

Elle a travaillé au Service géologique de l’Indochine de 1920 à 1939. Colani a obtenu un diplôme de doctorat d’université puis un doctorat d'Etat en France.

Madeleine Colani a parcouru le territoire Vietnam et du Laos en fait l'indochine pour y mener de nombreuses fouilles, y compris les fouilles célèbres dans les montagnes de Bac Son Bac Son[1] et de la Bắc Sơn culture, fouilles dans les grottes de Hoa Binh, des études sur Nghe An, Sa Huynh, la baie d’Ha Long, ou des grandes tombes anciennes dans le champ de jarres Huapan du Laos. Elle avait une grande influence sur l’archéologie préhistorique du Vietnam et du Laos.

Elle est connue pour ses travaux et son ouvrage sur les Megalithes du Haut Laos[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

La plus grosse jarre de la Plaine des jarres (site 1).
la Plaine des Jarres désertifiée par les bombardements.

Madeleine Colani née le 13 août 1866 à Strasbourg est fille de Timothée Colani, pasteur et de Pepita Gauthey.

Elle passe les premières années de sa vie à Strasbourg, où son père, Timothée Colani, enseigne à la faculté de théologie de l'université protestante. Après la guerre de 1870, sa famille s'installe à Paris.

Elle obtient un brevet supérieur en 1884.

En 1898, elle est titulaire d'une licence, quand Paul Doumer l'appelle en Indochine[3].

Vie en Indochine[modifier | modifier le code]

Elle part en 1898, pour l'Indochine où elle devient institutrice à Phu lang Thuong puis à Hanoï. Elle revient en France et obtient une licence de sciences puis devient professeur d'histoire naturelle au lycée Albert-Sarraut d'Hanoï jusqu'en 1916[4], tout en continuant ses études en parallèle.

En 1917, elle obtient un doctorat d'État es-sciences. Madeleine Colani entre comme assistante au Service géologique de l'Indochine où elle reste de 1920 à 1927 à sa retraite[5].

En 1927, la qualité de ses travaux est reconnue par Louis Finot alors, Directeur de l'EFEO, notamment en ce qui concerne la valeur de ses recherches préhistoriques, mené en collaboration avec Henri Mansuy[6] (18571937) son mentor. Elle écrivit au gouverneur général de l'Indochine afin d'être maintenue dans ses recherches, ne voulant pas que sa retraite la prive de cette activité[7]

Finot décide de la rattacher à l'École française d'Extrême-Orient comme chargée de mission[8] de 1929 à 1935.

Outre la découverte de restes humains dans les grottes du Bac Son, elle effectue de nombreuses tournées dans les provinces de Hoa Binh, Tran Ninh, Hua Pan, dont les résultats sont publiés par l'EFEO. Elle rédige aussi pour l'École et pour l'Institut indochinois pour l'étude de l'homme, dont elle est membre, une série d'articles d'ethnologie comparée.

Madeleine Colani représente l'EFEO aux congrès des préhistoriens d'Extrême-Orient, à Hanoi en 1932, à Manille en 1935 et à Singapour en 1938.

Ses travaux et recherches[modifier | modifier le code]

Plaine des Jarres[modifier | modifier le code]

La plaine des Jarres se situe au nord-est du Laos là où l'ancien royaume de Phouan était situé, sur un haut plateau isolé au cœur des montagnes verdoyantes, sur le plateau de Trân Ninh. C'est à cet endroit que repose un trésor archéologique étrange. En effet, des centaines de jarres en pierre variées sont dispersées : urnes funéraires, stockage de nourriture ou d’eau, cuves à fermentation pour la fabrication d’alcool dont certaines, immenses, pèsent jusqu’à trois tonnes. La mystérieuse plaine des Jarres reste, aujourd’hui encore, une énigme et son origine incertaine. Aucun autre vestige architectural ou d’habitat antique n’est présent dans la région, laissant les jarres sans contexte archéologique. La datation les situe dans une large fourchette entre 5000 ans av. J.-C. et 800 ans apr. J.-C. ce qui ouvre la voie à toute théorie. Aucune explication plausible pour la présence de ces mégalithes ni la manière dont ils ont été emmenés dans la plaine alors que la pierre dans laquelle ils ont été taillés provient de la chaine de montagnes située entre Luang Prabang et Xieng Khouang distante de plusieurs dizaines de kilomètres. Les légendes locales sont nombreuses mais la thèse selon laquelle il s’agirait d’urnes funéraires semble la plus probable.

Madeleine Colani y effectue des recherches dans les années 30 et fouille le site n° 1 ainsi qu’une grotte dotée d’une cheminée naturelle située à proximité dans laquelle elle découvre d’importantes traces de feu et des ossements humains calcinés. Elle émet alors l’hypothèse que cette grotte aurait été un incinérateur lors des funérailles, et que les cendres auraient ensuite été conservées dans les jarres accompagnées d’objets funéraires. Malheureusement, la datation des os retrouvés dans la grotte ou près des jarres est très étalée dans le temps et ne permet pas de tirer de conclusions précises. Il existe des sites similaires moins spectaculaires, sur le plateau de Khorat en Thaïlande, ainsi qu’aux collines de Cachar au Nord de l’Inde.

Le site n° 1, celui de Thong Hai Hin, « Plaine des jarres de pierre » est situé à proximité de la bourgade de Lat Huang. C’est le site le plus important. Plus de deux cent cinquante jarres sont éparpillées dans un décor austère de collines arides près de la grotte fouillée par Madeleine Colani.

Les jarres sont disposées par groupes, dans un désordre apparent. Elles sont de différentes tailles, de un à trois mètres de hauteur, mesurant jusqu’à près de huit mètres de circonférence, pesant jusqu’à plusieurs tonnes pour les plus grandes, quarante centimètres pour les plus petites. Taillées dans des blocs de roche monolithiques, porphyre, calcaire ou schiste, roches qui n’existent pas sur le plateau, elles sont parfois à demi enterrées. D’autres furent modelées d’un mélange de calcaire et de cailloux et probablement fabriquées dans les grottes de la plaine des Jarres. Près de certaines jarres on a découvert d’énormes couvercles bombés. Les jarres sont recouvertes de mousse verdâtre, un aspect amplifiant leur mystère.

Le site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis le 6 juillet 2019.

Ouvrages et activités variés[modifier | modifier le code]

Madeleine Colani a rédigé un grand nombre de publications sur la préhistoire de l'Indochine dans l'Anthropologie (1926, 1927), Mémoires et Bulletin du service géologique de l'Indochine (1927, 1928), Bulletin, Cahier, Publications de l'École française d'Extrême-Orient (1930, 1931, 1934, 1935, 1938, 1939), Bulletin de la Société préhistorique française (1929, 1939)[9] .

Elle a participé au Ier congrès de préhistoire d'Extrême-Orient (1932).

Ses travaux, et les résultats de ses recherches servent encore de références aux archéologues qui cherchent à percer le mystère de jarres de la Plaine des Jarres[10],[11].

Elle joue un rôle actif à charge dans l'affaire de fraude scientifique qui atteint injustement l'archéologue Jacques Deprat et qui mit fin à la carrière scientifique de celui-ci, avant sa réhabilitation[12].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Elle est la fille de Timothée Colani, pasteur et théologien protestant et de Pepita Gauthey, et la petite-fille d'Antoine Colani[13] pasteur à Lemé (Aisne), ancien étudiant du séminaire de théologie de Lausanne et promoteur du réveil religieux protestant dans le nord de la France.

Références[modifier | modifier le code]

  • Bulletin de l'Institut indochinois pour l'étude de l'homme, Hanoi, IDEO, 1944
  • L'École française d'Extrême-Orient à Hanoi, 1900-2000. Regards croisés sur un siècle de recherches, Hanoi, 2000.
  • Marcello Zago, « Rites et cérémonies en milieu bouddhiste lao », Universita Gregoriana Éditrice, Rome, 1972.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le Courrier du Vietnam, « Bac Son, la vallée des contemplations », sur lecourrier.vn (consulté le )
  2. Madeleine (1866-1943) Auteur du texte Colani, Mégalithes du Haut-Laos : Hua Pan, Tran Ninh. Tome 2 / par Mlle Madeleine Colani,..., (lire en ligne)
  3. « Madeleine Colani », sur www.efeo.fr (consulté le )
  4. Répertoire biographique des membres scientifiques de l’EFEO (1898-2002), Paris, 2002 p. 183-184
  5. Bulletin de l'Institut indochinois pour l'étude de l'homme, Hanoi, IDEO, 1944
  6. Madeleine Colani, « Henri Mansuy (1857-1937) », Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, vol. 37, no 1,‎ , p. 695–704 (lire en ligne, consulté le )
  7. « Madeleine Colani | TrowelBlazers » (consulté le )
  8. L'École française d'Extrême-Orient à Hanoi, 1900-2000 p. 25.
  9. Encyclopædia Universalis, « MADELEINE COLANI », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  10. Cahiers de l'EFEO 35 (1943), p. 1-3 et 37, p. 11-17
  11. Marcello Zego, « Rites et cérémonies en milieu bouddhiste lao », p. 20
  12. Patrick Cabanel, notice « Madeleine Colani ».
  13. Patrick Cabanel, Colani (ou Colany) Antoine, in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 704-705.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]