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Lavabo (christianisme)

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Lavabo gothique en niche du XVe siècle.

Un lavabo est une vasque permettant de se laver les mains. Ce mot est issu du latin, lavabo étant la première personne du singulier du verbe latin lavare (laver) au futur de l'indicatif. Il est employé à l'origine, et encore maintenant, dans la liturgie chrétienne, pour désigner le moment de la messe où le prêtre se lave les mains, ainsi que le récipient utilisé à cet effet. L'usage du terme s'est ensuite étendu à des dispositifs à usage domestique[1].

Usage en liturgie

Le rite du lavabo se produit au cours de l'offertoire. Jusqu'à la fin des années 1960, dans la forme tridentine du rite romain, le prêtre prononce ces paroles en latin tirées du psaume 25 :

« Lavabo inter innocentes manus meas et circumdabo altare tuum Domine »

qui peut se traduire en français par :

« Je lave[rai] mes mains en signe d’innocence pour approcher de ton autel, Seigneur. »

C'est de là que vient le mot lavabo pour désigner la vasque réservée aux ablutions du prêtre officiant, dite aussi piscine. Le prêtre s'essuie ensuite les mains à l'aide du manuterge.

Dans le rite romain sous sa forme ordinaire, institué en 1969, le geste du lavabo s'effectue toujours au cours de l'offertoire, mais le prêtre prononce à voix basse la formule « Lave-moi de mes fautes, Seigneur, purifie-moi de mon péché » qui est issue, cette fois, du psaume 50. La Présentation générale du Missel romain indique que ce rite doit être compris comme symbolisant le désir de purification intérieure et qu'il ne peut être omis[2].

Les premiers emplois du mot lavabo dans un contexte liturgique désignent le linge avec lequel le prêtre essuie ses mains (usage attesté en 1560) puis par métonymie la « prière du lavabo » et le vasque liturgique utilisé lors de la messe. Dans les sacristies était également ménagé ce type de réceptacle permettant au prêtre de se laver les mains avant la messe et de jeter l'eau ou le vin eucharistique qui n'avaient pas été utilisés. Le mot passe dans le langage commun au début du XIXe siècle d'abord pour désigner une table de toilette (usage attesté vers 1801) puis la cuvette souvent aménagée dans un évidement de cette table (vers 1805), enfin la cuvette en différents matériaux de la vasque sanitaire actuelle[3].

Dans les abbayes cisterciennes aux XIIe et XIIIe siècles

Le lavabo de l'abbaye du Thoronet.
Le lavabo de l'abbaye du Thoronet.

Au XIIe siècle, les monastères cisterciens aménagent à l'intérieur du cloître un édicule au sein duquel se trouve une fontaine nommée lavabo ou fontaine. À ce lavabo, les moines se lavent les mains avant de passer au réfectoire. Par extension, la pièce contenant cette fontaine est également nommée lavabo.

Il a existé de nombreux édicules de ce type dans les monastères cisterciens, mais la plupart ont disparu au cours des siècles. Voici la description qui en est faite par Viollet-le-Duc[4] :

« LAVABO, s. m. Grande vasque en pierre ou en marbre répandant l'eau par une quantité de petits orifices, percés autour de ses bords, dans un bassin inférieur, et destiné aux ablutions ; par extension, le nom de lavabo a été donné à la salle ou à l'aire au milieu de laquelle s’élevait la fontaine. […]

Les cisterciens, qui, au XIIe siècle, se piquaient de revenir aux premières rigueurs de la vie monastique, qui excluaient de leurs couvents tout luxe, toute superfluité, avaient cependant construit des lavabos dans leurs cloîtres, disposés non point comme un motif de décoration, mais comme un objet de première nécessité.

C'est qu'en effet les cisterciens du XIIe siècle s'occupaient à de rudes travaux manuels ; il leur fallait, avant d'entrer à l'église ou au réfectoire, laver les souillures qui couvraient leurs mains.

Aussi voyons-nous que les lavabos des monastères cisterciens sont une partie importante du cloître. L'abbaye de Pontigny possédait un lavabo dont la cuve existe encore ; celle du Thoronet (Var), XIIe siècle, possède au contraire l'édicule qui contenait la cuve, tandis que celle-ci a disparu.

Voici (1) le plan de ce lavabo ; c'est une salle hexagone tenant à la galerie du cloître qui longe le réfectoire ; les religieux entraient dans la salle par une porte et sortaient par l'autre, de manière à éviter tout désordre ; ils se rangeaient ainsi autour du bassin, au nombre de six ou huit, pour faire leurs ablutions. […]

La fig. 2 présente la coupe de ce lavabo sur ab. Conformément à la règle de l'ordre de Citeaux, cette salle est extrêmement simple, couverte par une coupole en pierre à cinq pans avec arêtiers dans les angles rentrants. »

Lavabo propreté du cloître mitoyen de la cathédrale de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault)

Un magnifique lavabo multi-places à trois niveaux de propreté (en haut la petite vasque pour la tête et les mains, au milieu la grande vasque pour le ventre et le bassin encore plus grand pour les pieds) à lui seul vaut le détour. Mais il y a aussi à voir les foudres de guerre curieusement à l'intérieur d'une cathédrale.[pas clair]

Fontaine de l'Amour à l'abbaye de Valmagne

L'abbaye de Valmagne est une abbaye languedocienne rattachée à l'ordre de Cîteaux, fondée en 1138. Dans un relatif bon état de conservation, elle comporte, en son cloître, un lavabo.

En 1740, s'arrête à Valmagne Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, poète qui écrit, en prose et en vers, un plaisant Voyage de Languedoc et de Provence[5]. Le site lui paru d'abord peu accueillant, mais le postillon le rassura : « Si vous voulez dîner, entrez on vous fera bonne chère. »

Et le voyageur de rimailler :

Nos moines sont de bons vivants,
L'un pour l'autre fort indulgents,
Ne faisant rien qui les ennuie,
Ayant leur cave bien garnie,
Toujours reposés et contents,
Visitant peu la sacristie ;
Mais quelquefois les jours de pluie,
Priant Dieu pour tuer le temps.

Lefranc de Pompignan ajoute : « Il est vrai qu'ils avaient profité de cette matinée-là, qui était fort sombre et fort pluvieuse, pour dépêcher une grand messe. »

On comprend qu’une trentaine d'années plus tard un état du personnel de l'abbaye donne, pour un prieur et cinq moines, un nombre égal de serviteurs, dont un cuisinier, un marmiton, un chasseur et un enfant de chœur qui en même temps, sert à table[5].

Le cloître avec ses galeries fort spacieuses a connu quelques restaurations, respectueuses de l'architecture d'origine. En son centre prospère un jardin et, au milieu de celui-ci, la fontaine, recréée au XVIIIe siècle, à partir d'éléments qui existaient déjà, dans l'esprit des fantaisies architecturales de l'époque. Ici les croisées d'ogive ne supportent pas de toit.

Alimentée par la source de Diane[6], la fontaine placée au milieu de la pièce, déverse son eau pure, de la vasque supérieure vers un bassin octogonal, par quatre têtes de griffons.

Lefranc de Pompignan ne put bien sûr que s'y attarder : « Elle mériterait le pinceau d'Aristote. Elle ressemble comme deux gouttes d'eau à la fontaine de l'Amour. »

Sur sept colonnes, des feuillages,
Entrelacés dans des berceaux,
Forment un dôme de rameaux
Dont les délicieux ombrages
Font goûter dans des lieux si beaux
Le frais des plus sombres bocages.
.............................
O fontaine de Vallemagne [sic] !
Flots sans cesse renouvelés,
La plus agréable campagne
Ne vaut pas vos bords isolés[5].

Des constructions premières de l'abbaye, il ne reste plus que la salle capitulaire.

La fontaine a été exécutée par deux frères, Jacques et Pierre Hugoltz, en 1635.

Notes et références

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « lavabo » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  2. Point qui est précisé dans les « Réponses à des questions posées au sujet du nouvel « Ordo Missae »] par la [[Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements|congrégation du culte divin]], dans les Notitiae de janvier 1970 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  3. Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, , p. 1992.
  4. (fr) Viollet-le-Duc Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe.
  5. a b et c (fr) Cité dans Henri-Paul Eydoux, Monuments méconnus Languedoc et Roussillon, Librairie académique Perrin, 1979.
  6. La source de Diane, connue depuis l'Antiquité, alimente les différents bassins de l'abbaye avant de rejoindre l'étang de Thau par divers ruisseaux.

Voir aussi

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Articles connexes

Lien externe