Jacques-Pierre Gisors

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Jacques-Pierre Gisors
Présentation
Autres noms « Gisors l'Aîné »
Naissance
Décès (à 63 ans)
Nationalité française
Activités architecte
Formation atelier Étienne-Louis Boullée
Élèves Charles Normand
Œuvre
Distinctions prix de Rome (1779)
Entourage familial
Famille voir Gisors architectes

Jacques-Pierre Gisors (1755-1818), dit aussi « de Gisors » ou « Gisors l'Aîné », est un architecte français. En 1779 il partage le prix de Rome avec François-Jacques Delannoy.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né le à Paris[1], Jacques-Pierre Gisors est le fils de Pierre de Gisors (1718-1796)[2] et de Rose Bellu[3]. Originaire de Mouflaines, dans l'actuel département de l'Eure, son père s'est installé vers 1736 dans la capitale, où il est devenu bourgeois de Paris et limonadier[4]. Devenu pour sa part architecte, Jacques-Pierre Gisors épouse en 1777 Marie Rivoire[5], fille d'un chef d'atelier textile et commerçant d'origine lyonnaise, également installé à Paris[6].

Divorcé en 1793[7], mentionné architecte du gouvernement, attaché au ministère de l'Intérieur, il meurt le à son domicile situé rue du Faubourg Saint-Martin à Paris[8]. Inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 20), sa stèle funéraire est constituée d'une colonne, portant inscrits son nom et ses dates de naissance et de mort, couronnée d'une urne en pierre[1].

Jacques-Pierre de Gisors est le frère de Charles-Jacques Gisors (v. 1747-1826), gendre du sculpteur Etienne Louis Infroit[9].

Carrière[modifier | modifier le code]

De sa formation on sait seulement qu'il fut l'élève d'Étienne-Louis Boullée[10].

En 1778, à 22 ans, il concourt au prix de Rome avec un projet de prison[11] et obtient le grand prix. Mais ce résultat est annulé du fait d'une réclamation des élèves qui argumentent sur le fait qu'une connaissance frauduleuse du programme serait la source d'inspiration de son esquisse et le prix est mis en réserve. Il se représente l'année suivante (1779) et obtient de nouveau le prix avec le consentement à l'unanimité de ses rivaux[12]. Il partage ce prix avec François-Jacques Delannoy avec qui il est envoyé à Rome[10].

Le sujet précisait notamment qu'il s'agissait « d'un édifice destiné à former un muséum, contenant des productions et le dépôt des sciences, celui des arts libéraux et celui des objets de l'histoire naturelle » avec comme précision que le « dépôt des arts comprendra des salles et galeries pour la peinture, la sculpture et l'architecture » et « que, si le musée doit comporter des salles techniques et des salles d'étude pour les personnes destinées au service public, il ne sera pas le siège des académies ». Son esquisse présente un bâtiment austère et monumental sur la base d'un plan en croix grecque[10].

Après son retour de Rome, il ouvre un atelier école à l'hôtel des Arts. Charles Percier y sera élève avant d'aller chez Antoine-François Peyre, plus connu.

En 1787, il propose un projet d'arc de triomphe avec statue de Louis XVI faisant face à celle d'Henri IV sur le Pont Neuf à Paris.

Sous la Révolution française, il fut député à l'Assemblée communale de Paris.

Avec Étienne-Chérubin Leconte, il aménagea en forme d'hémicycle l'ancienne salle des Machines du théâtre des Tuileries pour la Convention nationale[13].

Les deux architectes créèrent ensuite au Palais Bourbon une salle des séances, toujours en forme d'hémicycle, pour le Conseil des Cinq-Cents (1795-1798)[14],[15].

En 1801, il propose avec Étienne-Chérubin Leconte un projet de façade pour le Palais Bourbon afin de dissimuler la salle des séances du Corps législatif et répondre symétriquement au Temple de la Gloire par un nouveau péristyle mais c'est le projet de Bernard Poyet qui est retenu[16].

En 1812, il fait partie de la commission chargée de surveiller les travaux de l'Arc de triomphe de l'Étoile après la mort de Jean-François Chalgrin.

Principales réalisations[modifier | modifier le code]

Gisors architectes[modifier | modifier le code]

Confusion[modifier | modifier le code]

En 2000, Pierre-Dominique Cheyne souligne en note qu'il y a des erreurs dans le dictionnaire de référence Thieme-Becker. Il indique que « c'est à tort que Jacques-Pierre Gisors est dit le frère d'Alexandre Jean-Baptiste Guy de Gisors, auquel les auteurs attribuent la salle des séances de la Convention aux Tuileries, puis, avec Étienne-Chérubin Leconte, celle des Cinq-Cents au Palais-Bourbon, l'actuelle salle des séances de l'Assemblée nationale ». Il précise également qu'en 1985 madame E. Hubert, indique dans des notices sur les architectes « que Guy, non pas frère de Jacques-Pierre mais sans doute de sa famille, travailla sous ses ordres à la construction de la salle de la Convention dont Jacques-Pierre, architecte de la Convention puis des bâtiments du Corps législatif, est l'auteur », elle dresse également une liste des travaux que le dictionnaire attribue par erreur à Guy Gisors[18].

Les Gisors architectes[modifier | modifier le code]

Suivant les corrections ci-dessus, voici la liste des Gisors architectes avec les liens de parenté :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Domenico Gabrielli, Dictionnaire historique du Père-Lachaise : XVIIIe et XIXe siècles, Les éditions de l'amateur, , 334 p. (ISBN 978-2-85917-346-3), p. 151
  2. AD Eure, Mouflaines, BMS 1591-1732, vue 382/417 : acte de baptême de Pierre de Gisors, père de l'architecte, né le 28 octobre 1718 à Mouflaines. Décès le 16 mars 1796 (26 ventôse an 4), grande rue du Faubourg St Martin à Paris : mention dans la déclaration de succession faite par son autre fils, Charles Jacques, homme de loi, le 4 fructidor an V, relevée sur Geneanet.
  3. La graphie de "Rose Bellu" est à préciser : selon les transcriptions et relevés en ligne, elle s'écrit Pierre (!) Belu, Rose Bellen, Rose Bellu.
  4. Familysearch, Paris, relevé des cartes d'identité, 1792-1795 : mentions des professions et origine de Pierre Gisors dans les cartes de sûreté établies à son nom les 24 octobre 1792, 15 avril et 20 août 1793.
  5. Fiche état civil reconstitué sur Filae, fonds Andriveau : mariage le 11 septembre 1777 à Paris. Parents de l'épouse mentionnés : Joseph Rivoire et Marguerite Jacques.
  6. Sur l'histoire sociale de la famille Rivoire originaire de Lyon et son destin : Gazette des nouveaux tribunaux, 1792, en lien sur Google Books.
  7. Fiche état civil reconstitué sur Filae : divorce le 20 septembre 1793.
  8. Familysearch, Paris, Reconstitution chronologique des actes de décès, série V.2E, 1630-1859, vue 444/2809. Egalement Etat civil reconstitué de Paris
  9. Familysearch, Paris, reconstitution chronologique des actes de décès, série V.2E, 1630-1859, vue 2462-2463/3214 : Charles-Jacques Gisors est décédé le 10 mai 1826 également rue du Faubourg St Martin à Paris, à la survivance de son épouse Claudine Infroit, fille du sculpteur Etienne Infroit.
  10. a b et c Gaehtgens 2001, p. 197.
  11. (en) Allan Braham, The Architecture of the French Enlightenment, University of California Press, , 288 p. (ISBN 978-0-520-06739-4, lire en ligne), p. 201.
  12. Delaire, Edmond Augustin David de Pénanrun, Louis Thérèse Roux, Louis François, « VII Grands prix de Rome », dans Les architectes élèves de l'école des Beaux-Arts, Paris, Librairie de la construction moderne, , 2e éd. (lire en ligne), p. 152.
  13. Gaehtgens 2001, p. 208
  14. De cet aménagement « subsiste le bureau du président et la tribune de l'orateur »
  15. « Connaissance de l'assemblée : n°1 l'Assemblée Nationale : organisation et fonctionnement », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  16. Yvan Christ, Paris des Utopies, 2011, éd. Nicolas Chaudun, p. 74.
  17. Notice no 00059772
  18. Pierre-DominiqueCheynet, 2000, p. Séance du 18 prairial an VI [6 juin 1798] note 6

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Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Édouard Joyant, « Les Gisors architectes », Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, Paris, no 33,‎ , p. 270-293 (lire en ligne, consulté le ),
  • Werner Szambien, « Les architectes parisiens à l'époque révolutionnaire », Revue de l'Art, no 83,‎ , p. 36-50 (DOI 10.3406/rvart.1989.347756, lire en ligne, consulté le ),
  • Pierre-Dominique Cheynet (conservateur en chef aux archives nationales), Les procès-verbaux du Directoire exécutif, an V-an VIII : inventaire des registres des délibérations et des minutes des arrêtés, lettres et actes du Directoire postérieurs au Recueil des actes du Directoire exécutif de Debidour, t. V : germinal- messidor an VI [21 mars - 18 juillet 1798] (registres AF* III 11 et 12, folios 1 à 67 verso ; cartons AF III 513, plaquette 3252, à AF III 533, plaquette 3512), Paris, Archives Nationales, (lire en ligne [PDF]), Séance du 18 prairial an VI [6 juin 1798] (AF* III 11, folios 174 recto-176 verso; AF III 527, plaquettes 3428 à 3430), (voir note n°6),
  • Thomas-W. Gaehtgens, L' Art et les normes sociales au XVIIIe siècle, Les Éditions de la MSH, , 543 p. (ISBN 978-2-7351-0917-3, lire en ligne), p. 197 et 208.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]