Gertrud Kornfeld

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Gertrud Kornfeld
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RochesterVoir et modifier les données sur Wikidata
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Gertrud Kornfeld née le à Prague et morte le à Rochester dans l'État de New York, est une chimiste américaine d'origine allemande. Après une carrière universitaire en Allemagne, elle s'exile lors de la prise des pouvoirs des nazis et s'installe aux États-Unis, où elle est employée de la firme Kodack.

Biographie[modifier | modifier le code]

Gertrud Kornfeld est issue d'une famille juive germanophone de Prague, ville qui faisait alors partie de l'empire austro-hongrois. Elle étudie la chimie de 1910 à 1915, à l'université Charles de Prague. Elle soutient en 1915 sa thèse de doctorat intitulée Über Hydrate in Lösungen ([Sur les hydrates dans les solutions])[1],[2], sous la direction de Victor Rothmund et travaille à l'université, comme démonstratrice, puis de 1914 à 1918 comme assistante[1],[3].

Kornfeld quitte Prague en 1919, lorsque la ville devient tchécoslovaque, et s'installe à Hanovre, en Allemagne. Elle obtient un emploi d'assistante de Max Bodenstein à la Königliche Technische Hochschule[1],[4].

Bodenstein est nommé à la Friedrich-Wilhelms-Universität et Gertrud Kornfeld le rejoint en 1923, où elle obtient un poste à l'Institut de chimie physique. En 1928, Gertrud Kornfeld obtient son habilitation universitaire de chimie à Berlin et elle est nommée privatdozent en chimie[1].

Le , la loi pour la restauration de la fonction publique professionnelle en Allemagne a été adoptée, interdisant aux Juifs d'occuper des postes publics, y compris des postes d'enseignement[5],[6],[7]. Kornfeld est interdite d'emploi à l'université[8].

Kornfeld s'exile en Angleterre en 1933[9]. Elle reçoit notamment une aide de la Society for the Protection of Science and Learning (SPSL) de l'université de Birmingham[4],[1]. Le SPSL, initialement connu sous le nom d'Academic Assistance Council, s'est formé à Londres en 1933[10]. Le nom de Kornfeld figure sur la liste des universitaires allemands déplacés compilée par la SPSL et publiée en 1936[1],[11].

Elle reçoit également le soutien de la British Federation of University Women pour enseigner à l'université de Nottingham, puis, en 1934, elle bénéficie d'une bourse résidentielle d'urgence allemande pour un an, à partir d'un fonds collecté par le BFUW spécifiquement pour les exilés allemands qui lui permet de continuer des activités de recherche à l'Imperial College de Londres. En 1936, elle reçoit une bourse internationale de l'American Association of University Women qui lui permet d'étudier à Vienne[9],[12],[13].

Malgré les recommandations de Max Bodenstein et du physicien Friedrich Paschen[14], Kornfeld a des difficultés à trouver un nouveau poste[8].

En 1937, Esther Brunauer de l'AAUW se porte garante de Kornfeld, lui permettant de voyager avec un visa de visiteur aux États-Unis. Là, elle trouve un poste dans le laboratoire de recherche de l'Eastman Kodak Company à Rochester, New York. Sa connaissance spécialisée de photochimie est reconnue[9], et elle dirige un petit groupe de recherche. Elle a ainsi pu poursuivre sa carrière[1]. En 1948, Kornfeld est élue membre de l'Académie des sciences de New York, pour son travail chez Kodak[15].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Annette B. Vogt, « Gertrud Kornfeld (1891-1955) », dans Jan Apotheker & Livia Simon Sarkadi, European Women in Chemistry, John Wiley & Sons, (ISBN 9783527636464)
  2. Horst Schmidt-Böcking, Alan Templeton et Wolfgang Trageser, Otto Sterns gesammelte Briefe – Band 1: Hochschullaufbahn und die Zeit des Nationalsozialismus, Springer-Verlag, , 236–237 p., « Otto Sterns Lebensdaten und Chronologie seines Wirkens »
  3. « Gertrud Kornfeld 25.7.1891 - 4.7.1955 », Humboldt University of Berlin (consulté le )
  4. a et b Miloslav Rechcigl, Jr, Beyond the Sea of Beer: History of Immigration of Bohemians and Czechs to the New World and Their Contributions, AuthorHouse, (ISBN 978-1546202387, lire en ligne)
  5. Kris Manjapra, Age of Entanglement : German and Indian Intellectuals Across Empire, Harvard University Press, , 86–87, 251 (ISBN 9780674725140, lire en ligne)
  6. Roderick Stackelberg et Sally A. Winkle, The Nazi Germany Sourcebook: An Anthology of Texts, Routledge, , « Article 1 First Regulation for Administration of the Law for the Restoration of the Professional Civil Service »
  7. Harriet Pass Freidenreich, Female, Jewish, and educated : the lives of Central European university women, Indiana University Press, (ISBN 978-0253340993)
  8. a et b Vogt, « Von Prag in die "neue Welt" — die Wege der Chemikerin Gertrud Kornfeld », Acta Historiae Rerum Naturalium Necnon Technicarum, vol. 7,‎ , p. 281–297 (CiteSeerx 10.1.1.470.1908)
  9. a b et c Christine von Oertzen, Science, gender, and internationalism : women's academic networks, 1917-1955, 1st, , 131, 164 (ISBN 978-1-137-43890-4, lire en ligne)
  10. Zimmerman, « The Society for the Protection of Science and Learning and the Politicization of British Science in the 1930s », Minerva, vol. 44, no 1,‎ , p. 25–45 (DOI 10.1007/s11024-005-5405-8, S2CID 144003010)
  11. Emergency Committee in Aid of Displaced German Scholars, List of Displaced German Scholars, London, Speedee Press Services, Ltd., (ISBN 9780893704742, lire en ligne), p. 21
  12. « Einstein, AAUW, and Getting Jewish Women Scientists out of Nazi Germany », American Association of University Women (AAUW) (consulté le )
  13. « Scientific Notes and News », Science, vol. 81, no 2096,‎ , p. 223–226 (DOI 10.1126/science.81.2096.223-a, lire en ligne)
  14. Deichmann, « The Expulsion of Jewish Chemists and Biochemists from Academia in Nazi Germany », Perspectives on Science, vol. 7, no 1,‎ , p. 1–86 (DOI 10.1162/posc.1999.7.1.1, S2CID 57566498, lire en ligne, consulté le )
  15. « 2 EK Scientists Chosen For Academy Honors », Kodakery,‎

Liens externes[modifier | modifier le code]