Georg Groddeck

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Walter Georg Groddeck, né le à Bad Kösen (sur la Saale) et mort le à Knonau, près de Zurich, est un médecin et psychothérapeute allemand. Il n'appartenait pas au premier cercle des psychanalystes mais Freud avait pu en dire qu'il était un « analyste incomparable ». Au Congrès psychanalytique de la Haye en 1920, Groddeck s'était lui-même défini ainsi : « Je suis un analyste sauvage », expression devenu ensuite célèbre dans le mouvement. Il était aussi un fidèle ami de Sandor Ferenczi. Il est surtout le premier « psychosomaticien » qui ait intégré la psychanalyse à cette discipline.

Biographie

Groddeck naît d'un médecin réputé admirateur de Bismarck. Il a quatre frères et sœurs, qui mourront tous de maladies organiques.

D'abord élève de l’École régionale de Pforta, Groddeck entreprend des études de médecine à Berlin. En 1900 il ouvre avec sa soeur Lina et sa première femme Else von Goltz-Neumann, un sanatorium de quinze lits à Baden-Baden[1]. Il y soigne ses patients par des régimes alimentaires hydrothérapie, massages et entretiens psychothérapeutiques. Pendant la Première Guerre mondiale, médecin militaire, il a la charge de blessés de guerre dans un hôpital de la Croix-Rouge. Il utilise avec les soins à prodiguer aux malades organiques l’hydrothérapie, les régimes, les massages, la psychanalyse à laquelle il s'intéresse. Il réalise ainsi des traitements psychanalytiques auprès de soldats souffrant d'affections organiques de guerre[2].

En 1934, il rejoint la Suisse, où il meurt la même année.

Influence

Groddeck entretiendra, comme beaucoup d’autres, une correspondance avec Sigmund Freud. Il n'accepte pas toute la métapsychologie, mais s'intéresse à la résistance, à la sexualité psychique, en vue de guérir des maladies organiques.

Il fut un psychothérapeute original pour l'époque, et convaincu de l'importance du rôle de l'inconscient, plus particulièrement de l'instance appelée le ça (proche de ce que Freud appelle le es ou le ça également) dans la genèse des troubles somatiques courants.

En 1923, il publie le Livre du ça, dans lequel il met en scène sa correspondance avec Sigmund Freud à travers des lettres fictives adressées à une amie[1]. Il y reprend certains concepts analytiques freudiens et introduit un concept du ça que Freud modifiera par la suite, écrivant, en réponse, Le Moi et le Ça. Pour Groddeck, toute maladie organique est en fait psychosomatique. "Le corps et l'esprit sont une entité qui héberge un Ça, une puissance par laquelle nous sommes vécus alors que nous pensons vivre", explique-t-il.

Vers la fin de sa vie, beaucoup de ses collègues et admirateurs le prièrent de créer une école pour promouvoir ses idées. Cette requête le fit rire et il dit : « Les disciples aiment que leur maître reste immobile, tandis que je prends pour un imbécile celui qui souhaiterait que je dise demain la même chose qu'hier. Si vous voulez vraiment me succéder, regardez la vie par vous-même et dites honnêtement au monde ce que vous voyez. »

Guy Debord, dans une lettre à l'éditrice de Groddeck Floriana Lebovici qui souffrait d'un cancer, écrivit en 1988[3] : « J'estime vraies les thèses de Groddeck en général; et dans ce cas d'une manière éclatante : nos maladies, ce sont nos peines. »

Citations

  • « un homme qui s'est cassé la jambe, celui-là a raison. Certes, je réduis d'abord la fracture et fais un bandage. Puis alors, je le masse, fais des exercices avec lui, lui fais baigner sa jambe une demi-heure par jour dans une eau à 45 degrés ; je veille à ce qu'il ne mange ni ne boive, et à l'occasion je lui demande : « Pourquoi t'es-tu cassé la jambe, toi-même ? ». »
  • « Il est certain que ces deux pulsions : exhiber et voir, occupent une grande place dans l’existence humaine et ont une influence sur tout ce qui est humain et trop humain. »
  • « Tout ce qui vous paraîtra raisonnable ou seulement un peu insolite provient directement du professeur Freud, de Vienne, et de ses disciples ; ce qui vous semblera complètement insensé, j’en revendique la paternité. »

« Je ne vois pas quel autre sens pourrait avoir tout effort social, politique, sinon le retour à la nature. »

— Conférences psychanalytiques, tome 2, p. 327

« Aussi longtemps qu'un peuple n'est pas en mesure de donner naissance à l'art et à la poésie, s'il se trouve dans une situation où il a des poètes isolés mais où ce n'est plus la masse qui crée et qui invente, il n'y a pas de justification à l'existence. »

— Ibid.

« Le trait saillant de l'Ancien Testament, c'est que la pureté de la race doit être maintenue autant que possible ; il est présupposé d'emblée que l'hébreu épousera une femme de son peuple. »

— Conférences psychanalytiques, tome 3, p. 9

« Il n'y a pas de maladie et il n'y a jamais eu de maladie, qui n'ait pas sa cause première dans la pulsion sexuelle et le combat avec cette pulsion. »

— Conférences psychanalytiques, tome 3, p. 156

Œuvres de Georg Groddeck

  • Le Chercheur d’âme, 1921, Gallimard 1982. (ISBN 2-07-022615-8)
  • Le Livre du ça, 1923, Gallimard 1963. (ISBN 2-07-029389-0)
  • Ça et moi, préface de Roger Lewinter, Gallimard, 1977.
  • La Maladie, l’art et le symbole, Gallimard, 1985.
  • Conférences psychanalytiques à l’usage des malades, traduites de l'allemand par Roger Lewinter, trois volumes. Volume 1 : Conférences 1 à 40 (16 août 1916 – 23 mai 1917), éd. Champ Libre, Paris, 1978. Volume 2 : Conférences 41 à 80 (30 mai 1917 - 20 mars 1918), Champ Libre, 1979. Volume 3 : Conférences 81 à 115 (27 mars 1918 – 2 avril 1919), Champ Libre, 1981.
  • L’Être humain comme symbole, traduit de l’allemand et préfacé par Roger Lewinter, éditions Ivrea, Paris, 1991
  • Écrits de jeunesse, ce volume comprend des textes tels que Un problème de femme et Le Pasteur de Langewiesche, traduits de l'allemand et présentés par Roger Lewinter, éditions Ivrea, Paris, 1992
  • S. Ferenczi, G. Groddeck, Correspondance, 1921–1933, Paris, Payot, 1975

Notes et références

  1. a et b Biographie de Georg Groddeck
  2. Tréhel, G. « Georg Groddeck (1866-1934) : traitement psychanalytique des affections organiques de guerre » Annales Médico-psychologiques disponible en ligne le 8 janvier 2014 DOI 10.1016/j.amp.2013.11.002
  3. Guy Debord, Correspondance, volume 7, page 25.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes