Gaucho

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Argentine gaucho, 1868.
Gauchos dans la province de Corrientes en Argentine.

Le gaucho désigne en Argentine, en Uruguay et dans le sud du Brésil, un gardien de troupeaux des plaines sud-américaines (la pampa), de même au Paraguay, dans le sud-est de la Bolivie (Tarija) et le sud du Chili. Au Brésil, le terme est à l'origine du gentilé gaúcho, qui sert à désigner les habitants de l'état du Rio Grande do Sul. L'étymologie de ce terme aurait pour origine la langue quechua huacchu (« orphelin, solitaire »), ou du caló (gitan, bohémien espagnol) gacho (« paysan, amant »). Au Chili, on parlera plus volontiers de huaso.

On appelle gaucha (ou china) la compagne du gaucho. Aussi bonne cavalière que lui, c'est elle qui s'occupe de faire pousser les céréales (blé et maïs), les pastèques, les oignons, de faire cuire le pain au four, et tisser les ponchos de son compagnon. Vestimentairement, on peut la reconnaître à la chemise qu'elle porte par-dessus un sous-vêtement, assortie d'une ample et longue robe à franges, ainsi qu'une écharpe de coton. Sa coiffure est le plus souvent faite de deux tresses.

Le gaucho est notamment honoré en Argentine le 6 décembre, à l'occasion de la « Journée nationale du gaucho » (Día Nacional del Gaucho).

Activités traditionnelles

Si l'on s'intéresse aux activités traditionnelles, on peut essayer de dénombrer les divers stéréotypes de personnages existants au sein de la culture gaucho. Il faut alors faire la différence entre ceux qui parcourent la pampa et la ville, et ceux qui œuvrent dans la ferme. Les gauchos dressent les chevaux.

À travers la pampa et dans les villes

Gauchos compagnons de boisson jouant de la guitare dans la pampa argentine (vers 1890).
Le gaúcho brésilien, statue du Laçador, Porto Alegre, RS (Brésil).
  • Le baquiano

Grand connaisseur de sa région, il en était le guide et était notamment utilisé par les forces militaires pour les guider lors de leurs campagnes. Il connaissait chaque chemin, bois, gué, montagne.

  • Le chasque

Le « chasque » ou « chasqui » (mot quechua signifiant messager) était le nom donné au cavalier de la pampa qui transportait des messages et courriers aux autres régions.

Il s'agissait d'une sorte de chanteur, accompagné d'une guitare, qui improvisait sur n'importe quel sujet. Quand deux « payadores » se rencontraient, ils faisaient des duels de « payadas » dont la durée dépendait du talent des interprètes. C'est le « payada de contrapunto » (le match de chant). Ces joutes sont à rapprocher du bertsolarisme.

  • Le pulpero

Le pulpero était le gaucho qui aidait dans une pulpería. Peu de ces hommes étaient instruits. Ils vendaient de la nourriture, du vin et d'autres boissons alcoolisées et du maté. En été il était vêtu d'une chemise sans gilet, d'une chiripá faite de matériaux légers.

  • Le rastreador

C'était un expert pour retrouver les animaux ou personnes perdues, volées ou fugitives. Il "lisait" avec beaucoup d'habileté les pistes laissées sur le sol ou les environs, ce qui en faisait une aide efficace pour la police.

Travail quotidien

  • Le domador

Le domador est le seul travail gaucho qui se soit maintenu à travers le temps. Il dresse les chevaux. Avant de commencer la formation le gaucho doit attacher le cheval sauvage au "palenque"(un poteau), le brosser, le laver et le caresser. Puis il fait sentir au cheval le poids de la selle et le monte.

  • Le capataz

Le Capataz (contremaître) était la personne responsable de la gestion d'un ranch ou d'une ferme. Cet homme connaissait les travaux des champs, les corrals et le rassemblement ou rodeo, à pied comme à cheval, et employait plusieurs travailleurs.

  • L'estanciero

Ce gaucho était le propriétaire d'un ranch. Dans la ferme il était vêtu d'une chiripá fait d'un poncho, de gilets luxueux, d'un large chapeau, d'une écharpe qui fermait sa chemise au col large. Il coiffait souvent ses cheveux longs en une tresse appelée coleta.

  • Le marucho

Le marucho était la personne qui prenait soin des bœufs et mules quand ils mangeaient, dormaient ou lors d'un mauvais temps quand le bétail ne pouvait bouger à cause du mauvais état des routes. Comme il s'agissait d'un travail léger, le marucho était souvent un jeune homme.

  • Le mayordomo

Il était le gaucho administrateur dont dépendaient les travaux de la ferme. Non seulement il dirigeait les ouvriers mais il maîtrisait aussi la piala (lasso), la doma (l'apprivoisement) ou la yerra. Il faisait également des rondes la nuit pour surveiller la ferme et éloigner les éventuels cambrioleurs.

  • Le puestero

Le Puestero est l'ouvrier de la ferme qui occupe un poste dans l'estancia. Il peut posséder un troupeau de moutons ou il peut s'occuper d'eux, partageant une moitié ou un tiers de la laine et de qu'il obtient dans l'année avec le propriétaire.

  • Le resero

Il était le tropero (cowboy) qui devait sortir les vaches et guider ensuite le troupeau. Son nom dérive de « res » (animal) et « tropa » (troupeau). El Caballo est le cheval du gaucho. Ils participent ensemble a l'entretien du bétail.

Habillement

Spectacle touristique de gauchos.

Les vêtements et les éléments de la selle ou du harnais sont généralement appelés les pilchas. Être bien empilchado (en français : habillé) signifie, revêtir de bons vêtements ou avoir une selle luxueuse, ou les deux.

  • On distinguait trois types de chaussures :
    • Les botas de potro (es), botas fuertes (es) ou Bota patria et les Alpargatas. Les Botas de Potro étaient faites d'une seule pièce de cuir, sans couture, des extrémités postérieures des ânes, chevaux, juments, chats sauvages, du puma ou du « yaguareté » (nom argentin du jaguar).
    • Les Botas fuertes étaient des sortes de bottes en cuir auxquelles étaient rattachées des éperons en argent.
    • Les Alpargatas (espadrilles) sont des chaussures populaires rurales de la région du Río de la Plata, faites de toile avec une semelle en corde et d'origine basque, qui succéda dans les années 1830 à la "bota de potro". C'était la chaussure favorite pour jouer au jeu de la « Pelota a paleta ». Contrairement à d'autres vêtements, l'alpargata est devenue une pilcha essentielle pour les deux sexes, et accompagnait essentiellement la bombacha.
  • Les bas : le Calzòn, le Calzoncillo Cribado, le Chiripà (es) (sur-pantalon), le Leon, Pantalon Bombacho ou bombacha (les bombachas, pantalons bouffants, provenaient, à l'origine, des surplus des régiments de zouaves français, vendus par Napoléon III au général Urquiza en 1856, après la guerre de Crimée[1].).
  • Les hauts : la Chemise, le Chaleco, la Chaqueta, le Poncho.
  • Les ceintures : la Faja, Tirador, la Rastra.
  • Les accessoires : l'écharpe, le chapeau, la Boina ou le béret.
  • Les armes : les Boleadoras, le facon (large et long couteau), les éperons dits "nazarenas", le Rebenque (es).

Traditions culinaires

Maté

Le maté dans les pays hispanophones (ou Chimarrão au Brésil) est un thé traditionnel issu de la culture des indiens Guaranis. Cette boisson, consommée chaude au Brésil et parfois froide en Argentine, de gout fort et amer est préparée avec des feuilles de yerba maté. Elle se boit dans une calebasse grâce à un tube métallique qui sert aussi de filtre, la bomba. Pour le savourer les Gaúchos s'organisent en cercle où il passe de main en main selon un rituel très précis qui invite par exemple les participants à faire circuler la calebasse dans le sens anti-horaire afin de faire passer le temps moins vite.

Cette boisson traditionnelle aiderait à supporter le froid de l'hiver et symbolise par ses rites de consommation la fraternité et l'hospitalité des Gaúchos.

Plats

  • La viande grillée : Les Gaúchos cultivent encore aujourd'hui la pratique régulière du barbecue (Churrasco). La viande de bœuf et d'agneau, assaisonnée de gros sel, est cuite enfilée sur un pic métallique placé au-dessus ou à côté du foyer.
  • Autres plats : La carbonada (la carbonade flamande aurait-elle un rapport avec l'occupation espagnole des Pays-Bas ?), la carne con cuero, le charque, les chicharrones, les empanadas, le locro, la mazamorra, les pasteles, le pororò o pochoclo, les tortas.

Ustensiles

L'asador, le chifle, le horno de barro (four), le mortero (mortier),

Art

Gaucho et pileuse de maïs, peinture de Juan León Pallière, 1868.

Plusieurs artistes ont représenté la culture gaucho :

Notes et références

  1. "Les gauchos portaient des bottes plissées comme des concertinas et des bombachas noires (les bombachas sont des pantalons bouffants, provenant, à l'origine, des surplus des régiments de zouaves après la guerre de Crimée."En Patagonie (Chap.15) - Bruce Chatwin (1977)

Annexes

Bibliographie

  • (es) Fernando O. Assunção, Historia del gaucho : el gaucho, ser y quehacer, Editorial Claridad, Buenos Aires, 1999, 338 p. (ISBN 950-620-131-5)
  • Alessia de Biase, Gauchos-Vénitiens : anthropologie d'une double identité au Rio Grande Do Sul, Brésil, EHESS, Paris, 2003, 281 p. (thèse de doctorat d'Anthropologie sociale et ethnologie)
  • (pt) Batista Bossle, Dicionário gaúcho brasileiro, Artes e Ofícios, Porto Alegre, 2003, 541 p. (ISBN 85-7421-089-7)
  • Philippe Bourseiller et Jean-François Chaix, Gauchos de Patagonie, La Martinière, Paris, 2003, 132 p. (ISBN 2-7324-2964-3)
  • (es) Andrés M. Carretero, El gaucho argentino : pasado y presente, Editorial Sudamericana, Buenos Aires, 2002, 317 p. (ISBN 950-07-2208-9)
  • Alberto Gerchunoff, Les gauchos juifs (traduit de l'espagnol par Joseph Bengio), Stock, Paris, 2006, 181 p. (ISBN 2-234-05913-5)
  • Maria Eunice de Souza Maciel, Le gaucho brésilien : identité culturelle dans le sud du Brésil, Université Paris 5, 1994, 529 p. (thèse de doctorat de Sociologie)
  • Nick Reding, Patagonie : les derniers gauchos (trad. de l'américain par Pierre Girard), Albin Michel, Paris, 2005, 341 p. (ISBN 2-226-15665-8)
  • Le gaucho dans la littérature argentine, Centre de recherches interuniversitaire sur les champs culturels en Amérique latine et le Centre d'études des littératures et civilisations des Pays du Rio de la Plata, Presses de la Sorbonne Nouvelle, Paris, 1992, 218 p. (ISBN 2-87854-021-2)

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