Famille de Fieubet

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Fieubet
Image illustrative de l’article Famille de Fieubet
Armes de la famille.

Blasonnement « D'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux croissants d'argent et en pointe d'une montagne isolée de même ».
Période XVIe siècle - 1767
Pays ou province d’origine Pays toulousain
Fiefs tenus Castanet
Launac
Cendray
Ligny
Nevillon
Beauregard
Vineuil
Le Monteil-au-Vicomte
Demeures Château de Beauregard
Hôtel Fieubet
Charges Premier président au Parlement de Provence
Premier Président au Parlement de Toulouse
Trésorier de l'épargne
Chancelier de la Reine
Conseiller d'Etat
Membre du Conseil des Affaires du Dedans du Royaume
Fonctions militaires brigadier des armées du roi

La famille de Fieubet est une famille française de la noblesse de robe de l'Ancien Régime, implantée à Toulouse et à Paris du XVI. Ses membres sont des magistrats des deux parlements de Toulouse et de Paris et des administrateurs au service du roi, insérés dans un dense réseau de familles alliées. Ils sont propriétaires de seigneuries dans le pays toulousain et le Blésois, ainsi que d'hôtels particuliers à Toulouse et à Paris. Ils soutiennent les hommes de lettres de leur temps. La famille s'éteint au cours du XVIIIe siècle.

A l'origine, Toulouse et le Languedoc[modifier | modifier le code]

Les Fieubet possèdent les seigneuries de Castanet et de Caumont et accèdent au secrétariat des Etats de Languedoc en 1586[1]. Ils acquièrent ensuite des charges au Parlement de Toulouse où ils occupent le premier rang avec Gaspard de Fieubet, premier président au Parlement de Toulouse de 1653 à 1686[2]. Il est le relais de la politique royale dans le Midi, notamment contre les protestants[3].

Son père, Guillaume de Fieubet, est mort avant d'avoir pu occuper sa charge de premier président du Parlement de Provence. Cette branche est alliée aux principales familles parlementaires de Toulouse : les Maniban, les Mauriac, les d'Ossun, les Cassaigneau, etc[2].

Parlementaires et financiers en réseau[modifier | modifier le code]

Une branche de la famille s'installe au cours du XVIIe siècle à Paris. Ses membres entrent au service du roi, s'occupant de finances. Ainsi, Gaspard II de Fieubet est trésorier de l'Épargne, comme son beau-père Jean Ardier. Par leurs alliances réitérées avec la famille Ardier et la famille Blondeau, les Fieubet sont directement liés avec le milieu de la ferme des gabelles, tenue par la compagnie de Thomas Bonneau. Ces réseaux familiaux sont à la fois des serviteurs de l'État et les bailleurs de fonds de la monarchie, qui a constamment besoin d'argent[4]. En décembre 1651, les trois trésoriers de l'Épargne, alliés aux Fieubet, ont ainsi 11 millions de livres de créances sur l'État[5].

Un buste en marbre de Gaspard II de Fieubet a été réalisé en 1644. Il fait partie des collections du musée du Louvre et est localisé au château de Versailles[6].

Les Fieubet servent également les reines successives : Bernard de Fieubet, de la branche toulousaine, est secrétaire des commandements de la reine Anne d'Autriche, tandis que le fils de son cousin germain, Gaspard III de Fieubet, de la branche parisienne, est chancelier de la reine Marie-Thérèse d'Autriche avant d'être conseiller d'État[2]. Cela ne l'empêche pas de servir aussi Madame de Montespan et les bâtards royaux légitimés[7].

Les Fieubet entrent au Parlement de Paris à partir du milieu du XVIIe siècle. Il s'insèrent ainsi dans un dense réseau de familles alliées cumulant des charges au Parlement de Paris[8], dont la famille de Claude Le Peletier[9] et la dynastie ministérielle des Phélypeaux de Pontchartrain constituent des maillons importants[10], ainsi que les familles Gilbert de Voisins, Feydeau, Le Fèvre de Caumartin, de Longueil de Maisons, de Nicolaï, etc[8]. En 1715-1718, sous la Régence, Paul de Fieubet siège au Conseil des affaires du dedans du Royaume mis en place dans le cadre de la polysynodie[11].

Néanmoins, les Fieubet restent une famille de la robe moyenne : ils n'accèdent pas aux secrétariats d'État ni aux titres de noblesse élevés, ils sont peu nombreux à entrer dans l'armée et n'accèdent pas à l'épiscopat[2].

Riches propriétaires[modifier | modifier le code]

Les Fieubet accumulent les seigneuries. Ils sont seigneurs de Castanet, de Caumont, de Cendray, de Ligny, de Nevillon, de Launac. Gaspard I de Fieubet acquiert la vicomté du Monteil vers 1645, mais les Fieubet la revendent vite, en 1657[12]. De la famille Ardier, ils héritent de la vicomté de Beauregard et de la seigneurie de Vineuil, près de Blois[13]. Le château de Beauregard est richement meublé[8] et comporte une galerie de portraits de personnages illustres[14].

Les Fieubet sont également des propriétaires immobiliers toulousains et parisiens. À Toulouse, Gaspard de Fieubet, président du Parlement de Toulouse, achète l'hôtel d'Ulmo, construit un siècle auparavant dans la Rue Ninau, où habitent les grandes familles parlementaires[15]. À Paris, Gaspard II achète un hôtel particulier sur la Place Royale (actuelle Place des Vosges), au numéro 20. Il le fait transformer par l'architecte Charles Chamois[16]. Son fils Gaspard III achète un hôtel particulier, quai des Célestins à Paris, qu'il fait rénover suivant des plans dressés par Jules Hardouin-Mansart, et qui va prendre le nom d'hôtel Fieubet[17].

Ils accueillent et soutiennent les hommes de lettres et les scientifiques, comme le théologien et physicien toulousain Emmanuel Maignan[18], le littérateur jésuite Bouhours, le poète Saint-Pavin, ou Jean de La Fontaine. Gaspard III de Fieubet est lui-même considéré comme un homme de lettres[17].

La branche toulousaine se termine la première, en 1711, avec la mort sans postérité de Gaspard de Fieubet, conseiller au Parlement de Toulouse[2]. Il est membre de l'Académie des Jeux Floraux[19]. La branche parisenne dure deux générations de plus et se termine avec la mort, en 1767 d'Arnaud-Pierre de Fieubet, brigadier des armées du roi, un des seuls de la famille à être entré dans la carrière des armes[2].

Personnalités et propriétés[modifier | modifier le code]

Arbre généalogique[modifier | modifier le code]

Cette généalogie est établie d'après deux sources :

  • Jean-Joseph-Louis-Frédéric de Carrière, Les officiers des États de la province de Languedoc, Paris, Aubry, (lire en ligne), p. 141.
  • Jules Villain, La France moderne. Dictionnaire généalogique, historique et biographique, t. III : Haute-Garonne et Ariège, deuxième partie, Montpellier, Firmin et Montane, (lire en ligne), p. 1578-1580.

Armes[modifier | modifier le code]

Blason Blasonnement :
D'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux croissants d'argent et en pointe d'une montagne isolée de même[20]

À l'époque moderne, les armoiries de ce type sont nombreuses. Le chevron d'or sur champ d'azur est la pièce honorable la plus utilisée, parce qu'il représente l'idée d'élévation. Il est souvent accompagné d'un meuble en pointe[21].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François Bluche, Les magistrats du Parlement de Paris au XVIIIe siècle, Paris, Economica, (1re éd. 1960), 481 p. (ISBN 2-7178-0988-0).
  • Jean-Joseph-Louis-Frédéric de Carrière, Les officiers des États de la province de Languedoc, Paris, Aubry, (lire en ligne), p. 141.
  • Daniel Dessert, L'argent du sel. Le sel de l'argent, Paris, Fayard, , 301 p. (ISBN 978-2-213-66276-3).
  • Charles Frostin, Les Pontchartrain, ministres de Louis XIV : Alliances et réseau d'influence sous l'Ancien Régime, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-3211-3, lire en ligne).
  • Ch. Hardel, « Deux plaques commémoratives trouvées en l'église de Vineuil », Bulletin de la Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, vol. 2,‎ , p. 21-28 (lire en ligne).
  • Mathieu Stoll, Servir le Roi-Soleil. Claude Le Peletier (1631-1711) ministre de Louis XIV, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 416 p. (ISBN 978-2-7535-1705-9).
  • Jules Villain, La France moderne. Dictionnaire généalogique, historique et biographique, t. III : Haute-Garonne et Ariège, deuxième partie, Montpellier, Firmin et Montane, (lire en ligne), p. 1578-1580.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Joseph-Louis-Frédéric de Carrière, Les officiers des États de la province de Languedoc, Paris, Aubry, (lire en ligne), p. 141.
  2. a b c d e et f Jules Villain, La France moderne. Dictionnaire généalogique, historique et biographique, t. III : Haute-Garonne et Ariège, deuxième partie, Montpellier, Firmin et Montane, (lire en ligne), p. 1578-1580.
  3. Jack Thomas, « Rendre ceux de la RPR invisibles et muets : le parlement de Toulouse, les grands jours de Nîmes et les protestants (1656-1682) », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, vol. 126, no 1,‎ , p. 105–122 (lire en ligne, consulté le ).
  4. Daniel Dessert, L'argent du sel. Le sel de l'argent, Paris, Fayard, , 301 p. (ISBN 978-2-213-66276-3).
  5. Olivier Poncet, « Trésor de l'Épargne, trésor royal », Dictionnaire de l'Ancien Régime,‎ , p. 1227-1230.
  6. « Gaspard II de Fieubet, conseiller d'Etat et trésorier de l'Epargne (mort en 1647) », sur Musée du Louvre (consulté le ).
  7. Flavie Leroux, Les maîtresses du roi. De Henri IV à Louis XIV, Ceyzérieu, Champ Vallon, coll. « époques », , 422 p. (ISBN 979-10-267-0852-0).
  8. a b et c François Bluche, Les magistrats du Parlement de Paris au XVIIIe siècle, Paris, Economica, (1re éd. 1960), 481 p. (ISBN 2-7178-0988-0).
  9. Mathieu Stoll, Servir le Roi-Soleil. Claude Le Peletier (1631-1711) ministre de Louis XIV, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 416 p. (ISBN 978-2-7535-1705-9).
  10. Charles Frostin, Les Pontchartrain, ministres de Louis XIV : Alliances et réseau d'influence sous l'Ancien Régime, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-3211-3, lire en ligne).
  11. Alexandre Dupilet, La Régence absolue. Philippe d'Orléans et la polysynodie (1715-1718), Seyssel, Champ Vallon, coll. « époques », , 437 p. (ISBN 978-2-87673-547-7).
  12. Z. Toumieux, « La vicomté du Monteil », Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, vol. 9,‎ , p. 65-273 (lire en ligne).
  13. Ch. Hardel, « Deux plaques commémoratives trouvées en l'église de Vineuil », Bulletin de la Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, vol. 2,‎ , p. 21-28 (lire en ligne).
  14. Agnès Chabat-Beylot, « Le château de Beauregard au temps des Ardier », Mémoires de la société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, vol. 50,‎ , p. 139-150 (lire en ligne).
  15. Jules Chalande, « Histoire des rues de Toulouse (suite) », Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 12e série, vol. 3,‎ , p. 285-348 (lire en ligne).
  16. Marie-Agnès Férault, « Charles Chamois, architecte parisien (vers 1610-après 1684) », Bulletin monumental, vol. 148, no 2,‎ , p. 117–153 (DOI 10.3406/bulmo.1990.4287, lire en ligne, consulté le ).
  17. a et b Georges Hartmann, « L'hôtel Fieubet », Commission municipale du Vieux Paris. Procès-verbaux,‎ 1917 (1922), p. 183-203 (lire en ligne).
  18. Pascal Julien, « Anamorphoses et visions miraculeuses du père Maignan (1602-1676) », Mélanges de l'École française de Rome, vol. 117, no 1,‎ , p. 45–71 (DOI 10.3406/mefr.2005.10170, lire en ligne, consulté le ).
  19. Axel Duboul, Les deux siècles de l'Académie des jeux floraux, t. 2, Toulouse, Privat, (lire en ligne), p. 52-53.
  20. Elise Herbeaux, « Armoiries de Gaspard de Fieubet (Paris, Bibliothèque Mazarine, 2910, f. 049) », sur Bibale (consulté le )
  21. Nicolas Vernot, « La signification des armoiries françaises à l’époque moderne : nouveaux axes de recherche », Revue française d’héraldique et de sigillographie - Études en ligne, no 5,‎ , p. 1-24 (lire en ligne [PDF]).