Eugène Predom

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Eugène Predom
Illustration.
Portrait d'Eugène Predom.
Fonctions
Résistant membre du Parti communiste de Belgique
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Bruxelles (Belgique)
Date de décès (à 27 ans)
Lieu de décès Fort de Breendonk (Belgique)
Nature du décès Fusillé par l'occupant
Sépulture Tir national
Nationalité Drapeau de la Belgique Belge
Parti politique Parti communiste de Belgique
Conjoint Lucienne Bertiaux
Profession Peintre en bâtiment
Résidence Anderlecht

Eugène Predom, né le à Bruxelles et mort fusillé par l'occupant le au Fort de Breendonk, est un résistant politique, lieutenant des Partisans armés[1], membre du Parti communiste de Belgique.

Peintre en bâtiment mais aussi militant communiste, notamment à l'USAF (Union socialiste anti-fasciste), collaborateur à La Voix du Peuple, journal communiste, avec Jean Blume et à l'OBLA (Office belge de littérature antifasciste) avec Fernand Jacquemotte, il organise les activités politiques de la Jeunesse communiste à Bruxelles et particulièrement à Anderlecht où il réside avec sa compagne Lucienne Bertiaux, qui milite avec lui, et leur fils Jean-Louis né en décembre 1938. À cette époque, la Jeunesse communiste coopère avec la Jeune Garde socialiste (POB) au sein de la Jeune Garde socialiste unifiée, une coopération qui s'éteint avec la conclusion du Pacte germano-soviétique.

Seconde Guerre mondiale, Résistance et exécution[modifier | modifier le code]

Résistance[modifier | modifier le code]

Lorsque débute la Seconde Guerre mondiale et que l’occupation allemande commence en Belgique, en 1940, il est d'abord mobilisé puis quitte le pays en direction du midi de la France, où il se retrouve à Toulon. À son retour en Belgique, il entre en résistance en commençant par organiser les jeunes communistes qu'il connaît, particulièrement à Anderlecht. L'essentiel de leur activité consiste en la distribution de tracts et de journaux de la presse clandestine. Ils peignent également des slogans sur les façades de collabos notoires. Ils organisent aussi des actions de soutien aux israélites, nombreux à Anderlecht, notamment pour les convaincre de ne pas se présenter à la Kommandantur, et en leur fournissant de vrais-faux papiers grâce à des employés de la Commune d'Anderlecht. Ils soutiennent les chômeurs et les jeunes appelés au travail obligatoire en Allemagne. Eugène Predom rejoint les Partisans armés, avec notamment Jean Blume et Charra Teff (dite Lily) ainsi que Camille Lejeune.

Arrestation[modifier | modifier le code]

Action de la police et du Parquet[modifier | modifier le code]

L'arrestation d'Eugène Predom est sans doute due à l'arrestation auparavant, sur dénonciation à la police communale d'Anderlecht le , d'un jeune militant de 15 ans qui distribuait des tracts. L'affaire aurait pu en rester là sauf pour la présence au sein de ce corps de police d'un commissaire-adjoint, Jan Stappaerts, favorable à l'Ordre nouveau.

Le jeune mis sous pression au commissariat de Cureghem par Stappaerts révèle l'identité de certains des camarades de son groupe, dont leur chef Eugène Predom. Stappaerts saisit le Parquet afin de déclencher une enquête sur le groupe et son chef. Vu qu'il s'agit d'actes de résistance, le Parquet dessaisit la police communale au profit de la police judiciaire, réputée pour son manque d'excès de zèle en la matière, ce qui pourrait éviter aux prévenus d'être livrés à l'occupant.

Dans l'incertitude administrative, la Militärverwaltung de l'Occupant a donné en octobre 1942 des instructions quant aux attentats. Le secrétaire-général du ministère de la Justice Gaston Schuind estime que la justice belge doit se charger des attentats à motivation politique visant des Belges, et prendre des mesures[2].

Le procureur du roi Lucien Van Beirs décide donc de faire arrêter Eugène Predom le , là où il se cachait; son mandat d'arrêt est signé du juge d'instruction Jacques Mechelynck-Masson. Il est amené menotté de là au domicile familial, au 216 de la rue Bara à Anderlecht. L'appartement est perquisitionné par le commissaire de la PJ Liévin Libert; on y trouve des stencils et des tracts que le groupe distribuait; à la cave, on trouve la Roneo utilisée pour produire le matériel. Bien que n'étant plus chargé de l'enquête, Stappaerts participe à la perquisition, et la police prétend trouver de la poudre, ce qui est formellement contesté par Lucienne Bertiaux.

Pavé de la mémoire

Prison de Forest[modifier | modifier le code]

Alors que les jeunes du groupe d'Anderlecht sont remis en liberté, Eugène Predom et Lucienne Bertiaux sont incarcérés à la prison de Forest, contrôlée par les autorités belges. L'avocat socialiste Mallinger est appelé pour les défendre. Dans des circonstances non-élucidées, l'Oberfeldkommandantur est mise au courant de l'affaire. On ne sait qui de la police judiciaire ou, plus probablement, de la police communale l'a alertée.

Prison de Saint-Gilles[modifier | modifier le code]

Le , à l'insu du procureur Van Beirs, les Allemands transfèrent Eugène Predom et Lucienne Bertiaux à la prison de Saint-Gilles, contrôlée par l'Occupant. Dès le 21 novembre, le procureur informe le procureur général Collard du risque mortel que court Predom suite à ce transfert, contraire aux accords d'octobre. Collard se tourne alors, à plusieurs reprises, vers le secrétaire-général Schuind, ancien magistrat catholique, qui écrit enfin à l'Occupant, mais en omettant de mentionner l'affaire Predom.

Lucienne Bertiaux est libérée de la prison de Saint-Gilles le . Son compagnon Eugène Predom n'a pas cette chance.

Het laatste nieuws, 15-01-1943

Fort de Breendonk[modifier | modifier le code]

En guise de représailles pour des opérations menées contre lui, l'Occupant a l'habitude d'exécuter des otages qu'il détient, particulièrement des militants communistes, souvent désignés comme tels par les autorités locales.

Eugène Predom est transféré au Fort de Breendonk le . Cinq jours plus tard, l'Occupant signale par voie de presse qu'il a été fusillé le 13 janvier parmi vingt "terroristes" en représailles pour des "tentatives d'assassinat de membres de la Wehrmacht".

Tombe d'Eugène Predom dans l'Enclos des fusillés

Après la guerre, avant l'inhumation du corps d'Eugène Predom dans l'Enclos des fusillés au Tir national, il est autopsié. Il est constaté l'absence totale de balles dans son corps. En revanche, son crâne est fracassé comme par des coups de pieds.

Conséquences à la fin de la guerre[modifier | modifier le code]

Le Drapeau Rouge 28-10-1944

Conséquences directes[modifier | modifier le code]

Le commissaire-adjoint Stappaerts de la police d'Anderlecht a un profil clair de collabo. Il est abattu par la résistance le alors qu'il circule à vélo. Le journal clandestin Le Policier titre : « Justice est faite ».

Après la Libération, l'auditorat militaire ouvre une instruction contre Schuind. L'ancien secrétaire-général estime qu'il a su préserver la magistrature des ingérences allemandes. Il considère les actes de violence commis par des groupes de résistants communistes sous l'Occupation comme une forme de terrorisme qu'il fallait donc combattre avec fermeté. Le conseil de guerre voit les choses différemment et condamne Schuind à une peine de cinq ans de prison pour collaboration politique.

Le criminel de guerre allemand SS-Sturmbannführer du SD Philipp Schmitt, qui commandait le Fort de Breendonk lorsque Eugène Predom y fut exécuté et qui commanda aussi le camp de rassemblement de Malines (caserne Dossin de Saint-Georges), est exécuté le à Hoboken (Anvers). Il est la dernière personne et le seul criminel de guerre allemand à être exécuté en Belgique.

Conséquences indirectes[modifier | modifier le code]

Après la Libération, Lucienne Bertiaux porte plainte contre les magistrats et les agents de la police judiciaire impliqués dans l'affaire. L'auditorat général, responsable de la mise en jugement des collaborateurs, ouvre une instruction. L'affaire est complexe. Elle met en cause de nombreux magistrats et policiers, mais aussi la politique du moindre mal[3]. En février 1947, après plus de deux ans, l'instruction se clôture. La justice belge considère qu'il n'y a pas lieu de poursuivre dans l'affaire Predom. Motif : pour prouver la délation, il faut démontrer qu'il y a eu intention de nuire, or rien ne prouve que les magistrats aient eu de mauvaises intentions, bien au contraire[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. José Gotovitch, Interview de Lucienne Bertiaux, Bruxelles, CEGESOMA (Archives de l'État), (lire en ligne) Cette référence s'applique à toutes les informations données, sauf autre indication.
  2. (nl) Jan Julia Zurné, Een ‘bedrijfsongeval’ met verregaande gevolgen. Het parket van Brussel en de zaak-Predom (1942-1947), Bruxelles, Belgisch tijdschrift voor nieuwste geschiedenis, (lire en ligne)
  3. Cachet Tamar, Eugène Predom : Un conflit de compétence à l'issue fatale, Bruxelles, CEGESOMA (Archives de l'État), (lire en ligne)
  4. (nl) Jan Julia Zurné, Tussen twee vuren. Gerecht en verzet tijdens de Tweede Wereldoorlog, Tielt, Lannoo,

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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