Djebel Faya

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Djebel Faya
Localisation
Pays Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis
Émirat Charjah
Coordonnées 25° 06′ 45″ nord, 55° 50′ 20″ est
Géolocalisation sur la carte : Émirats arabes unis
(Voir situation sur carte : Émirats arabes unis)
Djebel Faya
Djebel Faya
Histoire
Époque Paléolithique
Néolithique

Djebel Faya (arabe : جَبَل ٱلْفَايَة (Jabal Al-Fāyah)) est un relief calcaire et un site préhistorique situés près d'Al Madam, dans l'émirat de Charjah, aux Émirats arabes unis, à environ 50 km à l'est de la ville de Charjah et à l'ouest des monts Hajar[1]. Le site a livré des assemblages d'outils lithiques datés du Paléolithique et du Néolithique. Les vestiges les plus anciens ont été datés en 2011 de 125 000 ans avant le présent (AP), ce qui était à l'époque la plus ancienne trace connue attribuée à Homo sapiens en dehors d'Afrique[2]. La publication en 2018 de la découverte du fossile humain de Misliya, en Israël, a repoussé cette ancienneté d'environ 60 000 ans[3].

Les vestiges issus des fouilles de Djebel Faya et des fouilles environnantes sont exposés au centre archéologique de Mleiha.

Historique[modifier | modifier le code]

Les premières fouilles à Djebel Faya ont été menées de 2003 à 2010 par une équipe internationale[2]. Une équipe allemande a également mené des fouilles de 2009 à 2013[4]. Des fouilles complémentaires ont étudié le contexte environnemental et géologique du site de 2011 à 2015. Après la publication des découvertes paléolithiques de Djebel Faya en 2011, la période néolithique du site a été publiée en 2013[5].

Description[modifier | modifier le code]

Djebel Faya est un relief calcaire d'environ 10 km de long situé dans la région intérieure de l'émirat de Charjah[1]. Le site archéologique lui-même est noté FAY-NE1 ; c'est un abri sous roche situé à l'extrémité nord-est de Djebel Faya[2]. Les archéologues ont creusé plusieurs tranchées sur le site, avec une superficie de plus de 150 m2 fouillés au total. La séquence archéologique est profonde de 5 m, et comprend des couches du Néolithique et du Paléolithique[2],[4].

Contexte environnemental[modifier | modifier le code]

Les occupations paléolithiques de Djebel Faya ont été reliées à des périodes humides dans le sud de l'Arabie, au cours desquelles la ressource en eau et la couverture végétale de la région auraient augmenté et permis une occupation humaine. En 2013, Bretzke et al. a analysé la coupe de sédiments des tranchées à FAY-NE1. Alors que les couches A, B et C montraient des signes de végétation, les couches dépourvues de vestiges archéologiques montraient au contraire des signes de sécheresse[6]. Des études supplémentaires sur les dépôts sédimentaires éoliens[7] et les dépôts lacustres[8] dans la région ont soutenu cette théorie selon laquelle les périodes humides ont offert des opportunités de dispersion humaine dans le sud de l'Arabie[9].

Stratigraphie[modifier | modifier le code]

Niveaux paléolithiques[modifier | modifier le code]

Les couches paléolithiques de FAY-NE1 ont été décrites pour la première fois par Armitage et al. en 2011 et ont été datées par la méthode de la luminescence optiquement stimulée (LOS) à un seul grain. Les horizons sont les suivants, de haut en bas[2],[4],[10] :

Assemblage A[modifier | modifier le code]

Il est daté d'environ 40 000 ans AP. Les outils collectés comprennent des burins, des pièces retouchées, des grattoirs, des racloirs et des denticulés.

Assemblage B[modifier | modifier le code]

Il n'est pas encore daté. Les outils collectés ressemblent à ceux de l'assemblage A.

Assemblage C[modifier | modifier le code]

Il est daté d'environ 125 000 ans AP. Les outils collectés comprennent de petits bifaces, des pointes foliacées, des grattoirs et des grattoirs latéraux, et des denticulés. La méthode Levallois n'a été trouvée que dans l'assemblage C[2].

Les assemblages paléolithiques sont également présents dans les niveaux D et E, mais n'ont pas été présentés en détail en raison d'un petit nombre de découvertes[4].

Niveaux néolithiques[modifier | modifier le code]

Les niveaux néolithiques du site sont constitués d'environ 1 mètre de sédiments. Une couche de sable au-dessus de l'assemblage A sépare la couche néolithique du Paléolithique. Cette couche, attribuable au Mésolithique, contient des pointes de flèches dites de Faya et des fragments de coquillages, datés d'environ Hans-Peter Uerpmann et al. attribue ces artéfacts à la première réoccupation du site depuis son dernier abandon au Paléolithique. Les couches au-dessus de ce niveau de sable sont moins claires et n'ont pas fourni d'informations significatives sur l'occupation du site au Néolithique[5].

Analyse[modifier | modifier le code]

Bien qu'aucun fossile humain n'ait été trouvé à Djebel Faya, Armitage et al. a soutenu l'idée que les artéfacts de l'assemblage C, datés de 125 000 ans AP, ont été produits par Homo sapiens. En effet, l'assemblage C ressemble davantage à la technologie connue à la même époque en Afrique de l'Est et du Nord-Est qu'à la technologie trouvée sur d'autres sites de la péninsule arabique[2]. Les plus anciens vestiges de Djebel Faya ont donc permis de soutenir l'idée d'une dispersion précoce d'Homo sapiens depuis la Corne de l'Afrique à travers le sud de l'Arabie. Ils pourraient être la preuve d'une voie de dispersion précoce hors d'Afrique, que les humains auraient pu suivre jusqu'en Asie du Sud[11],[10]. Cependant, l'assemblage C n'étant pas accompagné de fossiles humains, il ne suffit pas à prouver la présence d'Homo sapiens sur le site dès cette époque.

Les études sur le contexte environnemental de Djebel Faya ont indiqué le potentiel de dispersion humaine hors d'Afrique pendant les périodes humides dans le sud de l'Arabie. Ces périodes coïncident avec les occupations de FAY-NE1 et forment un cycle d'occupation et d'abandon du site en fonction de la présence de l'eau et de la végétation[6],[7],[8],[9]. Cependant, si ces études démontrent l'attractivité du site en période humide, le débat reste ouvert sur l'identité de ses occupants[4].

En raison de leur différence avec toute autre industrie connue du Paléolithique moyen et supérieur, les assemblages A et B ont été considérés comme des développements locaux, ce qui, faute de fossiles humains associés, ne permet pas d'avancer d'hypothèses sur le ou les groupes humains qui en sont les auteurs[2].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « The long read: Out of Arabia, the story of early humanity », sur The National (Abu Dhabi),
  2. a b c d e f g et h (en) Simon Armitage, Sabah A. Jasim, Anthony E. Marks et Adrian G. Parker, « The Southern Route "Out of Africa": Evidence for an Early Expansion of Modern Humans into Arabia », Science, vol. 331, no 6016,‎ , p. 453–456 (PMID 21273486, DOI 10.1126/science.1199113, Bibcode 2011Sci...331..453A)
  3. (en) Israel Hershkovitz et al., « The earliest modern humans outside Africa », Science, vol. 359, no 6374,‎ , p. 456-459 (DOI 10.1126/science.aap8369)
  4. a b c d et e (en) Knut Bretzke, Nicholas John Conard et Hans-Peter Uerpmann, « Excavations at Jebel Faya : The FAY-NE1 shelter sequence », dans Proceedings of the Seminar for Arabian Studies, vol. 44, (DOI 10.15496/publikation-1356), p. 69–82
  5. a et b (en) Uerpmann, Uerpmann, Kutterer et Jasim, « The Neolithic period in the Central Region of the Emirate of Sharjah (UAE) », Arabian Archaeology and Epigraphy, vol. 24, no 1,‎ , p. 102–108 (ISSN 1600-0471, DOI 10.1111/aae.12019)
  6. a et b (en) Bretzke, Armitage, Parker et Walkington, « The environmental context of Paleolithic settlement at Jebel Faya, Emirate Sharjah, UAE », Quaternary International, the Middle Palaeolithic in the Desert, vol. 300,‎ , p. 83–93 (DOI 10.1016/j.quaint.2013.01.028, Bibcode 2013QuInt.300...83B)
  7. a et b (en) Parton, Farrant, Leng et Telfer, « Alluvial fan records from southeast Arabia reveal multiple windows for human dispersal », Geology, vol. 43, no 4,‎ , p. 295–298 (DOI 10.1130/g36401.1, Bibcode 2015Geo....43..295P, lire en ligne)
  8. a et b (en) Rosenberg, Preusser, Fleitmann et Schwalb, « Humid periods in southern Arabia: Windows of opportunity for modern human dispersal », Geology, vol. 39, no 12,‎ , p. 1115–1118 (DOI 10.1130/g32281.1, Bibcode 2011Geo....39.1115R, lire en ligne)
  9. a et b (en) Groucutt et Petraglia, « The prehistory of the Arabian peninsula: Deserts, dispersals, and demography », Evolutionary Anthropology: Issues, News, and Reviews, vol. 21, no 3,‎ , p. 113–125 (ISSN 1520-6505, PMID 22718479, DOI 10.1002/evan.21308)
  10. a et b (en) Alice Roberts, Evolution: The Human Story, Revised edition, (ISBN 978-1465474018)
  11. (en) Petraglia, « Archaeology: Trailblazers across Arabia », Nature, vol. 470, no 7332,‎ , p. 50–51 (PMID 21293370, DOI 10.1038/470050a, Bibcode 2011Natur.470...50P)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]