Burin (Préhistoire)

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Un burin est un outil préhistorique de pierre taillée, travaillé sur éclat ou sur lame afin qu'il ou elle présente un angle dièdre.

Description[modifier | modifier le code]

Déchelette les décrit comme des « lames terminées par une pointe en dièdre ». Pour Cheynier, le burin est un angle dièdre intentionnel obtenu par une ou plusieurs fractures réalisées avec la technique du « coup de burin » ; il en résulte un esquille que Chénier appelle « lamelle de coup de burin », qui comporte un petit « bulbe ». Elle présente souvent une « charnière » à son extrémité, avec un « ressaut » typique[1],[n 1].

Plus le burin a été utilisé, plus l'arête est vive[2].

Technique du coup de burin[modifier | modifier le code]

La partie active du burin est obtenue au moyen d'une technique de retouche particulière, appelée « technique du coup de burin », qui consiste à détacher, généralement au percuteur tendre, un petit éclat lamellaire dans l'épaisseur du support de façon à créer un pan latéral abrupt plus ou moins perpendiculaire au plan d'aplatissement du support. L'éclat lamellaire ainsi détaché est appelé « chute de burin ». Le dièdre obtenu est beaucoup plus robuste qu'un tranchant d'éclat brut et le burin peut-être ravivé de nombreuses fois en détachant de nouvelles chutes.

Chronologie et fonction[modifier | modifier le code]

Les burins sont connus tout au long du Paléolithique mais ils sont particulièrement nombreux et diversifiés durant le Paléolithique supérieur, sans doute en relation avec le développement de l'industrie en matière dure animale. En effet, les analyses fonctionnelles (ou « tracéologie ») montrent que les burins étaient souvent associés au travail de l'os ou de bois de cervidés, notamment pour fabriquer des sagaies, des harpons, des propulseurs ou des objets d'art mobilier. Ils pouvaient aussi être utilisés pour réaliser de fines incisions sur la roche dans le cadre de l'art pariétal.

Histoire des classifications[modifier | modifier le code]

D'après Cheynier (1963)[1], le premier à en reconnaître l'usage est Louis Leguay (1877) qui, toujours selon Cheynay, les appelle des « tarauds ». Cependant la communication de Leguay sur ce sujet en 1877 mentionne à plusieurs reprises Édouard Piette parlant de « burins »[4] mais ne fait aucune mention de « taraud »[5]. Par contre ce mot de « taraud » est employé par d'autres auteurs, dont Gabriel de Mortillet (1867)[6].

La première classification est du capitaine Maurice Bourlon[7] (1911)[8], à la suite de ses fouilles de l’abri de Masnaigre à Marquay (Dordogne) ; une classification qui reçoit l'approbation des abbés L. Bardon, Jean Bouyssonie et Amédée Bouyssonie préalablement à sa publication[9]. Il considère avant tout

Cette classification est augmentée par plusieurs préhistoriens, notamment Burkitt (1920) qui donne deux catégories principales : ceux à bord droit (comme un tournevis), qui font une encoche en V ; et ceux à bord convexe (comme une gouge), qui font une encoche en U[10]. Noone (1934) y contribue également[11],[12].

Les travaux de Bourlon, de Burkitt et de Noone restent largement ignorés jusque dans les années 1950 avec Denise Sonneville-Bordes et Jean Perrot (1956)[13].

Types[modifier | modifier le code]

Il existe de nombreux types de burins.

  • Burin en bec-de-flûte[1], le plus fréquent.
  • Burin à facettes multiples, dont[1] :
    • les burins dérivés du burin busqué sans encoche[1].
    • burins polyédriques ou burins-ciseaux si le biseau est large (appellations Cheynier) : détachement de lamelles multiples de chaque côté du biseau[1].
  • burin de Noailles[14].
  • burin caréné (burin dièdre)[15]
  • burin du Raysse ou de Bassaler[16] (burin sur troncature)[17]. Dans certains sites (Pataud, Flageolet I, les Jambes), ils sont liés à une forte diminution des burins de Noailles[16]. Une de ses fonctions probables est celle de nucléus à lamelles, avec plusieurs modalités de production[2].
  • burin de Corbiac : inventé en 1970 par F. Bordes à partir du mobilier du site de plein-air du château de Corbiac (sur Bergerac en Dordogne), il est proche du burin transversal sur retouche latérale, mais généralement sans préparation par retouche d'un pan de frappe ; dans les cas où il y a préparation, les retouches sont soit très fines soit plates et n'endommagent pas le tranchant. Il peut aussi exister en forme longitudinale, auquel cas il est proche du burin sur troncature[18].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Barton et al. 1996] (en) C. Michael Barton, Deborah I. Olszewslr et Nancy R. Coinman, « Beyond the Graver: Reconsidering Burin Function », Journal of Field Archaeology, no 23,‎ , p. 111-125 (lire en ligne [sur cmbarton.wdfiles.com]).
  • [Cheynier 1963] André Cheynier, « Les burins », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 60, nos 11-12,‎ , p. 791-803 (lire en ligne [sur persee]). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Demars & Laurent 1989] Pierre-Yves Demars et Pierre Laurent, Types d'outils lithiques du Paléolithique supérieur en Europe, Paris, éd. du CNRS, coll. « Cahiers du Quaternaire » (no 14), , 178 p., sur gallica (présentation en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Movius 1966] Hallam L. Movius Jr., « L'histoire de la reconnaissance des burins en silex et de la découverte de leur fonction en tant qu'outils pendant le Paléolithique supérieur », Bulletin de la Société préhistorique française, Études et travaux, vol. 63, no 1,‎ , p. 50-65 (lire en ligne [sur persee]). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Pradel 1966] L. Pradel, « Classification des burins avec notation chiffrée », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 63, no 3 « Études et travaux »,‎ , p. 485-500 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Pradel 1968] L. Pradel, « Le burin plan », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 65, no 2,‎ , p. 42-49 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Pesesse 2008] Damien Pesesse, « Le burin des Vachons : apports d’une relecture technologique à la compréhension de l’Aurignacien récent du nord de l’Aquitaine et des Charentes », Paléo, no 18,‎ , p. 143-160 (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
  • [Pitzer 1977] (en) Jean M. Pitzer, « A Guide to the Identification of Burins inPrehistoric Chipped Stone Assemblages », Index of Texas Archaeology: Open Access Gray Literature from the Lone Star State, no 1 « article n° 19 »,‎ (ISSN 2475-9333, lire en ligne [sur https://scholarworks.sfasu.edu]).
  • [Sonneville-Bordes et Perrot 1956] Denise Sonneville-Bordes et Jean Perrot, « Lexique typologique du Paléolithique supérieur. Outillage lithique - IV. Burins », Bulletin de la société préhistorique française, t. 53, nos 7-8,‎ , p. 408-412 (lire en ligne [sur persee], consulté le ). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les burins de la grotte de Saint-Marcel (Ardèche) présentent tous des fractures en ressaut placées à 35 mm du bord ; ceci a pu servir à l’emmanchement. Voir cheynier 1963, p. 791.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f cheynier 1963, p. 791.
  2. a et b [Lucas 2002] Geraldine Lucas, « À propos des burins du Raysse du Flageolet I (Dordogne, France) », Paléo, no 14,‎ , p. 63-76 (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté le ), paragr. 2 (légende dessin).
  3. Luis Siret, « Le Coup de burin moustérien », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 30, no 2,‎ , p. 120-127 (lire en ligne [sur persee], consulté le ).
  4. Louis Leguay, « Les procédés employés pour la gravure et la sculpture des os avec le silex », Bulletin et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, no 12,‎ , p. 280-296 (lire en ligne [sur persée], consulté le ), p. 282.
  5. Leguay 1877.
  6. [Mortillet 1867] Gabriel de Mortillet, Promenades préhistoriques à l'Exposition universelle, Paris, éd. C. Reinwald, , sur books.google.fr (lire en ligne), p. 15, 16, 20, 22, 82 (« taraud »). Aucun emploi du mot « burin ».
  7. Maurice Bourlon, « Bibliographie », sur worldcat.org (consulté le ).
  8. [Bourlon 1911] Maurice Bourlon, « Essai de classification des burins. Leurs modes d'avivage », Revue de l'école d'anthropologie de Paris, t. 21,‎ , p. 267-278 (présentation en ligne). Cité dans Movius 1966, p. 50.
  9. Movius 1966, p. 50.
  10. [Burkitt 1920] Miles C. Burkitt, « Classification of burins or gravers », Proceedings of the prehistoric society of East Anglia, vol. 3, no 2,‎ , p. 306-310 (résumé).
  11. [Noone 1934(a)] H.V.V. Noone, « A Classification of Flint Burins or Gravers », The Journal of the Royal Anthropological Institute of Great Britain and Ireland, vol. 64,‎ , p. 81-92 (présentation en ligne).
  12. [Noone 1934(b)] H.V.V. Noone, « Burins : Un nouvel essai de leur classification », Compte-rendu du congrès préhistorique de France, XIe session,‎ , p. 478-488.
  13. Sonneville-Bordes et Perrin 1956.
  14. François Djindjian, « Burin de Noailles, burin sur troncature et sur cassure : statistique descriptive appliquée à l'analyse typologique », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 74, no 5,‎ , p. 145-154 (lire en ligne [sur persee], consulté le ).
  15. Demars et Laurent 1989, p. 52.
  16. a et b Lucas 2002, paragr. 1. (Le Flageolet se trouve à Bézenac en Dordogne. Bassaler est dans la vallée de Planchetorte sur Brive-la-Gaillarde.)
  17. Demars et Laurent 1989, p. 72.
  18. [Bordes 1970] François Bordes, « Observations typologiques et techniques sur le Périgordien supérieur de Corbiac (Dordogne) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 67, no 4,‎ , p. 105-113 (lire en ligne [sur persee], consulté le ), p. 105-106.

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