« Tandis que ceci se passait à Tremblay, Pontbriand, qui avait eu trop tard le message de du Boisguy, n’en était pas moins parti sur-le-champ de Saint-M’Hervé, avec environ quatre cents hommes. Après avoir marché toute la nuit, il arriva près de la forêt de Fougères, où il trouva Boismartel avec son détachement ; ce capitaine lui dit qu’il ne pourrait, quelque diligence qu’il fît, arriver à Tremblay avant que l’affaire fût terminée et qu’il ferait mieux de rester avec lui pour donner de l’occupation à la garnison de Fougères et l’empêcher de songer à secourir Tremblay. Pontbriand vit bien que ce parti était le seul possible à prendre. Il fit rafraîchir ses troupes dans les villages voisins, et, pendant ce temps, Boismartel marchait droit à Fougères pour attirer l’attention des Républicains et les faire sortir de la ville. Il pénétra jusque dans les faubourgs et donna l’alarme dans la ville. Joré, dont le corps avait été en partie détruit dans les précédentes affaires, résolut, néanmoins, de faire une sortie. Pontbriand avait suivi de près Boismartel et fait embusquer ses troupes dans les vieux retranchements élevés autrefois pour défendre la ville contre les Vendéens. Joré sortit avec environ trois cent cinquante hommes et attaqua Boismartel avec son impétuosité ordinaire. Ce dernier défendit le terrain pied à pied, en reculant toujours pour attirer l’ennemi dans l’embuscade. Sa ruse réussit parfaitement, et au moment où les Républicains croyaient sa déroute certaine, ils se virent assaillis à trente pas par le feu de l’embuscade de Pontbriand, qui leur causa une telle surprise, qu’après une très courte résistance, ils s’enfuirent dans la ville, dont ils fermèrent les portes. Ils perdirent quinze hommes, et un plus grand nombre furent blessés.
Pontbriand et Boismartel dînèrent dans le faubourg et y restèrent jusqu’à 3 heures de l’après-midi sans être inquiétés ; seulement, comme ils se retiraient sur la route de Landéan, la garnison fit une nouvelle sortie jusqu’à la tête du faubourg, et engagea, de fort loin, une fusillade avec l’arrière-garde des Royalistes ; cette fusillade dura assez longtemps, mais sans perte de part ni d’autre. Le capitaine Picquet y gagna encore cinq fusils, jetés par des soldats qui s’étaient trop avancés et qui faillirent être pris[1]. »