Cité libre (revue)

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Cité Libre était une revue idéologique et politique, publiée au Québec pendant les années 1950 et les années 1960. Cofondée en 1950 par le rédacteur et le futur Premier Ministre canadien Pierre Trudeau, la publication a servi de catalyseur au pluralisme idéologique de la société québécoise et d'organe d'opposition au gouvernement conservateur et autoritaire de Maurice Duplessis.

Revue

La revue a publié des contributions rédigées par des intellectuels comme Trudeau, Gérard Pelletier, René Lévesque, Pierre Vallières, Pierre Vadeboncoeur et d'autres intellectuels et activistes, dont Jacques Dubuc. De cette manière, la revue s'est bâtie une réputation pour ses points de vue radicaux à une époque où les articles critiques à l'endroit de Duplessis étaient difficiles à publier en raison de la force de l'influence gouvernementale (exception faite du journal Le Devoir).

Anticlérical mais catholique

Le journal était aussi anticlérical dans son orientation, critiquant la censure[1] (voir : André Lussier) et de façon plus générale, l'influence de l'Église catholique sur la société québécoise. Néanmoins, la rédaction se déclarait catholique : elle s'inspirait du personnalisme d'Esprit et d'Emmanuel Mounier, et des catholiques de gauche. Le personnalisme est une philosophie de l'engagement catholique du XXe siècle qui met de l'avant l'action du laïcat plutôt que cléricale et met l'accent sur les questions sociales.

Politique

Il exprimait son appui aux travailleurs lors de la grève d'Asbestos et son opposition aux mesures de répression du communisme entreprises par Duplessis comme la loi du cadenas. Le rédacteur, Pierre Trudeau, a présidé à la formation du Rassemblement, un groupe consacré à la mobilisation du public contre Duplessis. Ce groupe, de concert avec Cité Libre, a contribué à favoriser l'intellectualisme à l'origine de la renaissance du Parti libéral du Québec, vainqueur de l'Union Nationale en 1960. L'autre courant contribuant à renouveler le PLQ et à constituer ce qui sera le programme de l'équipe du tonnerre est le néonationalisme, davantage incarné par le journal Le Devoir, alors dirigé par Gérard Filion et André Laurendeau. Quoiqu'alliés dans leur critique de Duplessis, ces deux tendances entreront en conflit durant les années 1960.

Fédéralisme

Beaucoup de thèmes soulevés par Cité Libre ont trouvé leur réalisation pendant la Révolution tranquille du Québec des années 1960. Un certain nombre de contributeurs de la revue ont participé activement à ce mouvement. Durant les années 1960, la société québécoise s'est divisée entre les nationalistes/souverainistes québécois comme Lévesque et Vallières et les fédéralistes canadiens comme Trudeau et Pelletier. Le fossé ainsi creusé entre les membres du conseil de la revue allait influencer l'évolution du magazine en un journal de tendance fédéraliste. Aussi, le journal a abandonné ses penchants pour les idées socialistes et est devenu de plus en plus libéral dans son orientation. La division parmi la gauche québécoise, ainsi que l'entrée d'un certain nombre de journalistes de Cité Libre en politique électorale, ont mené à la fermeture du journal en 1966.

Renaissance

Le journal est ranimé en 1991 pour promouvoir l'unité canadienne et combattre le mouvement souverainiste, alors ascendant à la suite de l'échec de l'Accord du lac Meech. La revue se décrit alors comme « la voix du Québec pour le libéralisme ». En 1998 parait une édition anglaise, dont le contenu est identique à la version française. En 2000, croyant que la Loi sur la clarté référendaire sonne le glas du mouvement séparatiste, la publication est suspendue indéfiniment.

Références

  1. Louise Bienvenue, « Le catholicisme québécois sur le divan Les essais du psychanalyste André Lussier dans Cité Libre », Études d’histoire religieuse, Société canadienne d'histoire de l'Église catholique, vol. 76,‎ , p. 111-128 (ISSN 1193-199X et 1920-6267, DOI 10.7202/044763ar, lire en ligne)