Château de Thugny-Trugny
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Le château de Thugny-Trugny est un château situé à Thugny-Trugny, en France[1]. Devenu la propriété d'une des premières fortunes de France, Antoine Crozat, le lieu fut particulièrement fastueux pendant le Siècle des Lumières.
Aujourd'hui encore, bien qu'ayant profondément souffert pendant la Première Guerre mondiale, « quand on le voit surgir avec ses tours et ses tourelles de faîte, on pense à un décor de rêve, ou de dessin animé[2] ».
Ce château est également intéressant d'un point de vue architectural.
Cet édifice de la Renaissance, placé au milieu d'un parc d'agrément, a réellement, au sens propre et au sens figuré, deux faces :
- l'une tournée vers le village conservant un vocabulaire traditionnel, féodal et défensif avec le mâchicoulis ou les fossés, et une connotation gothique avec ses tourelles,
- l'autre tournée vers l'Aisne avec des formes plus linéaires, plus sobres, plus rectangulaires, presque classiques, même si le plan n'a pas la régularité et la symétrie du classicisme.
Description
Suite aux dommages subis pendant la Première Guerre mondiale, le château a dû être reconstruit sur la base des anciens plans, en ne rebâtissant qu'une partie des pavillons et en utilisant les techniques de construction des années 1920[3].
Lorsqu'on arrive du village par la rue du château, un premier édifice se dresse devant nous, le châtelet, d'allure un peu plus fortifiée. C'est un bâtiment de plan oblong, comportant, de façon assez symbolique, une ligne de mâchicoulis protégeant l'entrée, et une arcade de passage charretier, ouvrant sur un passage voûté[3].
Derrière le châtelet, un bâtiment de style plus classique développe une façade sur deux niveaux en regard du canal. Il comporte deux grands pavillons d'angle saillants, d'importances inégales et sur trois niveaux. Le plus grand de ces pavillons d'angle compte trois travées. Il est construit en gaize, renforcée de pierres plus dures aux encadrements et dans les chaînes en besace. Une terrasse bordée de balustrade a été créée au-dessus de voûtes, vestiges d'un bâtiment endommagé en 1918[3].
Sur le coté, caché dans des arbres, s'élève une curieuse grange seigneuriale, rectangulaire, avec à chaque coin des tourelles coiffées de poivrière. D'après une ancienne gravure de Claude Chastillon, ce bâtiment était antérieurement protégé par une enceinte de pierre.
Localisation
Le château est situé au bout de la rue du château, dans la commune de Thugny-Trugny, dans le département français des Ardennes. La rue du château est perpendiculaire à la rue de la place, qui longe l'église. C'est le bas du village, vers le canal des Ardennes et la vallée de l'Aisne.
Historique
La construction initiale date de la deuxième moitié du XVIe siècle et est attribuée à Jean-Jacques de Suzanne, comte de Cerny-en-Laonnois. D'anciens châteaux, avec une architecture plus militaire et défensive, existaient précédemment, le plus ancien étant juché sur une butte en hauteur du village. Ce nouveau château est tourné en partie vers l'église mais se développe principalement vers la vallée de l'Aisne.
La fille de Jean-Jacques de Suzanne épouse Charles de Moÿ. Sa petite-fille, Claude de Moÿ[4], née en ce château, est une riche héritière qui épouse Henri de Lorraine-Chaligny, prince du Saint-Empire Germanique. Ce dernier meurt relativement jeune. Une gravure de Claude Chastillon dessinée à cette époque montre déjà un château imposant, un des plus importants de la Champagne septentrionale.
La région est troublée par les guerres de religion, puis quelques décennies plus tard par la Fronde et la Guerre franco-espagnole. Au début de l'an 1653, le maréchal Turenne reçoit le cardinal Mazarin en cet endroit.
En 1721, Procope Hyacinthe de Ligne, héritier des marquis de Moÿ, ancien brigadier des armées du Roi, menant une vie de débauche, vend le château de Thugny-Trugny à Antoine Crozat :
« ...il avait dissipé tous ses biens & vendu le marquisat de Moÿ (ou de Moüy : Moÿ-de-l'Aisne) (à Antoine Crozat), en sorte que son fils n'a eu que les biens qui lui sont venus de sa mère.[5] »
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Antoine Crozat est un des plus brillants financiers de France, un des plus riches hommes de Paris[6]. Son fils Louis Antoine Crozat reçoit de façon fastueuse à Thugny. Il transforme le parc, répare les routes, détourne l'Aisne et fait creuser des bassins. Il accroît également la surface des bâtiments, enjolive la décoration intérieure, et crée une collection de tableaux. C'est l'époque la plus prestigieuse, où cette demeure brille de mille feux. La propriété, transmise d'héritier en héritier, traverse ensuite la Révolution française, sans trop de dommages, le Premier Empire, l'occupation russe de 1815, la Restauration, la monarchie de juillet, la seconde République, le second Empire puis les conflits franco-allemands. Trois conflits successifs qui sont autant d'épreuves.
La Première Guerre mondiale se révèle particulièrement désastreuse pour ce lieu. En 1918, le château subit des bombardements, des explosions puis un incendie[2].
Il doit être reconstruit dans l'entre-deux-guerres. Dans les années 1950 et pendant une trentaine d'années, tous les étés le château de Thugny Trugny est un de colonie de vacances des enfants d'origine polonaise des paroisses du Nord et du Pas de Calais[7],[8].
Il sert aujourd'hui de cadre à des manifestations diverses[9],[10].
L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1946[1].
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face au parc.
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Bâtiments de ferme.
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La grange.
Annexes
Liens internes
Liens externes
Le château vu du ciel :
- Vue générale (on devine la grange dans les arbres à droite),
- Vue coté sud,
- Vue coté canal des Ardennes et vallée de l'Aisne.
La Grange - Article de 2008
Références
- « Château, parc et grange aux dîmes », notice no PA00078531, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Suzanne Briet, Châteaux des Ardennes, Société des écrivains ardennais, coll. « Les cahiers ardennais » (no 17), , 68 p., p. 44-45
- Philippe Seydoux, Gentilhommières et Maisons fortes en Champagne : Marne et Ardennes, t. 1, Éditions de La Morande, , 320 p. (ISBN 2-902091-30-3), p. 116-120
- Voir une biographique panégyrique dans : Jean-Baptiste-Joseph Boulliot, Biographie Ardennaise ou histoire des Ardennais, Paris, 1830, vol.2, p.220 [1].
- Père Anselme, Histoire généalogique et chronologique des grands-maistres et arbalestriers de France, t. VIII, ch 7, p 38
- Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, Mémoires, Éditions Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 1984
- Reynald Clouet, « Une association des Français d'origine polonaise en gestation - Bruay La Buissière - Pas-de-Calais », La Voix du Nord, (lire en ligne)
- Gabriel Garçon, « Les catholiques polonais en France (1919 – 1949) », Thèse de doctorat, Études slaves, Université Lille III,
- Fête de la renaissance au château de Thugny-Trugny - journal l'Union (journal français) Article du 2 juillet 2011 sur le site internet
- Dailymotion - Vidéo de 2011 de la fête de la Renaissance dans le parc du château - la vidéo inclut une rapide interview du propriétaire Jacques de Causans