Charles James

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Charles James
Naissance
Surrey
Décès (à 72 ans)
New York
Nationalité américaine
Profession
Créateur de mode
Autres activités
Modiste

Charles James, né en 1906 en Angleterre, est un créateur de mode anglo-américain considéré par ses pairs comme un grand couturier, voire un sculpteur. Innovant, en perpétuelle recherche, il est particulièrement reconnu pour ses somptueuses robes de bal et les coupes très complexes de ses modèles. Il débute dans les années 1930 et, incroyable couturier mais mauvais vendeur, cesse ses activités en 1958 auréolé et ruiné. Qualifié de « génie de la coupe », sa carrière n'est qu'une succession de recherches artistiques, créations magnifiques, échecs commerciaux et soucis financiers. Il meurt en 1978 à New York.

Biographie

Charles James, anglo-américain, est né le 18 juillet 1906 dans le Surrey[n 1] d'un père officier britannique et d'une mère américaine[1]. Il grandit en Angleterre et, après des études à Harrow d'où il est renvoyé[2], il refuse de préparer le concours d'entrée d'Oxford ; il étudie à l'université de Bordeaux[3] puis est envoyé dans la ville natale de sa mère, Chicago, à l'âge de dix-huit ans[4], pour travailler ; il démissionne rapidement, et passe tout aussi rapidement par le Chicago Herald[1]. L'année suivante, il devient modiste et ouvre sa première boutique nommée « Charles Boucheron »[3],[4].

Il s'installe à New York en 1928 toujours comme modiste[1], puis, étendant ses activités comme tailleur pour dames[5], présente sa première collection de vêtements. Dès les années suivantes, il ouvre également à Londres, où il fait faillite une première fois avant d'ouvrir une seconde affaire[1], puis Paris. Il innove en détournant l'usage de la fermeture Éclair[6] et se fait remarquer pour ses jupes culottes[3]. De 1934 à 1935, il est à Paris pour créer des tissus aux côtés de Paul Poiret[3] puis montre une première collection en 1937 dans la capitale française[7]. Les bases de son style sont alors posées, avec des robes du soir ou moulantes[8] et il fournit les grands magasins américains[1],[n 2].

Dans les années 1940, la Guerre fait fuir de Paris de nombreux couturiers étrangers : Creed, Molyneux vont à Londres, Mainbocher et James repartent aux États-Unis[9]. il décide de se concentrer définitivement ses affaires à New York où il ouvre une boutique « Charles James Inc. »[7]. Vers la fin de la Guerre, il crée, entre autres, des vêtements pour Elizabeth Arden[3] .

En 1947, il présente une collection à Paris qui rencontre le succès[3]. L'année suivante, une exposition est organisée au Brooklyn Museum par Millicent Rogers (en), une fidèle cliente[8]. Cecil Beaton réalise de nombreuses photographies de ses robes[10].

Dans les années 1950, il est majoritairement à New York dans son atelier du 699 Madison Avenue, période pendant laquelle il atteint son apogée ; il continue à « créer des vêtements extraordinaires fabriqués dans des étoffes somptueuses »[11], qu'il vend fort cher[10]. Il remporte un premier Coty Award (en) dès 1950 puis un second quatre ans plus tard[8]. Ces années-là, il établit des collaborations afin d'expérimenter diverses techniques de confection[8] tout en restant « un peu à part » des autres créateurs américains[12].

En 1953, il créé sa plus célèbre robe de bal[11], dite « Trèfle à quatre feuilles », pour Austine Hearst[n 3] ; pesant 5,5 kilos, celle-ci dispose d'une structure rigide pour soutenir le poids[8]. Sa clientèle fidèle, composée de riches Américaines, supporte les retards et le caractère difficile du couturier[11]. Au milieu des années 1950, il forme le jeune styliste canadien Arnold Scaasi (en) ; ce dernier lancera pour Charles James une ligne de prêt-à-porter[13] et restera deux ans. Mais Charles James n'est pas en adéquation avec la production de masse que cela entraine ; il choisit alors de concevoir des modèles spécifiques pour les grands magasins américains qui se chargeront de les reproduire et de les vendre[8].

Novateur, il expérimente coupes, assemblages et contrastes des tissus pour sculpter ses robes, cherchant à maitriser le passage de l'air entre le corps et la robe afin de donner volume et élégance[6]. Il utilisant plusieurs couches de soie, de satin, de taffetas ou de tulle, le tout en abondance. Ses drapés en spirale et ses coupes inspirées du passé restent emblématiques de son style[5]. Connu pour ses sculpturales robes du soir et de bal, il excelle également dans les manteaux, capes ou tailleurs, parfois ornementés de broderie, fourrure[3], ou dans des coloris inhabituels[14] qu'il vendra entre autres chez Harrods[2]. L'usage de tissus classiques tels que des tweeds ou des flanelles est contrebalancé par des coupes originales[11]. Son approche de la mode est théâtrale dans l'image qu'elle donne et mathématique dans sa recherche[8].

Précis, perfectionniste[10], Charles James retravaille maintes et maintes fois ses créations[1],[4] année après année, sans tenir compte de la saisonnalité de la mode[3]. L'apparente fluidité et légèreté de ses robes cachent en fait des créations pesant souvent plusieurs kilos[6]. C'est « sans conteste le maître de la ligne épurée conçue à partir d'une infrastructure complexe[2]. » Mais plus novateur que commerçant, piètre gestionnaire, ayant comme idée principale « d'élever la mode au rang d'art plastique », il se retire en 1958, laminé par les pertes, procès et faillites[4],[15], espérant que ce qu'il considère comme ses œuvres d'art entrent dans les musées[3],[4].

Balenciaga le cite comme « le plus grand couturier américain »[6], le seul à avoir « élevé la haute couture d'une forme d'art appliqué à une forme d'art pur[10],[15] ». Il est source d'inspiration de nombreuses personnalités de la mode, tel Antonio[4] dont il fait la connaissance au début des années 1960[16]. Dans les années 1970, alors qu'il vit au Chelsea Hotel, Halston l'engage, mais leur collaboration sera un échec[1]. Il meurt d'une pneumonie le 23 septembre 1978 à New York. Le Brooklyn Museum dispose d'une importante collection de ses robes, don d'une fidèle cliente[4].

Notes et références

Notes

  1. Suivant les sources, son lieu exact de naissance varie entre Sandhurst le plus souvent, ou Camberley parfois.
  2. Grands magasins tels que Lord & Taylor ou Bergdorf Goodman.
  3. Femme de William Randolph Hearst, Jr. (en)

Références

  1. a b c d e f et g Watson 2000, p. 161
  2. a b et c Watson 2000, p. 37
  3. a b c d e f g h et i O'Hara Callan 2009, p. 139
  4. a b c d e f et g Golbin 1999, p. 44
  5. a et b Mendes et de la Haye 2011, p. 101
  6. a b c et d Golbin 1999, p. 42
  7. a et b Fogg 2013, p. 286
  8. a b c d e f et g Fogg 2013, p. 287
  9. Mendes et de la Haye 2011, p. 106
  10. a b c et d Metcalf 2013, p. 325
  11. a b c et d Mendes et de la Haye 2011, p. 148
  12. Mendes et de la Haye 2011, p. 147
  13. Fogg 2013, p. 445
  14. Mendes et de la Haye 2011, p. 119
  15. a et b Mendes et de la Haye 2011, p. 149
  16. O'Hara Callan 2009, p. 15

Bibliographie des références

  • Pamela Golbin, Créateurs de mode, Éditions du Chêne, , 224 p. (ISBN 2-84277-110-9), « Charles James », p. 42 à 49 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Linda Watson, Vogue - La mode du siècle : Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs [« Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer »], Éditions Hors Collection, , 255 p. (ISBN 2-258-05491-5), p. 37 et 161 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Georgina O'Hara Callan (trad. Lydie Échasseriaud), Dictionnaire de la mode [« The Encyclopaedia of Fashion »], Paris, Thames & Hudson, coll. « L'univers de l'art », (réimpr. 2011) (1re éd. 1986), 303 p. (ISBN 978-2-87811-327-3, présentation en ligne), p. 15 et 139 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Valerie Mendes et Amy de la Haye (trad. Laurence Delage, et al.), La mode depuis 1900 [« 20th Century Fashion »], Paris, Thames & Hudson, coll. « L'univers de l'art », , 2e éd. (1re éd. 2000), 312 p. (ISBN 978-2-87811-368-6) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Marnie Fogg (dir.) et al. (trad. Denis-Armand Canal et al., préf. Valerie Steele), Tout sur la mode : Panorama des chefs-d’œuvre et des techniques, Paris, Flammarion, coll. « Histoire de l'art », (1re éd. 2013 Thames & Hudson), 576 p. (ISBN 978-2081309074), p. 286, 287, 445 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jonathan Metcalf (dir.) et al., Fashion : la mode à travers l'histoire [« Fashion. The Ultimate Book of Costume and Style »], DK, , 480 p. (ISBN 978-2-8104-0426-1) Document utilisé pour la rédaction de l’article


Annexes

Bibliographie

Liens externes