Chanson francarabe

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La chanson francarabe ou chanson franco-arabe est un genre de chansons apparues en Algérie dans les années 1930, où la langue arabe domine, et qui intègrent des expressions françaises[1].

Paroles et musique[modifier | modifier le code]

Mahieddine Bachtarzi

La chanson francarabe est assez proche dans son principe d'un genre qui l'a précédée, la chanson de style sabir[1], où les proportions prises par les deux langues étaient inversées : c'était une chanson française qui intégrait des expressions arabes ; ses paroliers étaient surtout métropolitains[2].

La vogue de la chanson francarabe est due à des paroliers juifs et musulmans en Algérie, ainsi qu'à des interprètes en France métropolitaine[1]. Rachid Ksentini et Mahieddine Bachtarzi font partie interprètes les plus connus de chansons francarabes[1]. Le premier auteur et compositeur de chanson francarabe aurait été Lili Labassi, un chanteur dans la grande tradition arabo-andalouse, mais qui pratiquait aussi la musique populaire algéroise appelée chaâbi[3].

La chanson francarabe reprend des airs à la mode comme la rumba, la valse musette, le tcha tcha tcha, le tango, etc.[1]. Ainsi, elle est musicalement hybride, associant ces rythmes latins à des souvenirs de musique arabe et arabo-andalouse[4]. Elle a souvent un caractère parodique et humoristique[1]. Les compositeurs l'ont voulue légère ; ils ont « contribué à dépoussiérer le patrimoine arabo-andalou quelque peu figé autour de magnifiques standards classiques aux longues introductions »[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Lili Boniche

Au Maghreb, des maisons de disque enregistrent des chansons francarabes de Lili Labassi, Luisa Tounsia etc. dès les années 1930[5].

Line Monty

À Paris à la même époque, des cabarets où l'on joue de la musique orientale, comme El Djezaïr, accueillent des artistes tel Salim Halali qui interprètent des chansons francarabes[5].

Après la Seconde guerre mondiale, rue de la Huchette et au faubourg Montmartre, de nouveaux cabarets, Les nuits du Liban, le Tam-tam, Au Soleil d’Algérie, proposent également ce type de divertissement musical[5].

Dès les années 1960, des artistes juifs d'Algérie, ayant quitté leur pays natal à la suite de la guerre d'Algérie, diffusent en France, plus largement que ce n'était le cas auparavant, la chanson francarabe qui plaît tout particulièrement au public pied-noir, demeuré fidèle à cette forme d'art ; il en va ainsi par exemple de Blond-Blond, Salim Halali, José de Suza, Lili Boniche, Maurice El Médioni, Enrico Macias[5].

La pratique consistant à mêler dans des chansons le français et l'arabe est reprise des décennies plus tard par des chanteurs de banlieues en France ; dans les années 1980, des chansons du groupe Carte de Séjour par exemple, comme Rhorhomanie (1984), présentent « l'alternance codique français populaire/arabe algérien » qui caractérisait la chanson francarabe[1].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hadj Miliani, «Variations linguistiques et formulations thématiques dans la chanson algérienne au cours du xxe siècle : Un parcours» In : Trames de langues : Usages et métissages linguistiques dans l’histoire du Maghreb [en ligne]. Tunis : Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, 2004 lire en ligne
  • «Francarabe», Bertrand Dicale, Dictionnaire amoureux de la chanson française, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-259-25090-0, lire en ligne)
  • « Dossier «Chanson francarabe» », sur jechantemagazine (consulté le ), n° 12, janvier 2016
  • Les Stars du music-hall d'Algérie, éditions Nocturne, collection "bdworld" ; un DVD associé comprend des documentaires sur des vedettes de la chanson francarabe, Youssef Hagège, Maurice El Medioni et Blond Blond.

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Alger Oran Paris. Les années music-hall (Seafilms Productions/Nocturne, 2006), film documentaire de Michèle Mira Pons sur le music-hall algérien des années 1940-1950, dédié à la mémoire de Line Monty, interprète de chansons francarabes, née à Alger ; critique : « Alger Oran Paris. Les années music-hall, de Michèle Mira Pons », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Hadj Miliani, «Variations linguistiques et formulations thématiques dans la chanson algérienne au cours du xxe siècle : Un parcours» In : Trames de langues : Usages et métissages linguistiques dans l’histoire du Maghreb [en ligne]. Tunis : Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, 2004 lire en ligne
  2. Cluny, Charles (1945). Sabir qui chante. Recueil de 12 chansons en sabir. Paris : Éditions Marcel Labbé. s.d. [1945]. 48 p.
  3. «Francarabe», Bertrand Dicale, Dictionnaire amoureux de la chanson française, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-259-25090-0, lire en ligne)
  4. a et b « Alger Oran Paris, les Années Music Hall », sur RFI Musique, (consulté le )
  5. a b c et d « La chanson francarabe (1ère partie) », sur Institut Européen des Musiques Juives, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]