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Biram Dah Abeid

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Biram Dah Abeid
Biram Dah Abeid.
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (59 ans)
RossoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Biram Ould Dah Ould Abeid
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Distinctions

Biram Dah Abeid (né le à Rosso en Mauritanie) est un militant abolitionniste et homme politique mauritanien, député et deux fois candidat à l'élection présidentielle.

Enfance et formation

Biram Dah Abeid fait partie de la caste des Haratins, des Maures noirs descendants d'esclaves. Il est né en 1965 à Rosso (Région du Trarza, au sud de la Mauritanie). Son père, ayant été affranchi par le maître de sa grand-mère, est né libre[1]. Il sera le seul d’une fratrie de onze enfants à être scolarisé. Suivant la volonté de son père, il étudie pour combattre l’esclavage[2]. Il intègre l'université, où il étudie le droit et l'histoire. Il consacre son mémoire de DEA (Diplôme d'Études Approfondies) en histoire à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (2001) à l'esclavage, une pratique interdite, sans peine assortie, depuis 1981 et à plusieurs reprises depuis lors[3] en Mauritanie mais toujours répandue dans le pays[4].

Militantisme et vie politique

Après ses études, il commence à militer au sein de l'ONG anti-esclavagiste SOS Esclaves[5]. En 2008, il fonde l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie), qu'il définit comme « une organisation de lutte populaire »[5], et dont il est le président[6]. En 2008 il prend partie comme témoin au documentaire Chasseurs d'esclaves de Sophie Jeaneau . Il est condamné pour cela à une peine de prison puis gracié en février 2011 par le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.

En avril 2012, au cours d'une manifestation à Nouakchott, il brûle en public des textes de droit de l’école du droit musulman malikite, considérés comme encourageant la pratique de l’esclavage. Il justifie son acte par le fait que cet enseignement, constitué de normes, de jurisprudence et de principes généraux, codifie l'inégalité de naissance, autorise la vente d'êtres humains, leur châtiment corporel, le viol des femmes esclaves et la castration des mâles noirs[7]. L'ensemble de ces prescriptions figure, en des termes explicites et pratiques, dans de tels livres. Il est emprisonné aux côtés d’autres militants de l’IRA, accusé de porter « atteinte à la sûreté de l’Etat ». L’IRA présentera ses excuses pour l’incident, qui a choqué l’opinion et les médias en Mauritanie[8]. Après des mois de détention préventive suivie de l’annulation de son procès pour vice de forme par la cour criminelle de Nouakchott, Biram Ould Abeid et ses coaccusés sont libérés en septembre 2012[6],[9],[10].

En 2013, Biram Dah Abeid reçoit le Front Line award for Human Rights Defenders at Risk de l'ONG irlandaise Front Line Defenders et fait partie des six lauréats du prix des droits de l'homme, décerné tous les cinq ans par l'Organisation des Nations unies à des personnes ou associations ayant œuvré pour la défense des droits de l'homme[1],[11],[12].

Biram Dah Abeid se présente à l'élection présidentielle mauritanienne de 2014. Au 1er tour, il se classe second et obtient 8,6 % des suffrages. Le président sortant est réélu avec 81 % des voix dans des élections boycottées par la Coordination de l'Opposition Démocratique.

En novembre 2014, le militant est de nouveau arrêté, avec neuf autres membres de l'IRA, après avoir pris part à une caravane contre l’esclavage. Il est condamné le 15 janvier 2015 à une peine de 2 ans de prison ferme pour « appartenance à une organisation non reconnue, rassemblement non autorisé, appel à rassemblement non autorisé et violence contre la force publique »[13].

Le 13 août 2015, une loi pénalisant l'esclavage entre en vigueur en Mauritanie[14], la pratique reste malgré tout répandue dans le pays. Ils seraient 150.000 selon l'IRA en 2014[15].

En 2017 il est invité à Bordeaux pour recevoir le « Prix Mémoires partagées », remis chaque année par l'association Mémoires & Partages à une personnalité impliquée dans le mouvement pour l'émancipation[16].

Aux élections législatives de 2018, Biram Ould Abeid se présente sous les couleurs du parti Assawab, aux orientations baassistes (nationaliste arabe), qui a récemment scellé une alliance avec l’aile politique de l’IRA. Le journaliste Daddah Abdallah, qui portera par la suite plainte contre Abeid, réalise alors un documentaire sur cette alliance et la qualifie de « contre-nature »[17]. Le 7 août 2018, deux semaines avant les élections législatives, il est arrêté avec d'autres militants anti-esclavagistes et journalistes et inculpé la semaine suivante pour « atteinte à l’intégrité d’autrui et menace d’usage de la violence ». Son avocat Maître Ebetty dénonce « un coup monté judiciaire »[18]. Des ONG telles qu'Amnesty International dénoncent une répression politique visant à étouffer le principal rival du gouvernement au pouvoir dans les élections présidentielles à venir[19]. La manifestation qui suit l'annonce du verdict sera durement réprimé et fera deux blessés graves[18].

En 2019 il se présente à nouveau à l'élection présidentielle et arrive à la deuxième place avec 18,59% des suffrages exprimés au 1er tour[20].

Prix et distinctions

Références

  1. a et b Angélique Mounier-Kuhn, « L’esclavage, une survivance tenace », Le Temps,
  2. « Biram Dah Abeid, la voix des esclaves modernes de Mauritanie », sur lemonde.fr, (consulté le )
  3. "En Mauritanie, les filles esclaves de 9 ans sont violées par le maître, ses fils, son chauffeur ou son hôte de passage", Dorian de Meuûs, La Libre Belgique, 25 février 2017
  4. Jean-Baptiste Naudet, « Esclavage : le Spartacus mauritanien », L'Obs, no 2613,‎ , p. 58 à 63 (ISSN 0029-4713, lire en ligne)
  5. a et b « Il lutte contre la justification religieuse de ce crime: il est passible de la peine de mort », La Libre Belgique,
  6. a et b Christophe Châtelot, « En Mauritanie, les autorités campent dans le déni de l'esclavage », Le Monde,
  7. « Mauritanie - Biram Dah Abeid : « La loi fondamentale sacralise un code négrier » », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le )
  8. « Biram Dah Abeid, la voix des esclaves modernes de Mauritanie », lemonde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Christophe Châtelot, « Anti-slavery campaigner arrested in Mauritania », The Guardian Weekly,
  10. Justine Spiegel, « Lutte contre l'esclavage en Mauritanie : Biram Ould Abeid sort de prison, le Coran à la main », Jeune Afrique,
  11. (en) Tisha Lewis, « Human rights prize winner visits Chicago », Fox Broadcasting Company,
  12. (en) « Pakistani activist Malala Yousafzai among winners of 2013 UN human rights prize », UN News Center,
  13. « Mauritanie : Dah Ould Abeid et 2 autres militants anti-esclavagistes condamnés à 2 ans de prison », sur Jeune Afrique,
  14. « Mauritanie : une experte de l'ONU salue l'adoption d'une nouvelle loi contre l'esclavage », sur www.un.org, (consulté le )
  15. Damien Roustel, « Mauritanie : ces Spartacus qui gênent le pouvoir », L'Humanité,
  16. a et b « FRANCE – Biram DAH ABEID reçoit le Prix « Mémoires Partagées » – Courrier des Afriques », sur www.courrierdesafriques.net (consulté le )
  17. « En Mauritanie, inculpation d’un opposant et militant anti-esclavagiste », sur lemonde.fr, (consulté le )
  18. a et b « Invité Afrique - Affaire Biram: «C'est un coup monté judiciaire» selon l'avocat du prévenu », sur RFI, (consulté le )
  19. Hamidou Anne, « Ne laissons pas Biram Dah Abeid seul face à ses bourreaux », Le Monde, 27 août 2018, Lire en ligne
  20. « Le Conseil constitutionnel annonce l'élection de Monsieur Mohamed Ould Cheikh Ghazouani comme président de la République », sur Agence Mauritanienne de l'Information, (consulté le )
  21. « Patron Saint's Day 2019 : KU Leuven to award six honorary doctorates », sur kuleuven.be (consulté le ).

Liens externes