Bihari (écriture)

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Le style bihari est un des styles calligraphiques arabes développé en Inde[1].

Ce style est typique du nord de l’Inde après la conquête de Tamerlan au XIVe siècle jusqu’au début de l’Empire moghol au XVIe siècle.

Page du Coran en bijhari.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Le style bihari est une variété du naskh[2]. C'est un style intermédiaire entre les formes anguleuses du Kufi primitif et celles plus arrondies des écritures cursives.

L'écriture forme des lignes horizontales épaisses le long de la ligne d'écriture, qui contrastent avec des verticales plus fines ; les traits inférieurs restent courts.

  • Les lettres ṣād/ḍād ‹ ص ض › et ṭāʾ/ẓāʾ ‹ ط ﻅ › forment des boucles très allongées.
  • Les lettres bouclées fāʾ/qāf ‹ ف ق ›, ʿayn/ġayn ‹ ع غ › et wāw ‹ و ›[3], ainsi que mīm en début de mot, forment des boucles triangulaires.
  • Le nūn forme une boucle large mais peu profonde sous la ligne d'écriture.
  • Le mīm final se termine par une queue droite descendant en oblique par rapport à la ligne d'écriture.

Les diacritiques indiquant les voyelles forment des traits fins horizontaux.

Les lettres sont souvent écrites au-dessus ou à l'intérieur d'autres lettres. Ce rythme visuel particulier, qui semble faussement irrégulier, ainsi que l'alternance entre lettres à angles vifs et boucles exagérées, produit une impression générale de désordre, du moins au premier coup d'œil ; il s'agit en réalité d'une esthétique de contraste, faisant alterner pleins et déliés, courbes et angles, densité et vide[4].

Etymologie[modifier | modifier le code]

Coran du xve siècle écrit avec le style bihari en noir, bleu et doré avec des commentaires persans en nastaliq en rouge.

L’origine du terme bihârî est énigmatique. En arabe, بِهَارِيٌّ /bi.haː.rij.jun/ est (de par sa finale en -iyy) un qualificatif désignant un objet ayant un lien ontologique avec quelque chose de la racine بَهَرَ (bahara), typiquement le nom verbal بَهْرٌ (bahrũ) /bah.run/ qui peut avoir des sens multiples (splendeur / victoire / distance / étonnement / ...)[5].

Le sens le plus probable est qu'il s'agit de « l'écriture du Bihar », état du nord-est de l'Inde[4]. Cependant aucune tradition de copie de manuscrits n’est avérée dans cette province.

Alternativement, le terme peut signifier « l'écriture étonnante », faisant référence à ses jeux de contrastes.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Archaeological Survey of India.
  2. Brac de la Perrière 2003, p. 86.
  3. Gacek 2013, p. 24.
  4. a et b Eloïse BRAC DE LA PERRIERE, Manuscripts in Bihari Calligraphy: Preliminary Remarks on a Little-Known Corpus.2016, Muqarnas.
  5. Biberstein Kazimirski, dictionnaire arabe-français, tome premier, p. 171.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Archaeological Survey of India, The Arabic calligraphy in India, PDF (lire en ligne)
  • Éloïse Brac de la Perrière, « Bihârî et naskhî-dîwânî: remarques sur deux calligraphies de l’Inde des sultanats », Studia Islamica, no 96 « Écriture, calligraphie et peinture »,‎ , p. 81-93 (DOI 10.2307/1596244, JSTOR 1596244)
  • Adam Gacek, Strokes and hairlines, elegant writing and its place in muslim book culture, McGill University Library, , PDF (ISBN 978-1-77096-209-5, lire en ligne)