Bambara

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Bambara
Bamanankan
Pays Mali, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée, Gambie, Mauritanie, Sénégal,
Nombre de locuteurs environ 4 millions de locuteurs natifs, 8 à 10 millions le parlent comme la seconde langue
Classification par famille
Codes de langue
IETF bm
ISO 639-1 bm
ISO 639-2 bam
ISO 639-3 bam
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
Échantillon
Déclaration universelle des droits de l'homme, premier article[1] :
Sariyasen fɔlɔ :
Hadamaden bɛɛ danmakɛɲɛnen bɛ bange, danbe ni josira la. Hakili ni taasi b’u bɛɛ la, wa u ka kan ka badenɲasira de waleya u ni ɲɔgɔn cɛ.

Le bambara est une langue nationale du Mali. Elle est appelée « bamanakan » ou « bamanankan » par ses locuteurs. Cette langue les trois autres langues prochement apparentées, le malinké, le dioula et le mandinka, parlées au Mali, au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, en Guinée et dans les pays voisins, font un continuum linguistique Manding. Le bambara est une langue très utilisée comme langue véhiculaire et commerciale en Afrique de l'Ouest.

Le bambara fait partie de la famille des langues mandé. C'est une langue du type S AUX O V X (sujet - marque prédicative - objet direct - verbe - object indirect ou circonstant) avec deux tons (ton haut et ton bas).

Répartition géographique

Le bambara est la langue la plus communément comprise au Mali. Elle est la principale langue maternelle et elle sert de langue véhiculaire aux Maliens à Bamako et sur la quasi-totalité du territoire[2], à l'exception des régions les plus au nord (Tombouctou, Gao et Kidal).

Les principaux dialectes du bambara à travers le Mali :

  • ouest : kaarta, parler de Tambacounda (Sénégal);
  • nord : Beledugu, Bananba, Mesekele;
  • centre : Jitumu, Jamaladugu, Ségu;
  • sud : Cakadugu, Keleyadugu, Jalakadougu, Kurulamini, Banimɔncɛ, Cɛmala, Cɛndugu, Baninkɔ, Shɛndugu, Ganadugu;
  • est: Kala, Kuruma, Saro, dialectes à NE du Mopti (surtout Bɔrɛ) ;
  • sud-est : Zegedugu, Bɛndugu, Bakɔkan, Jɔnka.

Écriture

L'écriture a été introduite durant la période où la région était sous la domination coloniale française. Woyo Couloubayi a créé en 1930, dans la région de Kaarta, un syllabaire bambara, appelé masaba, comportant 123 caractères; cette écriture est d'une diffusion très restreinte.

Depuis 1967, le bambara est écrit en alphabet latin. Après une réforme orthographique du 1982, on utilise des caractères phonétiques additionnels (ɛ, ɔ, ŋ et ɲ). Les accents sont utilisés pour indiquer la tonalité, mais dans les publications faites au Mali, les tons ne sont pratiquement jamais marqués.

Alphabet latin
A B C D E Ɛ F G H I J K L M N Ɲ Ŋ O Ɔ P R S T U W Y Z
a b c d e ɛ f g h i j k l m n ɲ ŋ o ɔ p r s t u w y z

Une active communauté malienne de langue bambara utilise l’écriture n’ko, comportant 27 caractères ; elle comprend également 8 signes diacritiques destinés à marquer les tons et la longueur vocalique. Le bambara, comme toutes les langues mandées, est aussi une langue tonale où la variation du ton change le sens du mot (bá = maman / bǎ = chèvre).

La littérature en langue bambara se développe lentement, du fait de la prédominance du français comme « langue des élites », mais il existe cependant une tradition orale vivante, constituée, avant tout, d'épopées de rois et de héros. Cette tradition orale se transmet par les griots, qui sont à la fois des conteurs, des chanteurs et des livres d'histoire humains qui ont étudié l'art du chant et du récit pendant de longues années. Beaucoup de leurs épopées sont très anciennes, la tradition les fait remonter pour certaines aux temps de l'ancien Empire du Mali.

Prononciation

Voyelles

Il y a sept voyelles orales : a, e, ɛ, i, o, ɔ et u, ainsi que sept voyelles nasales : an, en, ɛn, in, on, ɔn et un. L’orthographe de 1930 utilise les lettres a, e, è, i, o, ò et u pour ces 7 voyelles, celle de 1970 les lettres a, e, ɛ, i, o, ɔ et u.

Antérieur Postérieur
Fermé i u
Mi-fermé e o
Mi-ouvert ɛ ɔ
Ouvert a  

Consonnes

L'alphabet officiel du bambara au Mali comporte 20 consonnes : b, c, d, f, g, h, j, k, l, m, n, ɲ, ŋ, p, r, s, t, w, y, z[3].

Le plus souvent, chaque consonne correspond à un seul son. Il y a toutefois quelques exceptions :

  • « w » se prononce généralement comme en anglais (ex. wait), mais placé à la fin d'un mot, « w » est la marque du pluriel et se prononce alors [u]
  • « s » se prononce le plus souvent comme dans le mot français « sapin », mais il peut parfois se prononcer « sh » (en alphabet phonétique [ʃ]) comme dans le mot « chapeau », ou encore [z], notamment après une voyelle nasale.
  • « g » se prononce le plus souvent comme dans le mot français « gué », mais à l'intérieur d'un mot il peut se prononcer comme un « r » français (en alphabet phonétique [ɣ]), et au début parfois [gw]

Grammaire

Les phrases sont construites sur le modèle S AUX O V X (sujet - marque prédicative - objet direct - verbe - object indirect ou circonstant) .

Il n'y a aucun genre grammatical en bambara. Le genre pour un nom peut être spécifié dans certains cas en ajoutant un suffixe -cɛ pour les noms masculins et -muso pour les noms féminins. Le pluriel se forme en ajoutant « -w » ou (pour 4 mots) « -nu » aux noms ou adjectifs.

Il n'y a pas de conjugaison. La marque du temps et les formes affirmatives/négatives sont restituées par des marques prédicatives placées après le sujet : ù yé sògo` dún : ils ont mangé de la viande, ù tɛ́nà sògo dún : ils ne mangeront pas de viande, avec ù = ils (ou elles), yé = marque du complétif affirmatif, tɛ́nà = marque du futur négatif, sògo = viande, dún = manger.

Les déterminants des noms (adjectifs, nombre) sont postposés. jíri tán = dix arbres, jíri misɛn = un petit arbre.

Le bambara utilise des postpositions, comme bólo, qui indique la possession, qui a une valeur locative, etc. Beaucoup de postpositions ont la même forme que des noms : par exemple, bólo signifie aussi 'main'.

Le bambara dispose de beaucoup de conjonctions, mais beaucoup d'entre elles ont été remplacées dans l'usage quotidien par des mots empruntés au français tels que parce que.

Exemples

I tɔgɔ ye di ? I tɔgɔ ? E tɔgɔ?- Comment t'appelles-tu ? (Ton nom est comment ?) Ne tɔgɔ ye Abdul - Je m'appelle Abdoul. (Mon nom Abdoul.) I jamu? - Quel est ton nom de famille ? Ne jamu Keyita.

Ne bɛ bamanankan fɔ dɔɔnin-dɔɔnin
Je parle un peu de bambara
I bɛ taa dumuni kɛ wa?
Tu vas manger ?
Ne bɛ taa
Je pars, je m'en vais,

Salutations :

Matin : I ni sɔgɔma! > i ni sɔgɔma (i = tu ; aw = vous; ni = et sɔgɔma = matin)

Midi : I ni tile! > i ni tile

Après-midi : I ni wula! > i ni wula (bonsoir)

Soir & Nuit : I ni su! > i ni su (au pluriel aw ni su)

Comment vas-tu ? : I ka kɛnɛ? (pour le pluriel= aw ka kénè)

Bonne arrivée : I ni se!

Merci : I ni ce

Au revoir : K'an bɛn

Viens: Na yan

Exemples

Mot Traduction Prononciation standard
terre dugukolo dougou kolo
ciel sankolo
eau ji dji
feu tasuma tasouma
homme tiè
femme muso mousso
manger dun dun
boire min mi
grand kɔrɔ kôrô
petit dɔgɔ dôgô
nuit su sou
jour tile tlé, klé
gros belebele
un kelen
deux fila
trois saba
quatre naani
cinq duuru dourou
six wɔɔrɔ wôôrô
sept wolonwula wolonwoula
huit segin
neuf kɔnɔntɔn
dix tan
travail baara
enfant den
argent wari

Pronoms personnels

Les pronoms personnels de la langue bambara (non-emphatiques/emphatiques) :

  • ń/nê
  • í/ê
  • à/àlê
  • án/ánw
  • á/áw
  • ù/òlú

Enseignement du bambara

En France, le bambara est enseigné à l'INALCO (Langues'O), où il est possible d'obtenir une licence de « Mandingue »[4]. Un cours de bambara existe au sein de l'École Normale Supérieure de Paris[5]. Des cours sont également régulièrement proposés par des centres sociaux[6] et des associations[7],[8] en région parisienne. Cela semble attester d'une petite dynamique autour de l'apprentissage de la langue bambara en France.
Au Mali, le bambara est enseigné au Centre d'Étude de Langue bambara de Falajè[9].

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Charles Bailleul, Cours pratique de bambara, Éditions Donniya,
  • Charles Bailleul, Dictionnaire bambara-français, Éditions Donniya,
  • Louis-Gustave Binger, Essai sur la langue bambara parlée dans le Kaarta et dans le Bélédougou ; suivi d'un vocabulaire, avec une carte indiquant les contrées où se parle cette langue, Paris, Maisonneuve frères et C. Leclerc, (lire en ligne)
  • Gérard Dumestre et Michiyo Hosaka, « Observations sur le bambara de Kolona (sud Mali) », Mandenkan, no 36,‎ , p. 85-107 (lire en ligne)
  • Gérard Dumestre, Grammaire fondamentale du bambara, Karthala,
  • Gérard Dumestre, Dictionnaire bambara-français, Karthala,
  • (de) Raimund Kastenholz, Grundkurs Bambara (Manding) mit Texten, Köln, Rüdiger Köppe Verlag,
  • (en + man) Valentin Vydrine, Manding-English Dictionary (Maninka, Bamana), vol. 1, Saint-Petersbourg, Dimitry Bulanin Publishing House,

Articles connexes

Liens externes

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