Appel du (Charles Tillon)

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L'Appel du désigne un tract de Charles Tillon diffusé à Bordeaux avec la complicité de certains kiosquiers communistes. Les tracts rapportant l'appel du dirigeant du Parti communiste étaient encartés dans des journaux bordelais comme La France ou La Petite Gironde.

Le contexte politico-diplomatique et militaire[modifier | modifier le code]

Ce même jour, le maréchal Pétain, nommé président du Conseil par le président Albet Lebrun[1] fait un discours radiophonique :

« À l’appel de Monsieur le Président de la République, j’assume à partir d’aujourd’hui la direction du gouvernement de la France. Sûr de l’affection de notre admirable armée qui lutte, avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires, contre un ennemi supérieur en nombre et en armes ; sûr que, par sa magnifique résistance, elle a rempli ses devoirs vis-à-vis de nos alliés ; sûr de l’appui des anciens combattants que j’ai eu la fierté de commander, sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur. En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés, qui dans un dénuement extrême sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude.
C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec moi, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités. Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n’obéir qu’à leur foi dans le destin de la patrie[2]. »

Ce discours et cette nomination font suite à la démission de Paul Reynaud du poste de Président du Conseil.

Entre le et le , l'armée belge faisait défection, et la Grande-Bretagne décidait, sans concertation avec le commandement français, de replier son armée en rembarquant par Dunkerque la totalité de son corps expéditionnaire de 200 000 hommes, ainsi que 140 000 Français, laissant le reste de l'armée française seule face aux Allemands.

Le représentant de Churchill auprès du gouvernement français, le général Edward Spears, est venu à Bordeaux le pour tenter de convaincre Paul Reynaud et Georges Mandel, ministre de l'Intérieur, de rejoindre Londres, mais sans succès[3],[4]. Reynaud allait démissionner et Mandel était sur le point d'embarquer à bord du paquebot Massilia pour continuer la guerre depuis l'Afrique du Nord. Résolu de longue date à refuser la défaite et à continuer le combat, de Gaulle décide de repartir à Londres ce même jour et Spears l'accompagne dans l'avion mis à disposition de De Gaulle par Churchill pour son voyage de retour en France la veille[4].

Le tract[modifier | modifier le code]

Ce texte a pu être présenté comme un appel à la résistance au fascisme hitlérien (il revendique notamment la « formation d'un gouvernement populaire (…) luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles »). Selon Yves Santamaria, il n'est toutefois que « modérément décalé par rapport aux analyses kominterniennes », dénonce la guerre comme impérialiste et rejette l'alliance avec l'Angleterre[5]. Pour leur part, Jean-Pierre Besse et Claude Pennetier sont sensibles à la différence de ton entre ce tract, offensif envers l'hitlérisme, et les comportements plus ambigus à la même période d'autres membres de la direction du parti (dont Jacques Duclos). Le tract de Charles Tillon leur semble symptomatique de la pensée d'un dirigeant proche des milieux syndicalistes, davantage en prise avec la classe ouvrière, et qui ne s'est rendu qu'une fois (en 1931) en Union soviétique[6].

Un texte plus long, d'une vingtaine de pages, publié également à Bordeaux le (le « manifeste de Bordeaux »), reprend et développe les mêmes thèmes, vilipendant plus vivement encore l'hitlérisme mais aussi le régime de Vichy et l'armistice, qualifié de « pacte de bourreaux »[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ferro 1987, p. 84-85.
  2. Ferro 1987, p. 85-86.
  3. Lacouture 1984, p. 349-354.
  4. a et b Roussel 2002, p. 117-124.
  5. Santamaria 2001, p. 331. Cité par Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, L'affaire Guy Môquet : Enquête sur une mystification officielle, Larousse, , p. 76.
  6. a et b Jean-Pierre Besse et Claude Pennetier, Juin 40, la négociation secrète, L'Atelier, , p. 157–159.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]