Antoine Chaumont de La Galaizière

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Antoine Chaumont de La Galaizière
Fonctions
Intendant de la généralité de Strasbourg
-
Intendant de Lorraine et du Barrois
-
Intendant de la généralité de Montauban
-
Conseiller d'État
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Famille
Père
Fratrie

Antoine Chaumont de La Galaizière ou Antoine de Chaumont de La Galaizière, né à Paris le et mort au château de Mareil-le-Guyon le est un magistrat et intendant de l'Ancien Régime.

Biographie[modifier | modifier le code]

Antoine Chaumont ou de Chaumont naît à Paris le [1],[2],[3]. Il est baptisé le même jour dans l'église Saint-Paul des Champs[2]. Il est le fils d’Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, intendant et chancelier de Lorraine et de son épouse Louise-Élisabeth Orry de Fulvy[1],[4],[5],[3].

Il porte les titres de marquis de Bayon et de comte de Mareil-le-Guyon et de Chaumont-sur-Moselle[5]. Ce dernier titre lui est donné par lettres patentes de Louis XVI du qui donnent le nom de Chaumont-sur-Moselle à sa seigneurie de Neuviller, où il possède un château[6].

Début de carrière[modifier | modifier le code]

En 1746, il devient conseiller au Parlement de Paris, avec une dispense d'âge[1],[7] puis en 1749 maître des requêtes[2],[4],[5],[7], bénéficiant aussi d'une dispense d'âge puisqu'il n'a pas atteint l'âge de 30 ans normalement requis pour devenir maître des requêtes[1],[8].

Il commence sa carrière d'intendant comme intendant de la généralité de Montauban en 1756[9],[2],[4],[5],[7]. À Montauban, il se heurte à la Cour des aides[9].

En Lorraine[modifier | modifier le code]

Son père, Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, intendant et chancelier de Lorraine, obtient en 1758 qu'Antoine vienne en Lorraine l'assister. Le fils succède donc au père dans la fonction d'intendant de Lorraine et du Barrois tandis que le père reste chancelier de Lorraine[10]. Le , Antoine est nommé intendant de Lorraine et du Barrois par Stanislas Leszczynski[10],[2],[4].

Après la mort de celui-ci et l'annexion de la Lorraine à la France en 1766, Antoine reste intendant de Lorraine et du Barrois, cette fois au nom du roi de France[10],[2],[4],[7]. En effet, si les fonctions de chancelier de Lorraine de son père disparaissent à la mort de Stanislas Leszczynski le , Louis XV proroge Antoine Chaumont de La Galaizière à son poste deux jours après[11]. C'est donc Antoine qui gère les problèmes liés à l'intégration de la Lorraine dans le royaume. Il est coopté comme membre de l'Académie de Stanislas[4] en 1759 et il y exerce deux mandats de directeur, en 1761 et en 1768[5].

En 1769, il vend son office de maître des requêtes[1].

Il allège la corvée d'entretien des routes et confie de plus en plus les travaux à des entreprises. Il organise le rachat de la corvée, impôt en nature, par les communautés qui y sont assujetties[12].

Il organise le partage des communaux et le remembrement dans trois villages dont il est seigneur : Roville, Neuviller, La Neuville-sous-Bayon. Ces partages sont homologués en 1771, mais ils donnent lieu à des contestations. À Roville, les paysans rétablissent le troupeau commun en 1781 et le mènent paître sur le domaine seigneurial. Chaumont de La Galaizière perd le procès qui en découle devant la Cour souveraine de Nancy, avec qui il est en conflit[13],[14],[15]. Son appel au Conseil ne sera jamais jugé, à cause de la Révolution[13].

Chaumont de La Galaizière fait partie du groupe des intendants amis des encyclopédistes, qui à partir des années 1770, agissent pour moderniser le pays en promouvant le libéralisme économique[16].

En Alsace[modifier | modifier le code]

Il change ensuite de province, devenant intendant d'Alsace de 1778 à la suppression des généralités[17],[2],[4],[7]. Il cherche à développer l'industrie manufacturière[4].

En 1780, exprimant un point de vue officiel, il souligne que les anabaptistes, petite minorité installée en Alsace à la fin du XVIIe siècle, n'y ont pas d'existence légale[18].

En 1783, il organise le partage des communaux dans le Sud de l'Alsace[15].

En 1784, il élabore et publie des lettres patentes qui redéfinissent les droits et les devoirs des juifs alsaciens, les soumettant à un régime d'autorisation pour se marier et leur donnant le droit de travailler la terre, tout en organisant leur dénombrement. Chaumont de La Galaizière veut à la fois faire baisser le nombre de juifs en Alsace et donner plus de moyens de subsistance à ceux qui y sont installés[19].

Le , il ouvre la réunion de l'Assemblée provinciale d'Alsace par un discours qui met l'accent sur les réformes fiscales et économiques et tolérance et alerte sur les dangers de l'expression populaire irréfléchie[20],[18].

Démis de sa charge d'intendant d'Alsace en , il n'y revient plus ensuite[4],[5]. Au moment de la création des départements, il organise néanmoins la transition, demandant des instructions à propos de la répartition des archives de l'intendance[21].

Conseiller d'État[modifier | modifier le code]

Tout en restant intendant d'Alsace, il est promu conseiller d'État semestre en 1782[22],[2],[4].

En 1785, il préside la commission sur la corvée, réunie sur ordre du ministre Calonne et à laquelle participe le cousin d'Antoine, Antoine-Louis Chaumont de La Millière, intendant des ponts et chaussées. Les travaux de cette commission aboutissent en 1787 au remplacement de la corvée par un impôt en numéraire[23],[24].

En 1789, au moment de la réunion des États généraux il est à Paris. Il fait partie des quatre conseillers d'État qui forment la commission des États généraux[25]. En raison de cette fonction, il assiste au Conseil du au cours duquel Louis XVI ajourne, sans doute sur intervention de Marie-Antoinette, un projet de charte constitutionnelle et de réforme fiscale proposé par Necker à la suite de la proclamation de l'Assemblée nationale le . Louis XVI confie à Chaumont de La Galaizière la mission de préparer pour le lendemain un rapport sur ce projet. Le lendemain, , les députés du Tiers-État prêtent le serment du Jeu de Paume. Au Conseil du même jour, Chaumont de La Galizière présente son rapport, hostile à la proposition de Necker, qui n'est pas retenue[25],[26].

Pendant la Révolution et l'Empire[modifier | modifier le code]

Pendant la Révolution française, il émigre en Angleterre[2],[4],[5],[7] et rentre en France en 1803[2] ou en 1805,[7].

Antoine de Chaumont de La Galaizière meurt au château de Mareil-le-Guyon le [a].

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Il épouse, à Paris le Marie Geneviève Perrine Pétronille Maussion de La Courtaujay (1741-1799), fille d’Étienne-Charles Maussion de La Courtaujay, receveur général d’Alençon, et de Marie-Thérèse-Antoinette Bergeret[22],[2],[4],[7]. Ils ont deux fils et trois filles :

  • Antoine Pierre de Chaumont de La Galaizière (1759-1846), marquis de La Galaizière, intendant adjoint de son père en Alsace, banquier sous le Directoire, conseiller d'État honoraire à la Restauration[28],[2],[29] ;
  • Charles, comte de Mareil, mort en 1835[30],[7] ;
  • Louise (1760-1837), épouse d'Étienne-Henri d'Escayrac[31],[7] ;
  • Sophie, née en 1762[32], épouse du vicomte de Buffevent[7] ;
  • Eugénie, née en 1768, épouse en 1783 de Jean-Thérèse-Louis de Beaumont, marquis d'Autichamp[33],[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Note[modifier | modifier le code]

  1. Le est la date indiquée par Sylvie Nicolas[2] et Bernd Klesmann,[7]. Jean-Marie Schmitt et Alain Petiot affirment qu'il est mort le [4],[5]. La date de son décès sur le registre d'état civil de la commune de Mareil-le-Guyon est bien le [27].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Boyé 1937, p. 132.
  2. a b c d e f g h i j k l et m Nicolas 1998, p. 132.
  3. a et b Klesmann 2019, p. 433.
  4. a b c d e f g h i j k l et m Schmitt 1985.
  5. a b c d e f g et h Petiot.
  6. Boyé 1937, p. 145.
  7. a b c d e f g h i j k l et m Klesmann 2019, p. 434.
  8. Michel Antoine, Le Conseil du roi sous le règne de Louis XV, Genève, Droz, coll. « Mémoires et documents publiés par la société de l'École des chartes », , 666 p., p. 232.
  9. a et b Boyé 1937, p. 135-136.
  10. a b et c Michel Antoine, Le Dur Métier de roi, Paris, Presses Universitaires de France, (ISBN 978-2-13-039680-2, DOI 10.3917/puf.antoi.1986.01, lire en ligne), p. 185-186.
  11. Michel Antoine, Louis XV, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », (1re éd. 1989), 1053 p. (ISBN 9782010178184), p. 844.
  12. Maurice Bordes, « Les routes des intendants », dans Charles Higounet (dir.), L’homme et la route : En Europe occidentale, au Moyen Âge et aux Temps modernes, Presses universitaires du Mirail, coll. « Flaran » (no 2), (ISBN 978-2-8107-1066-9, DOI 10.4000/books.pumi.21221, lire en ligne), p. 151–179.
  13. a et b Marc Bloch, « La lutte pour l'individualisme agraire dans la France du XVIIIe siècle. Deuxième partie : conflits et résultats. Troisième partie : la Révolution et le « Grand Œuvre de la propriété » », Annales ESC, vol. 2, no 8,‎ , p. 511–556 (DOI 10.3406/ahess.1930.1264, lire en ligne, consulté le ).
  14. Nadine Vivier, « Communaux et vitalité communautaire en France à la fin de l'Ancien Régime et pendant la Révolution », Annales historiques de la Révolution française, vol. 315, no 1,‎ , p. 63–81 (DOI 10.3406/ahrf.1999.2224, lire en ligne, consulté le ).
  15. a et b Nadine Vivier, Propriété collective et identité communale: Les biens communaux en France, 1750-1914, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles » (no 46), (ISBN 978-2-85944-352-8 et 979-10-351-0489-4, DOI 10.4000/books.psorbonne.62137, lire en ligne), p. 66-68.
  16. Louis Trenard, « L'Absolutisme éclairé : le cas français », Annales historiques de la Révolution française, vol. 238, no 1,‎ , p. 627–649 (ISSN 0003-4436, DOI 10.3406/ahrf.1979.4361, lire en ligne, consulté le ).
  17. Boyé 1937, p. 137.
  18. a et b Éric Hartmann, La Révolution française en Alsace et en Lorraine, Paris, Éditions Perrin, , 584 p. (ISBN 978-2-262-00755-3, DOI 10.3917/perri.hartm.1990.01, lire en ligne), p. 17, 29.
  19. Robert Anchel, « Les lettres patentes du 10 juillet 1784 », Revue des études juives, vol. 93, no 186,‎ , p. 113–134 (lire en ligne, consulté le ).
  20. Georges Livet, « De la mosaïque à l'unité : la conscience provinciale en Alsace à la fin du XVIIIe siècle », Revue du Nord, vol. 66, no 261,‎ , p. 839–851 (DOI 10.3406/rnord.1984.4051, lire en ligne, consulté le ).
  21. Bruno Delmas, « Des intendances aux départements. Transmission, dispersion et recomposition des archives locales au début de la Révolution française (1790-1791) », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 166, no 1,‎ , p. 163–194 (DOI 10.3406/bec.2008.464666, lire en ligne, consulté le ).
  22. a et b Boyé 1937, p. 134.
  23. Henri Sée, « André Lesort. — La question de la corvée des grands chemins sous Louis XVI après la chute de Turqot (1776-1786). (Comité des Travaux historiques, section d'histoire moderne et contemporaine. Notices, inventaires et documents, fasc. VII », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 35, no 3,‎ , p. 512–513 (lire en ligne, consulté le ).
  24. Anne Conchon, La corvée des grands chemins au XVIIIe siècle: Économie d'une institution, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-4983-8 et 978-2-7535-5555-6, DOI 10.4000/books.pur.45591, lire en ligne), p. 229-276.
  25. a et b Alexandre Maral, Les derniers jours de Versailles, Paris, Perrin, coll. « Tempus », , 832 p. (ISBN 9782262101336), p. 264-266, 279-281.
  26. Joël Félix, Louis XVI et Marie-Antoinette : Un couple en politique, Paris, Payot, coll. « Biographie Payot », , 669 p. (ISBN 9782228901079), p. 463-464.
  27. « Registres paroissiaux et d'état-civil », Mareil-le-Guyon, registre NMD 1802-1818 (4E 1564), vue 76/110, sur archives.yvelines.fr (consulté le ).
  28. Boyé 1938, p. 481-490.
  29. Klesmann 2019, p. 443.
  30. Boyé 1938, p. 490.
  31. Boyé 1938, p. 492-494.
  32. Boyé 1938, p. 496-498.
  33. Boyé 1938, p. 499.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Boyé, « Le chancelier Chaumont de La Galaizière et sa famille », Le Pays lorrain, vol. 28 ; 29 ; 30,‎ 1936 ; 1937 ; 1938, p. 113-132, 441-460, 537-552 ; 129-157 ; 481-507 (lire en ligne).
  • Olga Ilovaïsky, « Un homme des Lumières conseiller de Louis XVI pour l’organisation de la convocation des États généraux de 1789. Antoine de Chaumont, marquis de La Galaizière », dans Haydn Mason (dir.), Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, vol. 296, Oxford, Voltaire Foundation, , 343 p., p. 243-343.
  • (de) Bernd Klesmann, Die Notabelnversammlung 1787 in Versailles : Rahmenbedingungen und Gestaltungsoptionen eines nationalen Reformprojekts, Ostfildern, Thorbecke-Verlag, coll. « Beihefte der Francia » (no 83), , 569 p. (ISBN 978-3-7995-7474-7, lire en ligne).
  • Sylvie Nicolas, Les derniers maîtres des requêtes de l'Ancien Régime (1771-1789) : Dictionnaire prosopographique, Paris, École des Chartes, coll. « Mémoires et documents de l'École des Chartes » (no 51), , 399 p. (ISBN 2-900791-21-9), p. 132.
  • Alain Petiot, « La Galaizière, Antoine Chaumont de » [PDF], sur Académie de Stanislas.
  • Jean-Marie Schmitt, « Chaumont de La Galaizière Antoine », dans Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, Strasbourg, Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace, (lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]