Alexandre Isaac

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Alexandre Isaac
Illustration.
Fonctions
Sénateur 1885-1899

(14 ans, 5 mois et 4 jours)
Réélection 4 février 1894
Gouvernement IIIe République
Groupe politique Gauche radicale
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Pointe-à-Pitre, Guadeloupe
Date de décès (à 54 ans)
Lieu de décès Vanves, Seine
Résidence Guadeloupe

Alexandre Isaac[1] ou Pierre Isaac[2], de son nom complet Pierre Alexandre Ildefonse Isaac (né le à Pointe-à-Pitre - mort le à Vanves) est un administrateur et homme politique français. Directeur de l'Intérieur en Guadeloupe de 1879 à 1884, il fut l'un des principaux artisans de l'organisation de l'enseignement primaire et secondaire public en Guadeloupe. Sénateur radical de la Guadeloupe de 1885 à 1899, son implication et sa grande compétence, principalement dirigées vers les questions coloniales, lui valurent d'être secrétaire du Sénat de 1892 à 1895. Il est considéré à Pointe-à-Pitre comme « une des plus grandes figures de couleur qu'aient produites les Antilles françaises[3] ».

Biographie[modifier | modifier le code]

Issu de la petite bourgeoisie guadeloupéenne, Alexandre Isaac commence sa carrière dans l'administration locale. En , il est nommé receveur de l'enregistrement à Basse-Terre. En , il soutient sa thèse pour une licence de droit, un commentaire du Digeste L, 8 (De administratione rerum ad civitates pertinentium). En , il devient directeur de l'Intérieur à la Guadeloupe. Il met en place en 1880 un ambitieux programme scolaire, s'inspirant des idées que faisaient alors circuler en métropole Jules Ferry, Camille Sée ou Paul Bert.

En 1880 la Guadeloupe n'avait encore guère bénéficié des avancées des lois Guizot (1833) et Falloux (1850). Le système scolaire, confié aux Frères de Ploërmel, était encore peu développé et reproduisait de manière très marqué les inégalités entre la bourgeoisie blanche désireuse de conserver ses privilèges et la petite bourgeoisie noire, qui voulait accéder à l'éducation. Isaac présente le au Conseil Général un programme d'organisation scolaire instaurant un enseignement public et gratuit (via création d'écoles primaires, la formation d'un corps d'instituteurs et d'institutrices et l'organisation d'une caisse des écoles), la création du lycée Carnot[4] de Pointe-à-Pitre, d'un enseignement professionnel et d'un enseignement agricole. L'application des lois Ferry sur la gratuité de l'enseignement primaire public () et son caractère obligatoire () permet de renforcer ce programme. Le , le lycée de Pointe-à-Pitre est inauguré[5] et le , une école professionnelle est annexée à l'arsenal de Basse-Terre.

En 1884, il quitte ses fonctions. Après un bref passage comme avocat à la Cour d'appel de Paris[6], il est élu le sénateur de la Guadeloupe à l'unanimité des voix[7]. Durant son premier mandat, il rejoint la Gauche radicale, appartenant à la majorité radicale. Il intervient dans plusieurs discussions importantes, aussi bien générales (nationalité, budget, etc.), que plus locales (sucres en 1886, traités et conventions entre la France et la République dominicaine en 1887)[7]. Poursuivant son œuvre scolaire, il intervient auprès du gouvernement pour l'application intégrale à l'enseignement colonial des règlements métropolitains. Il fait également des démarches auprès du Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-arts pour l'envoi de livres aux bibliothèques scolaires de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre et de tableaux aux musées et établissements publics de ces villes. Très désireux que la Guadeloupe et de la Martinique soient assimilés aux départements français[6], il propose en 1890 avec le sénateur de Martinique Vincent Allègre une loi visant la transformation des colonies françaises des Antilles en départements français, sans succès.

Son activité est cependant dès son premier mandat surtout dirigée vers les questions coloniales[6]. En dehors du Sénat, il écrit de nombreux ouvrages et dirige le journal La Liberté coloniale, dans le premier numéro duquel il écrit en 1888 : « Il faut que l'on finisse par se persuader en France, que les colonies ne sont pas des propriétés à exploiter, qu'elles ne constituent pas des pays conquis, soumis aux exigences de la rançon de guerre. » En 1887, il interpelle le gouvernement au sujet de l'organisation de l'Indochine puis propose l'année suivante de constituer une commission pour l'examen des réformes à introduire dans le régime des colonies et possessions françaises[7]. Après 1889, après le vote de la loi militaire d'obligation de juillet, il demande que dans l'application de cette loi étendue aux colonies, on veuille bien prévoir des exceptions de manière à ne pas troubler la vie agricole de la France d'Outre-mer. Il demande aussi la création d'un certificat d'aptitudes agricoles et commerciales dont les titulaires seraient dispensés du service. En 1891, il fait partie de la commission tendant à modifier l'organisation de l'Algérie et s'y rend en 1892. Cette grande implication dans la vie du Sénat lui vaut d'être élu secrétaire du Sénat de 1892 à 1894[6].

Réélu difficilement après une « campagne électorale assez vive » en 1894, il continue à s'intéresser principalement aux colonies, et en premier lieu aux Antilles et à l'Algérie. Rédacteur de nombreux rapports au sujet de celle-ci, il propose de mieux représenter ses indigènes et de lui conférer plus d'autonomie. En 1898, lors de l'affaire Dreyfus, il s'engage du côté dreyfusard, et est l'un des fondateurs de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen. Il fut vice-président du Comité de protection et de défense des indigènes de Paul Viollet. Il meurt le à son domicile de Vanves, au Sud direct de Paris.

Principaux ouvrages publiés[modifier | modifier le code]

  • L'Immigration indienne et la nouvelle réglementation à la Guadeloupe, Pointe-à-Pitre : impr. du "Progrès", (s. d.), 68 p.
  • Choses coloniales. Réponse à la Nouvelle Revue, Paris : Challamel aîné, 1884, 57 p.
  • Alexandre Isaac, Questions coloniales : Constitution et Senatus-Consultes, Paris, Librairie Guillaumin et Cie, , 206 p. (lire en ligne)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Selon le collège qui porte son nom, aux Abymes, et les différents articles et livres qu'il a écrits
  2. Son patronyme selon le Site du Sénat.
  3. Selon le site officiel de la ville de Pointe-à-Pitre.
  4. Historique du lycée Carnot sur le site de l'Académie de la Guadeloupe.
  5. Il prend deux ans plus tard le nom de Sadi Carnot
  6. a b c et d Jolly (1960)
  7. a b et c Robert et Cougny (1889)

Documentation[modifier | modifier le code]

« Alexandre Isaac », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition] Texte sur le site du Sénat « Alexandre Isaac », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] Texte sur le site du Sénat

« Alexandre Isaac », dans Henri Adolphe Lara, Contribution de la Guadeloupe à la pensée française : 1635-1935, Paris : Jean Crès, 1936, p. 202-214 Lire en ligne