Élections sénatoriales cambodgiennes de 2024

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Élections sénatoriales cambodgiennes de 2024
62 sièges du Sénat
Corps électoral et résultats
Inscrits 11 747
Votants 11 730
99,86 % en augmentation 0,1
Blancs et nuls 31
Parti du peuple cambodgien – Hun Sen
Voix 10 052
85,92 %
en diminution 10,1
Sièges obtenus 55 en diminution 3
Parti khmer de la volonté – Kong Molika
Voix 1 394
11,92 %
Sièges obtenus 3

Les élections sénatoriales cambodgiennes de 2024 se déroulent le afin de renouveler au scrutin indirect 58 des 62 membres du Sénat du Cambodge.

Le Parti du peuple cambodgien (CPP) domine de manière écrasante la scène politique après avoir fait interdire ou empêcher de concourir les principaux partis d'opposition. Après avoir transmis le poste de Premier ministre à son fils Hun Manet, le dirigeant du CPP Hun Sen ambitionne d'être élu à la présidence du Sénat.

Le CPP remporte comme attendu la quasi-totalité des sièges à pourvoir.

Contexte[modifier | modifier le code]

Hun Sen.

Les élections sénatoriales de 2018 sont remportées sans grande surprise par le Parti du peuple cambodgien du Premier ministre Hun Sen. A la suite de la crise politique de 1997, le gouvernement a en effet fait interdire les principaux partis d'opposition — dont le Parti du sauvetage national du Cambodge — par une Cour suprême jugée à ses ordres, conduisant de facto à un système à parti unique[1]. Kem Sokha, chef de l'opposition parlementaire, a été arrêté et inculpé de complot contre le régime avec l'aide des États-Unis en [2]. Sam Rainsy, précédent chef de l'opposition, est interdit de retour au pays. La presse indépendante n'existe presque plus : le Cambodia Daily a été fermé en 2017, et le Phnom Penh Post a été vendu en à une entreprise proche du Premier ministre Hun Sen. En 2017 également, une trentaine de chaînes de radio, dont l'antenne locale de Radio Free Asia, ont été fermées par les autorités. Les journalistes travaillent dans un climat d'intimidations de la part du gouvernement[3].

Le Parti du peuple cambodgien remporte par conséquent les élections sénatoriales de février 2018 en obtenant la totalité des sièges élus par les conseillers municipaux. Le Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif (FUNCINPEC), qui forme une opposition contrôlée, obtient quant à lui deux sièges élus par l'Assemblée nationale. Le roi Norodom Sihamoni nomme par ailleurs sénatrices les princesse royales Norodom Arunrasmy et Oum Somanin[4],[5]. Les élections législatives organisées cinq mois plus tard voient le CPP remporter la totalité des sièges à l'assemblée nationale[6]. L'ONG Human Rights Watch dénonce une parodie de démocratie et la partialité politique de la Commission nationale électorale[7].

Le gouvernement tolère un temps la reconstitution d'une opposition autour notamment du Parti de la bougie. Les élections municipales de 2022 font office de test électoral avant les législatives, et voient la victoire écrasante du CPP[8]. Dans la foulée, le Parti de la bougie se voit refuser son enregistrement par le Comité électoral national le 15 mai 2023, qui prétexte le manque de plusieurs documents requis et disqualifie ainsi le parti pour les élections législatives de juillet 2023[9]. En l'absence des principaux partis d'opposition, le Parti du peuple cambodgien remporte sans surprise le scrutin avec 120 sièges sur les 125 à pourvoir, le reste revenant au Funcinpec[10],[11]. Avec sa victoire aux élections municipales et législatives, le Parti du peuple cambodgien domine ainsi largement le collège électoral amené à élire les futurs sénateurs.

Hun Manet.

Hun Sen prépare alors depuis plus d'un an une succession dynastique du pouvoir au profit de son fils, Hun Manet, âgé de 44 ans. Fin , après s'être fait désigner comme candidat du parti à un nouveau mandat de Premier ministre, il obtient ainsi du CPP la nomination unanime de son fils comme « futur Premier ministre » sans toutefois préciser à quel moment la passation de pouvoir aura lieu[12],[13]. Une semaine avant le scrutin, le Premier ministre annonce qu'il transférera le pouvoir à son fils au plus tard un mois après les élections, tout en assurant vouloir maintenir son influence dans la vie politique cambodgienne en restant notamment président du CPP[14]. Trois jours après le scrutin, Hun Sen annonce l'accession de son fils au poste de Premier ministre pour le 22 août. Le premier ministre sortant fait également part de son ambition d'être élu à la présidence du Sénat après les élections sénatoriales de février 2024, faisant de lui le numéro deux du système politique[15].

Mode de scrutin[modifier | modifier le code]

Le sénat est la chambre haute du parlement bicaméral du Cambodge. Il est composé de 62 sièges pourvus pour six ans, dont 58 au scrutin proportionnel plurinominal indirect par un collège électoral composé des conseillers municipaux. Les sièges sont répartis dans huit circonscriptions plurinominales basées sur les 24 provinces du Cambodge, et pourvus selon la méthode de la plus forte moyenne. Sur les quatre sénateurs restants, deux sont désignés par le roi et deux autres élus par l’Assemblée nationale[16].

Le nombre de sénateurs élus par les conseillers municipaux évolue en fonction de la population du pays, tout en étant limité au maximum à la moitié du nombre de députés composant l'Assemblée nationale. Il est ainsi passé de 57 à 58 en 2018[16].

Résultats[modifier | modifier le code]

Résultats des sénatoriales cambodgiennes de 2024[17],[18],[19],[20]
Parti Votes % +/– Sièges +/–
Parti du peuple cambodgien 10 052 85,92 en diminution 13,13 55 en diminution 3
Parti khmer de la volonté 1 394 11,92 Nv 3 en augmentation 3
Parti du pouvoir de la nation 234 2,00 Nv 0 en stagnation
FUNCINPEC 19 0,16 en diminution 2,21 0 en stagnation
Membres élus par l'assemblée 2 en stagnation
Membres nommés par le roi 2 en stagnation
Votes valides 11 699 99,73
Votes blancs et nuls 31 0,27
Total 11 730 100 62 en stagnation
Abstention 17 0,14
Inscrits / participation 11 747 99,86

Analyse[modifier | modifier le code]

Comme attendu, le Parti du peuple cambodgien remporte la quasi-totalité des sièges, seuls trois revenant à un parti d'opposition, le Parti khmer de la volonté, affilié au Parti de la bougie. La victoire du Parti du peuple ouvre la voie à l'élection de Hun Sen à la présidence du Sénat[21].

L'Assemblée nationale élit le 1er mars Sok Eysan et Heng Halim au poste de sénateurs, parmi quatre candidats dont Ear Khimeng et Tep Kosal. Les deux nouveaux sénateurs sont tous deux membres du Parti du peuple cambodgien, Sok Eysan en étant d'ailleurs le porte-parole[22],[23]. Le 7 mars suivant, le roi Norodom Sihamoni nomme à nouveau sénatrice la princesse royale Norodom Arunrasmy, ainsi que le prince Sisowath Thomico[24].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Hermes Auto, « Cambodian Parliament launches era of one-party rule », sur The Straits Times, (consulté le ).
  2. Bruno Philip, « Dix-sept opposants graciés au Cambodge », Le Monde,‎ , p. 4.
  3. (en) « Newspaper takeover is 'staggering blow' to Cambodia's free press », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. CPP claims all 58 seats up for grabs in Senate
  5. (en) « CPP dominates Senate election - Khmer Times », sur Khmer Times - Insight into Cambodia, khmertimes, (consulté le ).
  6. « Cambodge: le parti de Hun Sen remporte l'ensemble des sièges au Parlement », sur La Croix (consulté le ).
  7. « Cambodge : Les élections du 29 juillet ne seront pas crédibles », sur Human Rights Watch, (consulté le ).
  8. Sivutha Nov, « 20 NA seats possible for Candlelight Party: Yara », sur Phnom Penh Post, (consulté le ).
  9. (en) « Cambodia disqualifies sole credible opposition Candlelight Party ahead of July election - ABC News », sur www.abc.net.au, (consulté le ).
  10. « Cambodge : élections législatives sans surprise ce dimanche », sur TV5MONDE - Informations, (consulté le ).
  11. La-Croix.com, « Cambodge : le parti de Hun Sen revendique un "raz-de-marée" dans des élections sans opposition », sur La Croix, lacroix.journal, (consulté le ).
  12. « Date of 2023 National Assembly election announced », sur Khmer Times, (consulté le ).
  13. (en) Prak Chan Thul, Kay Johnson, John Geddie, Christian Schmollinger et Gerry Doyle, « Cambodia's ruling party endorses PM's son as future leader », sur Reuters, (consulté le ).
  14. Le Point, magazine, « Elections au Cambodge: à l'aube d'un régime dynastique », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  15. (en) « Hun Manet will become new Prime Minister on August 22 - Khmer Times », sur Khmer Times - Insight into Cambodia, khmertimes, (consulté le ).
  16. a et b Inter-Parliamentary Union, « IPU PARLINE database: CAMBODGE (Senate), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  17. (en) « Cambodian People’s Party sweeps Senate Election with over 50 seats - Khmer Times », sur Khmer Times - Insight into Cambodia, khmertimes, (consulté le ).
  18. (en) « The Preliminary Result of the Election of Members of the Senate, 5th Legislature, 2024 (25 February 2024) », sur www.nec.gov.kh (consulté le ).
  19. (en) « CPP wins 55 seats at Senate Election 2024 - Khmer Times », sur Khmer Times - Insight into Cambodia, khmertimes, (consulté le ).
  20. (en) VietnamPlus, « Cambodia’s ruling party wins 55 out of 58 seats in Senate election », sur VietnamPlus, VietnamPlus, (consulté le ).
  21. (en) « Cambodia's ruling party wins Senate election, paving the way for Hun Sen to act as its president », sur AP News, (consulté le ).
  22. (en) « Sok Eysan and Heng Halim elected Senators for 5th Legislature - Khmer Times », sur Khmer Times - Insight into Cambodia, khmertimes, (consulté le ).
  23. (en) « NA picks Sok Eysan and Heng Halim as nominated Senators - Khmer Times », sur Khmer Times - Insight into Cambodia, khmertimes, (consulté le ).
  24. (en) « King appoints Prince Thomico, Princess Arunrasmy as senators - Khmer Times », sur Khmer Times - Insight into Cambodia, khmertimes, (consulté le ).