Église protestante de Baldenheim

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Église protestante de Baldenheim
Image illustrative de l’article Église protestante de Baldenheim
Présentation
Culte Luthéranisme
Type Église
Rattachement Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine
Protection Logo monument historique Classé MH (1970, église avec peintures murales, monuments funéraires)
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Alsace
Département Bas-Rhin
Commune Baldenheim
Coordonnées 48° 14′ 15″ nord, 7° 32′ 14″ est
Géolocalisation sur la carte : France
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Église protestante de Baldenheim
Géolocalisation sur la carte : Bas-Rhin
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Église protestante de Baldenheim

L'église protestante de Baldenheim est un monument historique situé à Baldenheim, dans le département français du Bas-Rhin.

Historique[modifier | modifier le code]

L’église de Baldenheim est mentionnée pour la première fois en 1371, bien qu’un lieu de culte existe probablement déjà auXIe siècle[1]. La nef est agrandie à l’époque romane et est l’objet d’autres travaux au XIVe siècle, pendant lesquels sont réalisés les plus anciennes peintures connues de la nef[2]. Elle est alors dédiée à saint Oswald, elle sert de nécropole à la famille de Rathsamhausen[1]. Un nouveau chantier touche la nef au XVe siècle, qui est surélevée et dont les anciennes fenêtres romanes sont remplacées par des baies gothiques. Les anciennes peintures sont recouvertes par un nouveau décor plus modeste. Le chœur est reconstruit à peu près à la même époque et reçoit un riche décor peint[3].

En 1576, Baldenheim passe a la Réforme et l’église est aménagée en conséquence : l’intérieur est entièrement repeint en blanc, de nouvelles fenêtres et une tribune sont aménagées dans la nef, où se déroule désormais le culte[4]. Dans le cadre du retour au catholicisme voulu par le roi de France, l’église devient simultanée en 1758, la nef étant attribuée aux protestants et le chœur aux catholiques, qui adoptent le patronage de saint Blaise. Cette décision ouvre sur une longue période de conflit entre les deux communautés, jusqu’à la construction de l’église catholique en 1937[1].

L’église est remise en état après le départ des catholiques, ce qui conduit à la mise au jour des peintures de la nef en 1938. Ces décors sont toutefois recouverts d’un badigeon au début des années 1950. L'édifice fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1970[2].

Architecture[modifier | modifier le code]

Situation et disposition générale[modifier | modifier le code]

L’édifice est situé au 1, rue de l’Église à Baldenheim. Il est composée d’un chœur orienté à une travée et chevet polygonal à trois pans. Il est précédé d’une nef à vaisseau unique plafonné de quatre travées, qui ouvre directement sur l’extérieur à l’ouest. Une tour faisant clocher et dont le rez-de-chaussé sert de sacristie est accolée au chœur du côté sud[1].

Tour[modifier | modifier le code]

La tour date pour l’essentiel de l’époque romane et compte un rez-de-chaussée carré surmonté de trois étages, le tout coiffé d’une flèche de charpente octogonale. Le rez-de-chaussé sert de sacristie et ouvre au nord sur le chœur. La présence d’un autel et de banquettes en pierre au premier étage indiquent qu’il a servi de chapelle. Celle-ci était autrefois accessible depuis le chœur, mais cette entrée est désormais condamnée et l’accès se fait par un escalier extérieur menant à une porte percée dans le mur occidental[1].

Chœur[modifier | modifier le code]

Le chœur comprend un avant-chœur, qui correspond à l’ancien chœur roman à chevet plat, suivi d’une travée droite et d’un chevet polygonal à trois pans construits lors de la campagne de la fin du XVe siècle. L’ensemble est couvert de voûtes d’ogives, dont les clefs portent les armoiries des Rathsamhausen-Ehnwihr. L’extension du XVe siècle fournit un éclairage abondant grâce à cinq fenêtres, tandis que l’avant-chœur ne dispose que d’une seule petite baie du côté nord, le côté sud étant aveugle du fait de la présence de la tour. Ce côté est de fait percé d’une porte donnant accès à la sacristie au rez-de-chaussée de la tour ; elle est surmontée d’une autre porte qui donnait accès au premier étage de la tour, mais n’est plus accessible depuis le chœur[1].

Mobilier[modifier | modifier le code]

Fresques[modifier | modifier le code]

Nef[modifier | modifier le code]

Les fresques de la nef sont composées de trois couches distinctes ayant été réalisés successivement entre le XIVe et XVIe siècles. Celle du XIVe siècle est la plus riche et est essentiellement visible dans la partie occidentale de la nef. Elle représente dans des tons rouges, jaunes et ocres des scènes de la vie du Christ et de la vie de la Vierge. Ces scènes comportent de nombreuses lacunes liées aux aménagements ultérieurs et aucune trace n’en a été trouvé dans la partie orientale de la nef[2].

La surélévation de la nef et de l’agrandissement des ouvertures au XVe siècle ont imposé de refaire un décor peint. Cette seconde couche est plus sobre que la précédente et consiste essentiellement en un faux appareil de pierre[2]. Contrepoint à cette sobriété, un grande scène représentant le Jugement dernier se développe au-dessus et autour de l’arc triomphal[5].

Chœur[modifier | modifier le code]

Le chœur est orné d’un décor peint de grande qualité réalisé vers 1490 et inspiré des œuvres de Martin Schongauer[6]. Chaque quartier de la voûte du chœur est ornée de l’un des emblèmes des quatre évangélistes, qui proviennent d’une série de gravures de Martin Schongauer datant des années 1470[7]. Le mur nord du chœur est occupé par une représentation du collège apostolique, qui a toutefois été mutilée ultérieurement par la construction du tombeau des Rathsamhausen. Il ne reste ainsi que huit des apôtres ainsi que le Christ bénissant. Les piliers de l’abside portent quant à eux une représentation de saint Paul et d’un martyr non identifié. Ces personnages sont également inspirés de Schongauer, mais, alors que celui-ci substitue saint Paul à saint Mathias, le peintre de Baldenheim représente les deux simultanément, bien que les attributs de Mathias soient incorrects[8].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pantxika Béguerie, « L'église protestante de Baldenheim : de l'influence de l'art de Martin Schongauer sur les peintures murales du chœur », Annuaire de la Société d’histoire de la Hardt et du Ried, vol. 8,‎ , p. 25-34 (ISSN 0990-6894, lire en ligne, consulté le ).
  • Daniel Gaymard, « Église protestante de Baldenheim, la résurrection d'un décor peint à l'occasion de sa restauration », Annuaire de la Société d’histoire de la Hardt et du Ried, vol. 6,‎ , p. 45-51 (ISSN 0990-6894, lire en ligne, consulté le ).


  • Pierre Brunel, « Corpus des marques de tailleurs de pierre : le presbytère protestant de Baldenheim », in Annuaire de la Société d'histoire de la Hardt et du Ried, 2003, no 16, p. 29-32
  • Marie-Lys de Castelbajac, « Église protestante de Baldenheim. Les peintures sur l'arc triomphal et dans le chœur : découvertes et restaurations », in Annuaire de la Société d'histoire de la Hardt et du Ried, 1994, no 7, p. 38-46
  • Daniel Grundler, L'église historique de Baldenheim, Schnell, Regensburg, 1997, 19 p.
  • Marcel Haegi, « Les peintures de la nef en l'église historique de Baldenheim », in Annuaire de la Société d'histoire de la Hardt et du Ried, 2006-2007, no 19, p. 27-28
  • Étienne Hamm et Pierre Brunel, « Observations archéologiques dans l'église historique de Baldenheim », in Annuaire de la Société d'histoire de la Hardt et du Ried, 2004, no 17, p. 33-42
  • Alain Meyer, « Baldenheim : les fresques retrouvées », in Le Messager évangélique, 1993, no 26, p. 9
  • Marc Muller, « Les monuments funéraires de la famille Waldner de Freundstein dans l'église de Baldenheim », in Annuaire de la Société d'histoire de la Hardt et du Ried, 1992, no 5, p. 40-44
  • Marc Muller, « Commentaire du monument funéraire de Françoise Bénigne Waldner von Freundstein dans l'église de Baldenheim », in Annuaire de la Société d'histoire de la Hardt et du Ried, 1996, no 9, p. 55-66
  • Marc Muller, « Ce que nous enseigne le monument funéraire de Wilhemine Augusta Waldner von Freundstein née de Berckheim dans l'église de Baldenheim », in Annuaire de la Société d'histoire de la Hardt et du Ried, 2003, no 13, p. 58-78
  • Antoine Pfeiffer (dir.), Protestants d'Alsace et de Moselle : lieux de mémoire et de vie, SAEP, Ingersheim ; Oberlin, Strasbourg, 2006, p. 183 (ISBN 2-7372-0812-2)
  • François Schleret, « Le mausolée de Jean Frédéric de Rathsamhausen von Stein en l'église historique de Baldenheim », in Annuaire de la Société d'histoire de la Hardt et du Ried, 1997, no 10, p. 61-64
  • Anne Vuillemard-Jenn, « Les polychromies de l'église protestante de Baldenheim et la restauration des décors peints », in Ilona Hans-Collas, Anne Vuillemard-Jenn, Dörthe Jakobs, Christine Leduc-Gueye, La peinture murale en Alsace au coeur du Rhin supérieur du Moyen Âge à nos jours, Actes du colloque de Guebwiller (2-5 octobre 2019), Caen, Groupe de Recherches sur la Peinture Murale (GRPM), 2023, mis en ligne en février 2023[9].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f « Église protestante de Baldenheim », notice no IA67010725, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. a b c et d Gaymard 1993, p. 45.
  3. Gaymard 1993, p. 45, 47.
  4. Gaymard 1993, p. 48.
  5. Gaymard 1993, p. 47.
  6. Béguerie 1995, p. 25.
  7. Béguerie 1995, p. 26.
  8. Béguerie 1995, p. 29.
  9. grpm.asso.fr