« Équation de diffusion » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
HerculeBot (discuter | contributions)
m [Bot] : transformation de liens avec le modèle {{Lien}} en lien interne, suite à la création de l'article correspondant; changements de type cosmétique
Jojo V (discuter | contributions)
Merci d'éviter l'anglicisme et/ou ː en français ou n'a pas valeur de disjonction
Ligne 1 : Ligne 1 :
L{{'}}'''équation de diffusion''' est une [[équation aux dérivées partielles]]. En physique, elle décrit le comportement du déplacement collectif de micro-particules dans un matériau causé par le mouvement aléatoire de chaque micro-particule. En mathématiques, elle s'applique dans tout sujet relevant du [[processus de Markov]] comme dans d'autres champs, telles que les sciences matérielles, la science de l’information, de la vie, sociales, etc. On parle alors plutôt de processus brownien.
L{{'}}'''équation de diffusion''' est une [[équation aux dérivées partielles]]. En physique, elle décrit le comportement du déplacement collectif de micro-particules (molécules, atomes, photons. neutrons, ''etc.'') dans un milieu causé par le mouvement aléatoire de chaque micro-particule lorsque les échelles de temps et d'espace macroscopiques sont grandes devant leurs homologues microscopiques. Dans le cas contraire le problème est décrit par l'[[équation de Boltzmann]]. En mathématiques, l'une ou l'autre de ces descriptions s'applique à tout sujet relevant du [[processus de Markov]] comme dans d'autres champs, telles que les sciences matérielles, la science de l’information, de la vie, sociales, etc. On parle alors plutôt de processus brownien.


== Écriture ==
== Écriture ==
Ligne 12 : Ligne 12 :
</center>
</center>


où {{math|''ϕ''('''r''', ''t'')}} est la [[densité]] du matériau diffusant au point {{math|'''r'''}} et au temps {{mvar|t}}, et <math>\mathcal{D}(\phi,\mathbf{r})</math> est le [[coefficient de diffusion]] collectif pour la densité {{mvar|ϕ}} au point {{math|'''r'''}}. Le symbole ∇ ([[nabla]]) désigne le gradient. Si le coefficient de diffusion <math>\mathcal{D}</math> dépend de la densité alors l'équation est non linéaire, sinon, elle l’est.
où {{math|''ϕ''('''r''', ''t'')}} est la [[densité]] du matériau diffusant au point {{math|'''r'''}} et au temps {{mvar|t}}, et <math>\mathcal{D}(\phi,\mathbf{r})</math> est le [[coefficient de diffusion]] collectif pour la densité {{mvar|ϕ}} au point {{math|'''r'''}}. Le symbole ∇ ([[nabla]]) désigne le gradient. Si le coefficient de diffusion <math>\mathcal{D}</math> dépend de la densité alors l'équation est faiblement non linéaire, sinon, elle l’est.


Dans le cas plus général, quand <math>\mathcal{D}</math> est une [[matrice définie positive]] symétrique, l’équation décrit une diffusion [[Anisotropie|anisotrope]], décrite (dans le cas 3D) par :
Dans le cas plus général, quand <math>\mathcal{D}</math> est une [[matrice définie positive]] symétrique, l’équation décrit une diffusion [[Anisotropie|anisotrope]], décrite (dans le cas 3D) par :
Ligne 26 : Ligne 26 :


:<math>\frac{\partial\phi(\mathbf{r},t)}{\partial t} = \mathcal{D}\nabla^2\phi(\mathbf{r},t).</math>
:<math>\frac{\partial\phi(\mathbf{r},t)}{\partial t} = \mathcal{D}\nabla^2\phi(\mathbf{r},t).</math>

Plus généralement lorsqu'il existe plusieurs types de particules dans le milieu et plusieurs sources pour la diffusion le système est décrit par un système linéaire comme dans le cas des [[équations de Stefan-Maxwell]].


== Histoire et développement ==
== Histoire et développement ==
Ligne 31 : Ligne 33 :
{{article détaillé|Diffusion de la matière}}
{{article détaillé|Diffusion de la matière}}


De nombreux phénomènes physiques, dans des domaines scientifiques différents, se décrivent mathématiquement par les équations de diffusion, qui traduisent l'évolution d'un processus de Markov en relation avec la [[loi normale]]<ref>{{article|lang=en|auteur=AA Markov|titre=The theory of algorithms|périodique=American mathematical society translations series|volume=2|numéro=15|pages=1-14|année=1960}}.</ref>. En physique, le déplacement de particules diffusées correspond au [[mouvement brownien]] satisfaisant la loi parabolique<ref name="R. Brown, 1827">{{article|lang=en|auteur=R. Brown|titre=A brief account of microscopical observations made in the months of June, July and August, 1827, on the particles contained in the pollen of plants; and on the general existence of active molecules in organic and inorganic bodies|périodique=Philosophical magazine N. S|volume=4|pages=161-173|année=1828}}.</ref>. Leur utilisation peut cependant être étendu à des domaines plus éloignés. Ainsi, les équations de diffusion sont utilisés en science des matériaux, pour la relation d'équilibre local entre défauts dans les cristaux de silicone, ou en biologie, pour l'équilibre prédateur-proie.
De nombreux phénomènes physiques, dans des domaines scientifiques différents, se décrivent mathématiquement par les équations de diffusion, qui traduisent l'évolution d'un processus de Markov en relation avec la [[loi normale]]<ref>{{article|lang=en|auteur=[[Andreï Markov (mathématicien)|A. A. Markov]]|titre=The theory of algorithms|périodique=American mathematical society translations series|volume=2|numéro=15|pages=1-14|année=1960}}</ref>. En physique, le déplacement de particules diffusées correspond au [[mouvement brownien]] satisfaisant la loi parabolique<ref name="R. Brown, 1827">{{article|langue=en|auteur=[[Robert Brown (botaniste)|Robertus Brown]]|titre=A brief account of microscopical observations on the particles contained in the pollen of plants ; and on the general existence of active molecules in organic and inorganic bodies|périodique=Floræ Novæ Hollandæ|année=1827}}</ref>. Leur utilisation peut cependant être étendu à des domaines plus éloignés. Ainsi, les équations de diffusion sont utilisés en science des matériaux, pour la relation d'équilibre local entre défauts dans les cristaux de silicone, ou en biologie, pour l'équilibre prédateur-proie.


L'[[équation de la chaleur]] proposée par Fourier en 1822 a été pensée pour décrire l'évolution de la température dans un matériau<ref>{{ouvrage|lang=fr|auteur=Joseph Fourier|auteur_lien=Joseph Foriuer|titre=Théorie analytique de la chaleur|éditeur=Didot Paris|année=1822}}.</ref>. En 1827, le mouvement brownien a été mis en évidence, où l'auto-diffusion de l'eau est mise en évidence par le déplacement de grains de pollen<ref name="R. Brown, 1827"/>. Néanmoins, le mouvement brownien n'est pas reconnu comme un problème de diffusion avant les théories d'Einstein en 1905<ref>{{article|lang=de|auteur=Albert Einstein|titre=Die von der molekularkinetishen theorie der warme geforderte bewegung von in ruhenden flussiigkeiten sspendierten teilchen|périodique=Ann. Phys.|numéro=18|volume=8|pages=599-560|année=1905}}.</ref>. Bien qu'il s'agisse d'un problème de diffusion, Fick applique l'équation de la chaleur au phénomène de diffusion dès 1855<ref>{{article|lang=de|auteur=A. Fick|titre=Ueber Diffusion|périodique=Annalen der Physik|volume=170 (4. Reihe 94)|pages=59-86|année=1855}}.</ref>.
L'[[équation de la chaleur]] proposée par Fourier en 1822 a été pensée pour décrire l'évolution de la température dans un matériau<ref>{{ouvrage|lang=fr|auteur=[[Joseph Fourier]]|titre=Théorie analytique de la chaleur|éditeur=Didot Paris|année=1822}}</ref>. En 1827, le mouvement brownien a été mis en évidence, où l'auto-diffusion de l'eau est mise en évidence par le déplacement de grains de pollen<ref name="R. Brown, 1827"/>. Néanmoins, le mouvement brownien n'est pas reconnu comme un problème de diffusion avant les théories d'Einstein en 1905<ref>{{article| langue=de| nom=[[Albert Einstein]]| titre = Über die von der molekularkinetischen Theorie der Wärme geforderte Bewegung von in ruhenden Flüssigkeiten suspendierten Teilchen| périodique = [[Annalen der Physik]]| volume=322| numéro=8| année=1905| pages=549–560| issn =0003-3804 | url texte =http://www.physik.uni-augsburg.de/annalen/history/einstein-papers/1905_17_549-560.pdf |doi =10.1002/andp.19053220806 }}</ref>. Bien qu'il s'agisse d'un problème de diffusion, Fick applique l'équation de la chaleur au phénomène de diffusion dès 1855<ref>{{article|lang=de|auteur=[[Adolf Fick|A. Fick]]|titre=Ueber Diffusion|périodique=[[Annalen der Physik]]|volume=170 (4. Reihe 94)|pages=59-86|année=1855}}</ref>.


Le [[théorème de flux-divergence]] montre que l'équation de diffusion est valide quelle que soit l'état du matériau (solide, liquide ou gazeux) comme une loi de conservation, s'il n'y a ni source ni perte dans le système<ref name="CF Gauss, 1840">{{article|lang=de|auteur=Carl Friedrich Gauss|titre=Allgemeine lehsatze in beziehung auf die im verkehrten verhaltnisse des quadrats der entfernung wirkenden anziehung-und abstossungs- krafte|périodique=Res Beob magn|numéro=4|volume=1|année=1840}}.</ref>. Il montre aussi que l'équivalence entre la première et la deuxième loi de Fick est mathématiquement incomplète sans un flux de diffusion constant lié à un mouvement brownien localement en espace. Ce flux est indispensable pour la compréhension du mécanisme d'auto-diffusion<ref name="Mathematical Physics in Diffusion Problems 2015">{{article|lang=en|auteur=Takahisa Okino|titre=Mathematical Physics in Diffusion Problems|périodique=Journal of Modern Physics|numéro=6|pages=2109-2144|année=2015}}.</ref>. Ce mécanisme n'a pas été étudié en lui-même, mais indirectement par la diffusion d'impuretés dans un milieu pur par la théorie du mouvement brownien d'Einstein et l'[[équation de Langevin]]<ref>{{article|lang=en|auteur=Pierre Langevin|titre=On the theory of Brownian motion|périodique=Compte-Rendus de l’Académie des Sciences (Priss)|numéro=146|pages=530-533|année=1908}}.</ref>.
Le [[théorème de flux-divergence]] montre que l'équation de diffusion est valide quelle que soit l'état du matériau (solide, liquide ou gazeux) comme une loi de conservation, s'il n'y a ni source ni perte dans le système<ref name="CF Gauss, 1840">{{article|lang=de|auteur=[[Carl Friedrich Gauss]]|titre=Allgemeine lehsatze in beziehung auf die im verkehrten verhaltnisse des quadrats der entfernung wirkenden anziehung-und abstossungs- krafte|périodique=Werke|numéro=4|volume=1|année=1840|url=https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-642-49319-5_6}}</ref>. Il montre aussi que l'équivalence entre la première et la deuxième loi de Fick est mathématiquement incomplète sans un flux de diffusion constant lié à un mouvement brownien localement en espace. Ce flux est indispensable pour la compréhension du mécanisme d'auto-diffusion<ref name="Mathematical Physics in Diffusion Problems 2015">{{article|lang=en|auteur=Takahisa Okino|titre=Mathematical Physics in Diffusion Problems|périodique=Journal of Modern Physics|numéro=6|pages=2109-2144|année=2015}}</ref>. Ce mécanisme n'a pas été étudié en lui-même, mais indirectement par la diffusion d'impuretés dans un milieu pur par la théorie du mouvement brownien d'Einstein et l'[[équation de Langevin]]<ref>{{article|nom=[[Paul Langevin]]|titre= Sur la théorie du mouvement brownien|périodique= [[Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences|Comptes-rendus de l'Académie des Sciences]]|volume=146|année=1908|pages= 530-532|url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3100t/f530 Lire en ligne sur Gallica}}</ref>.


La diffusivité de l'équation dépend généralement de la concentration des particules. Dans ce cas, l'équation de diffusion devient non linéaire et sa résolution est impossible, même dans le cas à une dimension spatiale. En accord avec la loi parabolique, Boltzmann transforme l'équation de diffusion, qui change d'une équation aux dérives partielles non linéaire à une équation différentielle ordinaire non-linéaire en 1894<ref>{{article|lang=de|auteur=L. Boltzmann|titre=Zur integration der diffusionscoefficienten|périodique=Annu Rev Phys Chem|numéro=53|pages=959-964|année=1894}}.</ref>.
La diffusivité de l'équation dépend généralement de la concentration des particules. Dans ce cas, l'équation de diffusion devient non linéaire et sa résolution est impossible, même dans le cas à une dimension spatiale. En accord avec la loi parabolique, Boltzmann transforme l'équation de diffusion, qui change d'une équation aux dérives partielles non linéaire à une équation différentielle ordinaire non-linéaire en 1894<ref>{{article|lang=de|auteur=[[Ludwig Boltzmann|L. Boltzmann]]|titre=Zur integration der diffusionscoefficienten|périodique=[[Annalen der Physik]]|numéro=53|pages=959-964|année=1894}}</ref>.
Depuis, toutefois, la transformation de Boltzmann n'a pas été résolue mathématiquement avant la fin du {{s-|XX}}, même si Matano l'utilise empiriquement pour les problèmes d'interdiffusion dans la métallurgie<ref>{{article|lang=en|auteur=C. Matano|titre=On the relation between diffusion-coefficients and concentrations of solid metals|périodique=Jpn J Phys|numéro=8|pages=109-113|année=1933}}.</ref>.
Depuis, toutefois, la transformation de Boltzmann n'a pas été résolue mathématiquement avant la fin du {{s-|XX}}, même si Matano l'utilise empiriquement pour les problèmes d'interdiffusion dans la métallurgie<ref>{{article|lang=en|auteur=C. Matano|titre=On the relation between diffusion-coefficients and concentrations of solid metals|périodique=Japanese Journal of Physics|numéro=8|pages=109-113|année=1933}}</ref>.


Ici, la méthode de résolution analytique de l’équation de diffusion, dont le calcul est plus efficace par rapport aux méthodes analytiques existantes telles que les transformations intégrales de Fourier ou de Laplace et/ou la séparation des variables, a été établi dans le cas parabolique<ref>{{article|lang=en|auteur=Takahisa Okino|titre=New mathematical solution for analyzing interdiffusion problems|périodique=Mater Trans|numéro=52|pages=2220-2227|année=2011}}.</ref>.
Ici, la méthode de résolution analytique de l’équation de diffusion, dont le calcul est plus efficace par rapport aux méthodes analytiques existantes telles que les transformations intégrales de Fourier ou de Laplace ou la séparation des variables, a été établi dans le cas parabolique<ref>{{article|lang=en|auteur=Takahisa Okino|titre=New mathematical solution for analyzing interdiffusion problems|périodique= Materials Transactions|numéro=52|pages=2220-2227|année=2011}}</ref>.


== Dérivation ==
== Dérivation ==
Ligne 52 : Ligne 54 :
:<math>\mathbf{j}=-D(\phi,\mathbf{r})\,\nabla\phi(\mathbf{r},t).</math>
:<math>\mathbf{j}=-D(\phi,\mathbf{r})\,\nabla\phi(\mathbf{r},t).</math>


Lorsque les échelles de temps et d'espace macroscopiques sont grandes devant leurs homologues microscopiques le problème est décrit par l'[[équation de Boltzmann]] dont l'équation de diffusion constitue une approximation.
Si une déviation doit être prise en compte, l'[[équation de Smoluchowski]] donne une meilleure généralisation.


== Discrétisation ==
==Discrétisation==
{{article détaillé|Noyau gaussien discret}}
{{article détaillé|Noyau gaussien discret}}


Ligne 69 : Ligne 71 :
* [[Équation de continuité]]
* [[Équation de continuité]]
* [[Équation de la chaleur]]
* [[Équation de la chaleur]]
* [[Conduction thermique]]
* [[Équation de Fokker-Planck]]
* [[Équation de Fokker-Planck]]
* [[Lois de Fick]]
* [[Lois de Fick]]
* [[Équations de Stefan-Maxwell]]
* [[Transfert radiatif]]


== Références ==
==Références==
{{Traduction/Référence|en|Diffusion equation|840213990}}
{{Traduction/Référence|en|Diffusion equation|840213990}}
{{Références|30em}}
{{Références|30em}}
Ligne 79 : Ligne 82 :
== Bibliographie ==
== Bibliographie ==


* {{ouvrage|langue=en|auteur1=Horatio Scott Carslaw|auteur2=John Conrad Jaeger|titre=Conduction of Heat in Solids|éditeur=Clarendon Press|lieu=Oxford|année=1959}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur1=Horatio Scott Carslaw|auteur2=John Conrad Jaeger|titre=Conduction of Heat in Solids|éditeur=[[Clarendon Press]]|lieu=Oxford|année=1959}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur=John Crank|année=1956|titre=The Mathematics of Diffusion|éditeur=Clarendon Press|lieu=Oxford}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur=John Crank|année=1956|titre=The Mathematics of Diffusion|éditeur=[[Clarendon Press]]|lieu=Oxford}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur1=Jon Mathews|auteur2=Robert L. Walker|titre=Mathematical methods of physics|année=1970|édition=2|lieu=New York|éditeur=W. A. Benjamin|ISBN=0-8053-7002-1}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur1=Jon Mathews|auteur2=Robert L. Walker|titre=Mathematical methods of physics|année=1970|édition=2|lieu=New York|éditeur=W. A. Benjamin|ISBN=0-8053-7002-1}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur=R. K. Michael Thambynayagam|titre=The Diffusion Handbook: Applied Solutions for Engineers|éditeur=McGraw-Hill|année=2011}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur=R. K. Michael Thambynayagam|titre=The Diffusion Handbook: Applied Solutions for Engineers|éditeur=[[McGraw-Hill Education|McGraw-Hill]]|année=2011|ISBN=007175184X}}


{{Autorité}}
{{Autorité}}

Version du 26 juillet 2018 à 13:41

L'équation de diffusion est une équation aux dérivées partielles. En physique, elle décrit le comportement du déplacement collectif de micro-particules (molécules, atomes, photons. neutrons, etc.) dans un milieu causé par le mouvement aléatoire de chaque micro-particule lorsque les échelles de temps et d'espace macroscopiques sont grandes devant leurs homologues microscopiques. Dans le cas contraire le problème est décrit par l'équation de Boltzmann. En mathématiques, l'une ou l'autre de ces descriptions s'applique à tout sujet relevant du processus de Markov comme dans d'autres champs, telles que les sciences matérielles, la science de l’information, de la vie, sociales, etc. On parle alors plutôt de processus brownien.

Écriture

L'équation est usuellement écrite sous la forme :

ϕ(r, t) est la densité du matériau diffusant au point r et au temps t, et est le coefficient de diffusion collectif pour la densité ϕ au point r. Le symbole ∇ (nabla) désigne le gradient. Si le coefficient de diffusion dépend de la densité alors l'équation est faiblement non linéaire, sinon, elle l’est.

Dans le cas plus général, quand est une matrice définie positive symétrique, l’équation décrit une diffusion anisotrope, décrite (dans le cas 3D) par :

Si est constant, l'équation se réduit à une équation différentielle linéaire connue, l'équation de la chaleur :

Plus généralement lorsqu'il existe plusieurs types de particules dans le milieu et plusieurs sources pour la diffusion le système est décrit par un système linéaire comme dans le cas des équations de Stefan-Maxwell.

Histoire et développement

De nombreux phénomènes physiques, dans des domaines scientifiques différents, se décrivent mathématiquement par les équations de diffusion, qui traduisent l'évolution d'un processus de Markov en relation avec la loi normale[1]. En physique, le déplacement de particules diffusées correspond au mouvement brownien satisfaisant la loi parabolique[2]. Leur utilisation peut cependant être étendu à des domaines plus éloignés. Ainsi, les équations de diffusion sont utilisés en science des matériaux, pour la relation d'équilibre local entre défauts dans les cristaux de silicone, ou en biologie, pour l'équilibre prédateur-proie.

L'équation de la chaleur proposée par Fourier en 1822 a été pensée pour décrire l'évolution de la température dans un matériau[3]. En 1827, le mouvement brownien a été mis en évidence, où l'auto-diffusion de l'eau est mise en évidence par le déplacement de grains de pollen[2]. Néanmoins, le mouvement brownien n'est pas reconnu comme un problème de diffusion avant les théories d'Einstein en 1905[4]. Bien qu'il s'agisse d'un problème de diffusion, Fick applique l'équation de la chaleur au phénomène de diffusion dès 1855[5].

Le théorème de flux-divergence montre que l'équation de diffusion est valide quelle que soit l'état du matériau (solide, liquide ou gazeux) comme une loi de conservation, s'il n'y a ni source ni perte dans le système[6]. Il montre aussi que l'équivalence entre la première et la deuxième loi de Fick est mathématiquement incomplète sans un flux de diffusion constant lié à un mouvement brownien localement en espace. Ce flux est indispensable pour la compréhension du mécanisme d'auto-diffusion[7]. Ce mécanisme n'a pas été étudié en lui-même, mais indirectement par la diffusion d'impuretés dans un milieu pur par la théorie du mouvement brownien d'Einstein et l'équation de Langevin[8].

La diffusivité de l'équation dépend généralement de la concentration des particules. Dans ce cas, l'équation de diffusion devient non linéaire et sa résolution est impossible, même dans le cas à une dimension spatiale. En accord avec la loi parabolique, Boltzmann transforme l'équation de diffusion, qui change d'une équation aux dérives partielles non linéaire à une équation différentielle ordinaire non-linéaire en 1894[9]. Depuis, toutefois, la transformation de Boltzmann n'a pas été résolue mathématiquement avant la fin du XXe siècle, même si Matano l'utilise empiriquement pour les problèmes d'interdiffusion dans la métallurgie[10].

Ici, la méthode de résolution analytique de l’équation de diffusion, dont le calcul est plus efficace par rapport aux méthodes analytiques existantes telles que les transformations intégrales de Fourier ou de Laplace ou la séparation des variables, a été établi dans le cas parabolique[11].

Dérivation

L'équation de diffusion peut être simplement déduite de l'équation de continuité, qui dit qu'un changement de densité dans toute partie du système est dû aux échanges avec l'extérieur du système. Dans les faits, aucun matériau n'est créé ou détruit :

avec j le flux du matériau diffusant. L'équation de diffusion apparait quand on la combine avec la première loi de Fick, qui dit que le flux du matériau diffusant dans toute partie du système est proportionnelle au gradient local de densité :

Lorsque les échelles de temps et d'espace macroscopiques sont grandes devant leurs homologues microscopiques le problème est décrit par l'équation de Boltzmann dont l'équation de diffusion constitue une approximation.

Discrétisation

L'équation de diffusion est continue en espace et en temps. On peut donc discrétiser en espace, en temps ou les deux, ce qui arrive en application. La discrétisation en temps seule ne fait pas apparaitre de nouveaux phénomènes ; dans la discrétisation en espace seule, la fonction de Green du système devient le noyau gaussien discret. La discrétisation en espace et en temps fait apparaitre une marche aléatoire.

Discrétisation en traitement de l'image

La règle du produit est utilisée pour le cas de la diffusion avec un tenseur anisotropique, dans les schémas de discrétisation, afin d'éviter que l'utilisation de formules du premier ordre ne crée des artefacts. Une réécriture couramment utilisée en traitement de l'image est :

avec tr désignant la trace du tenseur du 2e ordre, et l'exposant T pour la transposée, dans laquelle, en traitement de l’image, D(ϕ, r) sont des matrices symétriques construites à partir des vecteurs propres des tenseurs de structure de l'image. Les dérivées spatiales peuvent être approchées par des différences finies du 2e ordre. L'algorithme de diffusion obtenu pet être vu comme une convolution de l’image avec un noyau mobile (ou stencil) de taille 3 × 3 en 2D et 3 × 3 × 3 en 3D.

Voir aussi

Références

  1. (en) A. A. Markov, « The theory of algorithms », American mathematical society translations series, vol. 2, no 15,‎ , p. 1-14
  2. a et b (en) Robertus Brown, « A brief account of microscopical observations on the particles contained in the pollen of plants ; and on the general existence of active molecules in organic and inorganic bodies », Floræ Novæ Hollandæ,‎
  3. Joseph Fourier, Théorie analytique de la chaleur, Didot Paris,
  4. (de) Albert Einstein, « Über die von der molekularkinetischen Theorie der Wärme geforderte Bewegung von in ruhenden Flüssigkeiten suspendierten Teilchen », Annalen der Physik, vol. 322, no 8,‎ , p. 549–560 (ISSN 0003-3804, DOI 10.1002/andp.19053220806, lire en ligne)
  5. (de) A. Fick, « Ueber Diffusion », Annalen der Physik, vol. 170 (4. Reihe 94),‎ , p. 59-86
  6. (de) Carl Friedrich Gauss, « Allgemeine lehsatze in beziehung auf die im verkehrten verhaltnisse des quadrats der entfernung wirkenden anziehung-und abstossungs- krafte », Werke, vol. 1, no 4,‎ (lire en ligne)
  7. (en) Takahisa Okino, « Mathematical Physics in Diffusion Problems », Journal of Modern Physics, no 6,‎ , p. 2109-2144
  8. Paul Langevin, « Sur la théorie du mouvement brownien », Comptes-rendus de l'Académie des Sciences, vol. 146,‎ , p. 530-532 (lire en ligne)
  9. (de) L. Boltzmann, « Zur integration der diffusionscoefficienten », Annalen der Physik, no 53,‎ , p. 959-964
  10. (en) C. Matano, « On the relation between diffusion-coefficients and concentrations of solid metals », Japanese Journal of Physics, no 8,‎ , p. 109-113
  11. (en) Takahisa Okino, « New mathematical solution for analyzing interdiffusion problems », Materials Transactions, no 52,‎ , p. 2220-2227

Bibliographie

  • (en) Horatio Scott Carslaw et John Conrad Jaeger, Conduction of Heat in Solids, Oxford, Clarendon Press,
  • (en) John Crank, The Mathematics of Diffusion, Oxford, Clarendon Press,
  • (en) Jon Mathews et Robert L. Walker, Mathematical methods of physics, New York, W. A. Benjamin, (ISBN 0-8053-7002-1)
  • (en) R. K. Michael Thambynayagam, The Diffusion Handbook: Applied Solutions for Engineers, McGraw-Hill, (ISBN 007175184X)