Épidémie de peste de 1812-1819 dans l'Empire ottoman
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L’épidémie de peste ottomane de 1812-1819 est l'une des dernières grandes épidémies de peste dans l'Empire ottoman. Elle provoque à elle seule la mort d'au moins 300 000 personnes pour la seule année 1812 dans la capitale, Constantinople. Il s'agit d'une catastrophe sanitaire récurrente dans l'empire tout au long de son existence. Elle se prolonge jusqu'en 1819 et fait probablement des millions de victimes[1].
Déroulement
[modifier | modifier le code]La maladie éclate à Constantinople en . Elle est d'abord bénigne, mais à la fin du mois d'août, la situation devient devenue critique. En septembre, environ 2 000 personnes meurent chaque jour. En décembre, l'épidémie décroît momentanément. À la fin de l'épidémie, la Sublime Porte estimait à 320 955 le nombre de morts, dont 220 000 Turcs, 40 800 Arméniens, 32 000 Juifs, 28 000 Grecs, 50 Alépins, 80 insulaires (notamment des Chypriotes) et 25 « Francs »[2].
L'épidémie s'est répandue sur la majeure partie du territoire de l'empire[3], y compris à Alexandrie en Égypte[4]. En 1813, la peste atteint l'État vassal de Valachie où elle est connue sous le nom de peste de Caragea (en), du nom du souverain du pays à l'époque. L'épidémie décime de 25 000 à 30 000 personnes à Bucarest[5]. À peu près à la même époque, la peste était également présente en Bosnie, atteignant la Dalmatie en 1815. En 1814-15, elle réapparaît en Égypte, en Bosnie et en Albanie[6].
Le fléau se propage au-delà des frontières de l'empire. En , elle est déclarée à Poti, en Géorgie ; en septembre, la Crimée est touchée. Elle frappe Odessa en août, où les églises, le théâtre et la Bourse sont fermés. Le duc Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu, gouverneur de la ville, met en place une quarantaine drastique. Le , les 32 000 habitants d'Odessa sont tous confinés de force dans leurs maisons sous la surveillance de 500 cosaques. Le , aucun autre cas n’est signalé et cette mesure prend fin après 66 jours, mais personne n'est autorisé à quitter la ville dans l’immédiat[7] 2 656 personnes sont mortes de la maladie en 1812, sur une population d'environ 32 000 habitants[8].
En , elle est introduite sur l'île de Malte, tenue par les Britanniques, et dure jusqu'en , causant la mort de 4 500 personnes. Elle se propage sur l'île voisine de Gozo, où elle provoque une centaine de victimes entre mars et [9].
Elle éclate également sur l'île de Corfou en 1815. La même année, une petite épidémie de peste survient à Noja, en Italie. Elle pourrait avoir pour origine l'épidémie de Dalmatie, mais sa source exacte n'est pas connue et il est possible que l'épidémie ait été endémique[6]. La grande épidémie de peste ultérieure dans l'Empire ottoman se produit entre 1835 et 1838[3].
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « 1812–1819 Ottoman plague epidemic) » (voir la liste des auteurs).
- Daniel Panzac, « Politique sanitaire et fixation des frontières : l’exemple ottoman (XVIIIe – XIXe siècles) », Turcica, no 31, , p. 87-108 (ISSN 0082-6847, e-ISSN 1783-1822, DOI 10.2143/TURC.31.0.2004189, lire en ligne, consulté le ).
- (en) R. Walsh, « Narrative of a Journey from Constantinople to England », The Southern Review, vol. 3, , p. 250-251 (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Daniel Panzac, « Plague », dans Gábor Ágoston et Bruce Masters (dir.), Encyclopedia of the Ottoman Empire, New York, Infobase Publishing, , 650 p. (ISBN 9781438110257, lire en ligne), p. 462-463.
- (en) Paul Cassar, « The Correspondence of a Senglea Merchant during the Plague of 1813 », Hyphen, vol. 2, no 4, , p. 147-157 (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Lucian Boia (trad. James Christian Brown), Romania : Borderland of Europe, Reaktion Books, , 328 p. (ISBN 978-1-86189-103-7, lire en ligne), p. 298.
- (en) Arthur Shadwell, Harriet L. Hennessy et Joseph Frank Payne, « Plague », dans Encyclopædia Britannica, (lire en ligne).
- (en) Edward Morton, Travels in Russia, and a residence at St. Petersburg and Odessa in the years 1827-1829, Londres, & R. Spottiswoode, , 486 p. (lire en ligne), chap. 5 (« Some account of the dreadful plague which prevailed at Odessa in the years 1812-1813 »), p. 315-326.
- (en) Lily Lynch, « Odessa, 1812: Plague and Tyranny at the Edge of the Empire », sur balkanist.net, (consulté le ).
- (en) J.D.C. Bennett et J. Bezzina, « Dr George McAdam », Journal of the Royal Army Medical Corps, vol. 138, no 1, (DOI 10.1136/jramc-138-01-15).