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Pointe sèche

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Pointes sèches utilisées en gravure : A. Acier ; B. Carbure ; C. Diamant.

La pointe sèche est à la fois un outil et le terme désignant un procédé de gravure en taille-douce.

Dame im Café (1919-1921), pointe sèche de Lesser Ury.

Dürer est l'artiste qui utilise en premier cette technique de manière significative et qui lui donne de l'ampleur en l'appliquant à des œuvres de relativement grand format, après le Maître du Livre de Raison[1]. Rembrandt s'en servira pour donner une atmosphère plus tragique aux scènes gravées. Au XVIIIe siècle, elle fut employée notamment par Jacques-Philippe Le Bas. C'est au XIXe et au XXe siècles que les artistes l'utilisèrent de façon plus systématique (par exemple les dernières œuvres d'André Béguin ou de Claude-Jean Darmon).

Ecce homo, 1655, pointe sèche de Rembrandt.

La pointe sèche est un outil pointu dont l’extrémité sert à graver des traits dans le métal. La pointe peut être en acier, en carbure de tungstène, en céramique, ou en diamant. Les tailles varient en fonction de la grosseur des pointes : si l'on veut obtenir des traits fins et minutieux, une pointe en diamant est conseillée. Si, contrairement au burin, l'angle d'attaque de la plaque est libre, la pointe sèche se manie très différemment d'un crayon car il est nécessaire que celle-ci puisse vaincre la résistance de la plaque de métal[2].

La pointe sèche « ne fait que déplacer le métal qu'elle griffe, gratte, raye, pique, sous la forme d'un creux bordé de bourrelets créés par le sillage de la pointe ; les tailles sont donc accompagnées d'une barbe de métal qui, si on la regarde à la loupe, est une sorte de vague métallique de forme déchiquetée[3] ». Ce sont les barbes qui caractérisent cette technique, et vont donner un « trait irrégulier, nerveux et velouté[4] ».

Deux possibilités s'offrent au graveur : enlever soigneusement les barbes avec un grattoir (ce qui rétrécit le trait et rapproche d'un rendu au burin), soit conserver les barbes afin de recueillir à la fois l'encre du trait et l'encre qui se dépose sur les rebords, ce qui donnera un aspect velouté, et fait le charme de la technique[2]. Il est aussi possible, en traçant de nombreuses lignes croisées, d'obtenir un noir proche de ce qui est obtenu en manière noire[2].

Le travail sur la plaque se fait à main levée avec un appuie-main, voire sur un chevalet. La plaque est soit en cuivre, en zinc (plus facile à graver, mais peu solide à l'impression), sur plastique ou sur plexiglas. Le travail doit être spontané ; c'est pour cette raison que l'on parle de « gravure d'artiste ».

La présence des barbes très fragiles rend l'opération délicate, et limite rapidement le nombre de tirages : en effet, les barbes, très fines, sont écrasées par la presse, ce qui modifie le rendu à chaque impression[2]. L'encrage et l'essuyage posent problème[5]. Il faut aussi penser que la pression des rouleaux fera baver l'encre autour des barbes.

Il est déconseillé de multiplier les états pendant l'élaboration de la gravure. Si le tirage est important, il faut aciérer la plaque, ce qui se fait par électrolyse recouvrant la plaque de cuivre d'une couche d'acier[2].

« Les épreuves qui ont gardé toute la fraîcheur des premiers tirages, qui sont dites “avec toutes leurs barbes”, sont les plus recherchées ; pour cela, la numérotation est considérée comme importante[3]. »

Lithogravure de Jean Gabin sur granit noir réalisée pour le musée Jean Gabin de Mériel
Détail d'un portrait en gravure sur granit noir fin 12 mars 1992

Autres utilisations : l'« art funéraire »

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Il existe un autre matériau pour graver à la pointe sèche : le granit noir fin, poli comme un miroir. La technique est la même que celle utilisée pour le métal, si ce n'est qu'on ne peut graver qu'avec une pointe de diamant. On appelle aussi cette technique la « lithogravure ».

Avec le granit on n'obtient pas de « barbe » : les sillons obtenus par la gravure donnent une poussière de granit. Contrairement à la gravure sur métal on ne peut pas faire d’impression, ni d’encrage avec la gravure sur granit. C'est une gravure lapidaire unique. Par contre, on peut passer une peinture dans le dépoli ainsi obtenu pour lui donner tout son éclat et qu'elle résiste aux intempéries du fait que c'est une gravure pour l'« art funéraire ». (Voir le portrait en gravure sur granit du comédien Jean GABIN, par Michel Robardet, signature en bas à droite).

Sur le granit, les traits sont verticaux, voir le détail d'un portrait sur granit (ci-contre), contrairement à la gravure sur métal qui est croisée.

En plus de l'art funéraire, Michel ROBARDET a mis au point de la gravure au diamant couleur.

Gravure couleur sur granit noir fin par Michel ROBARDET

Notes et références

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  1. Mathieu Deldicque et Caroline Vrand (dir.), Albrecht Dürer. Gravure et Renaissance, In Fine éditions d'art ; Musée Condé, Chantilly, , 288 p. (ISBN 978-2-38203-025-7), p. 42
  2. a b c d et e Marie-Janine Solvit, « La pointe sèche », dans La gravure contemporaine, Le Temps apprivoisé, (ISBN 2-283-58237-7 et 978-2-283-58237-4, OCLC 416111852, lire en ligne)
  3. a et b André Béguin, Dictionnaire technique de l'estampe, op. cit.
  4. J. M. Billard, La Gravure en taille-douce, op. cit.
  5. André Béguin : « L'encre s'accrochera différemment, selon que l'on essuie dans un sens ou dans l'autre. »

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Bibliographie

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  • A. Béguin, Dictionnaire technique de l'estampe, Bruxelles (1977), 2e édition 1998, 346 p. (ISBN 978-2903319021).
  • J. M. Billard, La Gravure en taille-douce, Paris, 1985.
  • A. Bosse, Traité des manières de graver…, Paris, 1645.
  • A. M. Hind, A History of Engraving and Etching, Londres, 1923.
  • G. Mariani, Le tecniche calcografiche di incisione diretta, Rome, 2003.
  • Maria Cristina Paoluzzi, La Gravure, Solar, 2004, 191 p. (ISBN 978-2263037290).

Liens externes

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