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Bernard Ginelli[1], fils de Pierre Ginelli, émigré italien (1924-1997), et de Marie-Jeanne Touron (1924-2014), naît le 11 décembre 1946 à Tamniès (Dordogne).

Il est reconnu depuis la fin des années 1980 comme l'un des principaux praticiens français de la taille du silex expérimentale, adoptant pour ce faire une approche stricte, basée sur des matériaux, matériels et pratiques respectueux des gestes supposés attribuables aux cultures et périodes sur lesquelles il travaille.

Ses centres d'intérêt vont du paléolithique moyen (bifaces, éclats levallois,..) et supérieur (travail sur lames, grattoirs, perçoirs, feuilles de laurier,..) jusqu'au néolithique (dagues scandinaves, couteaux de Charavines,..).

Eléments biographiques[modifier | modifier le code]

Premiers pas[modifier | modifier le code]

Fils de cultivateur, Bernard Ginelli entre dans la vie très naturellement en suivant les traces de ses parents.

Très tôt néanmoins, les silex trouvés dans les riches champs de son Périgord natal attirent son attention : une vocation initiée par sa mère qui, alors qu'il n'a encore qu'une dizaine d'années, lui montre un biface en lui expliquant que celui-ci a été fabriqué par des hommes préhistoriques, des néandertaliens. Il n'a de cesse alors que de profiter du moindre instant pour combiner au mieux ses activités à la ferme et sa recherche passionnée de ces si intriguants témoignages du passé.

Adolescent, il commence à s'exercer timidement à quelques expérimentations de taille, et autres tentatives d'allumages de feu.

Le déclic véritable survient lorsqu'avec quelques amis ils décident de rassembler et présenter leurs trouvailles dans leur village, en créant un petit musée[2] pour l'occasion : la nécessité de mettre en place la documentation indispensable à la présentation de leurs pièces sous la forme de panneaux explicatifs impose une prise de recul qui nécessite d'aller au delà du simple ramassage ; il s'agit d'expliquer -et donc de comprendre- d'où viennent ces outils de silex, qui les produit, et par quels procédés.

Bernard Ginelli se prend dès lors au jeu, et sur ce travail de documentation s'élabore une dynamique combinée de réflexion et de mise en pratique qui ne le quittera plus. Comprendre et créer. Créer pour mieux comprendre. Comprendre pour mieux créer. Encore et encore.

En 1974 le préhistorien François Bordes vient inaugurer le tout nouveau musée d'initiation à la préhistoire de Tamniès[2]. Éminent expérimentateur de taille expérimentale lui-même, Il l'encourage à approfondir ses connaissances pour parfaire son exploration.

Vivre sa passion[modifier | modifier le code]

Vers l'âge de 25 ans il abandonne définitivement le travail de la ferme pour ne plus se concentrer qu'à sa passion. Cette passion d'alors se nomme 'biface'.

Afin de se faire connaître -et d'en vivre- il monte en 1990 un premier atelier au centre des Eyzies-de-Tayac, non loin du musée national de préhistoire.

Ce premier atelier ne vivra qu'une dizaine d'années, et il poursuit ensuite son activité en continuant à assurer des prestations dans des lieux touristiques de la région.

En avril 2008 il ouvre enfin 'Palaïos'[3], un atelier plus spacieux toujours situé aux Eyzies-de-Tayac, au 45 avenue de la préhistoire, qu'il ne quittera plus.

Placé au plein cœur d'une région phare pour la préhistoire européenne, il verra passer dans ces murs des gens du monde entier, passionnés ou simples curieux, petits ou grands. De ces rencontres naissent des échanges, et de ces échanges de nouvelles expérimentations, de nouveaux challenges. Il est régulièrement invité pour venir faire des démonstrations ou animer des formations. Il est également sollicité pour créer des reproductions destinées à des musées ou des films.

Au fil des années le biface ne devient plus que le compagnon de jeu docile qui permet de montrer aux enfants comment la magie du geste sait si bien -et si vite, lorsqu'on le pratique depuis si longtemps!- faire émerger d'un bloc de matière informe la silhouette reconnaissable entre toutes qui a elle seule symbolise la préhistoire.

La quête se poursuit de multiples manières, via le travail sur lames en particulier (burins, perçoirs,..) et par l'élaboration de couteaux toujours plus fins et travaillés, allant de simples lames emmanchées dans du bois ou de l'os, jusqu'aux formes pleinement abouties de ces couteaux scandinaves fait d'un seul bloc de silex, où la lame affinée via de multiples enlèvements en écharpe vient se prolonger, se fondre, en un manche présentant des facettes à coutures. La dague scandinave, petit miracle d'équilibre et longtemps imitée par les premiers créateurs de poignards en bronze, était la grande passion de Bernard Ginelli.

A côté naissent également des feuilles de lauriers toujours plus fines, des pointes à crans, des arcs, des propulseurs, flèches et sagaies, des haches et herminettes,.. autant de formes venant peupler l'éventail créatif de ces hommes de la préhistoire. Et qui dit outil sous-entend également par nécessité le travail des peaux, des colles, qui vient avec.

Il décède le 05 novembre 2018 à Brive-la-Gaillarde, et repose au cimetière de son village de Tamniès.

Sa disparition a suscité une grande vague d'émotion dans le petit monde des amateurs de la préhistoire et de son silex.

De la création vue comme un jeu[modifier | modifier le code]

La taille du silex est vue par Bernard Ginelli comme un jeu qui se joue à deux.

Le tailleur sollicite la matière par une frappe réfléchie et préparée, et celle-ci répond en réaction par la création franche de l'éclat aux proportions souhaitées.. ou par une cassure nette, qui bien sûr, pour que le jeu soit beau, n'intervient alors qu'à la toute fin de l'échange, quand l'alternance des échanges conduit la pièce à devenir plus fine et plus fragile.

La taille s'achève lorsque l'équilibre entre la beauté fonctionnelle de la forme se conjugue à l'efficacité de l'outil.

Comment une matière plus dure que l'acier peut-elle ainsi se laisser apprivoiser?

En n'oubliant jamais d'abord qu'elle ne peut éclater que suivant un arc de cercle.

Il faut parler au silex, respecter ses propriétés physiques, mais être prêt s'il le faut à les retourner contre lui : tailler, c'est allier la physique à la logique, et la logique à l'audace.

Un biface, c'est une base, une pointe, deux tranchants convergents, une symétrie bilatérale (des deux côtés) et une symétrie bifaciale (des deux faces).

Tout le jeu consiste, essai après essai, et en fonction du bloc et de ses caractéristiques individuelles propres (nature du silex, présence d'impuretés ou de chocs, ..), à entremêler pour chaque avancée le choix du bon outil (percussion directe ou percussion indirecte, choix du bon percuteur, ..), de la bonne préparation du plan de frappe et de l'efficacité du geste de frappe, en angle et en intensité.

A chaque projet d'outil sa règle du jeu, à inventer et (re)découvrir, à faire varier aussi suivant les contingences (le silex reste l'arbitre final, qui dicte sa loi, presque toujours irrévocable).

Bernard Ginelli compare sa pratique au jeu d'échecs, auquel il s'adonne souvent.

De cette alternance de coups, puis de parties, naît une meilleure connaissance des règles, des possibilités, et de l'adversaire qui devient le partenaire d'un jeu sans fin toujours renouvelé et enrichissant.

Ethique[modifier | modifier le code]

Le respect de la recherche et de l'application des procédés en vigueur aux époques concernées aura toujours été un maître mot pour Bernard Ginelli.

Il a toujours tenté de concilier une pratique commerciale (il faut bien vivre) et une démarche résolument expérimentale sans concessions.

En témoigne par exemple la nécessité pour lui de marquer ses créations d'un symbole (le caractère dièse gravé à la pointe de diamant) permettant -bien que ceux-ci soient parfois vendus et éparpillés au quatre coins du monde- de bien les distinguer de pièces authentiques.

Ce code de bonnes pratiques englobe également la question de la gestion des déchets de taille, dont la dispersion inconsidérée pourrait conduire à une mésinterprétation des découvreurs futurs.

Démonstrations et formations[modifier | modifier le code]

Infatigable vulgarisateur, il commente son travail dans son atelier, participe régulièrement à des sessions de démonstrations à la demande d'associations ou de musées. Il est un intervenant régulier sur de nombreux salons de coutellerie en France ( Lyon, Neufchâtel-en-Bray, Nogent, Nontron, Nyons, Thiers, ..) et en Belgique (Gembloux, ..).

En plus d'avoir formé en tutorat quelques autres tailleurs de silex, il s'oriente vers l'organisation de stages plus grand public qui lui permettent sur une semaine d'aborder un travail plus structuré avec son groupe.

Championnat européen de tir aux armes de jet préhistoriques[modifier | modifier le code]

La mise en place de la globalité des opérations liées à la création d'armes de jet (arc et propulseur) et de leurs munitions (flèches et sagaies), toujours dans le respect de ce que l'on sait des choix de matériaux et de techniques, le conduit naturellement à aller jusqu'à l'accomplissement du geste du lancer lui-même.

Le terrain d'aventure est riche, et l'effet de modifications dans les choix de fabrication se révèle directement dans les résultats que l'on peut obtenir : un domaine rêvé pour l'expérimentation. La pratique est également à la fois très physique et ludique.

Très vite, il va chercher à se confronter à d'autres gens animés de cette même passion, en particulier lors des compétitions organisées dans le cadre du championnat d'Europe de tir aux armes de jets préhistoriques. La compétition se décline selon les deux types d'armes de jets majeures introduites à la préhistoire : l'arc et ses flèches, et le propulseur et ses sagaies.

Il devient champion d'Europe du tir au propulseur en 2005, et finit second en 2006.

En 2006 il entre dans le 'top ten' de l'International Standard Accuracy Contest (ISAC)[4], qui fait office de championnat du monde de tir au propulseur (également nommé atlatl) en regroupant les compétitions officielles menées en Europe et en Amérique-du-nord.

Dague Scandinave de type III, Lames à crans, Pointes de flèches, Couteau de Charavine (créations Bernard GINELLI)
Dague Scandinave de type III, Pointes à cran, Pointes de flèches, Couteau de Charavine (créations Bernard GINELLI)[5]
Biface , Pointe de Solutré (créations Bernard GINELLI)
Biface , Pointe de Solutré (créations Bernard GINELLI)[5]
Fichier:Palaios.jpg
L'atelier Palaïos, ouvert en 2008 au 45 avenue de la préhistoire, aux Eyzies-de-Tayac


Références et Liens[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Bernard pour l'état-civil, dit Bernard
  2. a et b « Musée d'initiation à la préhistoire de Tamniès », sur http://www.tamnies.com (consulté le )
  3. « ginellames.fr », sur Le site web associé à l'atelier, site de vente mais aussi très riche en contenu didactique librement accessible (photos, vidéos, tutoriaux,..), a été fermé quelques mois après le décès de Bernard ginelli (consulté le )
  4. (en) « 2006 International Standard Accuracy Contest (ISAC) » [PDF], sur https://worldatlatl.org, (consulté le )
  5. a et b toutes les reproductions sont en silex, sauf les outils translucides (cristal de roche) ou noirs (obsidienne)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Société nantaise de préhistoire - Feuillet mensuel n°549 de décembre 2018 - Notice nécrologique (pdf)

LAMPEA - Laboratoire Méditérranéen de Préhistoire Europe Afrique - LAMPEA-Doc 2012 – numéro 33 vendredi 21 septembre 2012 - Atelier de formation réservé aux professionnels

LAMPEA - Laboratoire Méditérranéen de Préhistoire Europe Afrique - CPIE du Périgord-Limousin - du 29 octobre 2012 au 2 novembre 2012 - Atelier de formation réservé aux professionnels

La grotte de Ljubić (Istrie, Croatie) - 2008-2011 - Exposition 22 septembre 2013 au 28 février 2014 - Musée d'Anthropologie Préhistorique de Monaco - Bernard Ginelli assure la production des outils et armes préhistoriques

'Silex' - Film documentaire réalisé par Patrick Ferryn - 1992 - durée 18' - Silex est un documentaire sur Bernard Ginelli, « maître-tailleur » de silex en Périgord (semble non disponible en mail 2022)

'Bernard Ginelli : magnifier la matière' - Film documentaire réalisé par Aurélien et Matthias Simonet - 4 mai 2012 - durée 7'27''

'Le miroir du temps - la vallée des néanderthals' - Film documentaire réalisé par Pierre Amendola - Bernard Ginelli assure la reproduction des outils et armes préhistoriques (toujours en cours de tournage en mai 2022)