Utilisateur:Soline MORIHAIN/Brouillon

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Château de La Barge
Image illustrative de l’article Soline MORIHAIN/Brouillon
Façade ouest du château, terrasses, colonnade et chapelle à droite
Période ou style Médiéval et Renaissance
Type Château-fort puis résidence seigneuriale
Début construction Fin XIIe siècle - début XIIIe siècle
Fin construction XVIe siècle - XVIIIe siècle
Propriétaire initial Étienne de Thiers

Faydit III de La Barge et ses descendants, de 1270 à 1711

Propriétaire actuel Famille de Montmorin et Montmorin-Saint-Hérem

depuis 1711

Destination actuelle Résidence privée
Protection Logo monument historique Classé MH (1922, 1989)
Coordonnées 45° 46′ 34″ nord, 3° 32′ 50″ estGéoportail
Pays Drapeau de la France France
Région historique Auvergne
France Auvergne-Rhône-Alpes
Subdivision administrative Puy-de-Dôme
Localité Courpière
Le château relié à sa chapelle


Château de La Barge[modifier | modifier le code]

Le Domaine de La Barge, situé à Courpière, dans le département du Puy-de-Dôme, est singulier à plusieurs égards. D'abord parce qu'il appartient encore aujourd'hui aux descendants de François-Gaspard de Montmorin, qui l'acquit en 1711 par son mariage avec la dernière Dame de La Barge, mais aussi parce que son château[1], reconnu par les érudits du XIXe siècle comme l'un des châteaux de Basse-Auvergne les mieux conservés -voire le mieux conservé- dans son état d'origine[2], exhibe encore les strates de ses aménagements successifs. De son assise féodale défensive du XIIIe siècle, à ses jardins à bassins du XVIIIe inspirés de Versailles, en passant par les transformations qu'il connut au XVIe pour en faire une demeure au goût de la Renaissance, tout est demeuré intact. Même la chapelle castrale, bâtie en pleine tourmente des guerres de religion et sa suite de vitraux[3] remarquables réalisés dans le dernier quart du XVIe siècle[4].

Géographie[modifier | modifier le code]

C'est entre la chaîne des Puys à l'ouest et les monts du Forez à l'est, en bordure de la fertile plaine de Limagne où serpentent de nombreux cours d'eau entre les blés, les vergers ou les vignes, que se trouve le domaine de La Barge, sur la rive droite de la Dore[5]. À quarante-cinq kilomètres à l'est de Clermont-Ferrand et à douze kilomètres au sud de Thiers, le domaine de La Barge était, sous l'Ancien Régime, le fief le plus important de la paroisse de Courpière[6] après le bourg lui-même, distant de trois kilomètres et demi du château, soit à peine plus d'une lieue.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le château de La Barge doit son nom à son emplacement. Construit au bord de la Dore, l'un des trois principaux affluents de l'Allier, il assurait la garde et la surveillance du gué que formait la rivière au passage de la voie romaine qui reliait Lyon à Bordeaux en passant par Clermont. Les voyageurs traversaient ainsi la rivière sans encombre, au moyen de "barges", petites embarcations à fond plat et à rames, stationnées dans ce qui fut appelé jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, "le Port de La Barge". Rivière capricieuse, la Dore ne fut jamais navigable en amont de Courpière. C'est donc à partir du port de La Barge, au lieu-dit de La Nau[7], que les produits de toutes sortes étaient acheminés vers le Bassin parisien, via l'Allier puis la Loire.


Histoire[modifier | modifier le code]

Moyen-Âge[modifier | modifier le code]

La date de la construction du château n'est pas connue. C'était un château-fort, composé d'un donjon rectangulaire massif, cantonné de tours circulaires hors-œuvre dont la base évasée laisse penser qu'il fut bâti sur pilotis à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle. Édifié sur un terrain déclive exposé au couchant, il était protégé par des douves, de vastes fossés d'une largeur de seize mètres, alimentés en eau par le canal qui longe le versant est du domaine sur une longueur de 1060 mètres. Un pont-levis en surveillait l'accès, défendu en outre par quatre autres tours circulaires pourvues de canonnières et intégrées dans une enceinte aujourd'hui disparue. Au XIIIe siècle, le château était connu sous le nom de Fort de Bargia ou Fort delabarga. Il appartenait, ainsi que d'autres châteaux avoisinants, à Étienne de Thiers, vassal du comte de Forez. Après le mariage vers 1210, d'Étienne de Thiers, seigneur de Maubec, avec Alix de Vollore, le fief de La Barge releva des seigneurs de Vollore et de Maubec et avait une certaine importance. En 1270, Étienne de Thiers résigna le fief de La Barge au profit du chevalier Faydit III, seigneur dudit lieu. Le fort de La Barge fut ainsi le berceau de la maison qui en prit le nom, une famille de noblesse chevaleresque dont Faydit, premier du nom, qui selon les sources était vivant en 1190, fut le premier représentant. Il fut l'initiateur d'un lignage qui se perpétua à La Barge durant cinq siècles, jusqu'en 1711, lorsque l'ultime Dame de La Barge, Marie-Michelle de Cordebœuf de Beauverger-Montgon épousa François-Gaspard de Montmorin, transmettant le domaine de La Barge à cette famille[8] de haute et ancienne noblesse, dont les descendants occupent encore le château aujourd'hui.

Façades nord-ouest du château, encre de Chine, G. Latallerie-Beurier, 1977

Tout au long du Moyen Âge, la famille de La Barge a donné naissance à des chevaliers et des ecclésiastiques. Antoine I de La Barge épousa Marguerite Chaulet (ou Cholet) en 1407. Elle était la fille de Pierre Chaulet, seigneur d’Aulteribe, près de Courpière, et de Jeanne Le Meingre, la sœur de Jean II Le Meingre, célèbre Maréchal Boucicaut et Gouverneur de Gênes. La gloire et la bravoure de Hugues Chaulet (ou Cholleton), le frère de Marguerite, furent vantées par le Gouverneur lui-même dont il semblait assurer la lieutenance à Gênes, et retentirent sur la maison de La Barge et « sur nostre Antoine en particulier, qui épousa la sœur du brave Cholleton l’an M.CCCC.VII., c’est-à-dire au temps du voyage du Mareschal ; ce qui est à noter. Car s’il eût esté marié plütost, il est fort probable qu’il auroit voulu estre de la partie, & faire compagnie au Mareschal son oncle & au fils du seigneur de la Chollettière son allié[9]. »

La vie du bourg de Courpière était régie par le prieuré des Bénédictines, fondé en 1130 par l'évêque de Clermont pour accueillir des religieuses faisant partie de la congrégation de Cluny et vivant selon la règle de saint Benoît. Les revenus qu'elles percevaient de leurs vastes domaines, ainsi que du droit de banalité, du droit de dîme et du droit de bateau sur la Dore, leur permirent d'agrandir leur prieurale et de bâtir ainsi une église romane à trois vaisseaux qui sert encore aujourd'hui de paroissiale à la ville de Courpière. Elles placèrent l'église et leur couvent sous le patronage de saint Martin, évêque de Tours. La famille de La Barge pourvut la communauté des "Dames[10] de Courpière" d'un nombre important de moniales et d'au moins deux prieures. Bompara de Barghia (Bompare de La Barge, fille d'Antoine I et de Marguerite Chaulet) devint "prioresse" du monastère de Courpière en 1445 et résigna son bénéfice à sa nièce, Catherine de La Barge (fille de Louis I de La Barge et de Louise du Lac), en 1464. La plupart des membres de la famille de La Barge furent d'ailleurs ensevelis dans le tombeau ou "vas" de La Barge de l'église Saint-Martin de Courpière.

Deux autres membres de la famille de La Barge sont connus pour avoir fait profession à l'Abbaye royale de l'Isle-Barbe-lès-lyon. Isolée sur une île de la Saône longue de près de huit cents mètres, dans les faubourgs de Lyon, l’abbaye de l’Ile Barbe était probablement le monastère le plus ancien de la région lyonnaise, et peut-être même, avec celui de l’île de Lérins, l’un des plus anciens de toute la Gaule.[11]Gaudemar y était moine en 1262, puis son neveu Pierre de La Barge, en outre prieur de Chavanost en Dauphiné, y « a conservé sa mémoire par deux actes assez considérables ». Le premier fut « la confirmation » des statuts du monastère en 1284, puis l’autorisation par son abbé, en 1287, d’une fondation de quatre anniversaires, « en considération de ce qu’il avoit augmenté le revenu de son Prieuré de Chavanost de vingt-cinq livres de rente. » Il acquit la dignité de grand sacristain de l’Île-Barbe en cette année 1284.

Si la famille de La Barge a affermi sa descendance noble tout au long du Moyen Âge, c’est véritablement au XVIe siècle qu’elle s’est distinguée, grâce à des chevaliers qui se sont illustrés dans le domaine militaire par des faits d’armes, au service des Valois ou de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, ainsi qu’à des chanoines-comtes de la riche et puissante église primatiale Saint-Jean de Lyon[12], qui prirent activement part aux guerres de religion.

Époque moderne[modifier | modifier le code]

Leur intégration à la clientèle royale a enrichi les seigneurs de la maison de La Barge, qui a ainsi pu, dans la seconde moitié du XVIe siècle, adapter le domaine et le château aux nouveaux modèles de confort et d’agrément mis en pratique à la Renaissance. L’édifice médiéval défensif et indigent en ouvertures vit alors disparaître les créneaux, les mâchicoulis et les meurtrières[13], entrainant un remaniement des tours d’angles, désormais couvertes de toits coniques à tuiles en écailles, dits en poivrière. Les ouvertures existantes furent élargies et de nouvelles, aménagées, afin que la lumière baignât largement les intérieurs.

D’autres modifications eurent lieu au domaine, du XVIe au XVIIIe siècle : la création de la cour d’honneur, notamment, qui a nécessité le remblayage des douves à l’ouest et la suppression du pont-levis, devenu inutile. Une profonde restructuration des bâtiments donna au château la silhouette qu’on lui connaît aujourd’hui. Il est encore bordé de douves sur trois côtés. Il existait trois ou quatre grands portails en fer forgé qui délimitaient les espaces : celui de l’entrée principale qui ouvrait sur les communs au sud, dit « de la basse-cour », celui qui séparait les communs de la cour d’honneur du château dans le prolongement du premier, dit « de l’avant-cour », celui, encore dans l’alignement des précédents, qui fermait l’accès au nord, et enfin celui qui séparait la cour d’honneur du château, des jardins, à l’ouest, dit « du grand jardin ». Ces portails ont été volés pendant la Révolution française et l’un d’entre eux seulement a été retrouvé, qui sépare aujourd’hui la cour d’honneur du château et le jardin. Le parc du domaine de La Barge est étendu sur 40 hectares environ. Planté d’arbres de haute futaie, de vergers et agrémenté de jardins au réseau hydrographique complexe, il connut des modifications au fil des siècles. Au jardin de la Renaissance a succédé un jardin à la française avec orangerie, inspiré de Jean-Baptiste de La Quintinie et d’André Le Nôtre, le « jardin-aux-bassins ». Un plan datant du XVIIIe siècle en est conservé dans les archives du château. Composé de bassins entourés de damiers engazonnés et fleuris, séparés par des allées formant perspectives, il demeure ceint au nord-ouest et au sud-ouest, aux abords de la rivière, par deux pavillons isolés, au toit à l’impériale à quatre versants galbés.

La transformation la plus importante du château à la Renaissance, fut néanmoins la création au niveau de son premier étage, d’une longue terrasse de couverture enveloppant le corps de logis le long de ses versants septentrional et occidental, et bordée d’une balustrade en trachy-andésite[14]. Les balustres sculptés qui la composent, simples, à section carrée en poire, sont renforcés à intervalles réguliers par des dés eux aussi sculptés, dont les alettes reprennent le motif d’un demi-balustre de part et d’autre de chaque dé. D’est en ouest, la terrasse couvre la tour d'enceinte circulaire (au nord-est), puis les pièces d’enfilade du rez-de-chaussée contiguës à la façade latérale gauche du corps de logis, ainsi qu’au mur d’enceinte septentrional. Dans son prolongement devant la façade principale, la terrasse prend la forme qui lui est conférée par ses supports : plusieurs corps de portique dont la symétrie apparente par rapport à l’axe transversal du château assure l’unité de la façade. Sur l’angle gauche, la terrasse est ainsi portée par une galerie demi-hors-œuvre adossée, de forme rectangulaire, voûtée, à deux arcades transversales et une longitudinale, qui retombent sur des impostes moulurées couronnant de puissants piliers quadrangulaires. Sur l’angle droit du corps de bâtiment, elle est portée par une galerie cornière hors-œuvre rectangulaire, à deux travées d’arcades, reposant sur de semblables impostes couronnant des piliers quadrangulaires eux aussi. Au contour en encorbellement de chacune des tours d’angle, ce sont deux consoles de trachy-andésite, à ressauts en quart-de-rond, qui supportent la terrasse et sa balustrade, leur faisant épouser la forme circulaire des tours. Et enfin, en façade du corps de logis, la terrasse est soutenue par un portique à colonnade, sculpté dans la roche volcanique locale. Neuf colonnes lisses à tambours, montées sur un piédestal, sont alignées de part et d’autre de la porte d’entrée du château. Elles portent une architrave à frise nue surmontée d'une corniche puis des balustres bordant la terrasse. Reposant sur une base attique, chacun de leurs fûts est couronné d’un chapiteau ionique à balustres, formé de volutes, d’une échine ornée d’oves, d’un astragale en chapelet de grains, et surmonté d’un abaque. Nous ne connaissons pas la période précise de la construction de cette terrasse et de ses portiques, qui permettaient, au rez-de-chaussée une circulation abritée, et à l’étage, non seulement une circulation sans passer par les appartements, mais aussi la contemplation du domaine, de sa cour d’honneur et de ses jardins. Ils s’inscrivent cependant dans le vocabulaire architectural de la seconde Renaissance, qui, dans la continuité de l’italianisme triomphant, fut marqué en France par l’assimilation puis l’affirmation des règles et proportions des ordres antiques[15]. Galeries, portiques et terrasses participèrent de cet effacement des murs devant les ouvertures, caractéristique de la Renaissance. A la verticalité gothique, succéda l’horizontalité exprimée par ces nouveaux éléments d’architecture. En outre, comme l'a noté Jean-Pierre Babelon[16], « ce péristyle rappelle celui qui fut ajouté par François 1er dans la Cour ovale de Fontainebleau[17].

La colonnade de la façade ouest, ©Franck Genestoux, MAP 1992

Si l’on examine la façade principale et que l’on élève le regard au niveau des combles, on remarque la présence d’une réplique de la balustrade qui fait pendant à celle de l’étage noble. Elle sert de garde-corps à une terrasse de couverture sommitale devant les lucarnes, et couronne les trois travées centrales à trois niveaux et au même alignement, du corps de logis. Elle est composée de trois suites de quatre balustres entrecoupées de deux dés ; chaque suite étant située à l’aplomb d’une travée de baies, et chaque dé à l’aplomb d’un chambranle de fenêtre. Les deux dés figurent un écu sculpté aux armoiries de la maison de La Barge, encore visibles malgré l’érosion : d’argent à la bande de sable.

Détail du registre inférieur de la baie 5 de la chapelle : D'Argent à la bande de sable

L’observation de cette terrasse de combles révèle la structure du corps de bâtiment rectangulaire, qui n’est pas unique comme les murs de la façade principale au même alignement pourraient le faire croire, mais composé de trois corps principaux : un corps central et deux ailes en retour d’équerre. Ce sont leurs toitures qui le soulignent, le corps central étant couvert d’un toit à deux versants, tandis que les deux ailes le sont chacune d’un toit à croupe. Les grands combles, que l’Italien Serlio admirait comme « chose très plaisante et noble », et leurs lucarnes, qu’il louait pour être « de grand ornement pour les édifices, comme une couronne », sont deux des traits propres à l’architecture française de la Renaissance[18]. Au château de La Barge, les grands combles couverts de tuiles en écaille et percés de lucarnes aux devants trilobés, concourent indéniablement à la majesté de l’édifice.

Ce qui ajoute encore à la singularité pittoresque de cette terrasse, c’est, par l’entremise d’un pont-escalier à balustres reposant sur une majestueuse arcade en anse de panier, son prolongement en deçà de la galerie droite, jusqu’aux toits de la chapelle attenante et de la tour circulaire accolée à celle-ci (une des quatre tours de l’ancien mur d’enceinte du château), tous deux aménagés en une terrasse bordée des mêmes balustres en trachy-andésite. Ce mode de couvrement en terrasse, utilisé dès 1460 au palais ducal d’Urbino, constituait une référence à l’architecture italienne. Les seigneurs de La Barge pouvaient ainsi, du premier étage du château jusqu’à ce large toit-terrasse, rejoindre la chapelle et y pénétrer par la tour-clocher circulaire dont l’escalier en vis les menait à la nef.

Les deux principaux commanditaires de ces nouveautés ainsi que de la chapelle et de ses vitraux, sont issus de la fratrie de la deuxième génération des La barge au XVIe siècle : Étienne et François. Fils d'Antoine III de La Barge et de Charlotte de Rivoyre du Palais, ils avaient aussi un frère, Guillaume, un bibliophile chanoine-comte de la Primatiale Saint-Jean de Lyon et sacristain de l'Abbaye royale de l'Isle-Barbe lès Lyon, ainsi qu'une sœur aînée, Catherine de La Barge, qui épousa en 1546 Marcellin Motier de Champetières, un descendant de Gilbert Motier de La Fayette. À l'âge de trente ans, Guillaume fut l'une des victimes, comme son oncle Gilbert et le célèbre imprimeur-libraire Jean de Tournes, de la terrible épidémie de peste qui sévit à Lyon à l'automne 1564. Il fut inhumé dans la chapelle du Saint-Sépulcre de la cathédrale Saint-Jean, aux côtés de son oncle Louis de La Barge,[19] qui fut lui aussi chanoine-comte de Lyon et mansionnaire de la châtellenie d'Albigny-sur-Saône.[20]

Détail du registre inférieur du vitrail de la baie d'axe de la chapelle.

Étienne de La Barge (ca.1536-1602)[modifier | modifier le code]

Étienne fut lui aussi un membre du puissant chapitre de Saint-Jean de Lyon qu’il intégra en 1553. « Les esprits distingués, les hommes de grand mérite » qui firent partie du Chapitre de Lyon, lui avaient fait donner le nom de Maison de Pourpre, car plusieurs souverains pontifes, vingt-cinq cardinaux, cent trente archevêques ou évêques environ, furent chanoines de Lyon. Même sous la pourpre romaine, ils siégeaient au chapitre, selon l’abbé Vachet. Durant les six premiers mois de l’année 1554, le prestigieux corps des chanoines-comtes de Lyon compta quatre membres de la maison de La Barge : Louis, Gilbert et leurs neveux Guillaume et Étienne. Ce fut cette année-là que Louis fit graver les armes familiales sur le couvrement du manteau de la cheminée du château d’Albigny, avant de s’éteindre quelques mois plus tard, dix ans avant Gilbert et Guillaume. Étienne, le dernier entré au chapitre et désormais unique représentant de sa maison, allait devenir celui qui y fit la plus longue carrière et qui y accéda aux plus hautes dignités.

Étienne de La Barge fut d’abord nommé sacristain de Saint-Jean, le 29 avril 1562, une semaine après le décès du cardinal de Tournon et la veille de l’entrée des protestants dans Lyon. Les missions du sacristain étaient si nombreuses et si diverses qu’elles requéraient sa présence presque permanente au cloître et conféraient à sa tâche une importance semblable à celle du doyen. Le chapitre de Saint-Jean partageait ses activités entre les offices du chœur et la gestion de domaines étendus. Ainsi, au-delà du temps des offices et des assemblées capitulaires, les occupations des chanoines se partageaient entre la gestion des parts de domaines qui composaient leurs prébendes, les mises en pratiques des délibérations capitulaires, et la surveillance des clercs inférieurs et autres subordonnés qui vivaient aussi dans le quartier claustral. L’action du chapitre s’étendait sur tout le diocèse, car il était le bras droit et l’auxiliaire de l’archevêque, au spirituel et pour les questions relatives à la discipline ou à la foi. Ce n’était pas tant en vertu d’un droit ou d’un pouvoir officiel qu’il tenait ces prérogatives, mais bien du prestige considérable que lui donnaient son ancienneté et sa puissance. Le chapitre de Saint-Jean intervint fréquemment en faveur d’une réforme et lutta sans relâche contre les protestants, ses ennemis implacables qui l’avaient contraint à fuir et à vivre dispersé pendant près d’un an[21]. Ce ne fut qu’en juillet 1563 que le chapitre put reprendre le cours de sa vie claustrale en sécurité, mais dans des bâtiments en grande partie ruinés, à l’issue de la première des guerres de religion.

LABARGE Estienne (de), rédacteur, Statuts et ordonnances…Lyon, Jean Stratius, 1577.

C’est sans doute à cette époque qu’Étienne de La Barge se lia d’amitié avec Pierre d’Épinac,[22]élu à la dignité de chamarier de saint-Jean à l’âge de dix-huit ans, en décembre 1558, et neveu de l’archevêque Antoine d’Albon. Parmi les neuf dignités[23] du chapitre de Saint-Jean, la chamarerie était la cinquième, avant la sacristie dont Étienne était pourvu. Le chamarier était chargé de toutes les affaires extérieures, procès ou différends, concernant les droits capitulaires. C’est dans la défense des prérogatives de son ordre que Pierre d’Épinac révéla son caractère et ses premiers talents au sein de la vie capitulaire qui certainement lui attirèrent dès lors l’admiration et la confiance de ses confrères. Fait rare dans l’histoire du chapitre, il devint doyen de Saint-Jean avant l’âge de trente ans, puis fut nommé archevêque de Lyon à 34 ans par le roi Charles IX . Archevêque de Lyon, président des assemblées ecclésiastiques de France, conseiller du roi en ses conseils privé et intime, garde des sceaux de la Ligue, tour à tour gouverneur de Paris et de Lyon, la vie de Pierre d’Épinac fut riche d’événements. Il joua dans les affaires de son temps un rôle considérable. Homme d’une grande intelligence, brillant orateur dont les vastes connaissances faisaient l’admiration de ses contemporains, il était connu pour son tempérament et son caractère qui le disposèrent à manier subtilement la diplomatie. Amplement connu dans son diocèse, solidement appuyé à Rome et respecté à la cour, Pierre d’Épinac occupait donc une forte position. « Le choix de ses plus proches collaborateurs montre en outre dans quel sens il comptait agir, écrivait Henri Hours,[24]deux réformateurs zélés, ardents et même fougueux : le suffragant Jacques Maistret, prieur du couvent des Carmes, et le vicaire général Étienne de La Barge, chanoine de Saint-Jean. » Ainsi la vie d’Étienne de La Barge fut étroitement liée à celle de son mentor, maître et ami, l’archevêque de Lyon Pierre d’Épinac. Il fut un serviteur fidèle, un bon subordonné, prompt, appliqué et dévoué en tout ce qu’exigeaient ses fonctions. Plein d’ardeur pour réformer les mœurs, il encouragea l’archevêque à exercer un ministère actif, et porta lui-même plusieurs règlements de réforme. Pierre d’Épinac chargea notamment Étienne de La Barge de rédiger de nouveaux statuts synodaux, en y ajoutant les prescriptions toutes récentes dictées par le concile de Trente, ainsi qu’un catéchisme destiné à aider les curés dans l’administration de leurs paroisses.[25]

Dès sa prise de fonction à l’automne 1574, Pierre d’Épinac fit d’Étienne de La Barge son vicaire général, soit la seconde autorité du diocèse après lui, et son bras droit dans l’exercice de sa juridiction spirituelle et même temporelle. Étienne fut en outre son successeur dans le maniement des affaires de la communauté de Saint-Jean. Richard ajoute qu’Étienne tint une grande place dans la politique locale, qu’il représenta la province aux assemblées ecclésiastiques du royaume et qu’il remplaçait l’archevêque absent auprès des échevins lyonnais, lorsqu’on le convoquait avec les autres notables de la ville pour discuter et régler les questions municipales les plus importantes. En outre, il conserva toujours un grand ascendant sur le chapitre, qui fit de lui son archidiacre, second dignitaire après le doyen, le 24 août 1580. À l’échelle d’un diocèse, l’archidiacre était le plus ancien et le premier des diacres d’une église, l’ecclésiastique auquel l’évêque donnait pouvoir d’exercer la juridiction en son nom sur les curés dudit diocèse. L’archidiacre était donc chargé d’exercer la police, avec ses prérogatives coërcitives d’interdictions et de châtiments. Il était chargé de défendre le domaine de l’Église contre ceux, nombreux, qui tentaient d’y porter atteinte. « Ces fonctions exigeaient, écrit Beyssac,[26]de la part de ceux auxquels elles étaient confiées, des situations et des facultés personnelles, et, de tout temps, on les [vit] attribuer de préférence à des chanoines appartenant à des familles puissantes, familles auprès desquelles ils pouvaient trouver aide et protection. » Étienne de La Barge fut en fait le véritable factotum du chapitre pendant vingt-cinq ans, son représentant au dehors et à la cour, un rôle majeur et nouveau qu’il exerça avec éclat, selon Richard,[27]qui lui rendit hommage en ces termes : « Il nous apparaît comme une personnalité de beaucoup de prestige, tant à cause de son mérite personnel et de la puissance que lui donnait son rôle de représentant ordinaire du chapitre, que parce que tous les détails de l’administration archiépiscopale relevaient de lui, d’où son titre de vicaire au spirituel et au temporel. Il compta toujours parmi les chanoines les plus zélés pour l’honneur du corps, les plus actifs dans l’œuvre de réforme, comme il le montra en remplissant avec une énergie infatigable les fonctions de juge du cloître, qui lui furent continuées pendant plus de vingt ans (1575-1597). Il partageait, sans les pousser aussi loin, les convictions de Maistret, appuya son action auprès de l’archevêque, dirigea avec lui le diocèse pour le plus grand avantage de la discipline ecclésiastique, favorisa le mouvement ligueur et organisa même le parti catholique dans la région. Après avoir été vicaire général pendant plus de vingt années, il fut exilé avec d’autres personnages compromis, mais pour peu de temps (de décembre 1594 à septembre 1595). Il est, conclut Richard, le seul dignitaire que les documents nous présentent comme jouissant de tous les pouvoirs délégués de l’archevêque. » Étienne de La Barge fut donc, durant le dernier quart du XVIe siècle, l’un des personnages les plus puissants de la cité lyonnaise, au sein d’un archevêché qui, par sa primatie, occupait le premier rang dans l’Église de France et conservait de son ancienne situation féodale des privilèges et droits temporels considérables ; dans un diocèse qui avait sans doute une administration complexe, dotée d’un nombreux personnel d’officiers, de clercs ou de laïcs.

Les archives capitulaires autant que familiales montrent qu’Étienne de La Barge, dont les multiples fonctions l’obligeaient à résider à Lyon, était mansionnaire de la châtellenie de Grézieu-la-Varenne, un bourg situé à trois lieues à l’ouest de Lyon où il possédait « maison, domaine et appartenances[28] ». C’étaient Gaudemar et Pierre de La Barge, les ancêtres d’Étienne, tous deux moines de l’abbaye royale de l’Ile-Barbe, qui, au XIIIe siècle, avaient fait bâtir une forteresse sur le domaine de « greisieu[29] ». Propriété centrale dans l’histoire de la ville, le (second) château de La Barge, transformé au XVIe siècle, subsiste partiellement aujourd’hui, et la famille de La Barge fit tant partie de l’histoire de ce bourg que ses armes, d'argent à la bande de sable, illustrent encore aujourd’hui, comme à Albigny-sur-Saône, le blason de la commune[30]. Sans doute Étienne fut-il à l’origine des transformations du château féodal, en tant qu’administrateur de la châtellenie de Grézieu.

Détail du panneau inférieur droit de la baie 1, François de La Barge arborant les attributs des Chevaliers de l'Odre royal de Saint-Michel.

François de La Barge (ca. 1530-ca.1593)[modifier | modifier le code]

François de La Barge , né vers 1530, était l’aîné de la fratrie issue du mariage d’Antoine III de La Barge et de Charlotte de Rivoyre du Palais. Nous ignorons s'il a été formé par son père, au sein de la gendarmerie dont nous savons qu'il était un capitaine en décembre 1561, grâce à une lettre de Catherine de Médicis[31] adressée à Monsieur de Bourdillon, lieutenant général du roi son fils en Piémont, qui le mentionne . Mais ce que révèle par ailleurs cette lettre ajoute une touche romanesque à la vie de François de La Barge, dont elle nous apprend qu’il était alors un émissaire -donc un homme de confiance- d’un prince illustre et très important à la cour de France : Jacques de Savoie[32], le duc de Nemours. François de La Barge fit-il ses classes auprès du duc de Nemours, à l’instar de François de Mandelot[33] , qui fut admis parmi ses pages et avec lequel il fit carrière ? Nous l’ignorons, mais la brillante carrière militaire qui fut la sienne autorise à penser qu’il reçut l’éducation nécessaire pour devenir un militaire de talent, et tous trois avaient quasiment le même âge et gravitaient autour de Lyon, ce qui a pu les rapprocher. Une autre lettre, curieuse car sans mention de l’année de son écriture, montre que le réseau clientélaire de la famille de La Barge, avant de compter le duc de Nemours, devait déjà être bien établi au sein de la noblesse provinciale auvergnate. Cette lettre signée « Anthoynete de Turenne[34]  », adressée à François de La Barge, évoque le « voyage » à Paris de celui-ci « vers monsieur de Turenne [son] frère », dont nous pouvons ainsi déduire qu’il s’agit de François III de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne. En effet, la lettre fut écrite de « l’Ile Adan », seigneurie détenue par les Montmorency depuis la mort du dernier seigneur de l’Ile Adan. Or François III de La Tour était l’époux d’Éléonore de Montmorency, la fille aînée du connétable et la sœur de Henry 1er de Montmorency, baron de Damville, gouverneur et lieutenant-général pour le Roy en Languedoc. François III de La Tour, qui vivait au château de Joze non loin de Courpière, était sans doute, tout comme sa sœur, un ami de François de La Barge. Éléonore et François III de La Tour étant décédés en 1556 et 1557[35] , la lettre est donc antérieure à cette date. C’est une lettre de jeunesse très amicale, qu’Anthoynete (sic) termine par ces mots : « votre meilleure amye et preste à vous fere plaisir ».


La chapelle Sainte-Catherine[modifier | modifier le code]

Une discrète chapelle castrale[modifier | modifier le code]

Si l'on ignore qu’elle fut bâtie dans le dernier tiers du XVIe siècle, en plein embrasement des guerres de religion, on peut s'interroger sur la sobriété et la discrétion de l’architecture extérieure de cette chapelle, accolée à l’une des tours d’enceinte du château qui apparaît comme un rempart derrière lequel elle semble se protéger, doublé d’un poste d’observation. Édifice plutôt modeste par ses dimensions : environ quarante pieds de long sur vingt pieds de large et vingt pieds de hauteur, [36]son volume, en forme de pavé droit géométrique due à son toit-terrasse, laisse croire en outre qu’il veut passer inaperçu. Le fait qu’elle ne soit pas non plus exactement orientée -son chevet est au sud-est- en renforce encore le caractère discret.





  1. BABELON Jean-Pierre, "La Barge", in Châteaux de France au siècle de la Renaissance, Paris, Flammarion/Picard, 1989, p.783 ; DIDON Catherine, "La Barge", in Puy-de-Dôme : Manoirs et châteaux, Prahecq, Éditions patrimoines et médias, 2005, p.16-17 ; SOULANGE-BODIN Henry, "Châteaux du Puy-de-Dôme, La Barge", in Châteaux anciens de France, connus et inconnus, Delémont, Éditions du Jura, 1962, p.424-429.
  2. TARDIEU Ambroise, Grand dictionnaire historique du département du Puy-de-Dôme, Marseille, Jeanne Laffitte (Réimpression de l'édition de Moulins de 1877), 1976, p.80 ; TARDIEU Ambroise, "Les châteaux d'Auvergne", in Almanach de la Gazette d'Auvergne, 6e année, Clermont-Ferrand, 1888, p.90 ; REMÂCLE Albert (de), "La Barge", in Dictionnaire des fiefs de la Basse-Auvergne, tome 1, Clermont-Ferrand, Mémoires de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-ferrand, 1941, p.98 ; ADAM Adrien (Abbé), "Courpière", in Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, Clermont-Ferrand, Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand, 1946, p.450 ; GUÉLON Pierre-François (Abbé), Vollore et ses environs, Clermont-Ferrand, Comité des fêtes de Vollore-Ville (Réimpression de l'édition de M.Bellet de 1890), 1981, p.46-55
  3. MORIHAIN Soline, Les verrières de la chapelle Sainte-Catherine du Château de La Barge, à Courpière, Puy-de-Dôme, Mémoire de Master 2 recherche en Histoire de l'art moderne, UCA, Clermont-Ferrand, sous la direction de Laurence RIVIALE, 2019, Vol.I, 364 p., vol.II, 176 pl.
  4. GATOUILLAT Françoise, HÉROLD Michel (dir.), Les vitraux d'Auvergne et du Limousin, Recensement des vitraux anciens de la France, Vol. IX, Rennes, PUR, 2011, p.154-158.
  5. Longue d'environ 145 kms, la Dore est l'un des trois principaux affluents de l'Allier, avec la Sioule et l'Alagnon.
  6. ADAM Adrien (Abbé), "Courpière", dans le Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, Clermont-Ferrand, Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand, 1946, p.450.
  7. De navis (nef), bateau qui transporte d'une rive à l'autre. Le lieu-dit de La Nau, où la Dore commence à être navigable, s'est appelé jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le port de La Barge.
  8. Au XVIe siècle, cette famille donna deux gouverneurs à la Basse-Auvergne : François de Montmorin Saint-Hérem en 1556, chevalier de l'ordre du Roi, puis Gaspard de Montmorin Saint-Hérem, son fils, de 1557 à sa mort, le 9 juin 1577, lors du siège d'Issoire.
  9. Voir LE LABOUREUR Claude, Les Mazures de l'abbaye royale de l'Isle-Barbe ou Histoire de tout ce qui s'est passé dans ce célèbre Monastère, depuis sa sécularisation jusques à présent, Tome 2, paris, Jean Couterot, 1681, p.230
  10. La règle de saint Benoît interdisait la ségrégation dans le choix des religieuses, mais si une roturière entrait au monastère, elle demeurait une "sœur" de condition inférieure et ne pouvait prétendre au titre de "Dame" réservé aux religieuses nobles.
  11. Voir Mémoire de pierres, Abbaye de l’Ile Barbe, Musée historique de Lyon, Hôtel de Gadagne, Lyon, 1995, p 17. Voir aussi NIEPCE Léopold, L’Ile-Barbe, son ancienne abbaye et le bourg de Saint-Rambert, Lyon, René Georges, Réimpression de l’édition de 1890, 1998.
  12. Voir BEYSSAC Jean, Les chanoines de l’Église de Lyon, Lyon, Grange, 1914.
  13. DIDON Catherine, « La Barge », Puy de Dôme : Manoirs et Châteaux, Prahecq, Éditions patrimoines et médias, 2005, p.16-17.
  14. La trachy-andésite est une roche volcanique de la série alcaline, intermédiaire entre un trachybasalte et un trachyte. Généralement de couleur grise, elle contient des phénocristaux de feldspath, et est assez riche en silice. En France, la pierre de Volvic est un exemple classique de trachy-andésite. C'est une pierre de couleur gris clair parsemée de petites bulles. Elle résiste au gel et présente un faible coefficient de dilatation, des caractéristiques qui en firent un matériau intéressant pour la construction, particulièrement en Auvergne où elle était extraite des mines et carrières proches de la commune de Volvic (Puy-de-Dôme).
  15. MIGNOT Claude, RABREAU Daniel (dir.), Histoire de l’art, Temps modernes – XVe - XVIIIe siècles, Paris, Flammarion, 1996, p.212.
  16. BABELON Jean-Pierre, op.cit., p.783
  17. Les travaux de la Cour ovale de Fontainebleau ont débuté en 1528. Gilles Le Breton était alors mentionné « maître général des œuvres de Maçonnerie du roi », et travaillait sur le chantier de la Cour ovale.
  18. MIGNOT Claude, RABREAU Daniel (dir.), op.cit., p.213.
  19. VACHET Adolphe (abbé), Les anciens chanoines-comtes de Lyon, Lyon, E. Vitte, 1897, p.55.
  20. Les armoiries de la ville d'Albigny-sur-Saône, dans le département du Rhône, sont celles de Louis de La Barge, qu'il avait reprises de son père et qui furent celles ensuite de son neveu Étienne. Louis les avait fait sculpter sur le manteau de la cheminée de la salle à manger du château d'Albigny où se réunissaient les élus municipaux au XIXe siècle, ce qui explique leur choix de ce blason. Voir COUDERT Jean, PERRADIN Robert (Dir.), Albigny-sur-Saône à la recherche de son passé, Albigny-sur-Saône, Groupe Histoire Albiniaca, 1992, p.20-21, 35-36; et https://www.mairie-albignysursaone.fr/publication/81/la-place-de-verdun
  21. Voir KRUMENACKER Yves (dir.), Lyon 1562, capitale protestante, Lyon, Éditions Olivétan, 2009.
  22. Voir RICHARD Pierre, La Papauté et la Ligue française, Pierre d’Épinac, Archevêque de Lyon (1573- 1599), Paris, A. Picard et fils, Lyon, A. Cote, A. Effantin, 1901.
  23. Les dignitaires du chapitre de Saint-Jean de Lyon étaient dans l’ordre hiérarchique : l’abbé-doyen, l’archidiacre, le précenteur, le chantre, le chamarier, le sacristain, le custode, le prévôt de Fourvière et le maître de chœur.
  24. Voir HOURS Henri, « Le XVIe siècle », in GADILLE Jacques (Dir.), Histoire des diocèses de France n°16 : Histoire du diocèse de Lyon, Beauchesne, Paris, 1983, p. 131.
  25. Statuts et ordonnances synodales de l'eglise metropolitaine de Lyon, primatiale des Gaules [Texte imprimé]: reveues, augmentees et traduictes en langue françoyse, pour l’instruction des Curez et gens d’eglise du diocese de Lyon, par mandement & authorité de Monseigneur le Reverendissime Archevesque Conte de Lyon, Primat des Gaules, publiées au Sene de S. Luc, Lyon, Jean Stratius, 1577, (non paginé) disponible sur https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k79060f.
  26. Voir BEYSSAC Jean, op.cit., p. XLVI.
  27. Voir RICHARD Pierre, op.cit., p. 66, et BOUCHER Jacqueline, « Les archevêques de Lyon à l’époque moderne », in BERTHOD B., BOUCHER J., GALLAND B., et al., Archevêques de Lyon, Lyon, Éditions lyonnaises d’Art et d’Histoire, 2012, p. 93. Voir aussi VINDRY Fleury, Les parlementaires français au XVIe siècle, Tome 1, Paris, H. Champion, 1909, p. 209, 214. Etienne séjourna à Paris en avril 1582, vraisemblablement à la cour, puisqu’il fut aumônier du roi Henri III, et il fut aussi le délégué du diocèse à l’Assemblée ecclésiastique de 1585.
  28. Archives départementales du Rhône, 10 G 139, délibérations capitulaires, Fol. II C L, r° et v° ; Fol. II C LXXIIII v°- Fol. II C LXXVII r°.
  29. Voir CATALON Eugène, Grézieu-la-Varenne, 2000 ans d'Histoire, Paris, France-Empire, 1977, p.24- 45.
  30. Les armes de la commune de Grézieu-la-Varenne, dans le département du Rhône, se blasonnent ainsi : Écartelé aux 1 et 4 d’argent à la bande de sable, aux 2 et 3 d’azur à la roue d’or, et sur le tout : d’argent au lion de gueules à la bordure d’azur semée de besans d’or. Elles sont une évocation du chapitre de Saint-Just de Lyon, dont l’abbé doyen était un chanoine de la primatiale, seigneur de Grézieu jusqu'en 1789 ; et de deux familles importantes de la commune : les La Barge, du Moyen-Âge au XVIe siècle, puis les Charrier, du XVIIe siècle à la Révolution française. Antoine Charrier, escuyer, seigneur de La Barge, conseiller du roi, thrésorier de France en la généralité de Lyon, puis trésorier général de France en 1629, mourut en 1673 à l'âge de quatre-vingt-dix ans. Sa mort fut considérée comme une grande perte par toute la paroisse de Grézieu. Il eut neuf enfants dont Jean Charrier, chevalier de La Barge, capitaine au Régiment de Lorraine, Trésorier général de France en 1671-1672, Prévôt des marchands de Lyon.
  31. Lettres de Catherine de Médicis, publiées par M. le Comte Hector de La Ferrière, tome I, 1533-1563, Paris, Imprimerie nationale, 1880, p. 258
  32. Jacques de Savoie, duc de Nemours (1531-1585), fils de Philippe de Savoie (demi-frère de Louise de Savoie, la mère de François 1er), et de Charlotte d’Orléans-Longueville (fille de Louis 1er d’Orléans, duc de Longueville), était donc le cousin du Roi et du duc de Savoie Emmanuel-Philibert. Il fut l’un des princes les plus accomplis de son temps, ce qui lui valut d’être le personnage principal du roman de Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves.
  33. François de Mandelot, seigneur de Passy, naquit à Paris en 1529. Gentilhomme de la chambre du Roi et lieutenant du duc de Nemours, il participa aux guerres contre Charles-Quint, puis à la reprise de Lyon en 1562, face au baron des Adrets. Entré au Conseil privé du roi Charles IX, il fut nommé lieutenant-général auprès du duc de Nemours à Lyon, en 1568. Puis en 1571, il fut choisi par Catherine de Médicis qui l’appréciait beaucoup, pour le remplacer au gouvernement du Lyonnais, et y demeura jusqu’à sa mort en 1588.
  34. Anthoynete et François étaient les enfants de François II de La Tour, Vicomte de Turenne, chevalier de l’Ordre du Roy, Lieutenant général du Roy en son armée d’Italie ; et d’Anne de La Tour, dite de Boulogne, Dame de Montgascon. Voir BALUZE Étienne, Histoire généalogique de la maison d'Auvergne, justifiée par chartes, titres, histoires anciennes et autres preuves authentiques, tome 1er, Livre cinquième, Paris, A. Dezallier, 1708, p. 366, 416-424.
  35. François III de La Tour est mort en 1557, lors de la bataille de Saint-Quentin.
  36. La longueur du pied était variable sous l’Ancien Régime. Un pied égalait douze pouces, soit environ un tiers de mètre, soit environ 32 cm. Ces dimensions extérieures s’entendent tourelle d’escalier et tour d’enceinte non comprises, soit environ 12,80 m de long x 6,40 m de large et de haut.