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Roger Boutefeu[modifier | modifier le code]

Roger Boutefeu né le 5 octobre 1911 au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) et mort le 24 juillet 1992 à Agey (Côte-d’Or) est un poète, écrivain, chroniqueur et militant anarchiste.

Autodidacte et libertaire, il est une des grandes figures de la littérature prolétarienne d'après-guerre. Il a été présenté par l'historien de la littérature Michel Ragon comme l'un des rares représentants des écrivains prolétariens chrétiens. Il a eu comme pseudonymes Roger Coudry, le Pédiculeux ou encore A. Duret.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d’un caoutchoutier, Roger Boutefeu connaît une enfance miséreuse au Pré-Saint-Gervais durant la décennie de la Première Guerre mondiale (1914-1918). Enfant de la "zone" et des banlieues, il est orphelin à douze ans et prend la route pour devenir un jeune trimard. Il relate cette enfance difficile dans son autobiographie Veille de fête[1]. Durant son adolescence, il connaît une vie d’errance et exerce de nombreux métiers comme commis de ferme, couvreur-plombier, camelot, berger ou bûcheron. C’est au cours de ses vagabondages qu’il découvre les idées anarchistes au contact des ouvriers qu'il croise. Il demeure à Paris avant la Seconde Guerre mondiale et travaille comme manutentionnaire dans une entreprise de presse avant de devenir imprimeur.

C’est à cette période qu’il rejoint les milieux libertaires parisiens. Il se lie d’amitié avec Gérard Leretour et rejoint la Ligue des Objecteurs de conscience (LOC), fondée par ce dernier, qui deviendra la section française de l’Internationale des résistants à la guerre (IRG). En 1936, il participe à la fondation du journal Rectitude (13 numéros entre novembre 1936 et mars 1937) avant d’en devenir le gérant. L’hebdomadaire de la LOC est tiré à 1 000 exemplaires fut fondé en collaboration par les anarchistes parisiens Gérard Leretour, Ladislaw Nuchimowitch et lui-même. Il écrit sous le pseudonyme de A. Duret.

Militant de la CGT de 1929 à 1936, puis de l’Union anarchiste (UA), il écrivit : "Je serais mort à moi-même, à la vie, si je n’avais poussé la porte de la CGT et des milieux libertaires... Je dois à la CGT la connaissance. Aux milieux libertaires, la propreté".

Volontaire du coté des républicains durant la Guerre Espagne à l’été 1936, il était notamment chargé avec Charles Carpentier et Louis Mercier-Vega de la distribution sur le front du journal L’Espagne Antifasciste publié à Barcelone par André Prudhommeaux. Il envoya plusieurs articles et comptes rendus au Libertaire et plusieurs feuillets de ses carnets du front avaient été publiés dans L’Espagne antifasciste à partir du 10 août 1936.

Le 20 mai 1937 de retour en France, il participa à une réunion du groupe anarchiste du XIème arrondissement de Paris où, à propos de son expérience espagnole, il déclare : "Les évènements de Barcelone montrent d’une façon éclatante comment les partis bourgeois savent se servir des prolétaires pour se maintenir au pouvoir. Après que les communistes eurent fait tirer dans le dos des ouvriers, il s’est constitué in gouvernement dont l’élément révolutionnaire - CNT et UGT - a été exclu. Cette opération a pour but de rassurer les possédants et de permettre la conservation de la propriété privée. Cela est voulu par la France et l’Angleterre qui tremblent de voir la route du Maroc et des Indes perdue pour elles. Sous prétexte de désordres, les staliniens s’installent en maîtres en Catalogne, mais les héros de la CNT, de l’UGT, de la FAI et du POUM, sauront poursuivre la lutte".

Il fut, de septembre 1937 à août 1938, gérant du Libertaire et, en 1939, membre de la commission administrative de l’Union anarchiste (UA). Il fut également un des secrétaires de La Jeunesse anarchiste et comptait parmi les orateurs du mouvement qui intervenait régulièrement dans les meetings de l’UA.

En 1938, avec Georges Gourdin il fut le responsable du bulletin L’Exploité (Paris, n°1, 17 mars 1938) organe des groupes d’usines de l’Union anarchiste. Condamné, puis emprisonné au quartier politique de la Santé, en janvier 1939 à douze et dix-huit mois de prison pour « provocation de militaires à la désobéissance dans le but de propagande anarchiste », il se convertit au catholicisme pendant sa détention à la prison de la Santé. Il écrivit par la suite plusieurs ouvrages où il raconta sa joie d’avoir " rencontré Dieu " (cf. Je reste un barbare, 1962 et Journal du barbare, 1972).

Lors d’un entretien au Centre International de Recherche sur l'Anarchisme (Marseille) en 1980, il justifiait sa conversion par une vision qu’il aurait eu à sa sortie de prison : il aurait soudainement aperçu le visage du Christ dans le fessier d’une demoiselle qui marchait devant lui.

A la Libération il contribue à la revue Maintenant (Paris, 1945 - 1948, 10 numéros) fondée par Henry Poulaille, puis aux Cahiers du peuple (Paris, 1946-1947, 3 numéros) fondés par Michel Ragon.

En 1949, Roger Boutefeu résidait à La Tanche (Isère). Marié au Pré-Saint-Gervais (Seine) le 17 juillet 1937 avec Lucie Couture puis à Paris (XVIIe arr.) le 26 novembre 1949 avec Jacqueline Baudouin, et père de six enfants, il mourut à Agey (Côte-d’Or) le 24 juillet 1992.

Renouant avec le christianisme social, Roger Boutefeu écrivait : "Charnellement, je suis lié aux faibles, aux exploités, spirituellement lié à leur âme collective, à leur idée de vie. La volonté de faire avancer l’heure de la justice, de la paix et de la fraternité me tient debout...Le fait d’être de l’Église, d’en faire partie intégrée et intégrante n’y change rien : le peuple est proche du Seigneur. Je ne puis aimer les pauvres et avaliser un système économique et social qui en fabrique par millions".

Roger Boutefeu que Michel Ragon qualifie d’appartenir à une espèce rare "un écrivain prolétarien chrétien" présentait "l’originalité d’être en plus d’un remarquable écrivain, l’un des meilleurs écrivains ouvriers de cet après-guerre, avec Navel" (cf. M. Ragon, op. cit.)

Publications[modifier | modifier le code]

Poésie[modifier | modifier le code]

Souffle le vent (

Vert est ce bois, Éditions Saint-Seine-l'Abbaye, 1983

Romans, récits[modifier | modifier le code]

Le mur blanc, Éditions du Seuil, 1965[2]

Romans autobiographiques[modifier | modifier le code]

Veille de fête, Éditions du Seuil, 1950[3]

Je reste un barbare (1962)

Journal du barbare, Éditions du Seuil, 1972[4]

Essais historiques et politiques[modifier | modifier le code]

Muets, ils hurlent, Éditions S.O.S., 1975

Le quotidien de l'éternel, Éditions S.O.S., 1981[5]

Recueils[modifier | modifier le code]

Les Camarades, Fayard, 1966[6]

Citations[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Marinette Duchêne, « Roger Boutefeu, Veille de fête Éditions du Seuil, Paris, 1950 ,187 pages », sur https://www.revue-quartmonde.org, (consulté le )
  2. Roger Boutefeu, Le mur blanc, (Seuil) réédition numérique FeniXX, (ISBN 979-10-369-0626-8, lire en ligne)
  3. Roger Boutefeu, Veille de fête, Seuil (réédition numérique FeniXX), (ISBN 979-10-369-0881-1, lire en ligne)
  4. Roger Boutefeu, Journal du barbare, Seuil (réédition numérique FeniXX), (ISBN 979-10-369-0442-4, lire en ligne)
  5. Roger Boutefeu, Le quotidien de l'éternel, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-13447-7, lire en ligne)
  6. Roger Boutefeu, Les camarades: Soldats français et allemands au combat, 1914-1918, (Fayard) réédition numérique FeniXX, (ISBN 978-2-7062-1625-1, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Thierry Maricourt, Histoire de la littérature libertaire en France, Albin Michel, 2017[1]

Michel Ragon, Histoire de la littérature prolétarienne de langue française, Albin Michel, 2012[2]

Nicolas Offenstadt, Les Fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-2009), Odile Jacob, 2009[3]

Michel Silfran, Petit dictionnaire (chauvin) de citations (chauvines) à l'usage du Dauphiné, 1976[4]

Revue de la pensée française - Volume 9, Henri Jean Dutall, 1950[5]

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  1. Thierry Maricourt, Histoire de la littérature libertaire en France, Albin Michel, (ISBN 978-2-226-33998-0, lire en ligne)
  2. Michel Ragon, Histoire de la littérature prolétarienne de langue française, Albin Michel, (ISBN 978-2-226-22890-1, lire en ligne)
  3. Nicolas Offenstadt, Les Fusillés de la Grande Guerre: et la mémoire collective (1914-2009), Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-9728-3, lire en ligne)
  4. Michel Silfran, Petit dictionnaire (chauvin) de citations (chauvines) à l'usage du Dauphiné, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-04107-2, lire en ligne)
  5. Henri Jean Dutall, Revue de la pensée française, (lire en ligne)