Utilisateur:JuliettePaquerette/Brouillon

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Représentations vasculaires[modifier | modifier le code]

Bien qu'elle fût une poétesse connue et reconnue en Grèce Antique, Sappho apparait avec certitude seulement sur quatre vases. Les représentations de Sappho se concentrent sur le VIème et Vème siècle av. J.-C. Tantôt seule, tantôt accompagnée, parfois debout, parfois assise, lisant ou jouant du barbitos, les représentations qui la concernent demeurent variables et non normalisées. Pour autant, si nous sommes certains qu'il s'agit bien d'elle c'est parce qu'à chaque fois, sur ces quatre céramiques, son nom apparait inscrit sur la surface de l'argile par le peintre ou le potier. Quelques représentations sur vase ressemblent à la manière dont Sappho à été représentée, mais puisqu'elles ne sont pas inscrites ou du moins que nous ne retrouvons pas le nom de Sappho, nous ne pouvons affirmer qu'il s'agit bien d'elle.

Hydrie[modifier | modifier le code]

Hydrie en technique de Six, attribuée au peintre de Sappho, v. 510 av. J.-C., Varsovie, Musée National 142333.

Sur cette hydrie est inscrit le nom de Sappho : "Φσαφ[φ]ο" à droite de son barbitos suivant la ligne de son bras.

Il s'agit là de la plus ancienne image connue de Sappho. Elle est vraisemblablement décédée plusieurs décennies avant la réalisation de ce vase. Cette hydrie a été réalisée en technique de Six, technique découverte par l'archéologue néerlandais Jan Six en 1888.[1] On y trouve Sappho, debout de profil vers la droite. Elle joue du barbitos et semble tenir dans sa main droite un plectre. Elle a les cheveux enrubannés, porte beaucoup de bijoux ainsi qu'un chiton long et un himation à pois le recouvrant.

On la retrouve donc avec un instrument, puisque l'essence même de la poésie en Grèce Antique est l'oralité et la mélodie. Les poèmes étaient déclamés en musique, texte et son allaient de pair : il était inconcevable d'envisager la poésie comme une lecture silencieuse.[2] Ici c'est donc surement l'instrument qui montre la récitation du poème.

C'est l'une des pièces en céramique les plus précieuses de la collection que possède le Musée National de Varsovie.[3]


Cratère en calice[modifier | modifier le code]

Cratère en calice à figures rouges, attribué au Peintre de Tithonos, v. 480 av. J.-C., Wuppertal, Musée Von der Heydt 49.

Sur ce cratère en calice est inscrit le nom de Sappho : "Σαφ[φ]ος".

La face A montre Sappho tenant un barbitos dans sa main gauche. Elle semble marcher vers la droite, mais regarde par-dessus son épaule droite en étendant son bras droit derrière elle. Elle porte un chiton long et un himation, ainsi qu'un sakkos sur sa tête et une boucle d'oreille. Elle est représentée de manière dynamique avec un bras tendu et un pied qui ne touche pas le sol. Le mouvement des tissus renforce cette sensation de mouvement.

La face B montre une jeune femme qui regarde également derrière elle par-dessus son épaule. La ligne de sol des deux côtés est soulignée par une bande de méandres.

Sappho est toujours représenté avec son instrument, matérialisant son statut de poétesse.

Kalathos[modifier | modifier le code]

Kalathos à figures rouges découvert à Agrigente, attribué au peintre de Brygos, v. 480-470 av. J.-C., Munich, Antikensammlungen J753.

Le "kalathos" prend sa forme et son nom du panier originellement en jonc ou en osier entrelacé.

Sur ce kalathos nous trouvons Alcée et Sappho reconnaissables par inscriptions respectivement "Αλκαιος" et "Σαφο" sur la face A.

Sur la face B est représenté Dionysos tenant un canthare et vraisemblablement une branche de vigne. En face de Dionysos nous trouvons une femme (Ménade?) tenant une oenochoé dans sa main droite.

Alcée - à droite dans la scène - également poète renommé en Grèce Antique se tient debout de profil vers la droite, vers Sappho. Celle-ci est également debout, elle effectue une torsion avec son corps afin de se retourner vers Alcée. Tous deux maintiennent un barbitos dans leurs mains gauches et un plectre dans leurs mains droites. Il est interessant de remarquer que le peintre s'est amusé avec les plectres. Celui d'Alcée est rouge puisqu'il est représenté sur le fond noir tandis que celui de Sappho est noir car il est positionné sur ses vêtements alors traités en rouge. Il s'agit d'une astuce judicieuse de la part du peintre de Brygos afin de faire ressortir l'objet sur la composition. Sappho à la tête de trois-quart ce qui est plutôt rare dans les représentations grecques. On voit d'ailleurs que les proportions de son visage ne sont pas vraiment convaincantes. Les deux personnages sont coiffés d'un ruban ou d'une couronne, et l'étoffe de leurs vêtements est très fine pour les deux. On voit apparaitre la forme de la poitrine de Sappho à travers le tissu qui parait léger et de très bonne facture.

Alcée et Sappho sont donc représentés comme poète et poétesse grâce au barbitos, encore une fois la poésie n'est absolument pas pensée de manière écrite mais bien de manière orale. La musique fait autant partie de la poésie que le texte récité. C'est la seule représentation qui montre Alcée et Sappho ensemble, néanmoins leur rencontre reste plausible puisqu'ils étaient contemporain l'un de l'autre.

Hydrie[modifier | modifier le code]

Hydrie à figures rouges découverte à Vari, attribuée au Groupe de Polygnote, v. 440-430 av. J.-C., Athènes, Musée national archéologique 1260.

Sur cette hydrie, Sappho est assise et reconnaissable par inscription :  "Σαππου". L’inscription part de son visage, et se trouve exactement entre celui-ci, la lyre et le papyrus. Elle est au centre de la scène flanquée de trois autres femmes : celle de gauche est nommée par inscription Nικοπολις, “Nikopolis”. La femme à droite de Sappho tenant une lyre est nommée Καλλις, “Kallis”. La dernière quant à elle n’est pas nommée.

Sappho est la seule assise sur un klismos (assise avec un dossier, contrairement au diphros qui serait un "tabouret" c'est à dire sans dossier) entourée d'un groupe de femmes toutes debout.

Il s'agit d'une scène de lecture féminine. Sur la panse de cette hydrie nous trouvons quatre femmes toutes habillées d’un chiton et d’un himation. Deux couronnes sont suspendues, la première se trouve juste au-dessus de Sappho et la seconde est au-dessus de la femme qui n’est pas nommée. Nikopolis se tient debout derrière Sappho et sa main gauche est tendue au-dessus d’elle. Les trois femmes qui sont debout se ressemblent beaucoup et se regardent les unes les autres tandis que Sappho est concentrée sur le papyrus qu’elle tient dans les mains et qui se trouve au centre de la composition. Sur l’intérieur du papyrus, on trouve douze lignes contenant de deux à quatre lettres chacune :

θεοι, ηερι|ων |επε|ων |αρχ|ομ|αι : “Dieux, avec des paroles aériennes, je commence.”[4] Sur les marges de façon verticale nous trouvons: ΠTEPOETA et EΠEA, expression idiomatique homérique qui veut dire “les mots ont des ailes”.[4]

Il s'agit d'une des seules représentations où l'on voit des femmes lire un texte lisible. Habituellement, dans les scènes de lectures féminines, l'écriture est matérialisée par des petits points ou des pois, les lettres sont généralement remplacées par ce procédé stylistique. Lorsque ce n'est pas le cas, pour les femmes, les lettres imitent l'alphabet mais ne veulent rien dire. En cela, ce vase est véritablement important dans la recherche scientifique, nous voyons Sappho lisant un texte qui a du sens et que l'on peut décrypter. Cela permet de démentir l'affirmation que les femmes en Grèce Antique n'étaient pas éduquées.


Bibliographie indicative sur la représentation sur vases[modifier | modifier le code]

Beck Frederick, Album of Greek Education. The Greeks at School and at Play, Sydney, Cheiron, 1975.

Cole Guettel Susan, « Could Greek Women Read and Write? », in Foley Hélène P. (dir.) Reflections of Women in Antiquity, New York, Gordon and Breach Science Publishers, 1981, p. 219 - 246.

Edmonds John Maxwell, « Sappho’s book as depicted on an Attic vase », the Classical Quarterly, vol. 16, 1922, p. 1-14.

Frontisi-Ducroux Françoise, « Images grecques du féminin : tendances actuelles de l’interprétation. », Clio. Femmes, Genre, Histoire., no 19 [en ligne], 2004.

Glazebrook Allison, « Reading Women : Book Rolls on Attic Vases. », Mouseion: Journal of the Classical Association of Canada, series III, vol. 5.1, 2005, p. 1-46.

Immerwahr R. Henri, « Book Rolls on Attic Vases. », in  Henderson Charles (dir.), Classical Medieval and Renaissance Studies in Honor of Berthold Louis Ullman, Tome I, Rome, Editzioni di Storia e Letteratura, 1964, p. 17-48.

Immerwahr R. Henri, « More Books Rolls on Attic Vases. », Antique Kunst, no 16, 1973, p. 143-147.

Immerwahr R. Henri, Attic Script: a Survey, Oxford, Clarendon Press, 1990.

Lissarrague François, « Paroles d’images. Remarques sur le fonctionnement de l’écriture dans l’imagerie attique », in Christin Anne-Marie (dir.), Écritures II, Paris, Le Sycomore, 1985, p. 71-94.

Paquette Daniel, L' instrument de musique dans la céramique de la Grèce antique: études d’organologie, Lyon/Paris, Bibliothèque Salomon Reinach, 1984.

Yatromanolakis Dimitrios, Sappho in the Making : The Early Reception,  Washington D.C., Harvard University Press, 2007.









  1. Six Jan, « Vases Polychromes sur fond noir de la période archaïque », Gazette Archéologique,‎ (lire en ligne)
  2. Svenbro Jesper, Phrasikleia, anthropologie de la lecture en Grèce ancienne, Paris, La Découverte,
  3. (pl) « Kalpis wykonana techniką Six »
  4. a et b (en) Yatromanolakis Dimitrios, Sappho in the Making : The Early Reception, Washington D.C., Harvard University Press, , p. 158