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Utilisateur:Julie C06./Brouillon

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Le quartier Madeleine-Champ de Mars est un ancien faubourg nantais, situé au sud du quartier Bouffay et au Nord de l'Île de Nantes. Il se développe principalement au XIXe siècle avec l'arrivée des usines dont celle de Lefèvre-Utile. Le départ de ces dernières et les comblements du XXe siècle, enclavent le quartier qui se vide de sa population. Les bâtiments sont abandonnés et les rues deviennent insalubres. Il faut attendre la construction de la Cité des congrès en 1992 et la mise en place de la Zone d'Aménagement Concertée en 1989, pour que le quartier redevienne attrayant.

Géographie[modifier | modifier le code]

Le quartier Madeleine-Champ de Mars a une place essentielle dans le centre-ville de Nantes. Il se situe entre la Loire, la gare et le château des Ducs de Bretagne, le canal Saint-Félix que côtoie le stade Marcel Saupin, et la chaussée de la Madeleine que borde l’Hôtel-Dieu.

Comme son nom l’indique, le quartier se divise en deux micro-quartiers à savoir la Madeleine et le Champ de Mars, traversé par l’avenue Carnot.

Urbanisme[modifier | modifier le code]

Cours des Arts.

L’urbanisme du quartier de la Madeleine est étonnant. Les venelles et les places avoisinantes sont omniprésentes. Les parcelles sont denses et profondes. Par opposition, celles du secteur du Champ de Mars sont larges et épurées. L’avenue Carnot et les rues perpendiculaires remplacent les ruelles désordonnées de la Madeleine. Cette singularité provient du plan d’urbanisme absent lors des diverses constructions entreprises à l’Est de la chaussée.

Avant le XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Avant le XXe siècle, le quartier Madeleine-Champ de Mars est une île[1], conjointement liée avec celle des Gloriettes. La Ville a alors mis en place une ligne de ponts pour faciliter la circulation des hommes et des biens. La ligne forme de plus une chaussée, nommée la chaussée de la Madeleine.

Le quartier est jusqu’au XVIIIe siècle, une prairie inhabitée. Les terres appartiennent aux ecclésiastiques installés dans la chapelle du Prieuré de la Madeleine[2] depuis le XVe siècle. Gérard Mellier, maire de Nantes, rédige en 1720 un arrêt pour rendre possible l’acquisition de ces terres par la communauté. Les religieux refusent. Celles-ci sont néanmoins cédées aux habitants à partir du milieu du XVIIIe siècle.

XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

La Ville interdit cependant l’édification de tous bâtiments en raison des zones inondables. Le quartier, aujourd’hui urbanisé, est alors une île de la Loire, dont la prairie sauvage constitue le paysage. En 1754, l’avocat au présidial Henry d’Achon obtient des autorisations de construire uniquement le long de la chaussée, sous condition que les arches qui la composent ne soit pas obstruées. Jean-Baptiste Ceineray dessine en 1773, les façades afin de composer une unité architecturale[3].

Les constructions se sont par la suite étendues, illégalement, vers l’actuelle rue des Olivettes. La Ville n’a pas élaboré de plan urbanistique pour ce faubourg comme c’est par exemple le cas pour le quartier Graslin. Des cours, des ruelles et des venelles sont ainsi créées de manière aléatoire. Cette anarchie urbaine forme aujourd’hui la singularité et le charme du quartier de la Madeleine.

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Le quartier de la Madeleine est vecteur d’activités professionnelles. Le quartier, dit mal famé, attire au XIXe siècle les industries telles que celle de Lefèvre-Utile qui s’installe à l’Est de l’ancien faubourg, sur le cours du Champs de Mars. L’avenue Carnot, artère principale des Olivettes, est percée et inaugurée en 1899. La voie se termine à la jonction de l’actuelle rue Jemmapes. L’usine s’articule autour de cette avenue tout comme le Palais du Champ de Mars inauguré en 1938[4].

XXe siècle[modifier | modifier le code]

Le quartier reste cependant sujet aux inondations. Celle de 1904 a été particulièrement violente puisque de nombreuses rues, dont la rue des Olivettes[5], se retrouvent sous les eaux. Les ouvriers endurent pendant plusieurs jours le chômage technique. De plus, les liaisons terrestres se développent avec l’arrivée de l’automobile. La municipalité nantaise, sous Paul Bellamy, décide en 1926, de procéder aux comblements de la Loire et en 1927, au détournement de l’Erdre. Cet affluent est ensablé pour former l’actuel Cours des Cinquante Otages. Le cours d’eau est dévié sous les cours Saint-Pierre et Saint-André, et débouche sur le Canal Saint-Félix. La Loire est elle aussi comblée sur la rive de la Madeleine. Ces nouveaux espaces sont remis à la Ville pour ses besoins de voiries. Le paysage de Nantes et du quartier des Olivettes, autre nom donné au quartier Madeleine-Champ de Mars, se transforme.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le secteur Madeleine-Champ de Mars doit son développement à une population ouvrière et défavorisée. Le quartier, considéré comme insalubre, attire de nombreuses activités et usines, notamment celle de Petits Beurres LU. Seulement, suite à la création des zones industrielles, les usines délocalisent leurs productions. La population fait de même, laissant le faubourg à l’abandon. Il faut attendre la décision de Michel Chauty, maire de Nantes, et la création de la zone d’aménagement concertée par Jean-Marc Ayrault en 1989, pour que le quartier connaisse un nouveau dynamisme.

Un quartier dynamique[modifier | modifier le code]

De nombreuses industries s’implantent dans le quartier. Néanmoins, l’activité industrielle connue comme étant la spécialité nantaise est celle de Lefèvre-Utile. La biscuiterie familiale quitte en 1886 la rue Boileau dans le but d’agrandir ses locaux sur l’allée Baco. Louis Lefèvre-Utile rachète en 1887 les emplacements de l’ancienne fabrique de la compagnie Blanzy et ceux de la conserverie Saupiquet. Située sur le quai Ferdinand Favre, la firme s’agrandit afin de concurrencer les exportateurs anglais. La société, la superficie et la production s’intensifient. L’industriel met en scène l’influence locale et nationale de son usine par la commande réalisée auprès d’Auguste Bluysen. Entre 1905 et 1909, l’architecte imagine deux tours aux vives couleurs. Celles-ci apportent au lieu et au faubourg prestige et valorisation.

Le quartier des Olivettes accueille de nombreux et divers évènements, ce qui fait de lui un secteur dynamique aux XIXe et XXe siècles. Il s’y déroule par exemple les deux premières éditions des Floralies et l’Exposition de Nantes en 1904[6]. Les visiteurs affluent au festival de musique, au salon des Beaux-Arts, à l’exposition d’horticulture, ou encore au Water Toboggan[7] qui est une attraction inédite. Le Village Noir, organisé et mis en scène par Jean-Alfred Vigé, attire les foules. Hérité des années 1880 et plus encore du cirque vivant de Phineas Taylor Barnum, le « zoo humain » donne à voir la vie quotidienne et surtout caricaturée des Sénégalais, Soudanais et Congolais.

D’autres expositions ont lieu sur le site Champ de Mars comme la Quatrième Foire de Nantes en 1930. Pour l’occasion, les visiteurs assistent au décollage de l’aéronef « Colibri », dirigé par les aéronautes Bosq et Valère.

Le Palais du Champ de Mars, réalisé par Émile Maigrot, accueille le marché de fruits et légumes, la criée [8]mais aussi le banquet organisé à l’occasion du 20e anniversaire de l’Armistice[9], la loterie nationale[10] en 1939. Le bâtiment art déco reçoit également les deux premières éditions des Floralies, le spectacle d’Édith Piaf en 1948, l’exposition d’horticulture[11] en 1951, les Foires commerciales de 1952 à 1957, ainsi que le spectacle d’Holiday on Ice et les salles d’examens[12] en 1957.

Le départ des activités et de la population[modifier | modifier le code]

Les manifestations, tant locales que nationales, dynamisent le quartier. Les nantais s’empressent aux portes du Champ de Mars pour vivre les évènements d’une grande diversité. Quant à la Ville, les politiques tentent d’intégrer socialement la population des Olivettes. Seulement, bien que très populaire et riche d’habitants, le quartier voit sa population déserter à mesure que les délocalisations s’opèrent. Le marché déménage en 1969 sur l’Île de Nantes pour devenir le Marché d’Intérêt National[13]. Les maisons de primeurs, de marchands de fruits et légumes quittent à leur tour les Olivettes pour s’installer autour du nouveau centre actif. L’industrie de Lefèvre-Utile délocalise son activité à la Haye-Fouassière en 1986. Ses locaux sont en partie rasés ou désaffectés. Les habitants quittent à leur tour le quartier pour se diriger vers les nouvelles Zones d’Urbanisme Prioritaire situées à Malakoff et à la Cité des castors à Rezé. Le parc de la Beaujoire, ouvert en 1971, reçoit la troisième édition des Floralies. Le secteur événementiel est dès lors transféré vers ce nouveau bâtiment contemporain. Le Palais du Champ de Mars est quant à lui détruit en 1988[14]. Les terrains abandonnés deviennent des friches industriels, le quartier perd son attrait et son dynamisme.

Le renouvellement urbain[modifier | modifier le code]

Élu maire de Nantes en 1989, Jean-Marc Ayrault hérite des travaux entrepris par l’ancienne municipalité, à savoir la construction de la Cité des congrès[15]. Michel Chauty a souhaité construire un centre culturel d’ordre local, afin de revitaliser et valoriser les anciennes friches industrielles. Les architectes Yves Lion et Alan Levitt remportent le concours lancé en 1986. Les ambitions locales du centre culturel ne correspondent cependant pas à celles du nouveau maire qui entend élever Nantes au rang de ville ouverte sur l’internationale. La Cité des congrès constitue un point de départ intéressant à condition de revenir sur le projet. Les fondations étant réalisées, la municipalité et les architectes lauréats remanient les plans sans toutefois les réviser de manière considérable.

Par anticipation de l’afflux des entrepreneurs privés face à l’essor culturel du quartier, la Ville met en place la Zone d’Aménagement Concertée. Bernard Millet, responsable de Nantes Aménagement, s’adresse à Jean-François Revert pour aménager l’ancien faubourg. La première idée de l’urbaniste est de créer un lieu d’échange permanent avec les habitants. La seconde promet de favoriser la créativité des architectes par un plan d’urbanisme simple[16]. J-F. Revert insiste sur ce point car il ne souhaite pas que la rigueur d’une planification écarte les effets inattendus de l’implantation de « créatifs »[17]. Les concours sont valorisés et institués. Cela permet de privilégier la jeune génération d’architectes nantais. L’agence DLW [18]s’est, de cette façon, implantée dans le milieu. Ces architectes ont participé au concours Europan dont ils ont été lauréats. La ville leur a par la suite proposé une parcelle triangulaire entre les rues Fouré et Rieux pour réaliser la résidence Rieux. Les concours connaissent de nombreuses limites en raison des réticences des promoteurs. La municipalité prend le pas en valorisant les architectes ayant préalablement été lauréats, comme l’agence Boixel&Garo[19][20].

L’urbaniste favorise de plus la négociation entre les multiples acteurs pour l’approbation des projets soumis aux différents concours. La concertation permet de reconsidérer le rapport à la ville, d’intégrer les citoyens aux prises de décisions, de créer un lien fort entre les habitants et leur quartier. Seulement, selon Jean-François Revert, « l’échange avec les habitants, ce n’était pas très simple »[21]. Le politique veut ici prendre le temps de réfléchir aux décisions, de laisser ces dernières mûrir. Le particulier veut quant à lui avoir un résultat et une prise de décisions rapide.

Les politiques contribuent au dynamisme des Olivettes. Les artistes et les architectes aussi. Élise Roy[22] explique que la Ville voulait d’abord créer une ouverture par des activités syndicales, associatives et par le logement. La crise foncière contrarie les plans de la municipalité. Les artistes dans la définition la plus vaste, profitent de l’opportunité, dont l’activité est réglementée par les baux précaires révocables sous deux mois. La compagnie Royale de Luxe s’approprient ainsi les locaux de l’ancienne usine LU en 1989. Par l’animation artistique, le quartier et les friches sont valorisés. L’architecte qualifie cette démarche de pré-verdissement, à savoir les « pratiques menées par des aménageurs qui se saisissent du temps de la transformation de la ville. Ils aménagent alors des espaces verts sur des terrains en attente, qui constituent ainsi de véritables pépinières dans lesquelles les sujets végétaux, avant d’être transplantés à leur place définitive, vont grandir et prendre de la valeur, tout en valorisant les espaces alentours »[23]. Les artistes squattent légalement les friches et les bâtiments abandonnés. Les architectes réhabilitent ces lieux, créent de nouvelles architectures, redessinent les passages et revalorisent les venelles. L’architecture, qu’elle soit nouvelle ou réhabilitée, permet de redynamiser le quartier tout en préservant le tissu faubourien.

Les nouvelles réalisations architecturales se sont aujourd'hui édifiées le long de l'avenue Carnot. L'agence AIA Associés a réalisé le siège du Crédit Mutuel Loire-Atlantique ainsi que la restructuration du CIO. Les architectes Fabrice Dusapin et François Leclercq ont imaginé le siège de Nantes Métropole. Les tours de briques blanches à l'entrée du quartier ont quant à elles été pensées par le couple Barto + Barto. L'architecture du secteur de la Madeleine est à l'échelle de l'habitat comme l'illustrent la galerie Paradise de Barrée Lambot et l'agence d'architecture de DLW Architectes. L'usine LU a été reconvertie par Patrick Bouchain en un bar nommé le Lieu Unique et un autre bâtiment abrite les bureaux du Voyage à Nantes[24]. Les réhabilitations sont quant à elles plus nombreuses à mesure que l'on s'approche de la chaussée de la Madeleine. Elles permettent la préservation du patrimoine nantais. Les constructions, nouvelles ou réhabilitées, reflètent le dynamisme du quartier, ainsi que la valorisation du tissu faubourien.



  1. « Plan de la ville et de ses faubourgs levé par François Cacault en 1756 et 1757. », sur Archives Municipales de Nantes, 1756-1757 (consulté le )
  2. « Chapelle du Prieuré de la Madeleine », sur Archives Municipales de Nantes, (consulté le )
  3. Pascale Wester, « Lorsque la rue des Olivette était noire de monde », Nantes au quotidien,‎ , p. 29-31
  4. « La destruction du Champ de Mars et son histoire », sur ina.fr, (consulté le )
  5. « Inondations de février 2019 - Rue des Olivettes », sur Archives Municipales de Nantes, (consulté le )
  6. « Exposition de Nantes 1904 », sur Archives Municipales de Nantes, (consulté le )
  7. « Exposition de Nantes 1904 - Water Toboggan », sur Archives Municipales de Nantes, (consulté le )
  8. « Poissonnerie du Champ de Mars », sur Archives Municipales de Nantes, (consulté le )
  9. « Banquet organisé à l'occasion du 20e anniversaire de l'Armistice », sur Archives Municipales de Nantes, (consulté le )
  10. « Tirage de la Loterie Nationale dans la salle du Palais du Champ de Mars », sur Archives Municipales de Nantes, (consulté le )
  11. « Exposition d'horticulture au Palais du Champ de Mars », sur Archives Municipales de Nantes, (consulté le )
  12. « Epreuve du baccalauréat dans la salle de Palais du Champ de Mars », sur Archives Municipales de Nantes, (consulté le )
  13. « L'Histoire du MIN Nantes Métropole », sur Min Nantes Métropoles (consulté le )
  14. « La destruction du Champ de Mars et son histoire », sur ina.fr, (consulté le )
  15. « Centre des congrès et opéra » (consulté le )
  16. Jean-Yves Petiteau, Nantes, récit d'une traversée Madeleine-Champ-de-Mars, Dominique Carré, , p. 34
  17. Jean-Louis Violeau, « Nantes/Rennes sous le regard croisé des urbanistes. Jean-François Revert ou le goût du sel », Place Publique,‎ , p. 153
  18. « DLW Architectes », sur DLW Architectes (consulté le )
  19. « Bureaux Carnot », sur Marc Boixel Nicole Garo (consulté le )
  20. Jean-Yves Petiteau, Nantes, récit d'une traversée Madeleine-Champ-de-Mars, Dominique Carré, , p. 76-79
  21. Jean-Yves Petiteau, Nantes, récit d'une traversée Madeleine-Champ-de-Mars, Dominique Carré, , p. 34
  22. Elise Roy, « La mise en culture des friches urbaines. Territoires en transitions à Nantes. », Annales de la Recherche urbaine,‎ , p. 121-126
  23. Elise Roy, « La mise en culture des friches urbaines. Territoires en transitions à Nantes. », Annales de la Recherche urbaine,‎ , p. 121-126
  24. « Bureaux le Voyage à Nantes », sur Block Architecture