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Utilisateur:EnsorLeHarengsaur/Key Hiraga

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Key Hiraga
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Key Hiraga lors du vernissage de son exposition personnelle à la Galerie Daïnana, Tokyo, 1969, tirage photographique noir et blanc, Key Hiraga Museum.
Naissance

Tokyo, Japon
Décès

Hakone, Japon
Nationalité
Japonais
Activité
Artiste peintre
Mouvement
Pop
Influencé par
Jean Dubuffet
Œuvres principales
"Windows", "La vie élégante de M. H", "La vie élégante de M. K"
Key Hiraga, Fenêtres, 1966 Vue de l'exposition Key Hiraga, Paris 1964-1974 Galerie Loeve&Co, Paris
Key Hiraga, Fenêtres, 1966  Vue de l'exposition Key Hiraga, Paris 1964-1974 Galerie Loeve&Co, Paris

Key Hiraga, né en 1936 à Tokyo (Japon) et mort en 2000 à Hakone (Japon), est un peintre figuratif japonais.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et débuts[modifier | modifier le code]

Né en 1936 à Tokyo, Key Hiraga est diplômé d’une Licence en Sciences Économiques à l’Université Rikkiyo de Tokyo en 1959. Il se lance en autodidacte dans la peinture. Prix du Salon Kokugua-kai à Tokyo en 1964, troisième prix au concours de la Peinture organisé par la Compagnie Shell à Tokyo la même année, c’est le Grand Prix de la III ème Exposition Internationale des Jeunes Artistes de Tokyo qui lui octroie une bourse d’études en Europe. Sur les traces de son idole Jean Dubuffet, il porte son choix sur Paris.

1965 – 1974 : Les Années Parisiennes[modifier | modifier le code]

Key Hiraga s’installe définitivement à Paris en 1965. À la croisée entre le graffiti et la calligraphie, influencé par les œuvres de Jean Dubuffet et de Cy Twombly, Key Hiraga s’illustre dans un expressionnisme empâté, rempli de giclures et de griffures obsessionnelles. Lors d’une visite dans son atelier, le conservateur américain William Lieberman est fasciné par l’œuvre Windows qu’il acquiert immédiatement pour le MoMA de New York.

Passionné par le film "Fenêtre sur cour" d’Alfred Hitchcock, Hiraga reprend l'organisation cinématographique du tableau en fenêtres, exploitant du même coup la thématique du voyeurisme, faisant fortement écho à ses préoccupations intimes. William Liberman l’invite à participer à l'exposition "New Japanese Painting and Sculpture" en 1966, exposition qui sera un tournant dans sa carrière.

À la fin des années 60, il est enrôlé par le critique Gérald Gassiot-Talabot dans un groupe de peintres liés à une nouvelle figuration post-Figuration narrative : le groupe ORA[1]. Il côtoie des artistes tels que Peter Foldès, Michel Macréau, Giánnis Gaḯtis et Edgard Naccache. Ces artistes exposent notamment à la Galerie Jacqueline Ranson à Paris et à la Galleria Il Giorno de Milan. Le critique Gérald Gassiot-Talabot écrit à son propos :


« Hiraga nous donne des solutions personnelles dont il faut bien reconnaître qu'elles sont inclassables, tirées du plus profond d'une imagination sans doute nourrie des fantasmes de l'enfance, mais tournée vers un univers qui a toutes les raisons de nous inquiéter et dans lequel un personnage, qui figure souvent le peintre lui-même, se trouve aux prises avec toutes sortes de situations embarrassantes, inconfortables et souvent dangereuses ».


C’est également l’époque où sa peinture devient plus incarnée. Il créé son propre personnage : un petit homme coiffé d’un chapeau melon et d’un pénis protubérant exhibé à tout va. C’est Mr K ou Mr H, l’alter égo clownesque, érotomane et loufoque de Key Hiraga. Plusieurs tableaux, sobrement titrés La vie élégante de M. H ou La vie élégante de M. K, font apparaître ce personnage sous toutes ses extravagances: en plein ébat sexuel, le nez gainé d'un préservatif aux couleurs acides, mi-mâle, mi-femelle.

Partant d’une figuration primitiviste à la CoBRA, marquée par les expérimentations de Jean Dubuffet, Hiraga a élaboré au début des années 1970 une version toute personnelle du Pop, méticuleuse jusqu’à la maniaquerie, chirurgicale jusqu’à la stridence. À chaque époque, les mêmes personnages, les mêmes postures, les mêmes scènes s’y rejouent, témoignant de leur importance capitale.

1974 – 2000 : Le Retour au Japon[modifier | modifier le code]

Les peintures de Key Hiraga sont marquées par un sentiment d'incommunicabilité, de frustration et d'enfermement que le peintre ressent viscéralement au contact d'une culture française très différente de la culture japonaise.

Key Hiraga, Go Home, 1976
Key Hiraga, Go Home, 1976

Après avoir quitté Paris pour rejoindre son Japon natal (transition visible dans l’œuvre Go Home) Key Hiraga fait évoluer progressivement sa peinture vers une version très personnelle du Pop, grinçante et stridente, qui durera jusqu’à sa disparition. Cette « seconde période japonaise » apparaît par contraste beaucoup plus calme, toujours aussi inconvenante, certes, avec ses scènes tendues amassant geishas et yakusas, parfois sous un ruissellement de fleurs de cerisier, mais marquée par un réemploi joueur des codes traditionnels de la peinture japonaise.

Il meurt en 2000 à Hakone, peu de temps après que le Key Hiraga Museum soit inauguré à Hakone Yumote au Japon.

Obsessions et œuvre[modifier | modifier le code]

L’œuvre d’Hiraga est un art totalement neuf, grimaçant et agressif, que certains ont qualifié de cyberpunk.

La transformation du corps[modifier | modifier le code]

Key Hiraga a introduit dans l’art des préoccupations comme la transidentité ou le cyborg plusieurs décennies avant qu’elles n’y occupent une place centrale. Son auscultation lucide, visionnaire, maniaque et obsessionnelle des corps mutants témoigne du choc physiologique et civilisationnel qui a laissé tout le Japon mutique.

Naturellement, l’obscénité saute littéralement aux yeux: parmi ces symboles, le phallus tient le premier rôle. Organe majeur d’une reproduction qu’il y a désormais tout lieu de redouter, il fixe ce processus de transformation, de mutation, de mue même, dans lequel le monde, l’homme, l’humain mais aussi plus spécifiquement le masculin, est alors engagé.

Derrière les couleurs très vives qui caractérisent tant la peinture de Key Hlraga s'affirme une violence à travers des motifs récurrents comme l'œil, la bouche, les poils, le sein, le phallus, la fleur ou encore la croix, les attributs érotiques (seins, sexes, mais aussi sous-vêtements, préservatifs ... ).»

Sexualité et questionnements du genre

Les relations homme-femme ont longtemps paru pour Hiraga osciller entre l’hystérie mécanique et la frénésie libidinale, éclatant en une déflagration d’organes, de fleurs et de motifs, dont les personnages échouent à se protéger, malgré les meubles, parapluies ou condoms dont ils se parent.

Bien qu’il ait plus habité Pigalle que Paris, cette perception hyperbolique de la sexualisation puise ses ressources dans son enfance, qui l’avait habitué à la proximité de la tentation permanente.

Les jeux combinatoires à l’œuvre dans la peinture d’Hiraga, entre le masculin et le féminin notamment, lui permettent d’élaborer un vocabulaire visuel et thématique particulièrement riche, et sans équivalent dans l’art de cette époque, sauf peut-être chez un artiste comme Pierre Molinier. Parfois, une créature dotée de seins porte un chapeau-melon. Beaucoup d’hommes, a contrario, se couvrent le chef d’un sein. Souvent, un homme revêt des porte-jarretelles. Dans plusieurs tableaux apparaît un personnage dual, avec une moitié de moustache et des spermatozoïdes jaillissant hors / autour de lui.

La folie atomique

Le monde intérieur de Key Hiraga est frappé par ce traumatisme originel du bombardement d'Hiroshima et de Nagasaki le 6 août et le 9 août 1945 : en clair, la folie atomique. Elle témoigne des bouleversements de sa vision macroscopique, celle de l’homme dans son environnement terrestre et cosmique, autant que de celle, microcosmique, du corps contemporain, de ses mutations et de son inéluctable morcellement, contingentement à sa marchandisation.

Le traumatisme de la bombe atomique, la claustration, l'incommunicabilité et le morcellement du corps sont des thèmes récurrents dans l'oeuvre d'un autre artiste japonais ayant vécu à Paris dans les années 1960/1970 : Tetsumi Kudo.

Expositions[modifier | modifier le code]

Fichier:Key Hiraga dans son atelier.jpg
Key Hiraga dans son atelier, Haarlem, tirage photographique noir et blanc, Archives Matthijs Erdman.
  • 5 Mars – 18 Mai 2020, Key Hiraga, Paris 1964-1974, Galerie Loeve&Co, Paris, commissariat par Stéphane Corréard[2]
  • Octobre 2018, Frieze Masters, Key Hiraga, Frieze Art Fair London, Galerie Loevenbruck[3]
  • 1 Février – 14 Mars 2020,New images of Man“, Blum&Poe, curaté par Alison M. Gingeras, Los Angeles[4]
  • 2 Juin – 29 Juillet 2017, En affinités(s), Key Hiraga Tetsumi Kudo, galerie Loevenbruck, Paris[5]
  • 18 Novembre – 18 Décembre 2015, “Key Hiraga – Retrospective”, Studio Gariboldi, Milan[6]
  • 28 Mai 2008 – 18 Juillet 2008, « The Elegant Life of Key Hiraga : A Japanese artist in Europe 1965 – 1974 », The Mayor Gallery, Londres[7]
  • 2000, Modern painter - Exhibition of the avant-garde fiction paintings of Key Hiraga, Hiratsuka Museum of Modern Art, Hiratsuka
  • 1972, Japanese Artists from Europe, The National Museum of Art, Kyoto
  • 2 avril – 2 mai 1971, The Crazy World of Mister K., Galerie T., Haarlem, Amsterdam
  • 3 avril – 1 mai 1971, The Crazy World of Mister K., Galerie Jalmar, Amsterdam
  • 1970, Erotissimorama, Galerie Jacques Casanova, Paris
  • 1969, 10th Sao Paulo Biennale, Brazil
  • 1969, exposition personnelle à la Galerie Daïnana, Tokyo, 1969
  • 20 septembre – 12 octobre 1968, The Elegant Life of Mister P. , Schiedam (Pays-Bas), Galerie Punt Vier
  • 7 février – 8 mars 1967, Tableaux de Key Hiraga, Galerie Lambert, Paris
  • 1967, « Le groupe ORA », Galerie Jacqueline Ranson, Paris
  • 1966, The New Japanese Painting and Sculpture, MoMA, New York
  • 1965, La figuration narrative, Galerie Creuze, Paris
  • 1965, Biennale de Paris
  • 1964, National Exhibition, Tokyo Metropolitan Museum (lauréat du New Artist Price)
  • 1960, New Japanese Painting and Sculpture, MoMA, New York
  • 1957, First Asian Young Artists Exhibition, Japon

Collections[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sasha Frere-Jones, Key Hiraga by Sasha Frere-Jones, Artforum, 1 Décembre 2019[8]

Will Heinrich, Key Hiraga, The New York Times, 18 Septembre 2019[9]

Stéphane Corréard, En affinité(s), Key Hiraga Tetsumi Kudo, Paris, Éditions Loevenbruck, 2018

Inge Klommakers, The Elegant Life of Key Hiraga, A Japanese artist in Europe, 1965-1974, (traduction Marie Blum)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gérald Gassiot-Talabot, Le Groupe ORA : Foldes, Gaïtis, Hiraga, Macreau, Naccache : Exposition à Paris, à la Galerie Jacqueline Ranson, 15 mars-5 avril 1967, Galerie Jacqueline Ranson, (lire en ligne)
  2. « Key Hiraga, Paris 1964-1974 | Loeve&Co », sur Loeve&Co (consulté le )
  3. « Galerie Loevenbruck », sur Galerie Loevenbruck (consulté le )
  4. (en) « New Images of Man « Exhibitions « Blum & Poe », sur www.blumandpoe.com (consulté le )
  5. « Galerie Loevenbruck », sur Galerie Loevenbruck (consulté le )
  6. « Key Hiraga sur artnet », sur www.artnet.fr (consulté le )
  7. (en) « THE ELEGANT LIFE OF KEY HIRAGA | A JAPANESE ARTIST IN EUROPE 1965 - 1974 | 28 MAY - 18 JUL 2008 »
  8. (en-US) « Sasha Frere-Jones on Key Hiraga », sur www.artforum.com (consulté le )
  9. (en-US) Will Heinrich, « TriBeCa, the New Art Stroll », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Tetsumi Kudo

Peter Saul

Jean Dubuffet

Heinz Edelmann

Philip Guston

Richard Lindner

S. Clay Wilson

Gérald Gassiot-Talabot