Utilisateur:Bruno RACINE/Brouillon4AFDET1974-2002

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1974-2014, l’AFDET et l'ouverture de l'école au monde économique qui se désindustrialise[modifier | modifier le code]

La rupture de la croissance à partir de 1973 en France et sa baisse jusqu'en 2017. Les trente voire quarante années suivant les Trente Glorieuses et le premier choc pétrolier de 1973 constituent la deuxième grande phase de la profonde transformation de la France note le document d'orientation. Elles ont vu le taux de croissance divisé par deux, puis par trois, l’affaiblissement substantiel de l'appareil de production et le développement d’une économie de services polarisée entre prestations à haute valeur ajoutée et services peu rémunérés, indiquait la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, dans une tribune du journal Le Monde de novembre 2017. Cette période est marquée en France par une accélération de la mondialisation et une forte désindustrialisation associées au développement des nouvelles technologies, avec un chômage en France, passant de 600 000 chômeurs en 1975 à 2,9 millions en 2014.

Ces transformations ont eu un impact important sur l’évolution du système de formation professionnelle, engagée par les lois de la période précédente, avec deux caractéristiques : d’une part la propension des jeunes à s’orienter vers la voie générale et technologique au détriment de la voie professionnelle, d’autre part une porosité progressive, croissante et durable entre les deux mondes éducatif et économique jusqu'alors séparés. Cette dernière a été initiée par la création en 1979 des « séquences éducatives en entreprises ». Cette porosité s’est réalisée progressivement avec le développement de l'alternance sous statut scolaire, la création de nouveaux jalons entre les CAP, le BEP et la première d'adaptation, puis le bac professionnel et les BTS. Dans cette période, l’AFDET, jusque-là présidée par des représentants issus du monde politique, l'est depuis essentiellement par des représentants du monde industriel. Elle a favorisé ces transformations avec la mise en place de passerelles entre les différentes voies, le développement d'une pédagogie de projet, liant l'action et la réflexion, l’introduction progressive de la technologie dans les collèges et les lycées professionnels. Autant de thèmes de l’ouverture de l’école au monde économique et territorial du premier chapitre.

Mais ces évolutions ont été accompagnées d’une « déprofessionnalisation des programmes et des méthodes pédagogiques répondant aux critères de d'enseignement général au détriment de l'enseignement technique et de sa vocation à former des personnes qualifiées » critique le président de l'AFDET, Henri Longeot. L'intégration progressive des formations techniques dans l'enseignement général conduit à l'orientation sélective et hiérarchisée subie par de nombreux élèves relégués sur des voies jugées secondaires et dévalorisées par les familles et les jeunes eux-mêmes. Le nombre de jeunes sans diplôme et sans qualification reste très élevé. Chômage France 1975-2014 Ces évolutions s’accompagnent d’une perception négative croissante de la voie professionnelle et d’une désaffection pour l’enseignement technique, à laquelle nombre de mesures politiques ne cesseront de s'opposer en cherchant à « revaloriser l’enseignement technique ». Autant de débats sur l’évolution du système éducatif au tournant du XXIème siècle qui nourriront le deuxième chapitre.

Grands thèmes des changements au tournant du siècle[modifier | modifier le code]

Un tournant à la tête de l'AFDET, significatif de la nouvelle période[modifier | modifier le code]

Le tournant des années 1975 est aussi significatif pour l'AFDET. Au cours de cette période dominée par des années de crise économique et sociale, les présidents de l'AFDET qui se sont succédés proviennent essentiellement du monde économique. Depuis l'origine de l'AFDET en 1902 , se sont succédés d'éminents représentants du monde politique. Le dernier Président de l'AFDET, Alfred Jules-Julien, décède en 1977. Il avait été élu en 1952. Il succédait à Edouard Herriot qui avait présidé l'AFDET de 1930 à 1952.

Émile Maruéjouls (1835-1908)

Les premiers présidents de l'AFDET, éminents représentants du monde politique, sont ainsi : Émile Maruéjouls[1] (1902-1908) avait été Ministre des Travaux publics, ancien ministre du Commerce et de l’Industrie et député de l’Aveyron. Modeste Leroy (1908-1912) député de l'Eure. Gustave Dron[2] (1912-1930), député, maire et sénateur de Tourcoing. Edouard Herriot (1930-1952) maire de Lyon de1905 jusqu’en 1957, à l’exception de la période de la seconde guerre mondiale, a été ancien ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts, Président du Conseil à trois reprises ; c'est durant son gouvernement, en 1932, que le ministère de l’Instruction publique devient ministère de l’Éducation nationale. Alfred Jules-Julien (1952-1977), député (Radical) du Rhône (1931-1942, 1946-1955), sous-secrétaire d'Etat à l'enseignement technique en janvier 1936 à avril 1938, élu vice-président de l'Assemblée nationale en 1951 .

Les présidents de l'AFDET à partir de 1975 proviennent essentiellement du monde économique. En dehors du triumvirat nommé en 1977-1978 composé de Henry Court venant du monde de la formation, Charles Portet, Albert Lecompte viennent du monde économique ; Maurice Catalan (1978-1986) est Président du groupe d'impression Danel du Nord de la France ; Henri Longeot (1986-1987, puis 1995-1997), Inspecteur Général honoraire des Sciences et Techniques Industrielles au Ministère de l'Éducation Nationale ; Roger Martin (1987-1992) est Président du groupe Saint-Gobain ; Jacques Combelles (1992-1995) est directeur des services généraux de Télémécanique ; Raymond Ravenel (1997-2006) est l'ancien PDG de Citroën et président de l'association internationale des constructeurs automobile ; Jacques Lair (2006-2012), président de la commission formation de la Fédération française du bâtiment (FFB), membre titulaire du Haut Comité éducation-économie-emploi ; Etienne Bessac (2012-2015) est ancien chef de département de la société Dassault et ancien Président de la société des Ingénieurs Arts et Métiers ; Roger Mongereau (2015-2016) est ancien Vice-Président national CGPME en charge des territoires ; Alain Cadix (2016-2020) est ancien DRH de Dassault Aviation ; Le nouveau président de l'AFDET, Philippe Dole (2020-   ), est Inspecteur Général des Affaires Sociales honoraire (IGAS), ancien directeur général du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP).  

Des séquences éducatives en entreprises en 1979, l'alternance sous statut scolaire en marche[modifier | modifier le code]

Pendant la période de l’après-guerre et jusque dans les années 1970 existait une frontière étanche entre la voie générale et la voie professionnelle, et dans cette voie, les élèves des CET et des LEP se formaient uniquement dans les établissements scolaires, ils n'allaient jamais en entreprises. A l'inverse, les apprentis se formaient en entreprises. 83% des élèves des collèges de l'époque (CET) étaient orientés au sortir de la classe de 5ème dans la voie professionnelle et le Certificat d’aptitude professionnelle (CAP), 17% vers la voie générale. Ce n'est qu'à la toute fin des années 1970, avec Christian Beullac, ancien patron de Renault et Ministre de l'Éducation nationale de 1978-1981, que cette frontière, qu'il qualifia d'«incroyable cloisonnement», s'est ouverte progressivement, avec la circulaire de 1979 instituant les séquences éducatives en entreprises, à titre expérimental.

Cette ouverture entre ces deux mondes jusqu'alors séparés, s'est progressivement réalisée avec le développement de l'alternance sous statut scolaire et de passerelles entre les CAP, le BEP et la première d'adaptation, la création du bac professionnel. Le premier Bureau du partenariat au sein du Ministère de l'Éducation nationale n'est apparu qu'en 1994. Le Haut comité éducation économie emploi (HCEEE) est créé en 2000. Composé d’experts dans le domaine de la relation formation-emploi, de représentants des partenaires économiques et de représentants de l’ensemble des administrations concernées, il est essentiellement chargé de recueillir les informations nécessaires à l’adaptation des formations à l’évolution des métiers. L'entreprise peut maintenant intervenir sur le système éducatif et professionnel. Baccalauréat professionnel

L’apprentissage dépendait de l’Éducation nationale depuis le décret du 18 septembre 1944 du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) présidé par Charles de Gaulle qui a transformé les centres de formation professionnelle (CFP) existants en centres d'apprentissage (CA) et transféré leur tutelle de l'ex-direction de la Jeunesse (sous l'État français de Philippe Pétain) à la direction de l'enseignement technique de l'Education nationale. Ces centres d'apprentissage sont devenus collèges d'enseignement technique (CET) en 1959 avec la réforme Berthoin. Le nombre de leurs élèves (garçons et filles) passe de 60 000 en 1945 à 203 340 en 1960 soit une progression de 238,9% en quinze ans pour les centres d'apprentissage publics. Les CET deviennent en 1976 des lycées d'enseignement professionnel (LEP) dans lesquels sont créées à partir de 1985, pour les élèves titulaires d'un Brevet d'études professionnelles (BEP), des sections en deux ans préparant aux baccalauréats professionnels dits « bacs pro ». Le baccalauréat professionnel pose en 1985, pour la première fois à l’Éducation nationale, le principe d’une formation en entreprise intégrée dans le cursus de formation. L’alternance sous statut scolaire entre enfin pleinement à l’Éducation nationale et se développe. Puis, en 1986, les lycées d'enseignement professionnel (LEP) deviennent des lycées professionnels (LP) préparant en quatre ans aux baccalauréats professionnels (bacs pro) qui, à partir de 2009, peuvent être préparés directement en trois ans sans passer par la préparation préalable d'un BEP.

La loi sur l'alternance école entreprise[modifier | modifier le code]

Un avant-projet de loi sur l'alternance école entreprise est présenté à l'assemblée générale de l'AFDET de 1978 par le secrétaire d'Etat auprès du ministre du Travail, Jacques Legendre. André Bruyère, vice-président de l'association, fait part des orientations du Ministre de l'Education nationale, Christian Beullac, d'ouvrir davantage les établissements sur la vie professionnelle et sur la formation continue. Aux enseignants, il propose d'offrir deux mois de stage en entreprise, notamment à ceux qui sont en formation. Aux jeunes en cours de scolarité, il s'agit de leur donner une meilleure information sur les métiers et la vie professionnelle.

Sur les 250000 jeunes quittant le système éducatif sans formation professionnelle véritable, 100000 vont en apprentissage, et sur les 150000 restants, 70000 quittent les LEP sans avoir obtenu leur diplôme, 80000 quittent le collège après la 3ème ou le lycée avant le bac. Les trois raisons données sont les lacunes de l'orientation, le découragement dû aux difficultés scolaires, la coupure entre l'école et la vie. Les préconisations proposées par l'AFDET répondent à ces trois facteurs d'échecs : mettre les enseignements à leur portée pour assurer des progrès continus ; repenser la formation pour faciliter l'acquisition des bases nécessaires manquantes ; accroître le temps passé aux enseignements professionnels.

L'AFDET met en place des commissions de réflexion pour apporter des pistes de réponses au plus près des réalités. A noter que ce sont souvent les mêmes solutions que l'on trouvera dans la loi Avenir professionnel de 2018.

  • La commission apprentissage traite des classes préparatoires à l'apprentissage (CPA) initiant aux métiers durant la scolarité obligatoire dans les collèges ou dans les CFA selon le principe de l'alternance école entreprise. L'association souhaite la création de classes préprofessionnelles pour les élèves qui supportent mal les classes traditionnelles. Les employeurs devraient, à l'issue de ces classes, être tenus de conclure des contrats avec les jeunes. Au CAP, les élèves de ces CPA ont de meilleurs résultats. Elle demande aux professionnels participant aux Commissions paritaires consultatives (CPC) de faire adopter le principe de l'adaptation des épreuves d'examen, d'enseignement général notamment, aux réalités des métiers. Ce qui va à l'encontre des positions du ministère.
  • Commission sur l'organisation des cursus pour l'enseignement professionnel : maintien du CAP en trois ans après la 5 ème ; Options technologiques lourdes de 9h hebdomadaires dans les classes préparatoires de 4ème et 3ème des LEP ; délivrance d'un brevet des collèges à la fin de la 2ème année de préparation au CAP ; 3ème année consacrée à une formation professionnelle plus approfondie ; recrutement d'enseignants issus du monde professionnel.
  • Commission Enseignement industriel : harmonisation à réaliser entre date de sortie du flux scolaire et dates d'embauche dans les entreprises ; étalement des examens de fin de formation initiale permettant ceux des mentions complémentaires à d'autres dates que celles des CAP et des BEP ; dates d'examens différentes pour les scolaires et les non scolaires (apprentis) ; maintien de la double finalité pour les baccalauréats de technicien, insertion professionnelle et poursuite d'études ; stages d'adaptation pour les diplômés (bac de technicien ou BEP) qui ne trouvent pas immédiatement du travail et dédommagement pour l'entreprise d'accueil ;
  • Commission Enseignement économique et commercial : proposition sur l'évolution de la bureautique et de son enseignement ; sur l'informatique ...
  • Commission «tourisme, hôtellerie, loisirs», commission «promotion du travail, promotion sociale» ; commission «bâtiment et travaux publics»;
L'AFDET se mobilise pour les séquences éducatives[modifier | modifier le code]

La mobilisation de l'AFDET pour les séquences éducatives et le développement des relations avec les entreprises et le système éducatif pour promouvoir la formation en alternance est importante. Le nouveau président engage l'AFDET dans une vaste enquête lors de son assemblée générale de mars 1980. Les séquences éducatives diffèrent des stages traditionnels où l'élève ne pouvait compter que sur l'accueil que lui réservait l'entreprise. Elles doivent être préparées entre les professeurs et les tuteurs de stages pour en définir le programme et le déroulement dans l'année, et en préparer les élèves. L'entreprise doit aussi y être préparée pour accueillir le jeune comme un investissement pour l'avenir. Apprentissage de la brasure du tube cuivre. Le ministre de l'Education nationale, Christian Beullac, exprime, lors du banquet suivant l'assemblée générale, entouré de nombreuses personnalités, toutes les attentes qu'il assigne à l'application de la loi. Attentes vis-à-vis des entreprises pour la formation professionnelle de la jeunesse, vis-à-vis des académies avec l'annonce de la déconcentration de la carte scolaire, y compris pour l'enseignement technique, vis-à-vis de l'AFDET et des CET. C'est un appel à l'AFDET pour qu'elle produise des propositions et contribue à la réussite de la «formation des jeunes, priorité nationale de la prochaine décennie».

L'AFDET choisit, à la demande du ministère de l'Education nationale, 350 médiateurs pour la mise en place de ces séquences éducatives dans les meilleures conditions et mobilise ses sections à œuvrer pour cela auprès des entreprises. Elle organise le lancement d'une campagne de 6000 questionnaires qu'elle envoie aux sections sur les attentes vis-à-vis de la formation professionnelle de la part des entreprises et des parents. Les synthèses se font par région en des réunions qui regroupent de 100 à 150 personnes avec la participation des recteurs, des préfets et autres personnalités locales. Un millier de réponses apportent un éclairage utile sur les différentes parties du questionnaire. La revue de l'AFDET de janvier 1981 présente la synthèse nationale.

En mars 1981 lors de son assemblée générale, l'AFDET présente les résultats de l'enquête au ministre Christian Beullac. Celui-ci souligne dans sa réponse qu'«en matière de formation professionnelle, l'école et l'entreprise ont des rôles complémentaires à jouer. Il faut replacer l'école face à ses finalités économiques et l'entreprise face à ses finalités sociales. L'Education nationale doit s'ouvrir aux réalités de la vie socioéconomique. L'entreprise doit cesser de se désengager de ses responsabilités de formation professionnelle sur le seul système éducatif».

Les technologies, l'orientation face à l’échec scolaire[modifier | modifier le code]

La période est marquée par un sujet récurent, l'échec scolaire des jeunes. Créées en 1982 à la suite du rapport de Bertrand Schwartz sur l’insertion des jeunes, les missions locales et les PAIO (Permanences d'Accueil, d'Information et d'Orientation) sont des structures associatives, intégrées aux mairies. Leur réseau compte 690 PAIO. Elles ont pour mission d'accueillir les jeunes de 16 à 25 ans et de les aider à résoudre l'ensemble des difficultés qu'ils rencontrent, aussi bien au niveau professionnel que social. Henri Longeot est chargé par l'AFDET d'enquêter sur la situation. Selon lui, un tiers des élèves de collège serait en situation de rejet ou d'échec. Un petit nombre se retrouve en apprentissage ou dans les sections de lycée d'enseignement professionnel préparatoires au CAP. 75% sont écartés sans formation. A ceux-là, il faut ajouter ceux qui, rentrés en CAP, abandonnent en cours de route. Henri Longeot estime dans son rapport que les sections AFDET pourraient avoir un rôle jouer au sein des PAIO qui regroupent les acteurs concernés, CIO, Greta, AFPA, LEP et d'autres associations spécialisées. Elles pourraient informer les jeunes sur les emplois et les formations locales.

En décembre 1982, Louis Legrand, ancien directeur de l’Institut national de la recherche pédagogique, remet au ministre de l’éducation Alain Savary son rapport intitulé «Pour un collège démocratique». Face à l’insatisfaction générale concernant le fonctionnement du collège, Il propose d’aménager dans les classes de 6ème et 5ème des temps de travail en groupes d’élèves de niveau hétérogène et des temps en groupes de même niveau ; de favoriser les activités d’expression et de production technique ; de mettre en place un tutorat destiné à aider les élèves dans leur travail et leur vie scolaire ; de transformer les fonctions et les services des enseignants qui effectueraient 16 heures d’enseignement + 3 heures de concertation en équipe pédagogique et 3 heures de tutorat.

Ces propositions intéressent l'AFDET qui préconise l'introduction d'une formation technologique, polytechnique, obligatoire pour tous, de la 6ème à la 3ème, voire au delà. Elle propose en plus des trois heures, des options complémentaires notamment, d'abord pour les élèves qui vont en LEP ou en CPPN (classes préprofessionnelle de niveau), puis dans les CFA, dans les centres AFPA et même dans les entreprises qui se trouvent autour du collège, par des conventions précisant les conditions d'alternance. Cela permettrait au collège de sortir de son isolement et de travailler avec les forces économique locales. Au niveau des lycées, l'AFDET préconise, à tous les niveaux de sorties des formations professionnelles, des périodes d'adaptation à l'emploi, structurées et organisées en fonction des emplois prévisibles. Outre la pédagogie de projet, valorisant le travail de l'élève, Henri Longeot préconise que l'élève présente son dossier technologique au jury lors de l'examen. Si les professeurs savent développer cette pédagogie, il sera possible de substituer à l'école de la sélection la pédagogie de la réussite, conclut-il.

Ces mesures sont présentées au représentant du ministre qui souligne les enjeux de la situation de l'appareil de formation en 1982. Sur les 758000 sortants, 60% des jeunes n'atteignent pas un niveau de qualification supérieur au CAP ou au BEP. [100000 au niveau VI et Vbis, 369000 au niveau V (CAP) et 117800 au niveau IV ; 88900 au niveau III et 82000 aux niveaux II et I pour le post bac]. Des formations complémentaires, post-diplômes, sont mises en place pour réduire l'écart entre les compétences nécessaires pour les emplois proposés. C'est le seul moyen, dit-il, pour répondre rapidement au besoin des entreprises, en regroupant les formations autour de grandes familles de métiers tout en évitant une inflation permanente de diplômes et de formations de plus en plus pointues. Le président Catalan souligne que ce qu'attendent les entreprises, ce sont des jeunes aptes à apprendre un métier et non pas forcément connaissant un métier en sortant de l'école.

La formation technologique et la formation des maîtres[modifier | modifier le code]

L'assemblée générale de 1985 se tient à Lyon le 10 mai 1985. Elle marque la volonté de l'AFDET de se régionaliser, tout en honorant la ville qui a fourni deux de ses plus prestigieux présidents Edouard Herriot et Alfred Jules-Julien de façon continue pendant 45 ans de 1932 à 1977.

Lors de cette assemblée, Jean Tardiveau, représente le ministre de l'Education nationale, Jean-Pierre Chevènement (19 juillet 1984 - 20 mars 1986). Il loue les services rendus par l'AFDET et par ses adhérents et présente les rénovations prévues par le ministre. L'introduction d'une initiation technologique dans le primaire, celle d'une formation technologique moderne de la 6ème à la 3ème, la mise en place dans 400 LEP d'une voie parallèle aux 4ème et 3ème de collège avec une formation technologique renforcée, la transformation de la classe de seconde avec l'option TSA (Technologie des systèmes automatisés) installée dans tous les lycées. Il annonce la création du baccalauréat professionnel de deux ans après le BEP. Des formations complémentaires pourront être créées localement en prolongement des formations technologiques et professionnelles.

Henri Longeot, vice-président de l'AFDET, fait l'analyse du projet de loi-programme en préparation. L'AFDET a toujours soutenu le développement de la technologie en collège et sa poursuite en seconde. Il soutient l'option TSA généralisée dans tous les lycées. Il appelle de ses vœux une orientation, choisie en connaissance de cause, en fin de seconde après une formation technologique de cinq années donnée à tous. Il souhaite l'ouverture de classes expérimentales de 4ème pour la remise à niveau d'élèves volontaires rencontrant des difficultés scolaires.

La formation des enseignants de l'enseignement technique en IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) s'avère conforme aux craintes émises par l'AFDET quand elle estimait que les IUFM seraient incapables de former des professionnels qualifiés, aptes à être des professeurs techniques préparant des élèves au CAP, BEP, Bac pro, Bac technologique, BTS. L'obligation de licence universitaire définie uniquement par des universitaires est totalement inadaptée aux besoins des enseignements professionnels, de même que l'absence de pédagogies différentiées aux formations technologiques et professionnelles. Ce n'est pas qu'avec des heures de cours que les élèves peuvent réaliser leur projet technique. L'AFDET demande l'embauche de contractuels ou de professeurs associés venus des entreprises, de même dans les formations continues de salariés dans les Greta.

La lettre du président Combelles à François Fillon, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche en 1993, exprime la déception de l'association face au «mutisme à peu près total à l'égard des enseignements technologiques et professionnels quant à leur avenir». Il faut imaginer d'autres circuits pour former des professeurs bien adaptés. En 1994, l'AFDET demande leur avis aux groupes d'inspection générale d'Economie et Gestion d'une part, et de Sciences et Techniques Industrielles d'autre part, quant à la mise en place de la réforme de la formation des maîtres avec la création des IUFM en 1991. En Economie et Gestion, dans les domaines où les savoirs sont bien maîtrisés par l'université (économie générale, économie d'entreprise, droit, gestion) la formation est bonne. Le manque d'appropriation de compétences techniques en entreprise est plus grave pour des enseignants en lycée professionnel qui doivent maîtriser des savoir-faire opérationnels spécifiques dans les formations tertiaires. En Sciences et Technologies Industrielles (STI), l'évolution des qualifications en entreprise exige des moyens techniques plus importants que pour les disciplines générales, et des compétences spécifiques aux professions enseignées qui ne se réduisent pas à la transmission de contenus universitaires. Il faut recruter des spécialistes, soit à partir d'un professorat de généraliste avec un complément de formation de spécialités, soit des spécialistes professionnels avec les compléments pédagogique et technologique. L'AFDET juge sévèrement la situation causée par l'uniformisation des formations des IUFM et la politique d'abandon développée par le ministère de l'Education nationale à l'égard des formations de niveau V, CAP et BEP. A plus ou moins long terme, ce sera la mort de l'enseignement technique. La note de l'AFDET ne laisse pas indifférent l'administration qui demande la mise en place d'une mission.

L'AFDET, le collège unique, les technologies, l'orientation et la pédagogie[modifier | modifier le code]

Jacques Combelles revient dans la revue de janvier 1992 sur l'organisation du collège unique et sur le rôle des technologies. Pour lui, «privilégier le modèle unique des collèges pour que tous les enfants soient traités de la même façon aboutit en fin de compte à créer plus d'inégalités qu'il n'en efface». En raison de la sélection par l'abstraction et de la pédagogie déductive généralisée, le dispositif génère de plus en plus d'exclus des voies «royales» et relègue les enfants sur des voies jugées secondaires et dévalorisées par les familles et les jeunes eux-mêmes. La prolongation de la scolarité obligatoire dans ces conditions, au lieu de faire les corrections nécessaires, accroît le nombre des exclus. Pour lui, le modèle unique est donc inadapté et impropre à fournir des solutions. Il faut rompre avec ce dernier si on veut traiter des causes. Il défend l'idée que l'égalité des chances repose sur une trilogie : technologie, orientation, pédagogie. L'orientation doit s'appuyer sur l'identification des potentialités de chaque enfant. L'orientation est indissociable de la technologie et de la pratique effective, dans tous les enseignements, d'une pédagogie intégrale et interactive, visant à l'égalité des chances pour tous. Recherche sur Internet Les questions d'orientation des jeunes par le système éducatif constituent toujours un grand souci pour l'AFDET. Elle constate une méconnaissance de la richesse des voies professionnelles et technologiques par les parents, les élèves et les professeurs. Le président Combelles appelle à les informer sur la spécificité de la pédagogie du projet technique. Au lieu de mettre en valeur les voies professionnelles et technologiques comme voies de promotion, elles sont toujours représentées comme des voies de deuxième niveau. L'orientation doit être la recherche d'une voie qui convient à chacun, compte tenu de ses goûts, de ses aptitudes et de l'offre locale et non plus la sanction basée sur les seuls résultats des contrôles et des notes obtenues. La logique du dispositif doit être au développement, dans chaque collège, de contacts directs entre les élèves et l'extérieur, dépassant le stade de la conférence et des forums des métiers. L'AFDET peut être un partenaire recherché pour identifier l'entreprise et les métiers qu'elle offre.

En 1992, une délégation de l'AFDET conduite par le président Combelles rencontre Jacques Guyard, secrétaire d'Etat à l'Enseignement technique pour un échange sur les objectifs de l'association : promotion de l'apprentissage, maintien du CAP avec quelques modifications, l'information des jeunes sur les métiers avec notamment le rôle des CET (Cf. {{Article connexe|Les réformes de l'orientation}}). Elle encourage la mise en place de dispositifs d'aide et de soutien adaptés aux jeunes en difficulté (4ème d'accueil et 3ème d'insertion avec suivi pédagogique individualisé par contrat et formation en alternance). Mais la généralisation de la technologie dans les enseignements communs de seconde de tous les lycées, acceptée par le ministre lors d'un échange avec l'AFDET, n'est pas validée pour des raisons de budget. L'association bataille pour l'introduction de la technologie en seconde dans le tronc commun. Mais la technologie des systèmes automatisés (TSA) n'apparaît au Bulletin Officiel de l'Education nationale que pour les établissements qui dispensent un enseignement technologique industriel en terminale. Les arrêtés créant le Deug de Technologie sont publiés en mai 1992 et janvier 1993 par Jean Glavany, Secrétaire d'État à l'Enseignement technique auprès du ministre de l'Éducation nationale Jack Lang dans le gouvernement Bérégovoy.

La formation des maîtres de l'enseignement technique dans le «nouveau projet pour l’École» du Ministre François Bayrou (1993-1997)[modifier | modifier le code]

François Bayrou, Ministre de l'Education nationale (1993-1997), propose 37 propositions à la réflexion début 1994. L'AFDET soutient certaines d'entre elles qui correspondent à ses demandes : sortir la formation professionnelle de son isolement et reconnaître sa spécificité, la reconnaître publiquement et faire évoluer les mentalités, combattre son assimilation à l'échec. Elle transmet au ministre une note qui précise ses propositions sur la diversification des parcours, l'information sur les métiers et sur les formations, la création d'internats dans les zones qui le nécessitent, l'enseignement de la technologie comme moyen d'orientation et discipline à part entière. Organisant une rencontre avec l'Institut de l'entreprise en avril 1994 sur le thème de «l'enseignement technologique et professionnel et la loi quinquennale», le président Combelles regrette la disparition du secrétariat à l'Enseignement technique qui témoigne de la place que doit avoir cet enseignement. Xavier Darcos, directeur de cabinet de François Bayrou, répond que «l'enseignement technologique et professionnel soit traité à part égale, avec toute autre forme d'enseignement, par un seul et même ministre, est une manière de valoriser l'un et l'autre. La seule façon de conduire des jeunes élèves à considérer la technologie comme une matière noble, c'est d'y être habitué».

L'AFDET répond à la demande d'avis formulée par le ministre lors de la présentation en septembre 1994 des 158 propositions qui constituent un nouveau contrat pour l'école. Elle souhaite que soient affirmées la spécificité et la légitimité de la filière technique : «sa vocation ne peut se concevoir que dans l'objectif d'une préparation à des activités professionnelles proposées aux différents niveaux de qualification en fonction des goûts et des possibilités de chacun». Elle joint à cette note au ministre les recommandations de l'OCDE concernant le changement nécessaire de la formation des enseignants du technique qui doivent avoir une expérience professionnelle acquise en dehors du système scolaire. De même concernant des conditions d'accès aux formations et établissements supérieurs, l'OCDE préconise de donner une nette priorité aux candidats sortants d'une filière professionnelle. «C'est une condition essentielle si la France veut réellement, au niveau du secondaire, rendre 'compétitives', les filières professionnelles par rapport par rapport aux filières générales et technologiques».

Création du concours général des métiers

Inaugurant l'exposition nationale du travail à Angers «un des meilleurs ouvriers de France», François Bayrou fait part de la création du concours général des métiers qui s'adresse aux élèves et aux apprentis des baccalauréats professionnels. L'AFDET en rend compte dans sa revue en soulignant la mise en valeur du savoir et du savoir-faire de ces élèves et apprentis qui concourent à titre individuel ou en équipes à ces épreuves dans plusieurs spécialités techniques : productique mécanique, équipement et installations électriques, construction et aménagement du bâtiment, arts de la pierre, artisanat et métiers d'art, bijouterie et restauration.

Se félicitant de cette initiative qui rehausse l'excellence de la voie professionnelle, l'AFDET met en garde contre les risques existants d'un «glissement pervers des formations techniques vers les méthodes de l'enseignement général, appuyées sur l'acquisition de connaissances et sur une certaine déprofessionnalisation à laquelle on assiste de plus en plus au niveau des programmes, des méthodes pédagogiques et du type de formateurs recrutés».

Le nouveau rôle des régions dans l'apprentissage et la formation professionnelle continue[modifier | modifier le code]

1981, création d’un ministère de la formation. Marcel Rigout est ministre de la formation professionnelle du 23 juin 1981 au 19 juillet 1984. Il s'agit du premier ministère de la formation professionnelle en titre, antérieurement, il n'y avait que des Secrétariats d'Etat en charge de la formation professionnelle. L'AFDET se félicite de cette création. Ce ministère est intégré au ministère du Travail. Il est accompagné au ministère de l'Education nationale d'une mission des enseignements technologiques et professionnels et de la formation continue des adultes. Le ministre de l'Education nationale est Alain Savary (22 mai 1981 - 17 juillet 1984).Formation continue des adultes

La loi du 7 janvier 1983 relative à la répartition des compétences entre les communes, les départements, les régions et l’État transfère aux régions la mise en œuvre des actions d’apprentissage et de formation professionnelle continue. L'AFDET doit elle aussi évoluer pour prendre en compte ces nouveaux échelons régionaux de la décision en matière d'apprentissage et de formation continue. Des mesures sont à prendre pour passer de l'échelon départemental où sont basées les sections à l'échelle régionale qui devient incontournable. Au conseil d'administration de juin 1983, le président Catalan demande que les représentants régionaux soient les animateurs de la vie de l'AFDET de leur propre région, que les structures AFDET se rassemblent pour agir sur leur environnement régional en lien avec les actions, réflexions et projets de l'AFDET nationale. Chaque Région sera suivie par un membre du bureau national.

Organisation par l'AFDET d'un colloque sur l'entrepreneuriat en 1984. Sous le patronage et avec la présence d'Alain Savary, ministre de l'Education nationale, se tient le colloque intitulé «Des hommes pour entreprendre et entreprendre pour quoi faire ?» Les intervenants s'interrogent sur diverses questions au cœur du sujet et de l'actualité : Que faut-il réellement acquérir pour entreprendre ? Quelle place dans l'enseignement dans cet objectif face aux évolutions technologiques ? Quel homme ou femme former pour entreprendre ? Avec quelle pédagogie ? Les questions des séquences éducatives en entreprises, les projets que doivent réaliser les bacheliers techniciens et les techniciens supérieurs, les projets d'action éducative (PAE), l'introduction de la technologie au collège, la formation continue et l'entrepreneuriat sont abordées. Le ministre Savary loue le travail de l'AFDET et souhaite que les rapports des groupes de travail qui lui ont été communiqués alimentent les débats avec les services du ministère, «Rien n'est pire que les colloques sans suites».

L'apprentissage et les régions, le Livre blanc de l'AFDET sur l'emploi 1992[modifier | modifier le code]

Le dynamisme de l'association se manifeste lors des assemblées générales de l'AFDET qui se tiennent le 14 avril 1992 concernant d'une part la révision des statuts de l'AFDET pour impulser ses actions au niveau des régions et des territoires (bassin d'emploi, agglomérations urbaines, départements), d'autre part par la réunion à une même table, lors de la clôture des travaux, des représentants des ministres de l'Education nationale (Jack Lang), du Travail, de l'emploi et de la formation professionnelle (Martine Aubry), et de l'Industrie (Dominique Strauss-Kahn). Jean Courdouan, délégué à la formation professionnelle au ministère du travail, découvre, à cette occasion, les travaux de l'association, et souhaite la rencontrer. L'entretien avec l'AFDET a lieu le 22 juin 1992. L'association évoque la parution d'un mémento sur les conseillers de l'enseignement technologique auquel le délégué souhaite contribuer. Concernant la question soulevée par l'AFDET de la disparition, dans le projet de loi en discussion, des articles permettant l'élargissement des possibilités de création de centres de formation d'apprentis dans les établissements publics, le délégué répond que l'introduction de l'apprentissage dans les lycées pourrait être reprise sous une autre forme. Lors d'une réunion du comité «Enseignement Profession» créé il y a quelques mois, dit-il, l'AFDET pourrait exposer ses propositions et pourrait participer à une possible enquête sur des expériences limitées.

Le Livre blanc de l'AFDET sur l'emploi et la formation des enseignants de l'enseignement technique

Décidé en janvier 1993, le Livre de l'AFDET sur l'emploi se veut un nouveau regard sur l'enseignement technologique et professionnel pour répondre aux problèmes posés par l'emploi. Il s'adresse aux leaders d'opinion et aux décideurs qui émergeront des échéances législatives de mars 1993. Outre les propositions récurrentes de l'AFDET pour valoriser l'enseignement professionnel, il insiste sur la formation spécifique des professeurs de technologie en vue de leurs responsabilités en matière d'orientation des jeunes et de lutte contre l'échec scolaire. Cette formation initiale et continue des enseignants doit intégrer une formation lors de stages en entreprise, Le recrutement se ferait, soit en IUFM à partir d'élèves ayant déjà une formation professionnelle (BTS, DUT ou DEUG de technologie industrielle), soit par le recrutement de professionnels de haut niveau dans les entreprises formés comme ingénieur de formation de même niveau qu'ingénieur de production. Bibliothèque de Formation des Maîtres - IUFM - Brest, France - consultation revues Une large diffusion est assurée à ce document qui devient, pour nombre de personnes, un document de référence, notamment pour les conseils régionaux en charge de l'élaboration des schémas de formation pour la période 1994-1998. Le président Combelles réagit en écrivant aux ministres de l'Education nationale et du Travail pour que les CET soient explicitement cités dans la loi quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle. La loi paraît le 20 décembre 1993 avec la mention des conseillers pour l'enseignement technique (CET) parmi les personnes pouvant intervenir, à la demande des chefs d'établissement, pour l'accompagnement des jeunes en difficulté. Les sections s'emparent du Livre blanc et assurent sa diffusion qui atteint les 5000 exemplaires vendus.


L'AFDET critique la disparition des articles de la loi de Martine Aubry sur l'apprentissage en mars 1992 favorables à la participation des lycées à l'apprentissage. Le président Combelles écrit au Premier Ministre Pierre Bérégovoy pour souligner la solution intéressante pour lutter contre le chômage des jeunes que représente la coopération prévue entre les établissements d'enseignement et les groupements professionnels pour créer des structures d'apprentissage. L'AFDET ne cesse d'affirmer la complémentarité des deux voies de formation en France. «Nous rejetons la présentation des faits qui prétend que l'enseignement technique initial avec alternance d'une part et l'apprentissage d'autre part sont des formules concurrentes devant s'éliminer l'une l'autre. Alternance et apprentissage ne sont pas opposées mais complémentaires, chaque solution ayant ses champs d'application privilégiés et la population des jeunes en difficulté ou non est bien trop diverse et variée pour croire qu'une seule formule d'enseignement professionnel doive lui être proposée».

Les débats sur la place de l'Enseignement technique[modifier | modifier le code]

Le centenaire de l'Enseignement technique en 1987[modifier | modifier le code]

L'assemblée générale qui se tient le 11 février 1987 est placée sous l'égide de la préparation du centenaire de l'enseignement technique pour lequel l'AFDET vise l'organisation d'un colloque en décembre 1987. Ce centenaire correspond aux cent ans depuis la constitution des Ecoles Nationales Professionnelles (ENP). Pour clôturer l'assemblée générale, l'AFDET a invité nombre de personnalités de l'enseignement technique, dont Nicole Catala, secrétaire d'Etat chargée de la formation professionnelle. Daniel Bloch, président du Haut comité Education Economie, y intervient sur le travail mené par l'AFDET dans l'objectif d'un enseignement professionnel de qualité. Nicole Catala présente les grandes lignes de l'histoire de cet enseignement avec la création des ENP, la loi Astier et la mise en place des CAP. Elle souligne la qualité du réseau de grande valeur constitué de milliers d'établissements technologiques et professionnels, dont les CFA, et affirme la nécessité de développer cet enseignement dont la France a besoin.

Elle indique avoir autorisé, à titre expérimental, dans un projet de loi de revalorisation de l'apprentissage, la préparation d'autres diplômes que le CAP par voie d'apprentissage. Elle réaffirme l'existence de deux voies de formation initiale, solidaire et complémentaire, dans le respect de leur spécificité. L'AFDET y apporte ses réflexions et propositions notamment pour que soient clairement affichés les objectifs des deux filières de formation, l'apprentissage et la formation sous statut scolaire. Mais aussi que soit vérifiée la compétence pédagogique des maîtres d'apprentissage au travers de formation. Lors de l'assemblée générale de novembre 1987 est élu le nouveau président de l'AFDET, Roger Martin, ancien président-directeur général de la compagnie de Pont-à-Mousson.

Le colloque qui célèbre les cent ans de l'Enseignement technique se tient les 1er et 2ème décembre 1987. Le ministre de l'Education nationale, René Monory, intervient en notant comme un signe positif pour l'AFDET d'avoir à sa tête un ancien grand chef d'entreprise, prouvant que la barrière psychologique existant entre les deux mondes de l'Education et de l'entreprise s'estompe progressivement. Il rappelle qu'il vient de créer une direction de la prospective et de l'évaluation, car la production de la qualification dans la formation professionnelle nécessite une vision à long terme quant au résultat recherché. La question est évoquée du modèle de production de cette qualification en France comparativement à celui d'autres pays comme l'Allemagne et son système dual. Les entreprises françaises sont-elles prêtes à accueillir 800000 jeunes en système dual ? La question de la formation des enseignants et des maîtres d'apprentissage est très importante à cet égard.

Nicole Catala prononce le discours final. Elle félicite l'AFDET de l'organisation de cette manifestation et pour le succès des cinq groupes de travail qui ont planché sur l'orientation scolaire, les rapports entre les milieux économiques et les structures de formation, les titres et les diplômes, l'insertion sociale et professionnelle, la technologie comme élément de culture moderne. Elle souligne la coordination sérieuse nécessaire entre l'entreprise et la structure de formation, en apprentissage ou dans les périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) instituée pour l'alternance sous statut scolaire. Et cela tout au long du processus de formation alternée, depuis la préparation en amont, pendant le stage et après, pour en retirer tout l'acquis, y compris lors de l'examen nécessaire l'acquisition du diplôme face au jury.

La suite du colloque du centenaire et le nouveau projet pour l'AFDET[modifier | modifier le code]

Les précieux échanges recueillis lors du colloque amène l'association à mettre en chantier début de l'année 1988 un «nouveau projet pour l'AFDET». Il se construit, selon la méthode régulièrement employée par l'AFDET, par l'organisation de cinq commissions qui lancent une série d'études et élaborent collectivement des propositions concrètes. Ces commissions s'appuient sur le réseau régional et départemental de l'association regroupant des professionnels, des formateurs et des institutions partenaires. Celles-ci font l'objet d'une longue note par l'AFDET présentant son projet pour le développement de l'action de l'association. Ces textes sont discutés et adoptés par le conseil d'administration. Ils constituent la base des discussions des responsables de l'AFDET avec les décideurs. La revue d'avril 1989 rend compte de ces études et recherches.

L'activité de l'AFDET est dopée par la réussite du colloque et la diffusion de ses différents rapports. Le premier traite de l'enseignement de la technologie, le deuxième de l'orientation scolaire. D'autres études sont consacrées aux structures et méthodes pédagogiques. Un rapport s'attache à l'apprentissage dans ses différentes dimensions, dont la préparation du baccalauréat et du BTS par apprentissage. Ces divers rapports sont l'objet d'échanges avec les services du ministère. Pour répondre aux nouvelles obligations de l'association, le ministère de l'Education nationale, Lionel Jospin étant ministre, met à sa disposition deux personnes à mi-temps, dont Monsieur Dragui, inspecteur de l'Education nationale, qui est chargé par le président de la liaison de l'AFDET avec le Haut Comité Education Economie.

La loi d'orientation de 1989 et l'inquiétude de l'AFDET sur la formation des maîtres de l'Enseignement technique

IUFM Saint-Agne (Toulouse, 31)

Le 10 juillet 1989, le ministre de l'Education nationale, Lionel Jospin, fait voter la loi d'orientation sur l'éducation. Elle propose un projet global d'éducation, synthétise et consacre des solutions mises en œuvre de longue date par voie réglementaire ou administrative. «L'AFDET s'interroge toujours sur la décision permettant à tous les jeunes de collège une scolarité identique garante d'une égalité de traitement de chaque élève. Elle n'est pas persuadée de sa pertinence. Il apparaît que, pour certains élèves, les contenus d'enseignement tels qu'ils sont organisés, restent vide de sens, malgré tous les efforts pédagogiques des enseignants». La loi confirme nombre de dispositions déjà décidées et en cours d'application comme l'équipe pédagogique, le projet d'établissement, le rôle des personnels administratifs.

En ce qui concerne la formation des enseignants, les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) sont créés. Ces établissements publics à caractère administratif doivent assurer une formation et une culture professionnelle commune à tous les enseignants du primaire et du secondaire. L'AFDET continue de s'inquiéter des projets de formation des enseignants qui conduiraient à les traiter tous de la même façon. Ne va-t-on pas assister progressivement à la disparition des professeurs techniques ayant une qualification professionnelle reconnue ? La formation de ceux-ci doit se faire sur la base de la réalisation de projets techniques réels en liaison avec les entreprises.

Nouveau président, nouveaux locaux pour l'AFDET, admise comme ONG-ONU[modifier | modifier le code]

C'est la période où l'AFDET, obligée de quitter ses locaux de la rue de Bellechasse au terme de son bail, décide, par son assemblée de décembre 1988, d'acheter ses propres locaux en janvier 1989. Ce sont les locaux qu'occupe encore à ce jour l'AFDET, au 178 rue du Temple, tout près de la place de la République. L'AFDET se renforce en attirant dans ses assemblées nationales et régionales nombre de publics sur les sujets traités. Mais le nombre d'adhérents ne décolle pas vraiment. Lors de l'assemblée générale du 22 mars 1989, le rapport moral présenté par André Bruyère note que l'AFDET «n'a jamais acquis une telle notoriété, une telle audience et la confiance mise en elle oblige maintenant à redoubler d'efforts».

Le président Martin ne se représentant pas, l'assemblée générale du 10 mai 1990, élit comme nouveau président, Jacques Combelles, de l'entreprise Télémécanique. Le 26 mars 1991, l'AFDET est admise comme organisation non gouvernementale (ONG-ONU). Cette qualité lui permet d'être associée aux travaux des instances internationales. Un représentant de l'association est désigné comme membre de la Commission de la République française pour l'UNESCO.

Un comité de patronage renforce la notoriété de l'AFDET[modifier | modifier le code]

En février 1993, l'AFDET réunit un certain nombre de personnalités qui s'expriment et encouragent la politique menée par l'AFDET à l'égard de l'Enseignement technique. Ce Comité de patronage s'étoffe de nouvelles compétences qui constituent une instance de réflexion et d'idées nouvelles renforçant la notoriété de l'AFDET. Les travaux réalisés, notamment sur la formation des maîtres, sont présentés à Xavier Darcos, directeur de cabinet de François Bayrou. Mais l'AFDET s'inquiète du peu d'importance que ses interlocuteurs attachent à ce sujet. Elle met ses espoirs dans les travaux du Haut Comité Education-Economie.

Le conseil d'administration de l'AFDET est amené à se renouveler le 4 avril1995. Le président Combelles n'est pas réélu dans son mandat d'administrateur. Le mode d'élection par pouvoirs accordés à des représentants présents à l'assemblée générale permet des actions plus ou moins concertées pour éliminer quelqu'un. Henri Longeot est à nouveau élu président de l'AFDET. Sont cooptés Gérard Colpin, proviseur de l'Ecole nationale de physique-chimie-biologie de Paris, et Raymond Ravenel, ancien PDG des usines Citroën.

Un bilan de l'Enseignement technique en 1995[modifier | modifier le code]

Henri Longeot s'est représenté au conseil d'administration et au bureau en attendant de trouver une personnalité issue du monde économique. Plusieurs représentants d'entreprises rentent au conseil d'administration et au bureau. L'objectif est de renforcer les liens de l'AFDET avec le monde économique. C'est aussi le temps en 1995 de revenir sur le bilan des actions de l'AFDET. La revue publie en 1995 l'analyse du président Longeot sur le système de formation professionnelle en France.

Selon le président Longeot, le système de formation professionnelle en France s'est construit progressivement pendant le XXème siècle et a formé l'essentiel des techniciens, ouvriers employés qualifiés et les cadres de l'industrie et du commerce, avec une grande renommée et une efficacité reconnue, notamment entre les deux guerres. De part son histoire, il a cherché à construire un équilibre entre formation générale et formation professionnelle, entre formation sous statut scolaire et apprentissage, souvent opposées. Mais si la formation scolaire a eu des aspects positifs, elle a engendré nombre d'aspects négatifs. Côté positif, la mise en place de passerelles entre les différentes voies, le développement d'une pédagogie de projet, liant l'action et la réflexion, l'introduction des branches professionnelles au sein des CPC pour élaborer des programmes de formations qualifiantes. Mais les aspects négatifs demeurent l'orientation sélective et hiérarchisée subie par de nombreux élèves. L'intégration des formations techniques dans les établissements d'enseignement général et l'uniformisation des structures ont conduit à une déprofessionnalisation des programmes et des méthodes pédagogiques répondant aux critères de d'enseignement général au détriment de l'enseignement technique et de sa vocation à former des personnes qualifiées. La même critique s'applique à la formation des maîtres. Le projet Neuville Eco Campus Les mesures préconisées par l'AFDET, depuis longtemps pour certaines, concernent celles qui peuvent être mises en place sans bouleversement : développement de l'alternance et d'un partenariat réel école entreprise. Une deuxième catégorie engage l'avenir et ces mesures peuvent être mises en place par l'Education nationale : mise en place de la technologie dans le cursus scolaire, obligatoire jusqu'à la seconde. La troisième catégorie présente une modification des structures : transformer les lycées en Instituts de formation pro allant du CAP au BTS, sous statut scolaire, apprentissage et formation continue, avec la création d'un ministère de la formation professionnelle.

Pour autant, le président Longeot ne partage pas le point de vue des responsables politiques et des professionnels qui ne veulent prendre en compte que l'apprentissage. Il prend l'exemple de l'Allemagne qui a analysé les défauts du système dual et cherche à l'améliorer et à le compléter pour l'adapter à la situation économique et sociale nouvelle. De même la France doit prendre ce qui marche et changer ce qui pose problème dans les deux systèmes de formation professionnelle. Il suggère, pour redynamiser le recrutement des élèves, de revenir à la situation d'avant 1960, période où les formations techniques et professionnelles étaient autonomes. A l'époque, il y avait un concours d'entrée et la sélection allait dans le sens inverse de la sélection actuelle. Il fallait avoir des résultats satisfaisants pour entrer dans l'enseignement technique.

Débat sur les orientations de l'Enseignement technique[modifier | modifier le code]

Un accent est mis, lors de l'assemblée générale de 1997 et du débat qui l'a suivi avec des personnalités du ministère, sur la proximité nécessaire du terrain et des territoires pour se positionner dans les stratégies qui s'opposent concernant le développement de l'Enseignement technique. Pour représentant du ministère, Jean Figarella, il s'agit d'opérer un «recentrage des diplômes autour d'une famille de métiers, l'adaptation à un métier précis pouvant se faire à partir de formations complémentaires d'initiative locale, de mentions complémentaires ou de contrat de qualification». Il rajoute qu'entre deux préconisations pour l'Enseignement technique, comme celles souvent défendues par l'AFDET de séparer les lieux de la formation générale et ceux de la formation technologique et professionnelle, et celle de maintenir associés l'enseignement général et l'Enseignement technique dont on espère la valorisation, il ne souhaite pas choisir et opte pour l'action en proximité avec le terrain. La proximité du terrain permet l'adaptation des formations initiales aux besoins des entreprises. Elle permet d'assurer une régulation au niveau d'un bassin d'emploi, de suivre les évolutions technologiques et de cerner les besoins en formation initiale et en formation continue. La communication avec les acteurs de l'orientation, dont les professeurs de collège, s'en trouve renforcer pour l'action des acteurs locaux permettant d'avoir la connaissance des taux de réussite, les choix de poursuite d'études, la diversité de l'insertion professionnelle.

Le représentant du Groupement des industries métallurgiques (GIM) insiste sur le rôle capital de l'entreprise dans la formation. Il formule le vœu que tous les professeurs en formation à l'IUFM bénéficie d'un stage en entreprise. L'AFDET réunit une troisième fois le 7 mars 1997 le Comité de patronage avec nombre de personnalités. Il y est noté que la loi quinquennale (article 57) permet de créer des sections d'apprentissage dans les lycées technologiques et professionnels. Malgré les réticences, l'objectif est d'en créer 500 pour 50 actuellement. Sur 49 épreuves au concours général, 13 concernent des spécialités du baccalauréat professionnel.

Le renforcement de la voie professionnelle, un nouveau président issu du monde économique[modifier | modifier le code]

Lors de son conseil d'administration du 29 avril 1997, Henri Longeot ne se présentait pas et est élu président d'honneur. L'AFDET élit Raymond Ravenel comme président. Ancien PDG de Citroën et ancien président de l'association internationale des constructeurs automobile, son élection marque un tournant important pour la visibilité de l'AFDET. Constatant, par l'enquête qu'il commande auprès des sections, le relatif isolement de l'AFDET auprès des régions, il insiste sur le fait que « l'AFDET doit augmenter ses moyens pour étendre son champ d'action ... Les gens sont aimables, nous respectent, nous laissent travailler mais nous restons isolés ». Par rapport à nombre d'associations installées sur certains créneaux où se place l'association, l'AFDET a un avantage certain, elle s'intéresse à tous les aspects de la formation initiale et continue.

Le président Ravenel présente son programme de travail basé sur les réflexions de l'AFDET à partir de plusieurs rapports parus en 1998. Ces réflexions seront communiquées à Claude Allègre, ministre de l'Education nationale et Ségolène Royal, ministre déléguée à l'enseignement scolaire.

Les principes directeurs que défend l'AFDET[modifier | modifier le code]

Parmi ces rapports, celui du recteur de Rennes, William Marrois, expose des principes directeurs, qui correspondent aux positions de l'AFDET : un partenariat avec les représentants du monde économique pour élaborer les diplômes correspondant aux besoins identifiés de l'économie ; la mise en place des périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) négociées avec les entreprises pour favoriser l'acquisition des compétences professionnelles  ; l'orientation prioritaire des diplômes vers l'insertion professionnelle, tout en favorisant l'adaptabilité par la formation tout au long de la vie et la poursuite d'études pour certains titulaires ; l'écriture des diplômes en référentiels dissociant formation et certification, l'accès à la certification se faisant par différents modes de formation ou la validation des acquis de l'expérience (VAE) ; le caractère national du diplôme garant de la mobilité géographique et interprofessionnelle ; la pédagogie de l'alternance donnant plus de place à l'individualisation de la formation (démarche inductive, projets en relation avec les entreprises, travaux pratiques individualisés) ; l'affirmation du rôle des conseils régionaux dans la construction de la politique régionale de formation professionnelle .

L'AFDET propose une politique de formation en alternance assumée par les entreprises pour les BEP et les baccalauréats technologiques, avec des stages et non plus seulement préprofessionnnels. Une année supplémentaire en alternance, avec des stages de 6 à 8 mois, permettant d'atteindre la professionnalisation nécessaire à un emploi, est souhaitée pour les élèves de BEP qui ne souhaitent pas continuer en bac pro, ou en BTS après un bac technologique.

Le développement technologique et les politiques de formation[modifier | modifier le code]

L'AFDET donne la parole dans sa revue en avril 1999 à Jacques Bodineau, directeur de la formation à l'ENSET (École normale supérieure de l’enseignement technique devenue École normale supérieure Paris-Saclay à la rentrée 2016). Le développement technologique induit des conséquences importantes dans les politiques de formation. Les nouvelles technologies poussent à l'ouverture de l'école sur l'environnement économique. Il s'agit d'anticiper sur les besoins et les compétences futures. Par exemple, le baccalauréat professionnel doit correspondre à un profil valorisé d'ouvrier technicien. Les formations des quinze dernières années ont ainsi évolué : rénovation du contenu des CAP et BEP, création du baccalauréat professionnel, ouverture de tous les diplômes par la voie de l'apprentissage. En 1998, plus de 600000 diplômes professionnels (CAP, BEP, bacs pro, brevets de techniciens, BTS, DUT) ont été délivrés.

Ces évolutions demandent un partage partenarial. Les milieux professionnels reconnaissent à l'école, à des degrés divers, la capacité de faire acquérir les compétences technologiques. Mais les compétences professionnelles relèvent de la pratique, de l'expérience acquise dans la vie réelle, avec de nouvelles compétences comportementales et relationnelles. Celles-ci passent par l'autonomie, le sens de l'organisation, le travail en équipe, l'aptitude à communiquer, ce que l'école est mal préparée à dispenser. Cela nécessite, comme le demande l'AFDET, une pédagogie par projet sur la base de supports industriels réels, accompagnée de stages en entreprises, le renforcement des acquis en sciences fondamentales et appliquées. L'orientation des élèves nécessite aussi de la part des enseignants, outre leur rôle de diffuseur de technologie, une connaissance du marché de l'emploi.

La licence professionnelle (1999)[modifier | modifier le code]

La création de la licence professionnelle paraît au BOEN (Bulletin officiel de l'Éducation nationale) du 9 décembre 1999. Cette licence à vocation professionnelle s'inscrit dans la nouvelle architecture, dite LMD Licence Master Doctorat, des diplômes de l'enseignement supérieur proposée par la commission Attali qui a remis son rapport au ministre de l'Education nationale Claude Allègre. C'est l'occasion d'un débat au sein de l'AFDET. Les BTS actuels sont appréciés par les entreprises et les jeunes qui trouvent facilement un emploi. Ce nouveau diplôme de l'enseignement supérieur vise aussi l'insertion professionnelle immédiatement après l'obtention du diplôme, tout en s'inscrivant dans la poursuite d'études. Le président Ravenel formule trois critiques à cet allongement : plus un jeune rentre tard dans l'entreprise, plus il rencontre de difficultés à s'intégrer ; souvent la poursuite d'études n'est que la conséquence d'un non choix ou d'une peur d'entrer dans la vie active ; enfin passer de deux à trois ans augmente le coût. Le débat conclut que les entreprises sont en attente des résultats de ces nouvelles formations. Un bilan du rapport Attali a été fait 20 ans après dans le blog Universités 2024, Un blog pour réfléchir sereinement sur l'Université française de demain, par Jean-Michel Catin.

Création de la Commission nationale de la certification professionnelle (2002)[modifier | modifier le code]

Le président Ravenel interviewe en 2000 Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits de la femme et à la formation professionnelle, sur le projet de loi de modernisation sociale portant sur l'apprentissage et la validation des acquis. Elle constate la stagnation du nombre d'apprentis aux niveaux V et IV dans des secteurs en pénurie de main d'œuvre qualifiée alors qu'il augmente aux niveaux supérieurs. A cet égard, le projet de loi vise à clarifier les responsabilités dans la professionnalisation des jeunes. Elle propose la création d'un instrument rassemblant toutes les certifications, accessible à tous. En janvier 2002 est créée par la loi de modernisation sociale, la Commission nationale de la certification professionnelle. L'analyse de ses travaux a été l'objet d'un rapport de l'AFDET sur les certifications en 2021.

L'AFDET, les finalités des formations et la création des lycées des métiers en 2001[modifier | modifier le code]

La revue de l'AFDET publie en 2000 un interview du ministre délégué à l'enseignement professionnel, Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier vise à mettre sur pied une véritable voie des métiers, du secondaire au supérieur, favorisant la lisibilité des filières et des diplômes, la fluidité des parcours et assurant par là une meilleure crédibilité à la voie professionnelle auprès des jeunes, des familles et des entreprises. L'AFDET se félicite de cette orientation susceptible de désenclaver la voie professionnelle qui connaît une baisse de ses effectifs. Les besoins de main d'œuvre qualifiée vont s'amplifier à la fin de la crise économique, et l'enseignement professionnel sera alors de plus en plus sollicité, dit le ministre. Les métiers du XXIème siècle requerront un haut niveau de connaissances générales et technologiques. Les efforts de rénovation du CAP au BTS et à la licence professionnelle bénéficieront, ainsi tirés par le haut à l'ensemble de la filière professionnelle. A la rentrée 2000, 195 licences professionnelles sont en projet pour pallier à l'insuffisance de formations au niveau II. L'éducation technique de la gravure Le label «lycée des métiers» est attribué aux établissements dont le pilotage, les actions et les projets répondent aux exigences d’un cahier des charges très précis en 8 critères, dont une offre de formation du CAP au post-bac dans un même secteur d’activité et des coopérations entre établissements ; un accompagnement de publics de statuts différents (élèves, apprentis et stagiaires de la formation continue) ; de nombreux partenariats avec les milieux économiques, professionnels, associatifs pour organiser l’accueil et la formation des publics. Il constitue un indicateur d'excellence pour les voies technologique et professionnelle par la mise en place d’une organisation et d’une démarche collective d’amélioration continue. Ce label national est attribué pour une durée de 5 ans par le recteur de l'académie.

Après s'être interrogée sur l'intérêt des licences professionnelles, l'AFDET estime dans la revue du 4ème trimestre 2001 que les orientations de Jean-Luc Mélenchon pour l'enseignement technique vont dans le bon sens. Elle apprécie que le CAP soit positionné comme le premier niveau de qualification professionnelle et salue la mise en place progressive du lycée des métiers. Des membres de l'association sont appelés à participer aux commissions de labellisation.

La technologie dans l'enseignement technique[modifier | modifier le code]

Le combat de l'AFDET, depuis de nombreuses années, pour promouvoir l'enseignement de la technologie à tous les niveaux du secondaire devient progressivement réalité. Pour elle, ce n'est pas une vulgarisation des sciences. Généralisée au milieu des années 1980 dans tous les collèges, la technologie intègre les évolutions majeures du milieu socio-économique pour permettre aux jeunes de s'initier aux pratiques industrielles et commerciales contemporaines, comme l'expliquent dans la revue deux professeurs de l'ENS de Cachan et de l'université. Cela a été possible grâce au soutien financier des conseils généraux d'alors, en charge des collèges. Mais aussi par la constitution d'un corps de professeurs spécialisés par la reconversion des professeurs d'éducation manuelle et technique. La création du Capet, Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement technique, a rattaché les professeurs à l'enseignement technique.

La technologie de l'information est maintenant devenue une discipline d'expérience, d'action et de raisonnement. Elle vise la maîtrise des multiples usages de l'ordinateur. Mais le manque de temps alloué empêche la réalisation des apprentissages collectifs des usages de l'ordinateur. L'AFDET met en garde la tendance de certains à vouloir aligner le temps de formation sur celui de l'enseignement général et à envisager la généralisation du baccalauréat en trois ans. Elle émet des doutes sur la possibilité pour tous les élèves orientés en BEP de suivre avec profit directement en bac pro. Ceux-ci pouvaient parvenir au baccalauréat professionnel en quatre ans (deux ans pour le BEP, et deux ans supplémentaires pour le bac pro). D'où la crainte de l'AFDET d'abandons plus nombreux pour les scolaires et pour les apprentis.

L'AFDET, association complémentaire de l'enseignement public en 2001[modifier | modifier le code]

En application du décret du 6 novembre 1992 relatif aux relations du ministère de l'Education nationale avec les associations qui prolongent l'action de l'enseignement public, l'AFDET sollicite un agrément national pour une durée de cinq ans. La demande argumentée exposant les pratiques de l'association est acceptée par arrêté du 28 août 2001, après examen par le conseil national des associations complémentaires de l'enseignement public. Cet agrément permet à l'association d'intervenir dans les établissements auprès des élèves. L'information est rapidement diffusée auprès des adhérents, des recteurs et des DAET (Délégué académique aux enseignements techniques), et des partenaires d'entreprises.

Dans le même temps, l'association négocie la signature d'une convention cadre Education nationale-AFDET qui permet d'être inscrit sur une ligne du budget du ministère. La négociation se tient avec le représentant du ministre de l'Education nationale, Jack Lang, et le président de l'AFDET, Raymond Ravenel. Elle est finalement signée le 24 avril 2002 et prend effet au premier janvier de la même année. Au moment où l'AFDET va célébrer son centenaire, la signature de cette convention représente une véritable reconnaissance morale de l'association et un encouragement au développement de son activité tant au niveau national que territorial.

Le centenaire de l’AFDET à Lyon en 2002[modifier | modifier le code]

La décision de commémorer le centenaire de l'AFDET en 2002 à Lyon a été prise dès l'assemblée générale du 23 mars 2000. Le choix de Lyon est un hommage aux deux anciens présidents originaires de cette ville, Edouard Herriot (1930-1952) et Alfred Jules-Julien (1953-1977). A eux deux, ils ont présidé l'AFDET pendant 47 ans ! Lyon est aussi le berceau historique de nombreuses filières françaises, la chimie, l'industrie de la papèterie, du textile et de l'habillement, de la plasturgie, de l'industrie électrique, du froid et de la santé. Elle est réputée pour ses innovations, la photo des Frères Lumière, la soie notamment. La compétence de la main d'œuvre lyonnaise est reconnue. Avec ces centres de recherche et son développement dans les technologies de pointe revitalisant les industries traditionnelles, l'image de Lyon est dynamique et attractive.

La préparation mobilise l'ensemble de l'AFDET. Nombre de partenaires économiques et des collectivités de la région répondent positivement à l'invitation de l'association. Le colloque se tiendra le 14 novembre 2002 dans les locaux de l'Ecole Normale Supérieure sous le patronage du Président de la République, Jacques Chirac. Il rassemble plus de 500 participants de la région et de toute la France. Un fascicule est distribué à tous les participants sous le titre «propositions d'actions pour l'Enseignement technique». Il souligne « les trois défis qu'affrontent les enseignements technologiques et professionnels : le défi économique et social d'une formation professionnelle organisée tout au long de la vie, en phase avec les évolutions techniques ; le défi des mutations institutionnelles et territoriales en vue d'une organisation et d'une gestion efficaces ; le défi culturel d'une meilleure reconnaissance et intégration dans le système éducatif ».

Parmi les propositions, certaines sont repérées par les médias : la mise en place d'un enseignement technologique obligatoire en classe de seconde, un certificat de capacités pratiques sanctionnant les actions concrètes développées par l'élève au cours de sa scolarité, des ateliers d'insertion, proche du compagnonnage, pour les collégiens en rejet de l'école. L'idée de création d'instituts de formation professionnelle lancée en 1992 par l'AFDET se retrouve en partie dans les lycées des métiers créés par Jean-Luc Mélenchon, alors ministre délégué à la formation professionnelle ; Ces instituts répondraient à des problématiques de territoires, associant formation initiale (statut scolaire et apprentissage) et formation continue, branches professionnelles et entreprises. Leur champ d'intervention irait du CAP à la licence professionnelle, comme les lycées des métiers, mais contrairement à ces derniers ils constitueraient un cadre fédérateur d'acteurs sous une forme associative territoriale faisant jouer les synergies en matière de réflexion, de coordination et d'actions au service de la formation professionnelle dans un secteur donné et dans un territoire délimité. Cette idée sera en partie reprise en 2013 avec la création des Campus des Métiers et des Qualifications par appels à projets du ministère de l'Education nationale, les conseils régionaux y étant associés.

La veille du colloque, le ministre de l'Education nationale, Luc Ferry, a présenté son plan d'action pour l'enseignement professionnel rappelant le rôle d'initiative des recteurs pour définir la carte des formations, en étroite liaison avec les régions et dans le cadre des plans régionaux de formation professionnelle. Les propositions du ministre sont dans tous les esprits quand débute le colloque sous l'intitulé : «L'Enseignement professionnel et technologique: une clé pour demain». L'historique de l'enseignement technique et de l'AFDET présenté en première partie répond à la question «Pourquoi l'AFDET en 1902 ?» en soulignant le combat partagé pendant le XXème siècle pour l'essor de l'enseignement professionnel. Les deux tables rondes suivantes traitent de l'enseignement technologique et professionnel, vecteur de culture dans la première, et vecteur de développement économique et social dans la deuxième. Les évolutions des métiers et en conséquence des formations sont développées par les représentants du monde économique, principal bénéficiaire de ces formations, et de l'Education nationale, auxquels se rajoute le point de vue de l'Union européenne.

Les interventions de la présidente du conseil régional de Rhône-Alpes, Anne-Marie Comparini, et du recteur de l'académie de Lyon, Alain Morvan, s'attachent à montrer leur rôle respectif, dans la décentralisation, pour préparer l'avenir professionnel des jeunes et des moins jeunes. La présidente de la région souligne les avancées de cette dernière en la matière. Le recteur rappelle les responsabilités de l'Etat dans la définition des contenus de formation, des diplômes, des modalités de certification et de contrôle et le «juste équilibre entre la logique de proximité et la logique de cohérence». Daniel Secrétan, conseiller technique au cabinet du ministre de la Jeunesse, de l'Education et de la Recherche, fait part du rôle déterminant de l'AFDET, depuis sa création il y a 100 ans, dans la promotion de ces enseignements technique, puis technologique et professionnel : «C'est en partie grâce à vos efforts que ces deux voies de formation ont aujourd'hui une place de premier plan dans notre système éducatif».

La synthèse de la journée est présentée par Françoise Berho, vice-présidente de l'AFDET autour de sept idées forces, développées en conclusion du colloque par le président Ravenel. La synthèse des préconisations de l'AFDET pour le XXIème siècle ou actes du centenaire seront réalisés par une commission et donneront lieu à un nouveau livre blanc publié en 2007. Les échos du colloque dans la presse régionale et nationale soulignent l'action de l'AFDET pour lutter contre «l'image négative de l'enseignement technique dans certaines filières qui aboutit à un manque de jeunes diplômés dans des secteurs qui recrutent. La journée devrait permettre de renforcer son rôle de lien entre le monde de l'entreprise et le monde de l'enseignement, ce qui est sa vocation première» (le Progrès).