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Robert Mathieu
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Naissance

Boulevard Diderot, 12e arrondissement de Paris
Décès
(à 80 ans)
Briare (Loiret)
Autres noms
Mathieu de Royer
Nationalité
français
Activité
designer, éditeur, artiste, artisan
Formation
école Boulle
Maître
Laurent Malclès
Conjoint
Paulette
Enfant
Didier
Distinction
médailles d'argent et d'or de la Société d'encouragement à l'art et à l'industrie

Robert Mathieu[modifier | modifier le code]

Robert Mathieu est un designer et artisan français renommé des années 1950, spécialisé dans la création de luminaires. Il est né le 23 novembre 1921 et est décédé le 17 avril 2002.

La galerie Pascal Cuisinier présente un certain nombre de ses pièces. C'est ainsi que dans l’ouvrage « Robert Mathieu, rational lighting/luminaire rationnel[1] », Pascal Cuisinier analyse l’œuvre de Robert Mathieu, apportant un regard historique, technique et esthétique sur les modèles de ce designer qui a consacré sa vie au luminaire.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Robert Mathieu naît le 23 novembre 1921, boulevard Diderot, d'un père facteur et d'une mère lingère. En juin 1933, il obtient son Certificat d'Études Primaires avec mention. En 1935, après avoir remporté le premier prix de Dessin d'Art et suivi deux ans de Cours Complémentaires Professionnelles, il intègre l'école Boulle. En 1938, il obtient son certificat d’aptitude professionnelle de tourneur sur bronze et rejoint le bureau d’études de Citroën.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

En mars 1944, son père décède d’un cancer et Mathieu échappe à la déportation en Silésie. En août de la même année, grâce à son professeur Laurent Malclès, il commence à enseigner à l'école Boulle.

Carrière et réalisations[modifier | modifier le code]

En 1946, Robert Mathieu s’inscrit au registre des Métiers sous le nom de Mathieu de Royer et commence à produire des accessoires de haute couture. Deux ans plus tard, il rejoint Jacques Mercier au 98 boulevard Charonne, où il commence la production de pendulettes et de luminaires en bronze ciselé, collaborant notamment avec Pierre Disderot et Michel Buffet. La même année, il se marie avec Paulette et son fils unique, Didier, naît en 1952.

Grâce à ses relations avec les décorateurs de l'école Boulle, ses créations se diffusent en France et dans les pays du Maghreb, plus particulièrement en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Malgré une formation technique solide et un savoir-faire unique, Mathieu ressent une frustration de ne pas avoir intégré l'École Nationale des Arts Décoratifs (ENSAD), ce qui alimente son ambition de créer des luminaires toujours plus modernes.

Les années 1950 sont une période de grande prospérité pour Robert Mathieu. En effet, il développe des modèles en aluminium laqué, plexiglas et laques métalliques, et achète « Luminaire parisien » en 1955, le renommant ainsi « R. Mathieu luminaires rationnels ». Il y développe trois gammes principales de luminaires :

  • 1950-1951 : Un système à double abat-jour (diabolo) en laiton doré.
  • 1953 : Des réflecteurs en aluminium laqué pour lustres, lampadaires et appliques.
  • 1956-1958 : Des appliques, plafonniers et lampadaires à contrepoids laqués gris métallisé avec réflecteurs en Perspex blanc.

Il entretient des relations avec des designers italiens et rencontre Dino Gavina[2] en 1958, renforçant ainsi son réseau professionnel. De plus, il participe à trois salons par an : le Salon des arts ménagers, la Foire de Paris et le Salon du meuble et du luminaire. Par ailleurs, il collabore avec de nombreux décorateurs et architectes, notamment Bernard de Swarte, Roger Landault[3], Maurice Landier, Henri Cancel et Michel Buffet. Il complète son association avec les fabricants Charron, Doubinski[4], Polymeubles[5] et Le Bihan.

Déclin et diversification[modifier | modifier le code]

Dans les années 1960, l'arrivée de mobilier et de luminaires scandinaves bon marché, ainsi que des lampions japonais, entraîne une chute de la production et des bénéfices. Mathieu s'adapte en intégrant de la verrerie italienne, du plexiglas et du teck dans ses créations et collabore avec Pierre-Gérard Mélinotte pour développer de nouveaux systèmes d'éclairage.

Bien que ses créations soient utilisées dans des bâtiments publics et par des décorateurs de cinéma et de télévision, l'entreprise connaît un déclin. Il se tourne alors vers l'hôtellerie de groupe, notamment celle du Concorde La Fayette.

Retraite et décès[modifier | modifier le code]

En 1978, Robert Mathieu arrête son activité et se retire dans son moulin où il se consacre à la pêche et à la philatélie. Il décède le 17 avril 2002 à Briare (Loiret).

Décorations[modifier | modifier le code]

En 1960, Robert Mathieu reçoit la médaille d’argent de la Société d’encouragement à l’art et à l’industrie. Des années plus tard, en 1969, il remporte la médaille d’or de la Société d’encouragement à l’art et à l’industrie.

L'œuvre de Robert Mathieu[modifier | modifier le code]

Inventions et innovations[modifier | modifier le code]

Robert Mathieu est reconnu pour plusieurs innovations. Tout d'abord, il est l'inventeur de la rotule, utilisée dans nombreuses de ses créations. C'est un élément sphérique permettant une rotation entre deux composants d'une même pièce. En un mot, la rotule est sa marque de fabrique. Plus tard, il l'a développée sous forme cylindrique.

Dans les années 1960, Robert Mathieu et Pierre-Gérard Mélinotte s'associent pour créer un nouveau système de luminaire utilisant des lames, des triangles en inox, du plexiglas et des tôles laquées. Celui-ci permet une nouvelle production d'appliques, lustres et autres qu'ils présentent en 1969 lors de la sélection Formes Utiles[6].

Tout au long de sa carrière, Robert Mathieu développe des appliques à double ou triple balancier, extensibles, à contrepoids et à double-éclairage. De plus, il fait partie des avant-gardes grâce à son utilisation de l'aluminium et du plexiglas. Il est aussi considéré par ses pairs comme un artiste complet puisqu'il a également édité ses propres œuvres.

Analyse[modifier | modifier le code]

Avec plus de 240 œuvres à son actif, Mathieu a su tirer parti des avancées technologiques post-guerre pour créer des luminaires innovants et esthétiques. Son travail, marqué par l'usage de la rotule et des formes variées, a influencé le design contemporain. Malgré une production limitée, ses créations sont devenues rares et précieuses, illustrant son statut de proto-designer et son rôle dans l'évolution de l'éclairage moderne.

Focus sur certaines de ses pièces[modifier | modifier le code]

Le plafonnier 498 à triple balancier[modifier | modifier le code]

Crée en 1957-1958, voici une pièce de Robert Mathieu dont on ne connaît pour le moment qu’un seul exemplaire. Il s’agit d’une applique ou d’un plafonnier à six tubes à incandescence disposés dans une sorte d’enchevêtrement apparemment désorganisé. Mais ce désordre renvoie au mouvement d’électrons autour d’un noyau, une référence fréquente dans la création à cette époque dues aux récentes découvertes de Marie Curie sur l’atome et à leur vulgarisation. Ainsi, lorsque nous sommes face à cet objet, nous imaginons facilement les mouvements incessants des électrons autour de cette boule jaune, comme si les tubes incandescents matérialisaient leurs aller-retours en tous sens. C’est l’une des mises en forme de cette image les plus réussies dans un domaine autre que plastique. Bien sûr, Robert Mathieu maniait, avec beaucoup de talent, l’équilibre dynamique qui construit cette forme mouvante, tout en lui donnant une impression de permanence. Sa proportion très ramassée et dense renforce la référence à l’atome ainsi que la lumière puissante et le noyau jaune comme si l’on était face à une expérience de physique atomique. Cette composition renvoie à un modernisme tel qu’aurait pu le créer Jacques Adnet mais avec le mouvement dynamique et l’esthétique typique du milieu des années 1950 et propre à Robert Mathieu.

Ce plafonnier a été présenté pour la première fois lors de l'exposition Le beau est l'utile. La fonction comme moteur de la création : design et grès français 1950-1970[7] à la galerie Pascal Cuisinier, qui a débuté le 15 mars 2024.

Le lampadaire 51[modifier | modifier le code]

Créée en 1952, c'est une des pièces la plus produite de Robert Mathieu, donc connue et reconnue. Ce lampadaire est composé d'aluminium, de laiton et de bronze pour le bras et d'un abat-jour diabolo en papier ou en tissu, monté de deux ampoules permettant une lumière directe et indirecte. De plus, il possède une rotule typique de la première production de Robert Mathieu. La conception de ce lampadaire est complexe, cependant la réalisation et la marque de fabrication restent invisible et discret.[1]

L'applique à double balancier[modifier | modifier le code]

Créée en 1955, cette applique murale est constituée d’une structure articulée en métal laqué noir sur laquelle sont fixés deux appareils d’éclairage, l’un simple ayant la forme d’un obus, l’autre double, en forme de diabolo. Pour ce modèle, Robert Mathieu a mis au point un système de double balancier unique au monde où l’un des bras constitue le contrepoids du second. L’ensemble, constitué de rotules libres et d’un contrepoids, est équilibré grâce à un calcul des poids et des distances à l’axe de rotation avec une telle précision que cette applique tient en équilibre comme un mobile de Calder, mais dans toutes les positions.[1]

Le lampadaire 361[modifier | modifier le code]

Crée en 1955, il est aussi appelé « pique-fleur » en raison de sa forme. Le principe du lampadaire 361, extrêmement ingénieux, est pourtant d’une grande simplicité : trois grandes tiges de laiton terminées par une rotule et un réflecteur articulé viennent se planter dans un socle semi-sphérique aplati doté de neuf trous. Ce système rend les bras de lumière orientables dans toutes les directions. Robert Mathieu montre ici une véritable ingéniosité de conception et fait preuve de grandes qualités plastiques en créant un bel objet sculptural, mobile, coloré, qui joue avec les codes esthétiques de son époque autant qu’il les invente.[1]

L'applique à écran réflecteur[modifier | modifier le code]

Créée en 1954, cette applique est faite de métal, de fonte d'aluminium et d'aluminium laqué blanc. L’un des cônes perforés déjà identifiés chez Mathieu, est cette fois-ci, tourné vers le haut et projette sa lumière sur un écran en aluminium blanc. L’idée est simple comme celle de mettre sa main derrière une bougie pour en projeter la lumière devant soi, ou comme certains bougeoirs muraux au XVIIIe qui étaient équipé d’un miroir à l’arrière. Sur le plan esthétique, cette applique est assez inédite et ne ressemble à rien de connu. Si le projecteur est assez classique, la forme du réflecteur – arrondi et brisé sur le haut et découpé en deux jambages sur le bas – a de quoi surprendre et confère une véritable originalité, d’autant que son profil est tout aussi étonnant. La lumière est puissante, mais qualitative, et si les formes sont justifiées par leurs fonctions elles ne s’effacent pas derrière est confèrent à l’objet une véritable personnalité.[1]

La lampe étau à réflecteur métal[modifier | modifier le code]

Créée en 1954, cette lampe montre à quel point Robert Mathieu peut être observateur. En effet, voici un bel exemple du talent de concepteur de Robert Mathieu : un modèle de lampe de bureau ou de chevets simple, beau, ingénieux et parfaitement fonctionnel. De plus, il utilise la technique du low-tech. Le réflecteur en aluminium perforé est un classique de la gamme du milieu des années 1050. Il est articulé sur un tube courbé en laiton doré qui reprend la forme d’un « G » majuscule sur laquelle coulisse librement une petite tige droite d’un patin qui constitue une pince ou d’étau. Le simple poids de la lampe vers l’avant suffit à la maintenir dans la position idéale pour la maintenir dans la position idéale pour éclairer l’espace de travail. Par la grande capacité d’invention et de mise au point, Mathieu créé un objet est parfaitement adapté à sa fonction et dont la forme exprime une recherche esthétique complexe[1]. Aujourd’hui, moins de dix exemplaires sont connus dans le monde.

Le lampadaire 382 à trois pendentifs[modifier | modifier le code]

Crée en 1957-1958, le lampadaire est constitué de trois luminaires en plexiglas de formes différentes suspendus par leur fils électrique à un tube courbé qui les relient à une tige centrale verticale très fine, elle-même fixée sur une base constituée de trois ailettes verticales en métal laqué. Les luminaires sont réalisés en matières douces diffusantes qui envoie tout autour une lumière douce et chaleureuse. S’il fait appel à un matériau nouveau à cette époque - le plexiglas -, il constitue surtout une recherche plastique. L’opposition entre la rigueur géométrique du piètement et la liberté ou la mobilité de l’ensemble crée un fort contraste qui confère toute son originalité à ce luminaire qui apparaît comme une véritable sculpture lumineuse.[1]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Pascal Cuisinier, Robert Mathieu, rational lighting/luminaire rationnel, Éditions Pascal Cuisinier Silvana Editoriale, , 256 p. (ISBN 9788836651924)

(en) Clémence & Didier Krzentowski, The Complete Designers' Lights II, JRP éditions, , 400 p. (ISBN 978-3-03764-356-3)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Pascal Cuisinier, Robert Mathieu, rational lighting/luminaire rationnel, Silvana editoriale ; Editions Pascal Cuisinier, , 272 p. (ISBN 978-88-366-5192-4, OCLC on1348605602, lire en ligne), p. 50 ; 86 ; 112 ; 136 ; 144 ; 210
  2. Oscar Duboÿ, « Dino Gavina, la fantaisie pour guide », sur AD Magazine, (consulté le )
  3. « Qui Est Roger Landault, Le Designer Aux Multi Styles ? – Jolimarket », sur jolimarket.fr (consulté le )
  4. « Doubinski Frères - Meubles, objets d'antiquité et de brocante », sur www.meubliz.com (consulté le )
  5. « Accueil », sur Polymeubles Mamao (consulté le )
  6. « Cité du design | Formes utiles », sur www.citedudesign.com (consulté le )
  7. « Le beau est l'utile », sur Galerie Pascal Cuisinier (consulté le )