Thomas Schlesser

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Thomas Schlesser
Thomas Schlesser en juin 2019
Biographie
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ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
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Directeur de thèse
Éric Michaud (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinction

Thomas Schlesser (né à Paris le )[1] est historien de l’art, écrivain et directeur de la Fondation Hartung-Bergman[2]. Il est également, depuis 2014, professeur à l'École polytechnique. Il a auparavant été journaliste pour Beaux Arts magazine et Radio Nova[3]. Son deuxième roman, Les Yeux de Mona (2024), connaît un retentissement international.

Biographie[modifier | modifier le code]

Thomas Schlesser a soutenu en 2006 un doctorat en histoire et civilisations[4] à l’École des hautes études en sciences sociales sur l’artiste réaliste Gustave Courbet. Sa thèse est publiée sous le titre Réceptions de Courbet, fantasmes réalistes et paradoxes de la démocratie (Les Presses du réel, 2007). Thomas Schlesser se consacre plus spécifiquement aux liens entre « les champs esthétique et politique »[5]. Il a notamment publié des études sur la caricature, la censure et, dans le cadre d’une bourse Centre d’Histoire de Sciences-Po[6], sur le parcours de l’artiste lyonnais Paul Chenavard (Paul Chenavard, Monuments de l’échec, Presses du réel, 2009), « symptomatique de l’abîme qui se creuse entre les prétentions historiques qui construisent le mythe moderne de l’artiste et son efficacité nulle ou presque »[7]. Il a également travaillé à l'Institut national d'histoire de l'art comme chargé d’études et de recherche (2002-2006) puis comme pensionnaire (2010)[8].

Depuis 2014, Thomas Schlesser dirige la Fondation Hartung-Bergman[2] à Antibes, où il a succédé à François Hers.

Auteur de plusieurs essais, il a été récompensé en par le Prix Bernier, décerné par l'Académie des Beaux-Arts, pour son livre L'Univers sans l'homme (2016). Cet ouvrage, inspiré du réalisme spéculatif de Quentin Meillassoux[9], étudie les œuvres des artistes qui, depuis le XVIIIe siècle, « cassent le sentiment de centralité de l’humanité tout entière[10] ».

En 2019, Thomas Schlesser publie Faire rêver – de l’art des Lumières au cauchemar publicitaire et propose le concept d’ « onirogénéité », inspiré de Jean Starobinski, pour désigner en art « ce qui produit, ou tend à produire rêves, rêveries, songes et visions[11] »

Thomas Schlesser a publié la première biographie de l’artiste franco-norvégienne Anna-Eva Bergman (Anna-Eva Bergman – vies lumineuses, Gallimard 2022), traduite en anglais en 2023 (Luminous lives – a biography of Anna-Eva Bergman, Eris Press) et qui insiste particulièrement sur la dimension corporelle de l’artiste. L’auteur écrit : « Une biographie est une transsubstantiation de la chair en papier. J’ai cependant voulu que celle d’Anna-Eva Bergman soit bel et bien le récit d’un corps traversant l’Histoire[12]. »

Thomas Schlesser est le petit-fils du chanteur, cabarettiste d'origine gitane André Schlesser, et le fils de l’écrivain Gilles Schlesser et de Françoise Schlesser.

Performances[modifier | modifier le code]

Thomas Schlesser est l’auteur de plusieurs performances : au Générateur à Gentilly, il participe à l’œuvre d’Alberto Sorbelli L’Esthétique de la folie[13] (2011) ; pendant la Nuit blanche 2012, avec Le Saviez-vous ?[14] consistant à « délivrer absolument tout son savoir jusqu’à l’épuisement[15] » ; et en 2016 avec In Memoriam : 10 ans/10 heures dont le protocole consiste en « la restitution orale, pendant dix heures, et sans interruption, des dix dernières années de sa vie en privilégiant un ordre chronologique », sans répétition et sans avoir « sous les yeux aucune note ni document[16] ».

Les Yeux de Mona[modifier | modifier le code]

Publié chez Albin Michel le 31 janvier 2024, Les Yeux de Mona est le deuxième roman de Thomas Schlesser. Il raconte l’histoire d’une petite fille menacée de devenir aveugle que son grand-père conduit pendant un an dans les musées parisiens (dans l’ordre : Le Louvre, Orsay, Beaubourg) pour qu’elle s’imprègne de leurs chefs-d’œuvre, depuis Botticelli jusqu’à sa Soulages, et qu’elle en garde la beauté en mémoire. Chaque œuvre est une « initiation à la vie par l’art[17] » et prétexte à une leçon dont l’enfant s’inspire ensuite au fil des trames de scénario.

Le livre reçoit un accueil globalement favorable de la presse. Le Monde parle de « roman virtuose[18]», Le Parisien d’ « ode à la beauté et une magnifique leçon d’humanité[19]», Le Point de « fabuleuse fable philosophique et esthétique[20]», La Croix de « conte universel[21]», mais il lui est aussi reproché dans L’œil de faire un « récit qui finit par lasser » ou encore d’être un plaidoyer pour l’euthanasie[22]. On l’apparente également souvent au Monde de Sophie de Jostein Gaarder, les deux auteurs se rencontrant pour évoquer ensemble cette comparaison dans La Stampa[23]. Régulièrement qualifié de « phénomène[24]», le livre connaît un important succès dans le monde entier. Trois mois après sa sortie en France, il s’y est vendu plus de 160 000 exemplaires et il a été racheté en 37 langues[25]. Le livre est aussi édité en Braille, l’auteur affirmant avoir « travaillé de bout en bout pour que ce roman puisse s’adresser aux aveugles et malvoyants[26] » et vouloir rendre les Beaux-Arts plus accessibles aux déficients visuels.

Panthéonisation de Courbet[modifier | modifier le code]

Depuis 2013, Thomas Schlesser milite avec le psychiatre Yves Sarfati en faveur de la panthéonisation de Gustave Courbet. Ils cosignent une tribune dans le journal Le Monde[27] reprise dans l’exposition « L’ennemi de mon ennemi » de Neïl Beloufa (Palais de Tokyo, 2018), puis amendée et déclamée à l’attention d’Emmanuel Macron le , lors du « banquet du bicentenaire »[28] de l’artiste célébré devant le musée d’Orsay.

Commissariat d'expositions[modifier | modifier le code]

  • The New School of Paris through its pioneering women (1945-1964), Galerie Perrotin, New York, 2024
  • Cosmic Trip, Hartung & Bergman entre rêve et sciences, Fondation Hartung-Bergman, Antibes, 2023
  • L’Univers sans l’Homme – les arts en quête d’autres mondes, Musée d’art et d’archéologie de Valence, 2023
  • Rothko-Hartung – une amitié multiforme, Galerie Perrotin, Paris, 2021
  • Sensations de nature, Musée Courbet, Ornans, 2015

Publications[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

  • Les yeux de Mona, Paris, Albin Michel, 2024
  • La Vierge maculée, Paris, Point de mire, 2003

Essais[modifier | modifier le code]

  • Anna-Eva Bergman - Vies lumineuses, Paris, Gallimard, 2022
  • Faire rêver – de l’art des Lumières au cauchemar publicitaire, Paris, Gallimard, 2019
  • L'Univers sans l'Homme - Les arts contre l'anthropocentrisme, Paris, Hazan, 2016
  • L’art face à la censure, Paris, Beaux Arts éditions, 2011
  • Paul Chenavard, monuments de l’échec (1807-1895), Dijon, Les Presses du réel, 2009[29]
  • Réceptions de Courbet, fantasmes réalistes et paradoxes de la démocratie (1848-1871), Dijon, Les Presses du réel, 2007[30]

Ouvrages de vulgarisation[modifier | modifier le code]

  • Une histoire indiscrète du Nu féminin, Paris, Beaux Arts éditions, 2010
  • Cent énigmes de la peinture – la Beauté, Paris, Hazan, 2010
  • Journal de Courbet, Paris, Hazan, 2007
  • Courbet, un peintre à contre-temps, Paris, Scala, 2007

Livres en collaboration[modifier | modifier le code]

  • Le Roman vrai de l’impressionnisme (avec Bertrand Tillier), Paris, Beaux Arts éditions, 2010
  • L’Autoportrait dans l’histoire de l’art (avec Stéphane Guégan, Henri Soldani et Laurence Madeline), Paris, Beaux Arts éditions, 2009
  • Courbet face à la caricature, le chahut par l’image (avec Bertrand Tillier), Paris, Kimé, 2007
  • 1 Franc, récit (avec Gilles Schlesser), Paris, l’Harmattan, 2002

Documentaires (scénario)[modifier | modifier le code]

  • La Nouvelle école de Paris, splendeurs et misères d’une avant-garde oubliée (réalisation Stanislas Valroff), Le Quai, 52 mn, 2024
  • Rothko-Hartung, couleurs et cataclysmes (réalisation Stanislas Valroff), 52 mn, MuseumTV, BelAir Media, 2022
  • Hans Hartung, la fureur de peindre (réalisation Romain Goupil), 52 mn, Arte, les Poissons volants, 2019

Distinctions[modifier | modifier le code]

  • 2022 : Chevalier des Arts et des Lettres
  • 2017 : Prix Bernier de l’Académie des Beaux-Arts pour L’Univers sans l’homme
  • 2004 : Prix du Premier Roman du Salon de Draveil pour La Vierge maculée

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Biographie Thomas Schlesser », sur evene.fr
  2. a et b « Thomas Schlesser nommé directeur de la Fondation Hartung-Bergman » in Le Quotidien de l'Art n°518, 10 janvier 2014, p. 2. ; Guy Boyer, « Thomas Schlesser nommé à la tête de la Fondation Hartung-Bergman », sur connaissancedesarts.com, 14 janvier 2014.
  3. « Le futur c’est maintenant », sur novaplanet.com
  4. « Thèses soutenues par des membres du CEHTA », sur cehta.ehess.fr
  5. Béatrice Vallaeys, « La censure à l’œuvre », sur liberation.fr,
  6. Thomas Schlesser, « Paul Chenavard, l'égal de l'histoire », sur artsetsocietes.org,
  7. Antje Kramer, "Le coin lecture : Paul Chenavard" in Dossier de l'Art n° 176, juillet 2010.
  8. « Le pragmatisme de l’art. Les formes changent-elles les sociétés ? », sur inha.fr
  9. Thomas Schlesser, L'Univers sans l'Homme, Paris, Hazan, 2016, p. 4.
  10. Elisabeth Franck-Dumas, « "Un univers sans l’homme donne toujours une profondeur à la beauté" », Libération,‎ (lire en ligne)
  11. Thomas Schlesser, Faire rêver – de l’art des Lumières au cauchemar publicitaire, Paris, Gallimard,
  12. Thomas Schlesser, Thomas Schlesser, Anna Eva Bergman – vies lumineuses, Paris, Gallimard,
  13. Collectif, Le Générateur, 10 ans d’art et de performances,, Gentilly, le Générateur, , p. 87.
  14. Ibid., p. 158.
  15. Emmanuelle Lequeux, « Par une Nuit blanche sur une Seine sans fin », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le )
  16. Entretien entre Thomas Schlesser et Yves Sarfati,, « Se rappeler 10 ans de sa vie pendant 10 heures, seul, sans note ni repère temporel : c’était la hantise de devenir fou. », Sociétés & Représentations,‎ 2018/1 (n° 45), p. 205-230.
  17. « Thomas Schlesser : « Les Yeux de Mona n'est pas une histoire de l'art, c'est une initiation à la vie par l'art » », sur Beaux Arts, (consulté le )
  18. « « Le triomphe du livre “Les Yeux de Mona”, de Thomas Schlesser, s’apparente à un conte de fées bien réel. Comment l’expliquer ? » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. Par Gwénaëlle Loaëc Le 5 février 2024 à 12h00, « Thomas Schlesser, auteur du best-seller « les Yeux de Mona » : « L’art aide à ouvrir notre perception du monde » », sur leparisien.fr, (consulté le )
  20. « Les mercredis au musée de Thomas Schlesser », sur Le Point, (consulté le )
  21. « Thomas Schlesser, auteur de « Les Yeux de Mona » : l’art de vivre en 52 chefs-d’œuvre », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  22. « Littérature : dans "les yeux de Mona" », sur Famille Chrétienne, (consulté le )
  23. (it) « Filosofia e arte in forma di storie, il genere ibrido che piace ai lettori », sur La Stampa, (consulté le )
  24. "Les yeux de Mona", le roman phénomène de Thomas Schlesser - 28 Minutes (06/02/24) - Regarder l’émission complète | ARTE Consulté le .
  25. « Thomas Schlesser : « Les Yeux de Mona n'est pas une histoire de l'art, c'est une initiation à la vie par l'art » », sur Beaux Arts, (consulté le )
  26. « Thomas Schlesser : « J'ai voulu montrer dans un roman l'art au service de la vie » », sur La Vie.fr, 2024-02-07cet12:32:21+01:00 (consulté le )
  27. Yves Sarfati et Thomas Schlesser, « Pour que le Panthéon honore Courbet », Le Monde,‎
  28. Valérie Duponchelle, « Pour le bicentenaire de Courbet, un banquet érudit et énorme », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le )
  29. Présentation de Paul Chenavard - Monument de l'échec (1807-1895) sur lespressesdureel.com
  30. Présentation de Réceptions de Courbet, fantasmes réalistes et paradoxes de la démocratie (1848-1871) sur lespressesdureel.com

Liens externes[modifier | modifier le code]