Simin Behbahani
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Sépulture | |
Nom dans la langue maternelle |
سیمین بهبهانی |
Nom de naissance |
Siminbar Khalili |
Nationalité | |
Formation | |
Activités | |
Période d'activité |
- |
Père |
Abbas Khalili (en) |
Mère |
Fahr-Ozma Arghun (d) |
Parentèle |
Distinctions |
Médaille Carl von Ossietzky () Janus Pannonius International Poetry Prize (d) () |
---|
Simin Behbahani ( ou Bihbahani, persan سیمین بهبهاني), de son vrai nom Siminbar Khalili سيمين بر خليلي née le à Téhéran et morte le dans la même ville, est une poétesse iranienne et une activiste pour les droits humains et la liberté des femmes. Elle est une figure majeure de la poésie iranienne des XXe et XXIe siècles, avant et après la révolution islamique et amicalement surnommée La Lionne de l'Iran.
Biographie
[modifier | modifier le code]Simin Behbahani naît le à Téhéran, en Iran[1]. Sa famille comprend des poètes et des écrivains ainsi que des dirigeants issus de la première révolution moderne, « constitutionnelle », du pays[2]. Son père est Abbas Khalili (en) poète, diplomate, éditeur de journaux et rédacteur en chef d'origine irakienne et sa mère Fahr-Ozma Arghun (fa), poétesse, rédactrice en chef, professeure de français, militante des droits de femmes et membre du Parti communiste iranien, le Tudeh[3],[4].
Simin Behbahani est mariée d'abord à Hassan Behbahani avec qui elle a trois enfants et dont elle porte le nom, puis à Manuchehr Koushya[3].
À la fin des années 1940, elle fait des études d'infirmière mais après une violente dispute avec le directeur de l'école elle est renvoyée[5].
Tout en s'occupant de sa famille, Simin Behbahani entreprend alors des études de droit et obtient un diplôme à l'Université de Tehéran dans les années 1950, quand très peu de femmes faisaient des études supérieures[2],[4]. Elle y est l'élève, notamment du Professeur Mahmoud Chehabi[6]. Elle ne pratiquera jamais le droit mais enseigne dans un lycée tout en écrivant de la poésie[5].
La poésie
[modifier | modifier le code]Simin Behbahani commence à écrire de la poésie à douze ans. Son premier poème est publié alors qu'elle a quatorze ans[7]. Ses premiers poèmes sont écrits dans le style propre à Nima Youchidj, le Char Pareh puis elle se tourne vers les strictes règles du ghazal[4].
Elle se fait d'abord connaître en faisant vivre et en renouvelant la poésie classique persane. Elle innove en inversant souvent la structure traditionnelle du ghazal en recourant à une narratrice (alors que les propos sur l’amour sont réservés aux hommes)[7], en ajoutant des sujets théâtraux et des thèmes contemporains et élargit la gamme des vers persans traditionnels. Elle est l’une des premières poétesses iraniennes à parler de ses désirs amoureux. Elle produit ainsi certaines des œuvres les plus importantes de la littérature persane du XXe siècle[8],[7].
Elle commence à expérimenter ces formes au moment même où les vers blancs, sans rime, deviennent populaires auprès des poètes iraniens et que les formes plus classiques sont en déclin. À partir de 1962, elle écrit également des paroles pour la radio nationale[4].
Vers la fin des années 1960, elle devient membre du Conseil de la poésie et de la musique en Iran[2]. Peu avant la révolution islamique de 1979, elle adhère à l'Association des écrivains iraniens, qui lutte contre la censure[2].
Dans ses poèmes, Simin Behbahani aborde des sujets sensibles comme le patriotisme, les questions liées aux femmes, la guerre, la paix, la révolution, la pauvreté, la justice … etc. Pendant la Guerre Iran-Irak, elle écrit des poèmes en faveur d'une solution pacifique au conflit mais le journal Nameh qui publie un de ces poèmes est fermé par le pouvoir[8],[9],.
Certains de ses poèmes sont mis en musique par des artistes vocaux iraniens et elle écrit également des textes pour eux[4].
Distinctions
[modifier | modifier le code]La médaille Carl von Ossietzky est attribuée à Simin Behbahani en 1999[10]. La poétesse reçoit également le prix Simone de Beauvoir en 2009, prix destiné au collectif de femmes iraniennes « Un million de signatures pour la parité entre hommes et femmes »[11],[12]. Elle est nommée à deux reprises pour le Prix Nobel de littérature (en 1997 et 2006)[13] et, en 2013, elle obtient le grand prix de poésie Janus Pannonius[10] et est lauréate de la poésie mtvU en 2009[14]. Elle est également titulaire du prix Hellman-Hammett/Human Rights Watch, décerné aux écrivains ayant connu la persécution politique en 1998 [8]et du prix de l'Association norvégienne des artistes libres en 2006[10].
Droits humains et répression
[modifier | modifier le code]Déjà à l'époque du Shah d'Iran, bien avant la révolution de 1979, Simin Behbahan se bat pour la reconnaissance des droits des femmes et notamment pour la suppression de la polygamie[12]. Après 1979, Simin Behbahan continue de s'exprimer en politique, en faveur des droits humains et de la liberté des femmes. Elle participe à de nombreuses actions féministes[12]. Pendant dix ans, ses poèmes sont alors censurés en Iran[11]. Par la suite, ils sont soumis à la censure avant publication[15].
Des poèmes tels que Cessez de jeter mon pays au vent, au moment de la réélection violemment contestée du président Ahmadinejad, fustigent directement les autorités iraniennes[7]. Dans un entretien avec le media NPR en 2007, elle exprime son horreur de la lapidation des femmes accusées d'adultère[15].
En 2006, elle est battue par la police alors qu'elle participe à un rassemblement pour la journée internationale des femmes en Iran. Quatre ans plus tard, début mars 2010, elle est arrêtée alors qu'elle s'apprête à embarquer pour Paris pour une autre Journée internationale des femmes[7]. Elle est interrogée durant tout la nuit, puis libérée mais son passeport est confisqué. Sa traductrice anglaise, Farzaneh Milani, exprime sa surprise « nous pensions tous qu'elle était intouchable ». En effet, au moment de son arrestation, Simin Behbahani a 82 ans et est presque aveugle[15],[16]. En 2011, le président américain Barack Obama récite un de ses poèmes à l’occasion des vœux pour le Nouvel an persan. Il décrit « une femme qui a été interdite de voyager hors de l’Iran, même si son œuvre a changé le monde »[13].
Fin de vie
[modifier | modifier le code]Simin Behbahani est hospitalisée le 6 août 2014 et reste dans le coma jusqu'à sa mort à Téhéran, le à l'âge de 87 ans. Des milliers de personnes suivent ses funérailles le 22 août parmi lesquelles le poète Javad Mojabi (en), l'avocate Nasrin Sotoudeh et le tenor Shahram Nazeri qui chante le poème My Country, I Will Build You Again de Simin Behbahani[17].
Elle est enterrée au cimetière de Behesht-e Zahra[2],[17].
Poèmes
[modifier | modifier le code]- 1951 : Setar-e Shekaste
- 1956 : Jay-e Pa
- 1957 : Chelcheraq
- 1963 : Marmar
- 1973 : Rastakhiz
- 1981 : Khatti ze Sorat-o az Atash
- 1983 : Dasht-e Arzhan
- 1989 : Kaqazin Jameh
- 1990 : An Mard,Mard-e Hamraham
- 1994 : Kowli o Nameh o Eshq
- 1995 : Yek Daricheh be Azadi
- 1996 : Ba Qalb-e khod che Kharidam
- 1998 : Negareh-ye Golgun
- 1998 : Jay-e Pa ta Azadi
- 1999 : Yad-e Bazi Nafarat
- 2000 : Yeki Masalan Inkeh
- 2000 : Kelid-o-Khanjar
Publications traduites (sélection)
[modifier | modifier le code]- Jalal Alavinia (trad.), Grappe de lumières, Poèmes 1946-2014, Lettres persanes, 2015
- (en) Farzaneh Milani (trad.), Kaveh Safa (trad.), A Cup of Sin : Selected Poems, Syracuse University Press, 1999, 212 p. Lire en ligne (précédé de textes autobiographiques)
- Nahid Norozi (trad.), “La mia spada è la poesia”. Versi di lotta e d’amore nella poetessa persiana Simin Behbahāni (avec une vaste anthologie de poèmes traduits et annotés, et avec les originaux en annexe), WriteUp Books (“Ferdows. Collana di Studi iranici e islamici”), Roma 2023.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Simin Behbahani » (voir la liste des auteurs).
- (fa) تابناک | TABNAK, « سیمین بهبهانی درگذشت », sur fa, ۱۳۹۳/۰۵/۲۸ - ۰۶:۱۸ (consulté le )
- Simine Behbahani, figure de la poésie iranienne, est morte, article dans Le Monde (édition électronique) le 19 août 2014. Page consultée le 19 août 2014.
- (en-US) Douglas Martin, « Simin Behbahani, Outspoken Iranian Poet, Dies at 87 », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- (en) Karen Anderson, « Simin Behbahani, Iranian poet », sur www.britannica.com (consulté le )
- (en) « Simin Behbahani obituary », sur the Guardian, (consulté le )
- (fa) Kheradsanj, ۲۸نشر:دادور، تیرماه ۱۴۰۰،خردسنج صفحه, Téhéran (ISBN 978-622-96232-5-1), p. 28
- Encyclopædia Universalis, « SIMIN BEHBAHANI », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
- Ritta Baddoura, « Simin Behbahani, la liberté de dire au féminin », sur L'Orient Litteraire, (consulté le )
- (en) Fatemeh Keshavarz, « Banishing the Ghosts of Iran », sur www.chronicle.com, (consulté le )
- « Laureates », sur Janus Pannonius Grand Prize for Poetry (consulté le )
- « Nominations », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Annette LEVY-WILLARD, « Les Iraniennes doivent imposer leur volonté» », sur Libération, (consulté le )
- Manon Quinti, « Mort de Simin Behbahani, grande figure de la poésie iranienne », sur www.livreshebdo.fr, (consulté le )
- « mtvU Poet Laureate: Simin Behbahani | mtvU », sur web.archive.org, (consulté le )
- (en) Mike Shuster, « Tehran Halts Travel By Poet Called 'Lioness Of Iran' », sur NPR, (consulté le )
- « La poétesse iranienne Simin Behbahani empêchée de venir en France », sur Libération (consulté le )
- (en) « Thousands Attend Iran Poet's Funeral », sur RadioFreeEurope/RadioLiberty (consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Christophe Balaÿ, « Tarannom-e ġazal, barrasī-ye zendegī va āṯār-e Sīmīn Behbahānī » [« Le chant du ġazal, étude de la vie et de l’œuvre de la poétesse Sīmīn Behbahānī »], Abstracta Iranica, (OCLC 6733660096, lire en ligne)
- Ève Feuillebois-Piérunek, « Special issue: Simin Behbahani, Guest editor: Farzaneh Milani », Abstracta Iranica - Iranian studies, vol. 41, no 1, , p. 1-96 (OCLC 9681204675, résumé)
- (en) Farzaneh Hemmasi, « Rebuilding the homeland in poetry and song: Simin Behbahani, Dariush Eghbali, and the making of a transnational national anthem », Popular Communication, , article no 15 (lire en ligne)
- (en) Farzaneh Milani et Society for Iranian Studies, Simin Behbahani, New York, Society for Iranian Studies, , 113 p. (OCLC 495751842, lire en ligne)
- (en) Dominic Parviz Brookshaw, « Revivification of an Ossified Genre? Simin Behbahani and the Persian Ghazal », Iranian Studies, vol. 41, no 1, (OCLC 5972226800, résumé)
- (en) Mahdi Tourage, « Text and the Body in a Poem by Simin Behbahani », Iranian Studies, vol. 41, no 3, (OCLC 5972225506, lire en ligne)