Faculté de théologie protestante et des sciences des religions de Ndoungué

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Séminaire de Ndoungué
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La faculté de théologie protestante et des sciences des religions de Ndoungué est un établissement universitaire de formation en théologie rattaché à l'Université évangélique du Cameroun, établi dans le département du Moungo au Cameroun. Jadis appelée Séminaire de Ndoungué, puis Institut Protestant de Théologie, l'établissement a formé une bonne partie des pasteurs camerounais dès avant l'indépendance.

Présentation[modifier | modifier le code]

La faculté située à Ndoungué fait partie des champs d’évangélisation de la Mission de Bâle au Cameroun[1]. La localité est située dans l’Ouest du Cameroun en pays bamiléké. Le christianisme y est développé par la Mission de Bâle puis par la Société des Missions Évangéliques de Paris[2].

D'abord séminaire, l'établissement est devenu l’institut supérieur de théologie de Ndoungué puis la faculté de théologie protestante et des sciences de religions. Il est rattaché à l’université évangélique du Cameroun[3],[4].

Situation géographique[modifier | modifier le code]

Le site présente une géographie particulière avec des reliefs montagneux, températures fraiches et terres fertiles. Il se trouve à proximité de la riche campagne du Moungo, siège des grandes concessions agricoles coloniales allemandes et non loin de Nkongsamba, le chef-lieu, relié à Douala par la ligne de chemin de fer reliant Douala à Nkongsamba depuis 1911[1].

Plusieurs conditions climatologiques expliquent le choix de Ndoungué. Il s'agit d'une région couverte de brouillards. La région est encadrée par le flanc est du mont Manengoumba, entre le mont Koupé au sud, le Manengoumba à l’ouest, le Nlonako à l’est. Située à 750 km d’altitude, il s'agit d'une position idéale pour y ériger un sanatorium pour les missionnaires des zones chaudes du sud notamment celles de Douala, Yaoundé et Gabon[1].

Ndoungué est une zone de relai, passage obligé à destination du Cameroun britannique. Les missionnaires français choisissent dès lors ce site comme base de l’œuvre missionnaire protestante dans les terres.

Histoire[modifier | modifier le code]

Ndoungué est un des derniers lieux d’évangélisation créés par la mission de Bâle sur le littoral. Au départ, l'établissement est de dimensions modestes. La station deviendra un haut lieu du protestantisme évangélique français au Cameroun. Ndoungué est aussi un lieu d'immigration depuis le temps du protectorat allemand. Ndoungué est découverte par les colons allemands durant la période de conquête des terres hostiles et réfractaires des Grassfields en 1900. Des vagues de populations venant des grassfields de l’ouest et du nord ouest y viennent pour travailler comme manœuvres, et ensuite s'installent en acquérant un lopin de terre à valoriser. Gottlieb Spellenberg (missionnaire) et Mueller (Colonel), ayant visité Ndoungué (le "pays Elong") rapportent depuis Nyassosso, peu avant la première guerre mondiale et avant leur évictions du Cameroun, que la terre est propice à l’ouverture de la station[1].

La Société des Missions Évangéliques de Paris construit cette station et en fait un haut lieu de son ouvrage sanitaire et éducatif, après son entrée au Cameroun des suites de la Première Guerre mondiale. Le pasteur Henri Nicod, chef de station de nationalité suisse, né en 1897 a été missionnaire de la Société des Missions évangéliques de Paris au Cameroun de 1921 à 1951. Il est l 'auteur de plusieurs ouvrages[1].

La ville de Ndoungué est composée des villages de Ntolo et Bang. La population est composée de plusieurs groupes ethniques, les bamilékés, dont les principales activités économiques sont agricoles et commerciales, ainsi que les populations bantou originaires de la région[1].

En 1944, le Séminaire de Ndoungué est érigé[5].

Une importante infrastructure missionnaire est d'abord construite. Elle est, jusqu’en 1953, la plus complète des stations missionnaires françaises au Cameroun. La station abrite un dispensaire[Note 1], une imprimerie, un centre d’apprentissage spécialisé dans le bois et la mécanique[Note 2], une ferme-école de 230 ha. de terrain dont dispose la station, un groupe scolaire primaire de 13 classes (environ 600 élèves), un internat des filles à Ntolo, l'École professionnelle (CETI). L'école biblique est ouverte en 1922, et accueille 35 élèves pour la formation des ouvriers de l’Église[Note 3], une École de théologie (19 étudiants), l’École Normale, la librairie, le Foyer de jeunesse européenne et indigène. C’était une école semblable a l'Ecole supérieure de Yaoundé qui devait former les instituteurs moniteurs et les catéchistes[1].

Après la deuxième année de tronc commun, les meilleurs élèves entraient clans la Section normale pour devenir des enseignants dans Ies écoIes primaires, et les moins brillants passaient a la Section biblique pour devenir des catéchistes[1].

Activités et publications[modifier | modifier le code]

La faculté de théologie de Ndoungué travaille en partenariat avec le Défap qui est le service missionnaire de trois unions d'Églises protestantes françaises. Le travail de recherche porte sur les questions d’éthique chrétienne en lien avec la corruption qui sévit dans la société civile, ainsi que sur la place des femmes dans l’Église évangélique du Cameroun[6]. Le travail se concrétise par l'organisation de colloques et des séminaires[7].

Personnalités évoquant l'établissement[modifier | modifier le code]

  • Thomas Ekollo, dans son mémoire autobiographique dont le titre est "Mémoire d'un pasteur camerounais", le pasteur consacre un chapitre entier à sa formation et à la vie au séminaire de Ndoungué[8].
  • Dans Dynamique de transculturation du christianisme : l'expérience du missionnaire protestant Jean-René Brutsch au Cameroun (1946-1960), Nadeige Laure Ngo Nlend, évoque et retrace l'histoire et l'impact de l'établissement sur la vie de la religion protestante au Cameroun[9].
  • Les recherches pour la thèse sont effectuées en partie au séminaire de Ndoungué[1].
  • Kong Robert est un ancien élève du séminaire.
  • Jacob van Slageren enseigne à l’école pastorale de Ndoungué en 1974 après avoir œuvré pendant dix ans au Cameroun au nom de la Mission de l’Église réformée des Pays-Bas. Il est auteur d'une thèse de doctorat et d'un ouvrage sur l'histoire du christianisme au Cameroun[10],[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le dispensaire fut ouvert en 1932 et placé sous la responsabilité de Mademoiselle Gay. Il deviendra un hôpital en 1957 avec l’envoi d’un premier médecin dénommé Cabrol ; 60 hospitalisés et jusqu’à 200 consultations par jour y sont enregistrés en moyenne en 1953.
  2. L'établissement accueille 75 élèves répartis en trois classes.
  3. L'école biblique est transférée en 1924 à l'école pastorale de Bang.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i Nadeige Laure Ngo Nlend, Historiographie et dynamiques de transculturation : missionnaires protestants et populations de la côte de l’Ouest du Cameroun à travers le fonds Jean-René Brutsch, 1884- 1960., Université Paul Valéry - Montpellier III; Université de Yaoundé, (lire en ligne), p. 149
  2. Nadeige Laure Ngo Nlend, « Le christianisme dans les enjeux de pouvoir en pays bamoun, Ouest du Cameroun, hier et aujourd'hui », Études théologiques et religieuses, vol. 88,‎ , p. 73 à 87 (lire en ligne)
  3. Joseph Mbeng Boum, « Rev Dr. Jean-Blaise Kenmogne : « nous sommes dans la voie pour un enseignement et une formation autrement » », Echos santé,‎ (lire en ligne)
  4. « Historique » (site officiel), sur Université évangélique du Cameroun
  5. Miraille Clémence Mawa, « Le personnel enseignant des écoles protestantes au Cameroun : un vecteur de l'occidentalisation de la population locale (1910-1960) », International Journal of Science Academic Research, vol. 2,‎ , p. 810 (lire en ligne)
  6. Franck Lefebvre, « Rencontre entre doyennes de facultés de théologie au Défap », sur Défap, (consulté le )
  7. Florence Taubmann, « Cameroun : un colloque sur le ministère pastoral féminin », sur Défap,
  8. Thomas Ekollo, Mémoire d'un pasteur camerounais (1920-1996), Paris - Yaoundé, Éd. Karthala - Éd. Clé, (présentation en ligne)
  9. Nadeige Laure Ngo Nlend 2019.
  10. Jean-François Zorn, « Entre mémoire et histoire : l'historiographie missionnaire protestante francophone relue d'un point de vue géographique », Histoire et missions chrétiennes,‎ , p. 31 à 50 (lire en ligne)
  11. Jean-Paul Messina et Jacob Van Slageren 2005.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Paul Messina et Jacob Van Slageren, Histoire du christianisme au Cameroun : des origines à nos jours approche œcuménique, Paris - Yaoundé, Karthala Éditions - Éd. CLÉ, , 456 p. (ISBN 978-2-8111-3995-7, lire en ligne)
  • Nadeige Laure Ngo Nlend, Dynamique de transculturation du christianisme : l'expérience du missionnaire protestant Jean-René Brutsch au Cameroun (1946-1960), Paris/58-Clamecy, Éditions Karthala, coll. « Histoire des mondes chrétiens », , 375 p. (ISBN 978-2-8111-2656-8, lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Site officiel