Rhodiacéta

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Rhodiacéta
Création 1922
Dates clés 1928 : Usine de Lyon Vaise
1929 : Création du Nérane
1932 : Création de l'Albène
1934 : Changement de nom
1954 : Usine de Besançon
1967 : Grèves[1]
Disparition 1981
Fondateurs Marcel Bô[2]
Siège social Paris
Drapeau de la France France
Activité Chimie des textiles
Produits Soie artificielle (Rayonne)
Fibre synthétique (Nylon)
Société mère Société chimique des usines du Rhône
Comptoir des soies artificielles
Sociétés sœurs Rhodiaseta S.p.A (Italie)
Rhodiaseta A. G. (Brésil)
Effectif 7500 (Lyon Vaise en 1955)

La société Rhodiacéta (du latin Rhodanus, « le Rhône », et seta, « la soie ») est une société industrielle fondée en 1922, par l'association du Comptoir des soies artificielles avec les usines du Rhône.

En 1934, c'est du mot « acétate[3] » que le groupe tire la nouvelle orthographe de son nom : Rhodiacéta, avec un « c ».

L'entreprise cesse ses activités en 1981[4].

Historique[modifier | modifier le code]

Fondation et développement[modifier | modifier le code]

L'ancienne usine de Besançon vue depuis la citadelle.

En 1924, la société fait l'acquisition à Lyon de l'ancienne pépinière royale, propriété de la société Brissac frères. Ses usines s'étendent alors sur quinze hectares[4]. En 1952, Rhodiacéta rachète, à Besançon, l'usine de la Société de la soie Chardonnet[5] menacée de fermeture par le retrait du groupe Givet Heyrieux. Le site est agrandi et reconverti à la production de fil polyester[6].

Rhodiacéta devient alors rapidement le plus gros producteur français de fil synthétique : numéro un de la fibre polyester dont elle a le monopole, et deuxième en ce qui concerne le nylon. Au maximum de son développement, l'entreprise emploie huit mille ouvriers[4]. En 1962, l'entreprise de Besançon compte plus de mille salariés, faisant d'elle l'une des trois plus grandes entreprises de la capitale comtoise, aux côtés de Lip et Kelton[7].

Mouvements sociaux[modifier | modifier le code]

Les salaires sont plutôt plus élevés que la moyenne, mais les conditions de travail sont difficiles. L'année 1967 débute par une période de réduction de la production, conséquence inévitable de l'ouverture du Marché commun, selon la direction, qui décide, pour diminuer les coûts fixes, de compter les jours chômés comme jours de congé, et qui annonce un plan de licenciement[8].

Le , l'ORTF, télévision nationale, diffuse À bientôt, j'espère, documentaire de Chris Marker sur la grève soutenue, du au de l'année précédente, par jusqu'à la totalité des trois mille ouvriers et ouvrières de l'usine de Besançon. Ce film contribue à faire connaître, peu avant les événements de Mai 68, une entreprise où, à partir donc de Besançon, les mouvements de contestation et de revendication sont très vite suivis dans les quatre autres usines, à Lyon-Vaise, Vénissieux et Saint-Fons et au Péage-du-Roussillon[9],[10].

Les mouvements sociaux se soldent par une augmentation des salaires de 3,8%[11].

Fermeture et postérité[modifier | modifier le code]

L'entreprise cesse son activité en 1981[4].

Un film documentaire intitulé Tant que les murs tiennent a été réalisé par Marc Perroud pour France 3 Franche-Comté sur cette friche qui, pendant plus de trente ans, a attiré des graffeurs, mais aussi des historiens[12].

Le désamiantage a commencé en 2016, avant les travaux de démolition, entrepris en 2017, d'environ soixante mille mètres cubes de béton, pour un coût de cinq millions d’euros. Certains sols sont pollués par des métaux lourds et des hydrocarbures, mais les usines lyonnaises ont aujourd'hui disparu. Seule l'entrée du 45, rue du Tunnel (aujourd'hui rue du Sergent-Michel-Berthet) a été conservée, et donne un des accès au campus René-Cassin[4].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bruno Benoit, « Rhodiacéta », dans Dictionnaire historique de Lyon, Lyon, Éditions Stéphane Bachès, , p. 1129.
  • Pierre Cayez, Rhône-Poulenc 1895-1975 : Contribution à l'étude d'un groupe industriel, Armand Colin, 1989, 343 p. (ISBN 2-200-37146-2).
  • Collectif, Histoires d'une usine en grève : Rhodiacéta 1967-68 Lyon Vaise, éditions Révoltes, Lyon, 1999.
  • [Gavoille 1982] Jacques Gavoille, « De la stagnation à l'expension », dans Claude Fohlen (dir.), Histoire de Besançon : De la conquête Française à nos jours, Cêtre, .
  • Valérie Jacquet et Gilles Lizanet (dir.), Visages d'une usine textile à Lyon de 1924 à 1987, association L’Âge libre, Villeurbanne, 1992 (ISBN 2-9506403-03).
  • Valérie Jacquet et Gilles Lizanet, « La mémoire de la Rhodiaceta. Histoire d'une recherche », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie, nos 2-3,‎ , p. 111-124 (lire en ligne Accès libre)
  • Nadine Halitim-Dubois, « Filature de soie artificielle dite la Rhodiaceta puis brûlerie et chocolaterie Voisin », dossier d’œuvre architecture IA69001053, Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel, 2003, dernière mise à jour : 2022 (Lire en ligne. Page consultée le .)
  • Nicolas Hatzfeld et Cédric Lomba, « La Grève de Rhodiacéta en 1967 », dans Dominique Damamme et al. (dir.), Mai-juin 68, Les Éditions de l'Atelier, (ISBN 978-2-7082-3976-0, présentation en ligne), p. 102-113
  • « Rhodiacéta Lyon Vaise : Une entreprise à l'échelle du monde », dans Lyon cité, « Lyon sépia », fiche no 68, 1999. (Télécharger [PDF]. Page consultée le .)
  • Mathias Valex, Discours, mémoires et territoires : les anciennes usines TASE et RHODIACETA entre patrimoine et oubli, thèse de doctorat en Sciences de l'information et de la communication, Université de Lyon, 2018 (lire en ligneAccès libre, NNT : 2018LYSE2069).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gavoille 1982, p. 524
  2. Voir « Bô, Marcel » sur le site Patrons de France (Lire en ligne. Page consultée le 22 août 2013.)
  3. Acétate de cellulose : composé chimique, succédané synthétique de la soie, vendu sous les noms de « viscose », « rayonne », « soie artificielle », etc.
  4. a b c d et e « D’hier à aujourd’hui : la Rhodiacéta », Le Progrès,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Société fondée en 1889 par Hilaire de Chardonnet, inventeur, en 1884, du procédé de la soie artificielle.
  6. Bernard Girard, « L’Usine Rhodiacéta à Besançon », sur Racines comtoises, 27 mai 2010. (Texte intégral. Consulté le 6 décembre 2011.)
  7. Gavoille 1982, p. 519
  8. Voir Nicolas Hatzfeld, p. 103.
  9. Voir Nicolas Hatzfeld, op. cit.
  10. Voir Collectif, Histoires d'une usine en grève, op. cit.
  11. Gavoille 1982, p. 566
  12. France info et France 3 Rhodiacéta, derrière tes murs, 2016.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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