Prélude et fugue en la mineur (BWV 889)
Le Clavier bien tempéré II
Prélude et fugue n°20 BWV 889 Le Clavier bien tempéré, livre II (d) | |||||||||
La mineur | |||||||||
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Voix | 3 | ||||||||
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Liens externes | |||||||||
(en) Partitions et informations sur IMSLP | |||||||||
(en) La fugue jouée et animée (bach.nau.edu) | |||||||||
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Le prélude et fugue en la mineur, BWV 889 est le vingtième prélude et fugue du second livre du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, compilé de 1739 à 1744.
Le prélude, à la fois sensible, capricieux et intrigant est une invention chromatique à deux voix, à l'effet de miroir entre les deux parties de la pièce. Il prépare à une courte fugue au dramatisme énergique, presque agressif et au sujet vindicatif.
Prélude
[modifier | modifier le code]Le prélude, noté , comprend 32 mesures et est structuré en deux sections, AA – BB.
La forme est une invention à deux voix, conduite un peu froidement : les deux thèmes chromatiques descendants sont présentés à la première mesure et se partagent inversés entre les mains dès la seconde mesure. À la troisième, le matériau est clairement apparenté. Puis reviennent (mesure 4) les thèmes, changeant de main à la mesure suivante. Le prélude entier est construit sur ce jeu mathématique[1]. La fin de A à la dominante, se fait dans une descente de gammes sur deux octaves.
À la césure, exactement placée à la moitié, effet de miroir en parfaite symétrie[2] : les thèmes s'échangent toujours entre les mains, avec les thèmes renversés (cette fois le chromatisme monte). Bach conclut par un trait de virtuosité montant[3],[4].
Cette construction en mosaïque symétrique évoque la fugue en mi mineur du premier livre et l’Invention en ut mineur. Un parallélisme se retrouve également dans les quatre Duetti, au même contrepoint chromatique[2].
Fugue
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Caractéristiques 3 voix — , 29 mes.
⋅ fughetta
⋅ 8 entrées du sujet
⋅ réponse tonale
⋅ contre-sujet, 7 entrées
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La fugue à trois voix, est notée et totalise 29 mesures.
Le sujet est le seul du livre II qui module à la dominante. Particularité encore : passé l'exposition, il ne revient jamais sous sa forme initiale tout au long de ses 29 mesures ; sa queue est modifiée, ou il se limite à ses quatre noires vindicatives en intervalles brisés, avec sa septième diminuée. Certains commentateurs (Ludwig Czaczkes) le limitent donc à ces noires s'appuyant sur les mesures 11–13, 19–20 et 23–24[5].
Les points ne figurent pas sur le manuscrit de 1722, mais sur la copie de Kirnberger (accents) et celle de Schwencke (points)[5].
Cette fugue n'est qu'une saute d'humeur, une tempête de l'âme[5] : « elle ne met en scène qu'un seul homme et il vocifère »[6]. « On ne peut la jouer qu'agressive »[4]. La construction est aussi peu scolaire que possible. Le contre-sujet, très important ici, apporte cette énergie volubile qui traverse l'œuvre entière[3]. Étonnant passage (mesure 19–23) où la main gauche n'est que trille et « ne veut plus le lâcher, le monte par paliers, comme un trépignement, sur deux octaves et demie, et redégringole en gromelant »[4].
Après le retour du sujet dans les deux dernières mesures, l'accord de conclusion est parfois noté en mineur (Tovey), mais il devrait faire chanter le do-dièse[5].
Quelques variantes sont présentes aussi chez Altnikol, notamment pour la mesure 6, facilitant le texte[5].
Manuscrits
[modifier | modifier le code]Les manuscrits[7] considérés comme les plus importants sont de la main de Bach lui-même ou d'Anna Magdalena. Ils sont :
- source « A », British Library Londres (Add. MS. 35 021), compilé dans les années 1739–1742[8]. Comprend 21 paires de préludes et fugues : il manque ut mineur, ré majeur et fa mineur (4, 5 et 12), perdues[8] ;
- source « B », Bibliothèque d'État de Berlin (P 430), copie datée de 1744, destinée à Johann Christoph Altnikol[9].
Postérité
[modifier | modifier le code]Les premières notes du sujet sont le facteur déterminant d'une œuvre fuguée, de toute la structure, à la fois mélodique et harmonique. Ici, il s'agit d'une formule commune à nombre de compositeurs des XVIIe – XVIIIe siècle, mais chaque œuvre en fait un traitement entièrement différent[10].
Le sujet est présent dans Le Messie (1741) de Haendel : « And with his stripes we are healed » (no 25), une fugue chorale dans le stile antico. Il n'est avérée aucune influence quelconque, les styles étant trop différents[11].
Le sujet de la fugue se retrouve notamment dans le finale du quatuor en fa mineur, op. 20 no 5 (Hob.III:35) de Haydn. Dans le Requiem de Mozart, etc.
Théodore Dubois en a réalisé une version pour piano à quatre mains[12], publiée en 1914.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Hugo Riemann (trad. de l'allemand), Analysis of J.S. Bach's Wohltemperirtes clavier [« Katechismus der fugen-komposition »], vol. 2, Londres, Augener & Co., (1re éd. 1891 (de)), 234 p. (lire en ligne).
- (en) Cecil Gray, Forty-Eight Preludes and Fugues of J.S .Bach, Oxford University Press, , 148 p. (OCLC 603425933, lire en ligne [PDF]), p. 134–137.
- Ludwig Czaczkes, Analyse des Wohltemperierten Klaviers, Form und Aufbau der Fuge bei Bach, 2 vol., P. Kaltschmid, Vienne, 1956–1963
- (de) Johann Nepomuk David, Das wohltemperierte Klavier : der Versuch einer Synopsis, Gœttingue, Vandenhoeck & Ruprecht, , 92 p. (OCLC 263601107), p. 77.
- Hermann Keller, Le clavier bien tempéré de Johann Sebastian Bach : l'œuvre, l'interprétation, Paris, Bordas, coll. « Études », (1re éd. 1965(de)), 233 p. (OCLC 373521522, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 204–207
- Roland de Candé, Jean-Sébastien Bach, Paris, Seuil, , 493 p. (ISBN 2-02-008505-4, OCLC 319750728, BNF 34763585).
- (en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Study of its Aim, Historical Significance and Compiling Process, Leeds, University of Leeds, (OCLC 246834603, lire en ligne [PDF])
- (en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Critical Commentary, vol. 2 : All the extant manuscripts, Leeds, Household World Publisher, , 1033 p. (ISBN 978-0-9521516-7-8, OCLC 313150901, lire en ligne [PDF]), p. 49–56 ; 57–78
- François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 867 p. (ISBN 978-2-213-01639-9, OCLC 17967083, lire en ligne), p. 34.
- Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN 2-221-05017-7), p. 222.
- (en) David Ledbetter, Bach’s Well-tempered Clavier : the 48 Preludes and Fugues, New Haven/London, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 0-300-09707-7, OCLC 5559558992), p. 329–332.
- (en) David Schulenberg, The keyboard music of J.S. Bach, New York, Routledge, , viii–535 (ISBN 0-415-97399-6, OCLC 63472907, lire en ligne), p. 267–268.
- Yo Tomita, « préface », dans J.-S. Bach, Clavier bien tempéré, Livre II, Henle, (OCLC 786251450)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Gray 1938, p. 134.
- Schulenberg 2006, p. 267.
- Tranchefort 1987, p. 41.
- Sacre 1998, p. 222.
- Keller 1973, p. 206.
- David 1962, p. 77.
- Sources du BWV 889 sur bach-digital.de.
- Tomita 2007, p. X.
- « Jean-Sébastien Bach, « Le clavier bien tempéré », vol. II — copie d'Altnikol », sur International Music Score Library Project
- Gray 1938, p. 135.
- Schulenberg 2006, p. 268.
- [lire en ligne]
Article connexe
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Prélude et fugue en fa mineur [PDF]
- (en) La fugue en la mineur sur bach.nau.edu
- Ressource relative à la musique :